Revue de presse du 15 décembre 2023

La justice ouest-africaine ordonne la remise en liberté du président nigérien Mohamed Bazoum
La Cour de justice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a ordonné vendredi 15 décembre la libération du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé fin juillet par un coup d’État militaire. Une décision prise au moment où l’organisation régionale ouest-africaine , selon un de ses émissaires, a commencé à discuter de la transition avec le régime de Niamey…La Cour a également demandé à ce que Mohamed Bazoum soit réinstallé dans ses fonctions et a donné un mois au Niger pour exécuter sa décision… Mohamed Bazoum est séquestré dans sa résidence présidentielle avec son épouse, Haziza, et leur fils, Salem, depuis le coup d’État du 26 juillet. Mi-septembre, le président déchu avait saisi la Cour de justice de la Cédéao pour obtenir sa libération et le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays…[L]a victoire judiciaire du président déchu pourrait s’avérer largement symbolique. Réunie en sommet dimanche, la Cédéao a pris acte du changement de régime, reconnaissant pour la première fois que Mohamed Bazoum a « été effectivement renversé par un coup d’État militaire ». France 24 avec AFP

Le Togo et le régime nigérien « conviennent d’un contenu » pour la transition
Le ministre des Affaires étrangères togolais en médiation à Niamey a affirmé jeudi avoir « convenu du contenu » et du « timing de la transition » au Niger avec le Premier ministre de ce pays dirigé par un régime militaire depuis un coup d’Etat, avant l’avis d’autres pays ouest-africains…Selon Télé Sahel, M. Dussey reviendra à Niamey en janvier avec son homologue de la Sierra Leone, Timothy Kabba. M. Kabba devait être présent lors de cette médiation, a affirmé M. Dussey, mais « une contrainte l’a empêché de faire le déplacement » à Niamey. Dimanche, la Cedeao réunie en sommet à Abuja a ouvert la voie à un allègement de ses sanctions à l’encontre du Niger, le conditionnant à une « transition courte » avant un retour des civils au pouvoir. Lors de ce sommet, il avait été décidé qu’un comité composé des présidents du Bénin, du Togo et de la Sierra Leone négocierait avec le régime militaire nigérien les engagements à mettre en œuvre, avant un éventuel assouplissement des sanctions prises par l’organisation régionale peu après le coup d’Etat du 26 juillet. AFP

La situation du Gabon au menu d’un sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale
Le Gabon figure à l’ordre du jour du sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ce 15 décembre 2023. Les chefs d’États de la CEEAC sont en Guinée équatoriale pour examiner le cas du Gabon, qui a été sanctionné après le coup d’État du 30 août dernier. L’instance sous-régionale avait suspendu ce pays, transféré le siège de l’organisation à Malabo et nommé le chef de l’État équato-guinéen Téodoro Obiang Nguema président de l’institution à la place de l’ex-président gabonais déchu Ali Bongo. Depuis, le pouvoir de transition gabonais fait un lobbying très actif pour que les sanctions soient levées. Le nouvel homme fort de Libreville, le général Oligui Nguema, a beaucoup voyagé depuis le putsch. Il a pris soin d’aller voir le président équato-guinéen en premier, après sa prise de pouvoir. Puis il a rencontré, un par un, tous les chefs d’États de la CEEAC, à l’exception de l’Angolais João Lourenço…Le facilitateur de la CEEAC, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, est arrivé lundi en Guinée équatoriale pour remettre son rapport sur les avancées de la transition et ses recommandations. Le général Oligui Nguema a été invité et se trouve sur place depuis le 14 décembre. Libreville espère une levée des sanctions le plus vite possible. Il y a une semaine, devant l’assemblée, le Premier ministre avait averti que le pays ne pouvait pas se permettre d’être au banc des nations. Sinon les bailleurs de fonds risquaient à terme de se rétracter et de stopper leurs financements. RFI

Djibouti: l’avenir de la base militaire française au centre de la visite de Lecornu et Colonna
Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées étaient à Djibouti ce jeudi 14 décembre. Une visite de Catherine Colonna et Sébastien Lecornu dans le cadre de la renégociation du Traité de coopération en matière de défense. Signé dans les années 1970, le TCMD a été renouvelé en 2014 pour 10 ans. Il détaille notamment la configuration de la base militaire française à Djibouti. Un site stratégique pour Paris où sont stationnés quelque 1 500 hommes et qui sert notamment à projeter les forces françaises en Afrique et dans la zone Indo-Pacifique. Ce n’était qu’une étape, mais le symbole était important. Les tractations sont passées du niveau technique au politique. Une façon d’équilibrer le débat après la visite de deux ministres djiboutiens à Paris en mai…Le contexte a en effet changé avec la menace des rebelles houthis en mer Rouge, la concurrence des Russes et Chinois dans la Corne. Sans compter l’Éthiopie voisine qui réclame un accès à la mer. Djibouti a donc besoin de protection, et la France a besoin de cette base qui lui sert à se projeter jusque dans la zone Indo-Pacifique. Des intérêts mutuels loin de la défiance actuelle envers Paris sur le continent. RFI

