C’est un spectaculaire coup d’arrêt à la réforme constitutionnelle voulue par le président kényan Uhuru Kenyatta qui a été donné jeudi 13 mai par la justice. Ce projet baptisé « BBI » (Building Bridges Initiative) devait être adopté par référendum avant l’élection présidentielle de 2022. Mais un panel de cinq juges a notamment estimé que le processus lancé en 2018 par le chef de l’État pour aboutir à cette réforme était tout simplement illégal. Les juges de la Haute Cour de Nairobi sont apparus unanimes à la télévision, jeudi soir. Pendant plus de quatre heures, ils ont lu leur arrêt, très technique et très détaillé, sur le projet de loi BBI. Et leur verdict est clair : ce projet de réforme des institutions nationales est illégal, inconstitutionnel, et donc nul et non avenu. Ce projet, voulu par le président Kenyatta et lancé en 2018, prévoit la création d’un poste de Premier ministre nommé par le président, de deux Premiers ministres adjoints, et d’un chef officiel de l’opposition : le candidat ayant fini deuxième de l’élection présidentielle. Or les juges estiment que le groupe de travail à l’origine de ce projet est une entité « illégale, inconnue de la loi ». RFI
Le Premier ministre a présenté sa démission et celle de son gouvernement, ce vendredi 14 mai au président de transition Bah N’Daw. Moctar Ouane a immédiatement été reconduit et chargé de former un nouveau gouvernement faisant plus de place à la classe politique. La démission du Premier ministre Moctar Ouane et de son gouvernement intervient après une série de rencontres initiée par le président Bah N’Daw en vue de renouer le dialogue politique et social entre les autorités de la transition et les représentants des partis politiques et de la société civile. Moctar Ouane a cependant été immédiatement reconduit à la primature, et chargé de constituer un gouvernement « plus inclusif » et « faisant plus de place à la classe politique », selon les confidences de l’un des membres du gouvernement sortant à Jeune Afrique. Selon notre source, cette décision ne serait pas en rapport avec la visite récente de la Cedeao, mais plutôt liée à la rencontre entre Bah N’Daw et les représentants du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), le 6 mai dernier. Jeune Afrique
La récente amputation par des jihadistes présumés dans le nord du Mali d’hommes accusés de vol « rappelle les horreurs » de la mainmise de groupes liés à Al-Qaïda en 2012, s’est indignée jeudi la Mission de l’Onu (Minusma) qui a offert son aide. Des hommes armés ont rassemblé la foule le 2 mai lors du marché hebdomadaire de Tin Hama, près d’Ansongo (Nord), et lui ont présenté trois hommes qualifiés de voleurs, auxquels ils ont coupé la main droite et le pied gauche, selon des informations recueillies auprès d’interlocuteurs locaux informés s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité. Les hommes armés sont présumés appartenir au groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), une des principales organisations jihadistes du Sahel, a dit la Minusma dans un communiqué. La Minusma condamne des agissements rappelant « les horreurs qui ont marqué la crise de 2012 ». AFP
Le ministre allemand des Affaires étrangères a annoncé, lors d’un déplacement mercredi 12 mai à Rome, qu’une seconde conférence de Berlin sur la Libye est en cours de préparation. Elle aura lieu après la mi-juin. En janvier 2020, les responsables de 12 pays, dont les États-Unis et la Russie se sont retrouvés à Berlin pour élaborer ensemble, un plan de route afin de sortir de la crise libyenne, une crise où plusieurs forces étrangères interviennent directement. Cela a abouti, après un long parcours, à la nomination d’un gouvernement d’union nationale de transition. Un gouvernement qui se trouve aujourd’hui confronté à plusieurs défis et qui a à nouveau besoin d’un soutien international afin de consolider un cessez-le-feu toujours fragile. « Il y a plusieurs défis à vaincre en coordination avec le gouvernement libyen », a annoncé Heiko Maas, le ministre allemand. Malgré l’embellie politique et les espoirs ravivés avec l’installation du gouvernement d’union nationale en Libye, les grands défis qui l’attendaient persistent. Sa mission de transition qui consiste à sortir le pays de dix ans de chaos semble compromise. RFI
