Revue de presse du 14 septembre 2023

Inondations en Libye : le bilan pourrait atteindre les 20 000 morts, l’aide humanitaire s’intensifie
C’est un bilan humain qui dépasse l’entendement. Le nombre de personnes tuées dans les inondations qui ont dévasté Derna pourrait grimper à 20 000 personnes, a déclaré mercredi 13 septembre le maire de la ville, Abdoulmenam Al-Ghaithi, à la chaîne Al-Arabiya, soit 20 % de la population de cette ville de l’est de la Libye avant la catastrophe. … Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a fait état, lui, d’un nombre « énorme » de morts qui pourraient se compter en milliers, avec 10 000 disparus. « La plupart des victimes auraient pu être évitées », a affirmé jeudi Petteri Taalas, le patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU, lors d’un point-presse à Genève, pointant du doigt la désorganisation liée à l’instabilité politique dont souffre la Libye depuis des années. À Derna, frappée par la tempête Daniel dimanche, les bâtiments ont été dévastés, les ponts emportés par les eaux, des quartiers entiers sont submergés et les routes ont disparu, laissant une ville méconnaissable. … Un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Erik Tollefsen, a également mis en garde contre le danger lié aux munitions non explosées qui ont été déplacées par les crues vers « des zones auparavant exemptes de contamination ». Cela fait courir « davantage de risques pour les survivants et les personnes chargées de l’aide humanitaire », a-t-il averti. France24 avec Reuters et AFP

Inondations en Libye: des barrages vieillissants, un phénomène climatique et un État en faillite
La tempête Daniel a eu raison des barrages. Mais ce n’était qu’une question de temps. Le maire de Derna a révélé que la dernière maintenance de l’une des deux constructions remontait à 2002. Pour Malak al-Taïeb, chercheuse spécialisée dans les questions d’eau en Afrique du Nord, la vétusté des constructions, réalisées il y a 50 ans par une société yougoslave, a contribué au drame humain. « La faiblesse des structures des barrages et aussi la présence de fissures à l’intérieur des constructions ont affaibli la solidité des barrages au cours des années. Je pense que cela a contribué à augmenter les menaces d’inondations. » Pour la chercheuse, le passage de la tempête Daniel en Grèce quelques jours auparavant aurait dû alerter les autorités libyennes. « Des mesures auraient pu être prises comme une évacuation vers des zones plus sûres situées en hauteur. Cela n’aurait pas été parfait, mais, au moins, des gens auraient été sauvés. » Ces deux barrages n’étaient pas les plus grands du pays. Et les experts préviennent qu’ils sont tous dans un état plus ou moins fragile à cause du manque de maintenance. RFI

L’envoyé spécial de l’ONU au Soudan démissionne sous la pression
Volker Perthes a posé sa démission en plein Conseil de sécurité. L’envoyé spécial de l’ONU pour le Soudan a annoncé qu’il quittait son poste mercredi 13 septembre, alors qu’il briefait les ambassadeurs sur les derniers développements du conflit entre les deux chefs militaires soudanais. … Volker Perthes a livré un rapport accablant au Conseil, renvoyant dos à dos les deux parties au conflit, l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). « Ce qui a commencé comme un conflit entre deux formations militaires pourrait se transformer en une véritable guerre civile », a-t-il affirmé, en soulignant que « les combats ne montrent aucun signe d’apaisement et aucune des deux parties ne semble proche d’une victoire militaire décisive ». … Le gouvernement soudanais avait déjà déclaré Volker Perthes persona non grata en juin dernier, ce qui avait choqué le patron de l’ONU, Antonio Guterres qui l’avait dépêché au Soudan il y a deux ans et demi pour soutenir la transition démocratique. Cette semaine, le gouvernement soudanais a été encore plus loin et a carrément fait du chantage, comme l’a lâché publiquement, en plein Conseil de sécurité, l’ambassadrice américaine Linda Thomas Greenfield. « Je comprends une fois de plus que le gouvernement soudanais a prévenu qu’il demanderait le départ de la Mission des Nations unies au Soudan si le représentant spécial participait à cette réunion, a-t-elle déclaré. Ces menaces sont inacceptables. Les États-Unis soutiennent fermement le travail du représentant spécial. Aucun pays ne devrait être autorisé à menacer la capacité de ce Conseil à s’acquitter de ses responsabilités en matière de paix et de sécurité. » RFI

