Revue de presse du 15 avril 2024

Viols, meurtres et faim : le bilan d’une année de guerre au Soudan
Un an après le début des affrontements entre factions armées rivales, le Soudan est toujours plongé dans une guerre dévastatrice, qui a fait près de 15.000 morts et abouti à huit millions de civils en fuite, 25 millions de personnes ayant un besoin urgent d’assistance et une famine qui menace. Les souffrances risquent de s’aggraver, a prévenu Justin Brady, chef du bureau d’aide humanitaire des Nations Unies (OCHA) au Soudan, à ONU Info…Alors qu’une récente alerte à la famine montre que près de 18 millions de Soudanais sont confrontés à une faim aiguë, le plan de réponse de 2,7 milliards de dollars pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 6%, a précisé M. Brady. « C’est très mauvais, mais je ne pense pas que nous ayons atteint le fond », a-t-il dit…Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu pendant le mois sacré du Ramadan, qui s’est terminé la semaine dernière, les combats se poursuivent, a noté M. Brady d’OCHA. ONU Info

Guerre au Soudan : plus de 840 millions d’euros promis en ouverture de la conférence de Paris
Plus de 840 millions d’euros d’aide au Soudan ont été annoncés en ouverture de la conférence humanitaire internationale qui se tient lundi 15 avril à Paris, avec pour objectif de coordonner les initiatives de médiation pour mettre fin à la guerre qui ravage le pays depuis un an. Paris a promis une aide humanitaire de 110 millions d’euros ; Berlin, 244 millions ; l’Union européenne (UE) contribuera à hauteur de 350 millions et Washington, 138 millions. Les donations seront « bien au-dessus du milliard d’euros », a fait savoir un diplomate à l’Agence France-Presse et Reuters. Coprésidée par la France, l’Allemagne et l’UE, cette conférence doit remettre sur le devant de la scène internationale cette « crise oubliée », ont insisté le ministre des affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, son homologue allemande, Annalena Baerbock, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, ainsi que le commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarcic. Le Monde avec AFP

Nigeria : dix ans après l’enlèvement de Chibok, le comité de soutien dit sa frustration et sa colère
Le comité de soutien créé pour la libération de plus de 270 lycéennes enlevées il y a dix ans à Chibok, au Nigeria, a appelé dimanche 14 avril les autorités à ne pas oublier la centaine d’entre elles toujours portées disparues…Près d’une centaine d’entre elles sont toujours portées disparues. Lors d’une conférence de presse organisée par le comité à Abuja, la capitale nigériane, pour marquer le dixième anniversaire de cet enlèvement, des slogans tels que « Ramenez nos filles maintenant et vivantes » ou « Nous nous battons pour l’âme du Nigeria » ont été scandés par la dizaine de personnes rassemblées. « Nous exigeons que le président Bola Ahmed Tinubu et son administration prennent leur responsabilité devant le peuple pour répondre à notre demande qui est de ramener nos filles », a déclaré Florence Ozor, la directrice stratégique du comité de soutien Bring Back Our Girls. Elle a aussi appelé le président nigérian et le gouvernement fédéral à remettre aux familles des lycéennes « un rapport détaillé des missions de sauvetage pour leurs filles disparues ». Le Monde avec AFP

Au Tchad, Mahamat Idriss Déby lance une campagne présidentielle sans grand risque
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé président par l’armée il y a trois ans, a lancé dimanche 14 avril la campagne d’une élection présidentielle qu’il est quasiment assuré de remporter le 6 mai après que sa junte a évincé de la course ses principaux rivaux. Dès le premier jour de la campagne officielle, la capitale du Tchad, N’Djamena, était quasi totalement pavoisée aux seules couleurs de sa coalition de partis et de portraits géants de ce général de 40 ans, rapporte un journaliste de l’Agence France-Presse. C’est à peine si quelques affichettes arboraient les visages de certains des neuf autres candidats çà et là, à l’exception, dans son quartier, de Succès Masra, ancien opposant farouche qui s’est rallié en janvier à la junte et a été nommé premier ministre par Mahamat Déby. L’opposition, muselée et sévèrement réprimée depuis trois ans, accuse M. Masra de l’avoir trahie et de concourir pour leur ravir des voix avec l’idée d’assurer une majorité au général et conserver son poste de chef du gouvernement…Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l’assaut de son parti, d’une « balle dans la tête à bout portant » selon l’opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées. Le Monde avec AFP

Togo : les forces de l’ordre empêchent une manifestation de l’opposition
Les forces de l’ordre togolaises ont empêché vendredi la tenue d’une manifestation de l’opposition à Lomé contre le projet controversé de nouvelle Constitution…Les partis de l’opposition et un groupe de la société civile avaient appelé les Togolais à sortir « massivement » dans les rues de la capitale togolaise, vendredi et samedi, malgré l’interdiction des autorités…Après un court échange avec les forces de l’ordre, les leaders de l’opposition ont décidé de quitter le lieu de départ de la manifestation. « Aujourd’hui, la mobilisation a été laborieuse parce que depuis quelques jours, le gouvernement a déployé des forces de sécurité dans la ville de Lomé. Et c’est de nature à agir sur la mobilisation, connaissant la capacité de répression du régime », a indiqué à l’AFP, Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (PT). Mardi, le Togo a reprogrammé la tenue des élections législatives au 29 avril, après leur report dans le contexte de l’adoption de la nouvelle Constitution fin mars. Pour l’opposition cette nouvelle Constitution, qui ferait passer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, est un moyen pour le président Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir. AFP

Elections au Togo : une campagne sous tension
Au Togo, la campagne pour les élections législatives et régionales prévues le 29 avril a démarré dans un contexte de forte tension politique, samedi 13 avril, après l’adoption d’une nouvelle Constitution fin mars par l’Assemblée nationale. Pour marquer le début de la campagne, plusieurs cortèges motorisés de membres de partis politiques ont sillonné en début d’après-midi les grandes artères de Lomé. Le parti au pouvoir, l’Union pour la république (UNIR), était présent, comme plusieurs partis de l’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la république (FDR). L’Assemblée nationale est actuellement dominée par l’UNIR, les principaux partis d’opposition ayant boycotté les dernières élections législatives, en 2018. Mais, cette année, l’opposition a affirmé vouloir participer pleinement aux législatives et aux régionales. Les deux scrutins sont fixés au 29 avril, a indiqué la présidence mardi, après avoir été reportés pour mener des consultations sur la nouvelle Constitution, considérée par plusieurs partis d’opposition comme une manœuvre pour maintenir le président Faure Gnassingbé au pouvoir plus longtemps. Le Monde avec AFP

Les évêques burundais dénoncent le « monopartisme » et les atteintes aux libertés
Au Burundi, les évêques dénoncent la tentation du « monopartisme », les exécutions extrajudiciaires, la « corruption » et « l’impunité » dans le pays, à un an des élections législatives. C’était dans un message lu dimanche, 14 avril dans les milliers d’églises de ce pays d’Afrique de l’Est…Ces propos interviennent quelques semaines après l’éviction de l’opposant historique Agathon Rwasa de la présidence du principal parti d’opposition, le CNL, dans ce qui a été dénoncé par ses partisans et des ONG de défense des droits humains comme une manoeuvre du gouvernement…Pratiquée par plus des deux-tiers de la population, la religion catholique est la principale confession au Burundi, dirigé depuis 2020 par Evariste Ndayishimiye, un fervent catholique, après le décès du président Pierre Nkurunziza, un évangélique qui a tenu le pays d’une main de fer durant 15 ans. AFP

En Côte d’Ivoire, le général gabonais Brice Oligui Nguema vient chercher le soutien d’Alassane Ouattara
En froid avec les putschistes qui ont pris le pouvoir au Sahel, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accueilli pour la première fois le chef de la transition gabonaise, le général Brice Oligui Nguema, jeudi 11 avril, près de huit mois après son coup d’Etat contre Ali Bongo Ondimba le soir de sa réélection, le 30 août 2023…« Les régimes changent mais les relations restent », indique-t-on au ministère ivoirien des affaires étrangères. Cinq mois après leur première entrevue à Riyad en marge du sommet Union africaine-Arabie saoudite, en novembre 2023, les deux hommes se revoient pour faire converger leur agenda diplomatique. Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir par la force, est en quête de respectabilité sur les scènes continentale et internationale. Quant à Alassane Ouattara, préoccupé par les tensions avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il prouve qu’il accepte de parler avec tous les pays, y compris ceux dirigés par des putschistes…Avec les deux pays voisins de la Côte d’Ivoire, les incidents diplomatico-militaires se sont en revanche multipliés…Ni le Malien Assimi Goïta, ni le Burkinabé Ibrahim Traoré, ni le Nigérien Abdourahamane Tiani n’ont mis le pied à Abidjan. Le Monde

Epidémie de mpox : la RDC va homologuer en urgence deux vaccins et un traitement
A l’issue d’une réunion régionale d’urgence qui s’est achevée samedi 13 avril au soir, les autorités sanitaires congolaises vont donc procéder à l’homologation d’urgence de deux vaccins qui ont déjà fait leurs preuves pour les enfants comme pour les adultes : le LC16m8, élaboré au Japon, et le MVA-BN, du laboratoire danois Bavarian Nordic…Organisée par l’agence panafricaine de santé, le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC Africa), la conférence de deux jours avait également pour but de créer un comité de pilotage incluant les pays d’Afrique centrale et d’Afrique l’Ouest concernés par l’épidémie ou susceptibles de l’être. Depuis le début de l’année, la RDC fait face à l’accélération de la propagation du virus, notamment dans l’est du pays, déchiré par les combats qui opposent l’armée régulière et ses alliés miliciens aux rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), épaulés par l’armée rwandaise. D’après le CDC Africa, plus de 19 000 cas ont été enregistrés entre février 2023 et février 2024, dont 1 000 décès, les enfants de moins de 5 ans représentant un décès sur dix. Le Monde

Libération d’un cargo suite à une rançon versée aux pirates somaliens
Des pirates somaliens ont libéré ce dimanche un cargo bangladais, le MV Abdullah, et ses 23 membres d’équipage après que les propriétaires du navire ont payé une rançon, selon la compagnie maritime SR Shipping. Le navire, transportant 55.000 tonnes de charbon du Mozambique aux Émirats Arabes Unis, avait été capturé par des pirates à environ 1.000 km des côtes de Somalie il y a un mois. Mizanul Islam, représentant de SR Shipping, propriété du groupe bangladais KSRM, a déclaré que la compagnie avait négocié avec les pirates, sans toutefois divulguer le montant de la rançon. Il a confirmé que tous les membres d’équipage étaient en bonne santé. L’activité de la piraterie au large de la Somalie a diminué grâce à la présence accrue de navires de guerre et de gardes armés à bord des navires commerciaux. Sahel Intelligence

Le Cameroun inaugure le musée du royaume Bamoun pour célébrer son riche héritage
Le Cameroun a inauguré samedi 13 avril un musée dédié à l’histoire du royaume Bamoun, l’un des plus anciens d’Afrique subsaharienne. Situé à Foumban, la capitale historique du royaume, ce musée de 5 000 m² retrace les six siècles d’histoire des Bamouns, à travers une collection de 12 500 pièces…Le royaume Bamoun, fondé en 1384, est aujourd’hui l’un des plus anciens d’Afrique subsaharienne. Quand les cultes monothéistes se sont progressivement substitués aux croyances traditionnelles, son monarque, en plus de Roi, a pris le titre de Sultan à la fin du 19e siècle, en fondant une religion s’inspirant à la foi de l’islam et du christianisme. Le nouveau musée a été bâti en reproduisant les armoiries du royaume sur 5.000 m2: une araignée à pattes velues et deux cloches surmontant le serpent à deux têtes…C’est l’un des rares royaumes à avoir réussi à exister et rester authentique, malgré la présence des missionnaires, marchands et administrateurs coloniaux », affirme [Armand Kpoumié Nchare, docteur en géographie spécialisé en patrimoines culturels, et auteur de « le rituel Nguon chez les Bamoun du Cameroun »]. AFP