La vidéo d’une scène d’exécution extrajudiciaire suscite une certaine émotion en Éthiopie. Il s’agit d’une scène filmée par les forces spéciales de la région de l’Oromiya, où un jeune homme est exécuté sans jugement. Il était accusé d’être un assassin de l’Armée de libération oromo, qualifiée d’organisation « terroriste » par le gouvernement. La scène a eu lieu dans le centre-ville de Dembidolo, une bourgade isolée de l’ouest de l’Oromiya. Le jeune prisonnier a d’abord été paradé et filmé dans la rue, un pistolet autour du cou. Sous la menace, il a été forcé de marcher en criant « je suis membre d’un escadron de la mort, ne faites pas ce que j’ai fait ». Quelques minutes plus tard, il a été menotté, puis interrogé face à un téléphone qui le filmait. Ses parents ont été amenés sur place. Puis il a été froidement abattu. RFI
Un policier a été tué jeudi dans des heurts entre groupes musulmans rivaux qui se disputaient le plus grand stade de Kinshasa pour la cérémonie de clôture du ramadan en République démocratique du Congo, a-t-on appris de sources concordantes. « Malgré les garanties données au gouverneur de Kinshasa par les responsables de deux ailes rivales de la communauté musulmane pour célébrer ensemble la clôture du ramadan, malheureusement un policier a été tué lors d’échauffourées », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement provincial de Kinshasa, Charles Mbutamuntu. « Un véhicule de la police a été brûlé pendant ces violences devant le stade des martyrs et plusieurs personnes sont blessées. Ce bilan est encore provisoire », a-t-il ajouté. « Trente-cinq personnes ont été interpellées par la police », a indiqué à l’AFP le général Sylvano Kasongo, chef de la police de la capitale, et « une quarantaine de blessés » ont été comptabilisés. Belga
Des commissariats et parfois des bâtiments publics sont attaqués presque quotidiennement dans les États d’Abia, Akwa Ibom ou Imo. L’Ipob, le mouvement indépendantiste biafrai et sa branche armée le Réseau de sécurité de l’Est – l’ESN – qui opèrent dans le sud-est du pays, sont dans le viseur des autorités. Deux policiers ont été blessés par balles, dans l’attaque du commissariat général de division de Bende, dans l’État d’Abia, ce mercredi soir. Plusieurs dizaines d’assaillants ont pris d’assaut le bâtiment et incendié les véhicules qui y étaient garés. Ces hommes ont également libéré les détenus qui se trouvaient dans les cellules du poste. Un autre commissariat avait été attaqué dimanche 9 mai dans la même région d’Abia, un autre encore fin avril, mais la liste de ces violences répétées contre les forces de l’ordre dans les États du Sud et du Sud-Est du Nigeria est encore très longue. RFI
C’est l’une des catastrophes les moins médiatisées au monde. À Madagascar, 1,5 million de personnes sont frappées par une grave crise alimentaire et ont besoin d’une aide d’urgence. Plusieurs dizaines de personnes sont déjà mortes de faim. En cause, la sécheresse sans précédent qui s’est abattue sur le sud de l’île ces dernières années et a détruit la quasi-totalité des cultures. Alors que le Programme alimentaire mondial demande une aide d’urgence de 62,45 millions d’euros, notre correspondante Gaëlle Borgia s’est rendue dans la région d’Anosy, la plus durement frappée par la crise. À Madagascar, depuis six mois, hommes, femmes, personnes âgées et enfants meurent de faim dans l’indifférence générale. Des villages reculés de l’extrême sud, difficilement accessibles, sont devenus des mouroirs. Les images d’enfants squelettiques sont choquantes. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), 1,5 million de Malgaches ont actuellement besoin d’une aide alimentaire d’urgence, sans quoi ils ne survivront pas. En cause : une sécheresse inédite et galopante, due au dérèglement climatique mondial. France24