Au sud de Khartoum, l’avancée des paramilitaires soudanais sème la terreur
Hussein Mohammed conduisait son minibus lundi à la tombée de la nuit entre el-Massied et al-Kamiline, deux localités de l’Etat d’Al-Jazira situé au sud de Khartoum. Soudain, il voit débouler sur le long ruban d’asphalte une colonne des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. Ces très redoutés paramilitaires formés au combat dans l’atroce guerre du Darfour des années 2000 et désormais en guerre pour le pouvoir contre l’armée, avançaient à bord de « 43 pick-ups et trois blindés », raconte-t-il à l’AFP, encore sous le choc. En tout, ces cohortes ont progressé de 50 km vers le sud avant de rebrousser chemin et d’installer leur dernier check-point à 17 km au nord d’al-Kamiline, soit à environ 80 km de la capitale où les FSR règnent quasiment en maîtres, selon des experts. Les habitants des environs, eux, ont désormais très peur. « On n’a pas dormi de la nuit », raconte à l’AFP Ahmed Mohieddine. « Tout le monde est stressé et tendu, il y a des rumeurs qui courent partout », affirme ce commerçant rencontré devant son étal du marché d’al-Kamiline. AFP

Comment le Bénin répond depuis 2022 aux activités terroristes au nord de son territoire
Depuis 2019, le nord du Bénin a été à plusieurs reprises le théâtre d’attaques terroristes. Ces groupes, présents dans les pays du Sahel, tentent de s’étendre vers le golfe de Guinée. Pour se défendre contre cette menace, le Bénin a mis en place une stratégie, notamment militaire. Début 2022, suite à l’attaque d’un poste militaire situé à la frontière avec le Burkina Faso, l’armée béninoise lance l’opération Mirador, afin de lutter contre le terrorisme et de sécuriser ses frontières. Forte d’environ 3 000 hommes, l’opération Mirador est déployée dans les départements du nord. Des zones rurales, dans lesquelles se trouvent également les deux grands parcs nationaux que sont la Pendjari et le W, actuellement fermés aux touristes en raison de cette insécurité. Un recrutement spécial de 5 000 personnes a également commencé cette année pour renforcer les effectifs. … Comme dans les autres pays confrontés à la menace terroriste, de nombreux acteurs demandent par ailleurs de ne pas tout miser sur la réponse militaire. Le Bénin, qui compte beaucoup sur la coopération des populations du Nord, a mis en place des actions civilo-militaires, qui peuvent consister par exemple à creuser un puits ou à donner accès à des consultations médicales. Il y a aussi un travail de sensibilisation des populations. RFI

Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré remanie ses services de renseignement
C’est un double changement qui n’est pas passé inaperçu dans les sphères sécuritaires burkinabè. Mercredi 13 septembre, le capitaine Ibrahim Traoré a signé un décret nommant le commissaire divisionnaire de police Seydou Ouattara au poste de directeur général adjoint de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et a acté en conseil des ministres la nomination d’un autre commissaire divisionnaire, Abdoulaye Gandema, comme nouveau directeur de la Sûreté de l’État, les services de renseignement de la police. Ce remaniement intervient quelques jours après l’annonce, par les autorités de la transition, de différentes tentatives de déstabilisation. Le 31 août, le ministère de l’Administration territoriale évoquait la présence d’individus – dont des étrangers – ayant « pour objectif de déstabiliser la transition et de semer le chaos au Burkina Faso ». … À l’approche du premier anniversaire de son accession au pouvoir par la force, le 2 octobre 2022, le capitaine Traoré est particulièrement sur ses gardes. « Il y a une vraie paranoïa du putsch dans le clan du président », assure une source sécuritaire bien introduite à Ouagadougou. Ces dernières semaines, un jeu d’intrigues s’est mis en place entre l’entourage de Traoré et ceux des autres capitaines avec lesquels il a mené le coup d’État contre le lieutenant-colonel Damiba. Jeune Afrique

