Revue de presse du 14 juin 2024

Le bouleversement politique sismique en Afrique du Sud
L’élection cruciale qui s’est déroulée en Afrique du Sud a propulsé le pays dans des eaux inconnues. Pour saisir les opportunités et les risques, l’Afrique du Sud aura besoin de dirigeants qui placent le pays au-dessus du parti, qui font des compromis et qui adhèrent aux principes démocratiques.… Pour qu’un gouvernement d’unité nationale soit stable et apporte des résultats aux citoyens, il faudra des compromis et un renforcement de la confiance entre les partis, à l’instar du gouvernement d’unité nationale du président Nelson Mandela, qui comprenait tous les rivaux politiques de l’ANC, y compris le Parti national, à la suite des premières élections multipartites concurrentielles de 1994. Dans l’examen des résultats, il ne faut pas négliger le fait que, tout au long de cette élection âprement disputée, le processus s’est déroulé de manière équitable et transparente. Tous les partis ont pu faire campagne librement, transmettre leurs messages aux électeurs en personne et via de multiples plates-formes médiatiques et maintenir un accès permanent à la Commission électorale indépendante (CEI). Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Afrique du Sud : l’ANC annonce avoir conclu un accord de gouvernement avec plusieurs partis
L’ANC, le plus important parti sud-africain, privé de majorité absolue par les dernières élections fin mai, a annoncé jeudi avoir conclu un accord avec plusieurs partis en vue de la formation d’un gouvernement de coalition. « Nous sommes parvenus à un accord commun sur la nécessité de travailler ensemble », a déclaré le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, lors d’une conférence de presse. La coalition doit « graviter autour du centre » et inclure l’Alliance démocratique (DA) de centre-droit, le parti nationaliste zoulou Inkatha Freedom Party (IFP), ainsi que plusieurs autres petites formations, a-t-il déclaré. La coalition doit « graviter autour du centre », après un rejet de l’accord par les partis de gauche, a-t-il déclaré, et donner naissance à un gouvernement d’union nationale. L’accord doit permettre la reconduction pour un deuxième mandat du président Cyril Ramaphosa lors de la séance parlementaire de vendredi au Cap. Selon M. Mbalula, la coalition inclut l’Alliance démocratique (DA) de centre-droit, le parti nationaliste zoulou Inkatha (IFP), le petit Mouvement démocratique uni de centre-gauche et le FF Plus, un parti identitaire blanc.… Non mentionné par M. Mbalula, le parti de l’ex-président Jacob Zuma, uMkhonto weSizwe (MK), arrivé en troisième position lors des élections, n’a pas non plus soutenu cet accord. VOA/AFP

La liberté d’expression en danger dans le Sahel
La répression des voix contestataires se poursuit au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Hier, la Synergie d’action pour le Mali, une coalition d’opposants, s’est inquiétée de la disparition de Yeri Bocoum. Ce journaliste avait filmé vendredi dernier (07.06) une manifestation contre les délestages dans le pays à Bamako.… Dans son communiqué en date du 12 juin, la Synergie d’action pour le Mali dénonce la présence « d’individus mal intentionnés et non identifiés aux alentours des domiciles » de certains de ses dirigeants.… Cet incident alimente l’inquiétude sur la liberté de la presse et la liberté d’expression, décidément en danger dans les pays de l’Alliance des Etats du Sahel. Au Burkina Faso, mardi matin [11.06.24], des personnes se présentant comme des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) ont sonné chez Mousbila Sankara et l’ont emmené.… Et enfin au Niger, un décret a été publié hier pour modifier la loi sur la pénalisation de la cybercriminalité. Des peines d’emprisonnement et de lourdes amendes sont désormais applicables en cas de diffamation et injures en ligne, mais aussi pour punir la « diffusion de données nuisibles » – une définition d’infraction assez floue pour laisser une marge importante d’interprétation. DW

Niger: la justice ordonne la levée de l’immunité du président déchu Bazoum
Le président renversé est accusé de « complot d’attentat à la sécurité et à l’autorité de l’État », « crime de trahison », « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ». La Cour d’État du Niger a levé vendredi l’immunité du président déchu Mohamed Bazoum, ouvrant la voie à un possible procès pour celui qui a été renversé par un coup d’État militaire en juillet 2023. « La Cour ordonne la levée de l’immunité de M. Mohamed Bazoum », a déclaré Abdou Dan Galadima, président de la plus haute juridiction du Niger, créée en novembre 2023 par le régime militaire. Les autorités de Niamey accusent le président renversé de « complot d’attentat à la sécurité et à l’autorité de l’État », « crime de trahison », « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ». Mohamed Bazoum est détenu dans des conditions spartiates depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 dans la résidence présidentielle, avec son épouse Hadiza.… En décembre, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait ordonné la libération de M. Bazoum. APA

Guinée : Le premier ministre hésite sur le retour des civils au pouvoir en 2025
Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, s’est abstenu de fixer une date précise pour le retour des civils au pouvoir en 2025, malgré le report déjà annoncé du départ des militaires initialement prévu d’ici la fin de l’année. Il a souligné l’importance de mettre en place un fichier électoral « incontestable », qui a été sujet à controverse par le passé, et d’organiser un référendum constitutionnel avant la fin de l’année 2024, conformément à l’engagement annoncé par le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya. Bah a déclaré à Radio France Internationale que « tout le reste pourra se faire de manière concertée » après le référendum, car les conditions les plus difficiles seront alors surmontées. Cependant, il s’est abstenu de garantir fermement la tenue des élections en 2025 à plusieurs reprises. Bah est l’un des rares responsables à aborder ces questions, la junte au pouvoir depuis le coup d’État de 2021 restant silencieuse à ce sujet.… