L’Afrique connait récemment des niveaux records de déplacements forces (refugiés, personnes déplacées internes, demandeurs d’asile). Si beaucoup d’attention est prêtée au périple des Africains qui tentent de regagner l’Europe, 95 % des Africains déplacés de force restent en Afrique, les deux tiers dans leur propre pays. Dans ce nouveau Rapport d’analyse du CESA, Wendy Williams met en relief le rôle des conflits et de la gouvernance répressive comme les deux principaux facteurs du déplacement forcé en Afrique. Le rapport lie aussi de manière directe l’augmentation des mouvements de population et l’insécurité. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Cinq Soudanais – dont deux soldats – ont été tués lors de l’assaut des forces gouvernementales contre deux bases des services de sécurité où une « rébellion » a éclaté contre un plan de restructuration, a déclaré mercredi le chef d’état-major. Les habitants de Khartoum ont dû rester à l’abri toute la journée, mardi 14 janvier. Des salariés de l’ancien service national de renseignement et de sécurité soudanais (NISS) ont ouvert le feu dans l’après-midi sur deux bases de la capitale soudanaise hébergeant le NISS. Selon les autorités, il s’agit d’une mutinerie liée à la réorganisation des agences de renseignement. « Certaines de ces unités ont rejeté le montant qui avait été décidé par l’autorité officielle en échange de leur retrait. Ils ont estimé que le montant était inférieur à ce qu’ils méritaient », a déclaré mardi Faisal Mohamed Saleh, porte-parole du gouvernement. L’armée est intervenue rapidement mardi. Les troupes des Forces de soutien rapide (paramilitaires, RSF) ont encerclé les insurgés, pris d’assaut les bases au milieu de tirs intenses, et mis un terme à ce que les autorités qualifient de « rebellion ». France24 avec AFP
Au lendemain du sommet de Pau, qui a réuni Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel, les réactions se faisaient plutôt discrètes côté malien. Si certains se félicitent sur les réseaux sociaux de la poursuite de l’engagement français au Sahel, d’autres n’hésitent pas à montrer leur mécontentement dans un climat de défiance croissant vis-à-vis des forces françaises. Un engagement renouvelé de la collaboration entre les Etats sahéliens et la France – qui a annoncé l’envoi de 220 soldats français supplémentaires – est ainsi perçu « comme une mise sous tutelle » par le Groupe des patriotes du Mali (GPM), figure de proue des manifestations réclamant le départ des forces étrangères. « Nous allons redoubler d’efforts pour arriver à nos fins », martèle Mahamadou Coulibaly, l’un des membres du GPM. Pour Clément Dembélé, président de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage, qui regroupe près de 380 associations en son sein, la rencontre de Pau est au contraire le point de départ d’une nouvelle coopération, en ayant permis à tous les Etats de s’exprimer et de définir clairement le rôle de l’opération « Barkhane ». Lui estime nécessaire une présence française tant que les forces armées maliennes (FAMA) ne seront pas totalement remises sur pied. Le Monde
L’État islamique au Grand Sahara a revendiqué ce mardi 14 janvier l’attaque de la base militaire nigérienne de Chinagoder, qui a coûté la vie à 89 soldats nigériens, jeudi dernier. Ce groupe jihadiste, qu’on disait pourtant en perte de vitesse il y a un an, semble poursuivre sa montée en puissance. L’État islamique au Grand Sahara (EIGS), groupe fondé par Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, est très actif dans la zone « des trois frontières », entre le Mali, le Burkina et le Niger, où il a mené plusieurs attaques contre des camps militaires : à Indelimane au Mali en novembre dernier, puis début décembre à Inates au Niger. En multipliant les attaques meurtrières contre des camps militaires, le groupe EIGS a démontré son efficacité tactique et sa capacité à mener des actions de plus en plus sophistiquées. Le groupe jihadiste peut désormais aligner plusieurs centaines d’hommes pour submerger les positions des armées régulières en les attaquant sur plusieurs côtés. La soudaineté de cette montée en puissance pose question. En 2018, le groupe jihadiste était sous pression et subissait les actions répétées de Barkhane, des forces armées maliennes et des groupes d’autodéfense du MSA et du Gatia (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés). Mais la fin de cette collaboration entre troupes régulières et miliciens aurait laissé un peu de répit au mouvement djihadiste pour se régénérer. RFI