Gabon: des militaires au côté des civils dans les institutions de la transition
Au Gabon, depuis le coup d’État fin août, les institutions de transition continuent de prendre forme. Mardi 12 septembre, à l’issue du Conseil des ministres, de nouvelles nominations ont été annoncées, notamment à la présidence. … Un responsable de parti voit en cette inclusivité « une volonté de jouer la carte populaire et consensuelle, pour au final être candidat aux élections ». Selon lui, le général Oligui Nguema « n’est pas un militaire de caserne, mais plutôt un politique en uniforme. Sa carrière est restée très proche du pouvoir », dit-il, avant de s’interroger sur la sincérité de la transition. RFI

Tchad: la révision du fichier électoral en deux temps fait polémique
Officiellement, la Conorec, qui est l’organe dirigé et composé par des responsables administratifs chargés de préparer ce référendum, a décidé d’organiser la révision du fichier électoral en deux temps, d’abord dans les sept provinces les plus peuplées du sud du pays (du 24 juillet au 6 août), puis dans un deuxième temps dans les 16 autres provinces situées au nord (du 28 août jusqu’au 16 septembre). Quinze partis d’opposition regroupés au sein du Groupe de concertation des acteurs politiques, le GCAP, dénoncent une atteinte grave au corps électoral puisque ce système, qui fonctionne avec des dates différentes, va exclure une partie des jeunes du sud. Cette coalition dénonce une décision qui viole, selon elle, « le principe de l’égalité et de l’unicité de lieu et de temps » sur le territoire national tchadien, parce qu’elle va créer des citoyens de première et de seconde zone. Un jeune qui a obtenu ses 18 ans aujourd’hui dans le nord du pays peut se faire inscrire sur les listes électorales, alors que celui du sud qui est dans le même cas ne pourra pas voter puisque la révision du fichier électoral est déjà close dans sa zone. RFI

Présidentielle égyptienne : l’unique candidat en campagne dénonce un acharnement
Ahmed al-Tantawi, l’unique candidat déjà en campagne pour l’élection présidentielle de 2024 a dénoncé tard mercredi les « crimes » commis par les « forces de sécurité » contre ses équipes et ses partisans, dans un communiqué publié sur X, (ex-Twitter). « Ces derniers jours le rythme et la gravité des actions illégales et immorales entreprises par les forces de sécurité contre ma campagne se sont intensifiés », a dénoncé le premier candidat déclaré au scrutin prévu au printemps, qui dénonce des « crimes » visant à l’intimider. « Récemment, elles ont arrêté, détenu et fait disparaître nombre de mes soutiens et six d’entre eux ont été placés en détention provisoire par la justice d’exception pour des accusations stéréotypées », ajoute-t-il. Mardi, le Front égyptien pour les droits humains (EFHR) informait de la prolongation, par la justice d’exception, de la détention d’Amr Ali Atiya en raison de son soutien en ligne à M. Tantawy. En détention depuis le 30 août, M. Atiya est accusé de « terrorisme » et de « fausses informations », précise l’ONG, comme deux avocats « membres de la campagne » de M. Tantawi, en détention depuis le 4 septembre. AFP

RDC: Jean-Marc Kabund, ex-chef du parti présidentiel devenu opposant, condamné à 7 ans de prison
En République démocratique du Congo (RDC), l’opposant Jean-Marc Kabund, ancien chef du parti présidentiel, a été condamné ce 13 septembre 2023, plus d’un an après son arrestation pour, notamment, outrage au chef de l’État, au gouvernement et propagation de faux bruits. Des faits qu’il avait commis lorsqu’il annonçait son départ du camp présidentiel et la création de son propre parti politique. Avec cette condamnation, l’ex-homme incontournable du régime, devenu opposant farouche, ne peut plus se lancer dans la course à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. … Un verdict très sévère, déplorent ses avocats. D’autres sources judiciaires estiment en revanche que la haute cour est restée clémente. Manque de vision claire, corruption, enrichissement illicite ou encore erreurs et tâtonnements : lors de son procès, l’opposant a répété devant les juges la violente diatribe contre le président Félix Tshisekedi et son régime. Diatribe qui lui avait valu son arrestation. RFI

