Revue de presse du 15 janvier

Mozambique: Daniel Chapo investi président à Maputo sous haute tension
Au Mozambique, Daniel Chapo est devenu le cinquième président de la République. Il a été investi ce mercredi matin et prolonge ainsi le règne sans partage du Frelimo, parti au pouvoir depuis près de 50 ans. Son élection est toujours très contestée. L’investiture s’est d’ailleurs tenue dans un climat de tension inédit, puisque l’opposant Venancio Mondlane avait appelé à trois jours de grève nationale…Depuis octobre, les violences post-électorales – qui ont évolué vers une contestation plus globale du pouvoir et des dysfonctionnements de l’État – ont fait plus de 300 morts, selon l’ONG locale Plataforma Decide…Le président de l’Afrique du Sud voisine, Cyril Ramaphosa, était le seul chef d’État étranger présent à l’investiture avec celui de la Guinée-Bissau Umaro, Sissoco Embalo. Signe que Daniel Chapo, officiellement crédité de 65% des voix en dépit de nombreuses irrégularités, devra tenter une opération de relations publiques pour restaurer la stabilité dans le pays pauvre et inégalitaire. L’opposition, menée par l’ancien parlementaire Venancio Mondlane, dénonce en effet une élection « volée » par le parti au pouvoir Frelimo, dont la victoire a été confirmée avant Noël par la plus haute cour du pays. L’opposant numéro un a appelé à des manifestations cette semaine, menaçant de les poursuivre encore longtemps. RFI

Centrafrique : le président Faustin-Archange Touadéra en visite officielle à Moscou
Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, est arrivé en Russie mercredi 15 janvier pour une visite officielle de trois jours, a annoncé Moscou. Il doit notamment s’entretenir jeudi avec Vladimir Poutine, a indiqué le Kremlin. « Il est prévu de discuter de l’état et des perspectives de développement de la coopération bilatérale dans les domaines politique, commercial, économique et humanitaire, ainsi que des questions d’actualité dans l’agenda international et régional », a précisé la présidence russe dans un communiqué…Touadéra et Poutine s’étaient déjà rencontrés en marge du sommet Russie-Afrique, en juillet 2023, à Saint-Pétersbourg. Cette nouvelle visite de M. Touadéra en Russie « promet d’être un pas important sur la voie du renforcement du partenariat entre Moscou et Bangui », selon l’ambassade russe…La Centrafrique, l’un des Etats les plus pauvres du monde, est l’un des pays d’Afrique francophone où Paris a vu son influence largement contestée au profit de la Russie ces dernières années, Moscou y proposant une offre sécuritaire en échange généralement d’accès aux ressources locales. Le Monde avec AFP

Ukraine: «Les Africains en première ligne, les Russes restent au camp», confie un Camerounais envoyé au front
De très nombreux Africains sont passés dans les rangs russes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. Si certains ont pris volontairement l’uniforme via des compagnies privées sous contrat avec le Kremlin, d’autres dénoncent une duperie après avoir été attirés par de fausses promesses. L’un d’entre eux, un Camerounais qui pensait venir travailler en Russie, a souhaité témoigner pour sensibiliser au sujet d’un « trafic d’êtres humains »…Pour Samuel, l’histoire commence en mai 2024… « « Patrice » [le prénom a également été modifié, NDLR] me demande comment je vais, si j’ai toujours envie de quitter le pays, de travailler à l’extérieur. » Harassé par un emploi mal payé à Yaoundé, il n’hésite pas : « Dans ma chambre, ce jour-là, je ne savais pas que je venais d’accepter un voyage pour la vallée de l’ombre et de la mort. »…Mais une fois en Russie, la surprise est de taille pour Samuel : ce n’est ni une batterie de casseroles ni un nécessaire de ménage qu’on lui confie, mais une kalachnikov, à son corps défendant…Dans ces conditions, poussés en première ligne, l’arme à la main mais aussi sur la tempe, par leurs officiers au sein des groupes paramilitaires contractualisés par le Kremlin, les « recrues » africaines n’hésitent pas à employer des stratégies radicales pour éviter la boucherie. « J’ai vu des gens se tirer dans la main pour ne pas aller au front et gagner l’hôpital », témoigne Samuel. RFI