Bénin: le chef d’état-major belge en visite pour évaluer la collaboration militaire
Le chef d’état-major des forces armées belges est en visite à Cotonou pendant deux jours dans le cadre de la coopération militaire avec le Bénin. Arrivé mercredi, l’amiral Michel Hofman s’est déplacé pour évaluer cette collaboration militaire. Actualité oblige, la coopération fait une bonne place à la lutte contre le terrorisme dans le nord du Bénin et la piraterie maritime…Vingt ans que la coopération existe entre les deux armées. Depuis les premières attaques armées dans le nord du pays, la lutte contre le terrorisme s’est imposée comme une priorité. « Nous allons continuer à développer ensemble les capacités béninoises pour faire en sorte que l’insécurité dans le nord du Bénin ne se propage pas », déclaré l’amiral Michel Hofman. Renseignements, analyse des données, formation des forces spéciales, lutte contre piraterie maritime sont les domaines d’intervention belges. La dynamique est positive et va se poursuivre selon l’officier belge. Des demandes béninoises précises lui ont été adressées pour 2024 dans quatre domaines dont le renseignement militaire…Après Cotonou, l’amiral Hofman se rend au Congo accompagné de six membres de son cabinet. RFI

RDC : « La Céni n’a pas toutes les cartes en main »
A six jours des élections en République démocratique du Congo, des questions persistent sur la faisabilité des élections compte tenu des défis logistiques qui doivent encore être relevés. Les récentes demandes d’aide émises par la commission électorale, notamment vis-à-vis de la mission des Nations unies, ont semé un doute. La situation est complexe, confie d’entrée de jeu Eric Senga, le porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Il souligne que deux aspects restent préoccupants : la logistique électorale et le problème des cartes défectueuses qui est loin d’être résolu. A ceci s’ajoute la difficulté du déploiement du matériel électoral par la Céni, la commission électorale. « Il y a quand même des débats que l’on devrait déjà finaliser. Être sûr de la qualité des machines, les avoir déjà checkées, être sûr de la capacité des utilisateurs de ces machines, donc les agents propres de la Céni, mais aussi gérer les imprévus », explique le porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo. Pour monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco), il y a encore des doutes sur le déroulement de ces élections dans de bonnes conditions. « Nous voyons que la Céni n’a pas toutes les cartes en main. Tantôt une demande faite au président de la République pour avoir des avions, tantôt une demande faite à la Monusco », s’inquiète le secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo…A quelques jours des élections, le risque d’un report du scrutin persiste, mais du côté de la Céni, on se veut rassurant : les élections auront bien lieu le 20 décembre 2023, conformément au calendrier électoral. DW

RDC : lenteur dans la délivrance des duplicatas de cartes d’électeur à Kinshasa
Une lenteur est observée, depuis quelques jours, dans la livraison des duplicatas des cartes d’électeurs à six jours des élections du 20 décembre à Kinshasa. Se livrant ce mercredi à Radio Okapi, certains électeurs disent avoir patienté plus d’une semaine pour obtenir leur duplicata. Au site d’obtention des duplicatas de la commune de Mont-Ngafula, seuls les jeunes essaient de persévérer, s’est inquiété l’un de responsable de la jeunesse catholique, Éric Mavula. Le Réseau d’organisations des droits humains et d’éducation civique d’inspiration chrétienne (RHODECIC), qui a mené une enquête sur cette opération, se dit vivement préoccupée par la lenteur dans la livraison des cartes…Les habitants de la ville de Bandundu (Kwilu) ont déploré, même mercredi, la même difficulté dans l’obtention des duplicatas des cartes d’électeurs. Ils attribuent cette lenteur a la rareté de site de livraison de ces documents dans cette partie du pays. Nombreux parmi eux craignent de ne pas voter le 20 décembre faute de cartes illisibles : « Tout citoyen a le droit de voter, mais nous avons des problèmes avec nos cartes, comment allons-nous voter ? Nous avons des cartes illisibles. Je suis allé chercher les duplicatas à la CENI, cela fait déjà un mois, mais on ne me les délivre pas ».  Radio Okapi

