Revue de presse du 14 mars 2024

L’état des opérations de maintien de la paix des Nations unies en Afrique
Dans cet entretien du Centre d’études stratégiques de l’Afrique avec le général Birame Diop, Conseiller Militaire du Département de paix des Nations Unies, le général Diop note qu’aujourd’hui être gardien de la paix en Afrique devient de plus en plus dangereux. Alors même que 40 % des opérations de maintien de la paix de l’ONU sont déployées en Afrique, de nombreux facteurs politiques les ont rendues plus difficiles, notamment le déclin du soutien des autorités du pays hôte et les campagnes de désinformation ciblant ces opérations. Les opérations de maintien de la paix jouent cependant un rôle à la fois inestimable et sous apprécié dans la stabilisation des régions très fragiles d’Afrique, en particulier celles qui font face à des acteurs violents non-étatiques. Le General Diop rappelle aux publics africains que “la paix a un prix” et que l’insécurité dans un pays peut répandre l’instabilité dans toute une région. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Le président sénégalais demande d’appliquer l’amnistie aussitôt après promulgation
Le président sénégalais Macky Sall a demandé à son gouvernement d’appliquer une récente loi d’amnistie aussitôt qu’elle aura été promulguée, maintenant le pays dans l’expectative nerveuse d’une potentielle sortie de prison pour l’un des principaux candidats à la présidentielle dans dix jours. La promulgation est attendue de façon imminente. Aucune information officielle n’a été fournie quant au moment de la publication, qui entraînerait l’entrée en vigueur. Depuis son adoption la semaine passée, Bassirou Diomaye Faye, candidat antisystème à la présidentielle, et son chef Ousmane Sonko, également détenu, sont présentés comme les principaux bénéficiaires potentiels de la loi…La question de l’éligibilité de M. Sonko a toujours été un enjeu majeur. Elle reste sujette à controverse. Elle doit revenir jeudi devant la Cour suprême. Celle-ci est censée examiner un recours de l’Etat contre une ordonnance prise le 14 décembre par un tribunal qui ordonnait la réintégration de M. Sonko sur les listes électorales. AFP

Sénégal: réunion du parti présidentiel pour renouveler le soutien à la candidature d’Amadou Ba
Au Sénégal, il n’y a plus que 10 jours avant la présidentielle du 24 mars. Alors que les médias sénégalais évoquaient un candidat, Amadou Ba, peu soutenu par la coalition au pouvoir qui l’a désigné, avec une campagne qui peinait à démarrer, une réunion des cadres du parti du président, l’Alliance pour la République (APR) a servi ce mercredi 13 mars à renouveler la confiance au candidat de la majorité…Car ces derniers jours, les déclarations de certains ministres permettaient de douter de leur soutien au candidat de la majorité. Certaines sources ont même fait état de budget et de matériel de campagne qui tardait à être débloqué, voire de la possibilité de changer de candidat en cours route. Voilà qui devrait donc apporter un peu de clarté pour les 10 jours qui restent avant la présidentielle, et permettre de relancer une campagne électorale qui peinait à démarrer du côté de la coalition au pouvoir. RFI

Victoire Ingabire empêchée de se présenter à la présidentielle rwandaise
Un tribunal rwandais a rejeté mercredi la demande de restauration des droits civiques de Victoire Ingabire, figure de l’opposition au président Paul Kagame, une décision qui l’empêche de se présenter à la présidentielle du 15 juillet. L’opposante de 55 ans, qui ne peut pas faire appel de cette décision avant deux ans, avait été déchue de ses droits après sa condamnation en 2013 à 15 ans de prison notamment pour « minimisation du génocide de 1994 », qui a fait 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi…Dirigeante du mouvement Dalfa Umurunzi (Développement et Liberté pour Tous), non autorisé par Kigali, Victoire Ingabire avait annoncé sa volonté de se présenter à la présidentielle de juillet face à Paul Kagame, qu’elle accuse notamment de bafouer la liberté d’expression, de réprimer l’opposition et de négliger les populations les plus pauvres. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, elle a fait part de sa « profonde déception », mais assuré de sa « détermination intacte ». AFP

RDC: 250 000 personnes déplacées en un mois, l’ONU dénonce une crise humanitaire « sans précédent »
La région orientale de la RDC est plongée dans une grave crise humanitaire, exacerbée par une recrudescence de la violence qui a contraint 250 000 personnes à quitter leurs foyers en février, selon Ramesh Rajasingham, haut fonctionnaire onusien qui a visité Goma, devenu un refuge pour les déplacés. Loin de la capitale nationale, Kinshasa, l’est du Congo est depuis longtemps envahi par plus de 120 groupes armés qui cherchent à s’approprier une partie des ressources de la région tout en commettant des massacres. Le résultat est l’une des plus grandes crises humanitaires au monde, avec environ 7 millions de personnes déplacées, dont beaucoup sont hors de portée de l’aide. Au milieu des combats intensifiés avec les forces de sécurité, le groupe rebelle M23…a continué d’attaquer des villages, obligeant de nombreuses personnes à fuir vers Goma, la plus grande ville de la région dont la population est estimée à 2 millions d’habitants. La ville manque déjà des ressources suffisantes. AP