Au Niger, un accord avec une société chinoise pour sécuriser des installations pétrolières
L’armée nigérienne et la société chinoise Wapco ont signé mardi 14 janvier à Niamey des accords pour « la sécurisation des opérations » et des « installations pétrolières », dont l’oléoduc géant transportant du brut vers le Bénin voisin et visé par une série d’attaques depuis 2024…Selon le ministère du pétrole nigérien, la Chine a récemment proposé une surveillance à l’aide de drones de l’oléoduc long de près de 2 000 kilomètres, qui achemine le brut d’Agadem (Nord-Est nigérien) vers le port béninois de Sèmè-Kpodji. Cet ouvrage subit depuis 2024 une série d’attaques dans les deux pays qu’il traverse…Dans le communiqué du ministère de la défense, le Niger dit également avoir « pu réaliser avec succès la vente de son pétrole brut » par le Bénin en 2024, sans mentionner la brouille entre les deux pays qui a perturbé les chargements de l’or noir au port béninois. Les relations entre les deux pays se sont tendues avec le coup d’Etat et le Niger maintient sa frontière avec le Bénin fermée : il a accusé ce pays à plusieurs reprises de servir de base arrière à des « terroristes » et de vouloir le déstabiliser…Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux Etats, qui travaillent avec la China National Petroleum Corporation (CNPC), société pétrolière appartenant à l’Etat chinois, dont Wapco est une filiale. La Chine extrait l’or noir du Niger depuis 2011.  Le Monde avec AFP

Au Niger, le Jnim dément avoir enlevé la ressortissante autrichienne
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim) dément catégoriquement tout lien avec l’enlèvement d’Eva Gretzmacher à Agadez, au Niger, le 11 janvier dernier. Le 13 janvier, le groupe terroriste affilié à Al-Qaida a publié un communiqué via son organe de presse Az-Zallaqa, dans lequel il nie avoir joué un rôle dans le kidnapping de l’Autrichienne de 73 ans. Les recherches se poursuivent pour tenter de la retrouver…Comme le rapporte Apa News, Eva Gretzmacher est connue de la communauté d’Agadez pour avoir fondé l’association caritative Amanay. Le même média précise qu’à la suite de son enlèvement, les forces de sécurité nigériennes ont intensifié leurs recherches et les mesures de sécurité dans la région…Selon des membres de la famille de la victime qui se sont confiés à l’Agence de presse autrichienne, il n’y a toujours pas d’indice sur les personnes l’ayant enlevé. Pour l’un des proches, qui a requis l’anonymat, le déroulement de l’enlèvement était « dilettante » (amateur) et n’indique pas qu’il soit l’œuvre de « super-salafistes ». Jeune Afrique

Mali: en ciblant un chef religieux local, le Jnim marque une évolution stratégique
Cela fait trois semaines que le chef religieux malien Thierno Amadou Hady Tall a été enlevé près de Nioro du Sahel, dans le sud du Mali, à la frontière avec la Mauritanie. Le Jnim, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans a non seulement revendiqué son enlèvement, mais également annoncé sa mort, dimanche 12 janvier dernier. Un décès que les proches de Thierno Amadou Hady Tall ne tiennent pas pour acquis. En tout état de cause, cette attaque du Jnim contre un chef religieux malien très respecté et très influent est inédite et témoigne d’une évolution stratégique…« Les groupes terroristes essayaient de ménager les légitimités religieuses et traditionnelles pour ne pas perdre le soutien local des communautés, explique Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute à Dakar et enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis. Ils ont besoin de ce soutien parce que pour opérer, il leur faut toujours des couveuses locales. » L’enlèvement – et le vraisemblable décès – du khalife soufi Thierno Amadou Hady Tall marque donc une rupture, ou pour le moins une évolution stratégique. Dans ses messages de revendication, le Jnim affirme avoir voulu le juger pour sa supposée proximité avec les autorités maliennes de transition et avec l’armée. RFI