Mali: Tombouctou toujours sous blocus jihadiste, l’armée poursuit ses opérations dans la région
Il y a deux semaines, des camions en provenance d’Algérie entraient à Tombouctou. Cela n’était plus arrivé depuis quatre mois. Les habitants voulaient croire à une dynamique positive et durable, mais le Jnim a douché leurs espoirs : dans un communiqué diffusé lundi 11 décembre, les jihadistes réaffirment leur « blocus total » sur la ville et mettent en garde les populations contre « les recrutements dans les rangs ennemis », à savoir l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner. Fin septembre déjà, des notabilités locales avaient obtenu un allègement de l’embargo ; le Jnim avait fait volte-face moins d’une semaine plus tard. Aujourd’hui, Tombouctou reste donc sous blocus, mais la ville n’a jamais totalement cessé d’être approvisionnée. Des marchandises arrivent principalement par voie fluviale. Aucune pénurie n’est donc à déplorer, même si des habitants décrivent une situation difficile et des prix plus élevés qu’à l’habitude. Alors que les jihadistes refusent de desserrer l’étau, l’armée malienne et le groupe Wagner poursuivent leurs opérations près de Tombouctou. Comme à Aghlal, il y a une semaine, jeudi 7 décembre, avec des frappes aériennes, ou près de Léré lundi 11 décembre, avec une action terrestre : plusieurs sources sécuritaires et civiles locales déplorent des civils tués et des bâtiments détruits. L’armée n’a pas communiqué sur ces opérations et n’a pas répondu aux sollicitations de RFI. RFI

Quatre soldats sénégalais tués dans l’explosion d’une mine en Casamance
Quatre militaires sénégalais ont été tués en Casamance lorsque leur véhicule a sauté sur une mine antichar dans cette région du sud du Sénégal en proie à une rébellion indépendantiste, a annoncé vendredi l’armée. L’incident est survenu jeudi « au cours d’une mission » dans le Nord Bignona, près de la frontière gambienne, et a également fait « trois blessés », a indiqué la Direction des relations publiques des armées (Dirpa) dans un communiqué sur X (anciennement Twitter). Sollicitée par l’AFP, la Dirpa n’a pas donné d’autres détails sur les circonstances de l’accident. L’armée mène depuis plusieurs mois des opérations de sécurisation contre des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui réclament l’indépendance de cette région frontalière de la Gambie et de la Guinée-Bissau. La Casamance est le théâtre d’une des plus vieilles rébellions du continent africain depuis que des indépendantistes ont pris le maquis avec un armement rudimentaire après la répression d’une marche du MFDC en décembre 1982. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a persisté à petits feux. Ces dernières années, les autorités sénégalaises ont entrepris de réinstaller les déplacés après avoir annoncé la destruction de plusieurs bases rebelles, notamment à la frontière avec la Guinée-Bissau. Le président sénégalais Macky Sall, élu en 2012 puis réélu en 2019, a fait de la paix en Casamance l’une de ses priorités. AFP

Au Sénégal, pourquoi la question des parrainages reste controversée à deux mois de la présidentielle 2024 ?
Les candidats à la candidature pour la présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal ont entamé, le 27 septembre, la course aux parrainages. Même si ce critère existe depuis des décennies dans l’arsenal juridique électoral sénégalais, il continue à diviser, à mesure que la présidentielle approche…Selon la loi électorale du pays, chaque candidat a le choix entre se faire parrainer par des électeurs, encore appelé Parrainage citoyen ou par des élus…Pour ceux qui choisissent les élus, ils ont besoin de 13 députés ou 120 maires et présidents de conseils départementaux…Depuis la réintégration en 2018 de cette étape dans la constitution des dossiers de candidatures dans le code électoral sénégalais, l’opposition la considère comme une stratégie du pouvoir pour éliminer les opposants. D’abord parce que très peu de candidats réussissent à traverser cette étape des parrainages. Lors de la dernière présidentielle tenue en 2019, seuls 5 candidats ont réussi à passer par les mailles de ce filet. Pourtant ils étaient au départ 129 à l’assaut des parrainages. 27 ont réussi à déposer des dossiers, 19 ont été rejetés par le conseil constitutionnel, pour n’en retenir que 5, dont l’ex-parti Pastef de Ousmane Sonko, dont la candidature semble se préciser à moins de deux mois du scrutin. Un tribunal de la capitale Dakar a remis l’opposant en selle, en ordonnant, le 14 décembre 2023, sa réintégration sur les listes électorales, en avoir été rayé, suite à sa condamnation pour corruptiond de la jeunesse en juin 2023. BBC