Les enseignants kényans ont peur et sont en colère. Ces cinq dernières semaines, les shebabs ont lancé une dizaine d’attaques dans le nord-est du pays. Plusieurs attentats ont visé des écoles du comté de Garissa où au moins quatre professeurs ont été tués en quelques jours. Le 13 janvier, le syndicat national des enseignants, KNUT, a exigé des actions fortes pour garantir leur sécurité. Dans le nord-est du Kenya, les attaques des shebabs ont secoué la communauté enseignante. Plusieurs écoles de la région de Garissa menaceraient de fermer, et des professeurs s’apprêteraient à quitter la région. Robert Kivuti travaille à l’école de Kamuthe, attaquée dimanche 12 janvier. Il s’est caché dans la brousse alors que trois de ses collègues étaient abattus. « Le gouvernement doit faire quelque chose pour assurer notre sécurité, estime-t-il. Sinon, continuer à enseigner dans ces conditions va devenir vraiment difficile ». Wilson Sossion, secrétaire général du syndicat d’enseignants KNUT (Kenya National Union of Teachers) a exigé une réunion d’urgence avec les autorités. Sinon, il menace d’organiser des manifestations ainsi qu’un retrait massif des professeurs dans toutes les régions dangereuses du pays. RFI
En Guinée, une nouvelle journée de mobilisation avait lieu à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile qui a lancé lundi 13 janvier un mot d’ordre de mobilisation illimitée contre le projet de nouvelle Constitution initié par le président guinéen Alpha Condé. Des heurts ont été signalés par endroits en Guinée. Selon les autorités et l’opposition, deux personnes ont trouvé la mort ce mardi 14 janvier. Les autorités précisent qu’un jeune homme a été victime de l’explosion d’un objet auquel il a mis le feu, et que le second, blessé à Labé, a succombé à ses blessures. Les activités ont repris timidement, ce mardi 14 janvier, dans la capitale guinéenne. Des heurts ont de nouveau opposé des manifestants aux forces de l’ordre. Les autorités affirment que quatre personnes ont été interpellées dans la zone spéciale de Conakry. La mobilisation s’est poursuivie dans d’autres villes du pays. Dans un communiqué, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) salue les actions de résistance et appelle les Guinéens à poursuivre la mobilisation. RFI
En RDC, les inégalités de traitement dont souffrent les militaires et policiers, qui ne sont pas autorisés à se constituer en mouvement syndical, sont désormais portées haut par leurs femmes et enfants. Ils ont manifesté ce mardi devant le palais présidentiel pour exiger l’amélioration des conditions sociales des militaires et de leurs familles. « Nous sommes les enfants des militaires et des policiers ! Nous en avons marre de la souffrance ! » Sans pancartes ni banderoles, les protestataires se sont rassemblés devant la cité de l’Union africaine. Des manifestants qui disent faire l’objet de menaces de la part de l’état-major général qui les accuse d’être manipulés pour « salir » l’image de l’armée. À la tête du mouvement de contestation, Christella Kiakuba, âgée d’une vingtaine d’années : « Les veuves touchent 30 000 francs congolais. Nos parents, les policiers les moins gradés, ont 120 000 francs, moins de 80 dollars. Les militaires ont 120 000 francs. Les militaires les plus gradés ont 220 000 francs, 120 dollars. Alors qu’un professeur d’université a 2 000 dollars, un député a 7 000 dollars ! C’est quoi ça ? », lance t-elle. RFI