Mali: un chef militaire des rebelles du CSP rallie les jihadistes du Jnim
Au Mali, le colonel Houssein Ghoulam rejoint le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans). Il était jusqu’à présent chef d’etat-major du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), l’un des groupes qui compose la rébellion du CSP (Cadre stratégique permanent). Le Jnim, lié à al-Qaïda, a officialisé son ralliement lundi dans un communiqué. Un coup dur pour les rebelles, qui tentent de se réorganiser après leur défaite, en novembre dernier, face à l’armée malienne et à ses supplétifs de Wagner…Cette défection ressemble pourtant à un coup dur pour les rebelles du CSP, qui tentent actuellement de se réorganiser et dont les dirigeants ont à maintes reprises affirmé que leur guerre n’était pas terminée…Le passage du colonel Houssein Ghoulam du CSP au Jnim démontre en tout cas que, contrairement au discours des autorités maliennes de transition, les groupes rebelles et les groupes jihadistes sont bel et bien distincts…Mais ce transfert rappelle également que la porosité entre certains de ces groupes, maintes fois pointée du doigt, n’est pas un mythe. RFI

La junte malienne dissout l’association des étudiants du pays
La junte malienne a annoncé mercredi la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) qu’elle accuse d’être responsable de violences et d’affrontements depuis plusieurs années dans le milieu scolaire, selon un communiqué du Conseil des ministres consulté jeudi…Au Mali comme ailleurs, les organisations estudiantines sont souvent considérées comme de potentiels foyers d’agitation politique. En 1991, les étudiants avaient été à la pointe du combat pour la chute du général Moussa Traoré, finalement renversé par un coup d’Etat mené par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Mercredi, les Nations unies se sont dites « profondément préoccupées » par la dissolution d’organisations de la société civile au Mali, et plus largement par des « restrictions croissantes » aux droits humains et aux libertés fondamentales. AFP

Au Mali, six chefs du JNIM et de la rébellion touareg visés par des sanctions financières
Un arrêté du ministère de l’Economie daté du 8 mars gèle pour six mois renouvelables « les biens et ressources économiques » d’Iyad Ag Ghaly, à la tête du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM suivant l’acronyme arabe), et Amadou Kouffa, chef de la Katiba Macina, dans la même alliance. Quatre autres hommes sont visés: Alghabass Ag Intalla, Bilal Ag Acherif, Fahad Ag Almahmoud et Achafagui Ag Bouhada, des chefs de la rébellion touareg qui a repris les armes contre l’Etat malien en 2023. Le décret présente ces derniers comme membres ou alliés du JNIM. Les incidences concrètes du gel de leurs avoirs ne sont pas claires…Les six hommes, qui ont une longue histoire d’engagement armé contre l’Etat central, figuraient déjà sur une liste de personnes visées par l’ouverture d’une enquête judiciaire annoncée le 28 novembre par la justice malienne pour les mêmes motifs. AFP

Soumaïne Adoum: «Le Tchadien veut sortir de la pauvreté, veut de la démocratie et de la liberté»
Lors de l’élection présidentielle du 6 mai au Tchad, s’affronteront notamment le président de transition Mahamat Idriss Deby et l’ancien opposant et désormais Premier ministre Succès Masra. Le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne Wakit Tama Soumaïne Adoum porte un regard sans concession sur le processus électoral et sur la présence militaire française dans son pays, après l’annonce du maintien des troupes françaises. RFI : Succès Masra, ancien opposant, aujourd’hui Premier ministre du Tchad, vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Quelles sont ses chances ? Soumaïne Adoum : Avant son accord de Kinshasa, Succès Masra s’est battu pour que les élections soient transparentes, crédibles, honnêtes, etc. Depuis qu’il est rentré, l’ensemble du processus pour mettre en place des élections crédibles ne le sont plus. RFI:À vous entendre, le président de transition aurait un véritable boulevard devant lui ? Adoum: Je ne vois pas qui va empêcher l’élection de monsieur « Kaka ». D’autant plus que la communauté internationale attend le résultat final pour dire « OK, c’est bon, l’important, c’est qu’on continue la coopération ». RFI