Le Maroc élargit progressivement sa campagne de vaccination à la population générale. Elle est ouverte depuis lundi 10 mai à toutes les personnes de plus de 50 ans. Alors que la pénurie de vaccins contre le Covid-19 touche presque tous les pays du continent, Rabat vient de recevoir 2 millions de doses supplémentaires du chinois Sinopharm. Quelque 5,9 millions de personnes, soit 16,3 % de la population, ont reçu une première injection et 4,4 millions une seconde. Plus de 12 % des Marocains sont ainsi totalement vaccinés. Le gouvernement a fixé pour objectif d’immuniser rapidement 80 % des habitants. Pour cela, il a commandé 41 millions de doses à Sinopharm et 50 millions de doses à AstraZeneca, selon les chiffres du Global Health Innovation Center de l’université Duke (Etats-Unis), qui fait un suivi de l’accès à la vaccination contre le Covid-19. Malgré l’amélioration de la situation sanitaire, les mesures de couvre-feu ont été renforcées pendant le ramadan, afin de prévenir une recrudescence des contaminations. Les frontières aériennes sont fermées avec la France et l’Espagne depuis fin mars et avec l’Inde depuis le 24 avril. Deux cas de variant « indien » ont toutefois été enregistrés. Le Monde
Condamné par contumace en 2018 à perpétuité avec 30 ans incompressibles pour tentative de coup d’État, l’ancien colistier d’Azali Assoumani avait quitté le pays avant d’être inquiété par la justice après avoir accusé le chef de l’État de dérive dictatoriale lorsqu’il a organisé, à mi-mandat, un référendum constitutionnel lui permettant de rester au pouvoir pour deux quinquennats supplémentaires. Djaffar Ahmed a été « gracié de la totalité de la peine » stipule le décret présidentiel qui rend sa liberté et donc la possibilité d’enfin revenir au pays à l’ancien vice-président. Une vague d’arrestations d’opposants politiques avait succédé à la validation des résultats définitifs du référendum constitutionnel ayant permis au président Azali d’être rééligible. Rendu à la vie civile, le vice-président Djaffar s’était alors envolé pour la Tanzanie en septembre 2018. RFI
Le projet de développement multisectoriel et de résilience urbaine de Kinshasa va bénéficier d’un financement de 500 millions USD aux termes d’un accord signé entre la République démocratique du Congo et la Banque mondiale, mercredi 12 mai à Kinshasa, après son approbation, le 30 mars, par le conseil d’administration de l’institution basée à Washington. Mieux connu sous l’appellation de « Kin Elenda », ce projet financé par l’Association internationale de développement (IDA), permettra de renforcer les capacités institutionnelles de la gestion urbaine et d’amélioration à l’accès aux infrastructures et aux services. Il devra contribuer également au renforcement des capacités de production d’eau au site d’Ozone, à l’amélioration du réseau de distribution d’eau, la protection des installations de la Société nationale d’électricité (SNEL) contre les inondations et les érosions, la réhabilitation du centre d’enfouissement technique à Mpasa et à la construction de la première station de traitement des boues de vidange pour Kinshasa. Financial Afrik
L’Union européenne (UE) va octroyer une aide humanitaire de 210 millions d’euros pour 2021 en faveur des populations vulnérables dans les pays du Sahel et de l’Afrique centrale. Selon un communiqué de la Commission européenne, les fonds seront affectés à des projets humanitaires dans huit pays : le Burkina Faso (24,3 millions d’euros), le Cameroun (17,5 millions d’euros), la République centrafricaine (21,5 millions d’euros), le Tchad (35,5 millions d’euros) le Mali (31,9 millions d’euros), la Mauritanie (10 millions d’euros), le Niger (32,3 millions d’euros) et le Nigeria (37 millions d’euros). « L’aggravation de l’instabilité et des conflits armés, conjuguée à la pandémie de Covid-19 et aux risques naturels, a des conséquences dévastatrices au Sahel et dans les pays d’Afrique centrale. L’UE reste déterminée à contribuer à réduire les souffrances des populations de la région qui sont dans le besoin », a indiqué le commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarčič, cité dans le communiqué. Sahel Intelligence
Depuis le début des années 2000, on assiste à un fort développement de l’orpaillage, autrement dit l’exploitation artisanale de l’or, au Sahara et au Sahel. Regard sur cette situation, en deux volets, avec pour commencer un entretien avec le géographe Géraud Magrin qui dresse un état des lieux des ruées vers l’or qui ont enflammé cette partie de l’Afrique. Géraud Magrin est professeur de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et directeur de l’UMR Prodig (Pôle de recherche pour l’organisation et la diffusion de l’information géographique), spécialisé sur les activités extractives en Afrique et auteur d’articles parus dans Hérodote en 2019 sur les ruées vers l’or au Sahara Sahel et sur l’or en Mauritanie dans la revue l’Espace Politique en 2020. RFI