Quelque 2 000 étudiants ont manifesté mardi 14 avril à Alger contre le régime en réclamant une « transition démocratique » en Algérie, théâtre d’un mouvement de protestation populaire inédit depuis près d’un an. Comme chaque mardi, le cortège majoritairement estudiantin a parcouru les principales artères du centre-ville pour rejoindre la grande poste. … Pour la première fois depuis le début des manifestations estudiantines, une « plate-forme en quatorze points », reprenant les principales revendications du Hirak, a été dévoilée lors de ce 47e mardi de mobilisation. Les étudiants réclament notamment « une transition démocratique et la concrétisation d’une véritable ouverture politique et médiatique », selon ce document. Ils demandent également la « dissolution » de la chambre basse du Parlement et de toutes les assemblées élues, ainsi que l’organisation d’élections législatives – les dernières remontent à 2017 – et locales anticipées. « Celui qui veut dialoguer avec le mouvement de contestation n’a qu’à prendre connaissance de ses revendications et les mettre en œuvre pour démanteler le « système » », lance Mounir, 28 ans. Le Monde avec AFP
Au Sénégal, les travaux du comité de pilotage du Dialogue national ont commencé mardi 14 janvier. Annoncé en mai 2019 par le président Macky Sall après sa réélection, ce dialogue réunit plus d’une centaine de participants, politiques et de la société civile. La mise en place de ce Dialogue national a pris du temps. Le président du comité de pilotage le reconnaît, mais les choses sérieuses commencent pour Famara Ibrahima Sagna. « Le temps des réglages, des atermoiements, est maintenant derrière nous. Voici donc venu le temps de commencer un travail à la fois considérable pour son étendue et inédit par son importance, son objectif de transcender tous les clivages et les blocs. » Concernant les questions politiques comme le calendrier électoral ou le système de parrainage, une commission dédiée existe déjà. Mais pour Nicole Gakou, de la majorité, il n’y a pas de conflit d’intérêts : « La Commission politique a fait jusqu’à présent un excellent travail qui sera intégré dans ce que nous sommes en train de faire. C’est cela, le dialogue national. » Mais ces discussions débutent avec de grands absents. L’opposition d’Ousmane Sonko, Idrissa Seck et Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade ne sont notamment pas présents. RFI
L e retour inattendu de deux ex-présidents centrafricains, principaux initiateurs d’une guerre civile qui perdure –François Bozizé et celui qui l’a renversé en 2013, Michel Djotodia– laisse augurer une âpre partie de billard à trois bandes avec l’actuel chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra à un an de la présidentielle. Nombre d’observateurs voient dans le retour d’exil des deux « frères-ennemis » la volonté de Bozizé –rallié par une partie de l’opposition– de revenir à la tête de l’un des pays les pauvres d’Afrique. Des velléités que Touadéra tenterait de contrer en s’alliant avec Djotodia, lequel n’en pense pas forcément moins à l’horizon du scrutin. Ces manœuvres sont potentiellement explosives dans un pays où la guerre civile continue de faire des victimes malgré la signature d’un accord de paix entre tous les belligérants à Khartoum il y a près d’un an, et alors que plus des deux tiers du territoire sont encore sous la coupe de groupes armés rebelles. La présidentielle est prévue pour la fin 2020. AFP
Au Rwanda, Human Rights Watch dénonce dans un communiqué publié lundi la condamnation en appel de deux anciens militaires. Le colonel Tom Byabagamba et le brigadier général à la retraite Frank Rusagara ont été condamnés à 15 ans de prison en décembre dernier par la cour d’appel, notamment pour « incitation à l’insurrection » et « atteinte à l’image du gouvernement ». Pour l’ONG de défense des droits de l’Homme, cette décision de justice est une violation de la liberté d’expression dans la mesure où certaines des charges contre ces officiers, Frank Rusagara et Tom Byabagamba, faisaient référence à des discussions que ces derniers avaient eues en privé. Lewis Mudge, directeur de Human Rights Watch pour l’Afrique centrale, craint les conséquences de cette peine. « Je pense que cette affaire va influencer le comportement des Rwandais et des Rwandaises, nous explique t-il, joint au téléphone. La condamnation, qui a été confirmée en appel, sur ces discussions privées, sonne comme un avertissement pour la population. Avec ce jugement, les Rwandais le savent : ils doivent rester très prudents, et ce même dans leur cercle le plus proche. Ils doivent éviter de parler de tout sujet sensible, d’aborder la sécurité de l’Etat ou des processus politiques. RFI