Enlèvement d’écoliers au Nigeria : le gouvernement ne versera « pas un centime » en guise de rançon
Le président nigérian, Bola Tinubu, a ordonné aux forces de sécurité de ne pas payer de rançon pour la libération de plus de 250 écoliers enlevés par des hommes armés la semaine dernière, a déclaré le ministre de l’information, Mohammed Idris, mercredi 13 mars à l’issue d’un conseil des ministres. Selon des proches des victimes, les ravisseurs ont exigé un paiement important pour le retour des élèves enlevés le 7 mars dans leur école du village de Kuriga, dans l’Etat de Kaduna (Nord-Ouest). Mais Mohammed Idris a déclaré à la presse que le chef de l’Etat avait expressément demandé aux forces de sécurité de s’assurer que « pas un centime ne soit versé en guise de rançon ». Une loi a été introduite en 2022 pour interdire de remettre de l’argent à des ravisseurs. Mais au cours de ces dernières années, des centaines d’écoliers et d’étudiants ont été enlevés, notamment dans l’Etat de Kaduna…En général, les familles et des villages entiers mettent en commun leurs économies pour payer les rançons, car ils disent avoir peu confiance dans les autorités et estiment ne pas avoir le choix. Le Monde avec AFP

Le Nigeria annonce la réouverture de ses frontières et la fin des sanctions contre le Niger
Ce mercredi 13 mars 2024, c’est au tour du Nigeria d’annoncer la décision de levée des sanctions. Le géant ouest-africain rouvre ses frontières avec son voisin sahélien dès ce jour, et met également fin aux sanctions d’ordre économique…C’est en effet la présidence nigériane qui a détaillé les sanctions prenant fin dès [hier] avec, en premier lieu, la réouverture des frontières terrestres et aériennes avec son voisin. Les contraintes économiques sont également tombées comme les transactions commerciales. Les axes Kano Maradi, Kano Zinder et Maiduguri Diffa ont toujours pesé dans les échanges transfrontaliers entre les deux pays, notamment sur les produits agricoles et le bétail, que le Nigeria importe beaucoup du Niger. RFI

Haïti : le Kenya enverra des policiers quand un conseil présidentiel de transition aura été mis en place
Le président kényan, William Ruto, a annoncé mercredi 13 mars avoir assuré aux Etats-Unis que le déploiement de policiers en Haïti, prévu dans le cadre d’une mission internationale menée par Nairobi, se ferait lorsqu’un conseil présidentiel de transition aura été mis en place sur l’île. Le Kenya avait annoncé mardi suspendre cet envoi de policiers, au lendemain de la démission du premier ministre haïtien, Ariel Henry. Les Etats-Unis avaient immédiatement réagi en estimant ne pas voir de raison à retarder cette mission…Au Kenya, le déploiement d’un millier de policiers en Haïti s’est heurté à de nombreux obstacles juridiques. William Ruto et Ariel Henry avaient cependant signé, le 1er mars à Nairobi, un accord pour l’envoi de policiers kényans. Le monde avec AFP

Dans le bassin du Congo, la science au service de la forêt
Souvent présenté comme le deuxième poumon de notre planète, le bassin du Congo joue un rôle vital dans l’équilibre écologique terrestre. De sa préservation dépend l’avenir climatique du continent africain… et celui de l’humanité. Pourtant, le bassin du Congo demeure l’une des régions les plus méconnues au monde, un manque de connaissances et de données scientifiques qui l’exclut actuellement de nombreux modèles climatiques et limite les initiatives pour le protéger. Une nouvelle génération de scientifiques africains cherche aujourd’hui à révéler les secrets de la forêt équatoriale africaine pour garantir son avenir et trouver des solutions en harmonie avec les communautés qui en dépendent. RFI

Rwanda : Ouverture d’un nouveau passage frontalier avec la Tanzanie
Le Rwanda et la Tanzanie ont annoncé l’ouverture d’un nouveau point de passage frontalier afin de renforcer le commerce et la libre circulation des personnes entre les deux pays. L’accord a été conclu lors d’une réunion entre le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, et son homologue tanzanien, January Yusuf Makamba, à Kigali, la capitale du Rwanda, mardi dernier. Les ministres ont convenu d’ouvrir un deuxième poste-frontière à Kyerwa, dans le district tanzanien de Ngara, comme l’ont confirmé les deux parties lors d’une conférence de presse conjointe à Kigali. Actuellement, le Rwanda et la Tanzanie partagent un point de passage à Rusumo, situé à 142,2 kilomètres au sud-est de Kigali. M. Makamba a souligné la volonté de la Tanzanie de renforcer ses relations avec le Rwanda dans les domaines du commerce, de l’informatique et de l’énergie. De son côté, M. Biruta a mentionné que les discussions avaient également porté sur des questions de sécurité régionale et d’autres sujets d’intérêt commun. Sahel Intelligence