Paris annonce la libération du Français Stéphane Jullien, arrêté au Niger
« Stéphane Jullien, conseiller des Français de l’étranger basé au Niger, a été libéré. Heureux de ce dénouement rapide », a également réagi Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger. Stéphane Jullien est un chef d’entreprise, élu par les Français installés au Niger pour les représenter et servir de liaison auprès des services diplomatiques français dans ce pays, où une junte militaire a pris le pouvoir fin juillet à la faveur d’un putsch contre le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. La junte ayant renversé Mohamed Bazoum – que Paris considère toujours comme le président légitime du Niger – a exigé le départ des troupes françaises basées dans le pays et a menacé d’expulser l’ambassadeur de France. France24 avec AFP

L’hydrogène vert, une promesse attirante pour l’Afrique subsaharienne
Considérez l’énergie solaire comme un « énorme compte bancaire » et l’hydrogène vert comme la clé qui va permettre aux pays africains d’exploiter massivement cette manne. C’est, avec un certain sens de la formule, la métaphore qu’a martelée l’expert kényan Richard Kiplagat lors d’un panel organisé à l’occasion du Sommet africain sur le climat, qui s’est tenu du 4 au 6 septembre à Nairobi. Dans de nombreux Etats du continent, les besoins des électriciens nationaux ne sont pas suffisants, ou les projets renouvelables pas assez rentables, pour y exploiter la totalité des gigantesques ressources solaires et éoliennes, mais, « avec l’hydrogène vert, il y a un nouveau débouché, de nouveaux acheteurs pour ces énergies », a expliqué le président du groupe de travail pour l’hydrogène en Afrique. L’hydrogène, un atome aux usages industriels multiples, s’obtient en extrayant cet élément chimique de matières où il est naturellement présent. Aujourd’hui, on le produit essentiellement à partir du méthane, une opération très émettrice de gaz à effet de serre : il est donc qualifié de « gris ». A l’inverse, l’hydrogène « vert » est extrait de l’eau, à travers un processus d’électrolyse alimenté par une énergie renouvelable, donc sans émission. Le Monde

Restructuration de la dette africaine : l’Afrique propose à Nairobi un nouveau mécanisme de financement
Les dirigeants africains qui appellent à une action urgente de la part des pays développés pour réduire les émissions de carbone, ont proposé un nouveau mécanisme de financement pour restructurer la dette lourde de l’Afrique et pour débloquer le financement climatique. Lors de l’appel à l’action, les dirigeants africains participant au premier Sommet africain sur le climat qui s’est tenu à Nairobi, au Kenya, ont souligné l’importance de décarboner l’économie mondiale pour l’égalité et une prospérité partagée. Ils ont appelé à des investissements pour promouvoir l’utilisation durable des atouts naturels de l’Afrique pour la transition du continent vers un développement à faible émission de carbone et sa contribution à la décarbonisation mondiale. AFRIMAG

Attention aux fausses informations sur le séisme au Maroc
Au Maroc, les secouristes poursuivent leurs recherches pour trouver des survivants après le séisme qui a frappé les montagnes de l’Atlas au sud de Marrakech vendredi 8 septembre, causant au moins 2 900 morts et 5 530 blessés. C’est systématiquement le cas en pareilles circonstances : des informations fausses ou mal interprétées, ou des images qui n’ont rien à voir avec le drame circulent à grande vitesse. Comme lors des séismes survenus en février 2023 en Turquie et en Syrie, plusieurs internautes ont accusé le programme américain de recherche sur les aurores actives à haute fréquence (HAARP) d’être responsable de la catastrophe. Ce programme, lancé en 1990 par l’armée américaine, a pour but d’étudier l’ionosphère, c’est-à-dire la couche supérieure de l’atmosphère terrestre, grâce à un champ d’antennes radio, afin de savoir si ses propriétés physiques et électriques peuvent affecter les systèmes de communication et de navigation militaires et civils. Mais depuis 2015, précise le site du HAARP, le centre a été cédé à l’université de l’Alaska de Fairbanks et plus aucun personnel militaire n’y est désormais affecté. Le programme HAARP est souvent soupçonné par des complotistes d’être à l’origine de catastrophes naturelles, dont ils remettent en cause « la version officielle ». La preuve, selon certains internautes, se trouverait dans des vidéos montrant « des coups de foudre la nuit qui précède le séisme qui ne sont pas normaux mais se produisent toujours dans les opérations HAARP ». Le Monde