En Tunisie, des dizaines de protestataires manifestent pour le quatorzième anniversaire de la révolution
Des dizaines de manifestants se sont rassemblés à Tunis, mardi 14 janvier, lors du quatorzième anniversaire de la révolution de 2011, pour réclamer la libération de figures de l’opposition au président Kaïs Saïed, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). A l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition – dont fait partie le parti islamo-conservateur Ennahda, bête noire de Kaïs Saïed –, les manifestants ont exprimé leur colère face à la « répression » des opposants…Beaucoup brandissaient des portraits d’opposants en détention, comme l’ex-premier ministre Ali Larayedh, dirigeant d’Ennahda poursuivi dans une affaire en relation avec l’envoi de djihadistes en Syrie, ou le juriste Jaouhar Ben Mbarek, cofondateur du FSN, accusé de complot contre la sûreté de l’Etat…Depuis le coup de force de l’été 2021 par lequel le président Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs, les ONG tunisiennes et étrangères et l’opposition dénoncent une « dérive autoritaire » par le biais d’un démantèlement des contrepouvoirs et d’un étouffement de la société civile avec des arrestations d’opposants, de syndicalistes, de militants, d’avocats et de journalistes. Le Monde avec AFP

RDC: intensification des combats dans l’est du pays
En RDC, les affrontements qui opposent les militaires congolais et leurs alliés au groupe armé M23, soutenu par le Rwanda voisin, se sont intensifiés ces derniers jours. Plusieurs fronts ont été ouverts dans la province du Nord-Kivu mettant en difficulté le cessez-le-feu négocié durant l’été 2024 et alors que les discussions entre Kinshasa et Kigali n’ont pas été relancées…Et dans la province, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts : « Tous les jours, il y a des affrontements », confirme un responsable militaire, « dans le Masisi, mais aussi dans le Sud-Lubero et dans le Rutshuru »; Ce dimanche 12 janvier, des détonations ont aussi entendues dans le territoire de Nyiragongo. Une intensification des combats alors que sur le plan diplomatique les discussions sont dans l’impasse. Pas de date annoncée pour une nouvelle rencontre des ministres des Affaires étrangères à Luanda en Angola sous l’égide du président Lourenco. Pour l’instant, l’accord de paix reste donc à l’état de projet. RFI

En Afrique du Sud, 60 corps de mineurs clandestins extraits en deux jours d’un gisement d’or cerné par la police
Soixante corps de mineurs clandestins ont été extraits d’un puits d’or désaffecté en Afrique du Sud après deux jours d’opérations de secours, a annoncé, mercredi 15 janvier, la police, qui cerne le site depuis des mois pour les déloger. « Au deuxième jour des opérations, 106 mineurs illégaux vivants ont été récupérés et arrêtés pour exploitation minière illégale. 51 ont été déclarés morts », a indiqué dans un communiqué la police, qui avait déjà remonté neuf dépouilles lundi. Ce bilan provisoire, puisque les opérations doivent durer dix jours, accrédite les estimations locales faisant état de la présence de plus d’une centaine de corps dans les galeries du veld de Stilfontein, à environ 150 km au sud-ouest de Johannesburg…Le nombre de personnes se trouvant encore dans ce puits aurifère de près de 2 kilomètres de profondeur est inconnu, mais, selon la police, elles pourraient être plusieurs centaines…Depuis des mois, l’accès à cette mine a été bouclé dans le cadre de l’opération de police. Les autorités ont été accusées d’essayer de forcer les mineurs à remonter à la surface de ce qui ressemblait à une petite ville souterraine en réduisant les réserves de nourriture et d’eau qui leur avaient été apportées par la communauté locale, laquelle vivait de l’économie informelle autour de la mine. Le Monde avec AFP

Zimbabwe : débat sur la prolongation du mandat de Mnangagwa
Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, souhaite prolonger le mandat du président Emmerson Mnangagwa de deux ans, jusqu’en 2030. Âgé de 82 ans, Mnangagwa est actuellement dans son deuxième et dernier mandat, qui doit prendre fin en 2028. Farai Marapira, porte-parole du parti, a confirmé l’accord interne sur cette proposition, sans toutefois préciser si une modification de la constitution serait envisagée. La loi fondamentale du Zimbabwe limite pourtant les mandats présidentiels à deux périodes de cinq ans. Ce débat n’est pas nouveau : l’idée de supprimer les limites de mandat avait été évoquée lors d’une conférence de la Zanu-PF en octobre 2024. Des juristes rappellent cependant qu’un tel changement nécessiterait plusieurs référendums…Mnangagwa a publiquement déclaré qu’il respecterait la constitution, mais les discussions au sein du parti montrent des divisions sur la question. Ce débat pourrait transformer durablement le paysage politique du Zimbabwe. Africanews avec AFP