Plus 140.000 personnes tuées ou portées disparues lors des différentes crises qui ont endeuillé le Burundi depuis son indépendance en 1962 ont déjà été identifiées, a annoncé mardi la Commission vérité et réconciliation (CVR), en insistant sur le fait qu’il s’agissait d’un chiffre provisoire. « Aujourd’hui, la CVR a déjà identifié provisoirement 142.505 personnes tuées ou portées disparues dans les différentes tragédies que notre pays a traversées. Il s’agit de personnes dont nous avons identifié les noms et la provenance en partant de la province, la commune, la colline ou le quartier », a annoncé Pierre-Claver Ndayicariye, le président de la CVR, en présentant un « rapport d’étape » devant le Parlement réuni en congrès à Bujumbura. « Cette liste provient des révélations recueillies lors de dépositions faites volontairement auprès de la CVR, mais il y a de nombreux autres témoins qui n’ont pas encore pu témoigner », a-t-il souligné. « Ces listes sont provisoires, car il faudrait qu’on enquête pour les confirmer définitivement », a-t-il ajouté, qualifiant d' »immense » la tâche restant à accomplir. AFP
Après avoir enchaîné un paludisme et une typhoïde, Ayawo Hiévi pensait être au bout de ses peines grâce aux médicaments prescrits par un médecin de Lomé. Mais ce Togolais ne se doutait pas que le traitement serait pire que le mal et qu’il perdrait l’usage de ses reins. C’était en 2015, dans le petit centre médical de son quartier. « Après quatre jours de soins, j’ai commencé à sentir des douleurs dans le ventre », explique à l’AFP le couturier de 52 ans. Deux semaines plus tard, il a dû être hospitalisé en urgence au CHU de Lomé. « La quinine et l’antibiotique utilisés pour me soigner dans le cabinet médical étaient de faux médicaments et ont abîmé mes reins. » Ayawo souffre aujourd’hui d’insuffisance rénale chronique et doit se rendre régulièrement à l’hôpital pour y être dialysé. « Mes activités sont totalement paralysées, car je ne suis plus en bonne santé pour exercer mon métier, explique-t-il avec rancœur. Psychologiquement aussi, je vous avoue que je souffre. » Le drame de ce couturier est loin d’être un cas d’exception. Le trafic de faux médicaments, c’est-à-dire falsifiés ou de qualité inférieure, est responsable de plus de 100 000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le Monde avec AFP
Le président mozambicain Filipe Nyusi a annoncé mercredi que son gouvernement souhaitait créer un fonds souverain destiné à investir dans l’économie du pays les revenus à venir de l’exploitation de ses immenses réserves gazières. « Nous envisageons la création cette année d’un fonds souverain pour financer les efforts de diversification de l’économie (…) et qui pourra servir aux générations futures », a déclaré M. Nyusi lors de la cérémonie d’investiture à son deuxième mandat. Au pouvoir depuis 2014, Filipe Nyusi, 60 ans, a été réélu haut la main lors des élections générales du 15 octobre dernier. L’opposition et une bonne partie des observateurs étrangers ont dénoncé de nombreuses irrégularités lors du scrutin, dont les résultats ont toutefois été validés par la justice. Considéré comme un des pays les plus pauvres de la planète, le Mozambique est englué dans une grave crise économique et financière, aggravée par des emprunts cachés qui nourrissent des allégations de corruption au plus haut sommet de l’Etat. M. Nyusi a lui-même été personnellement mis en cause dans ce scandale lors d’un récent procès aux Etats-Unis. AFP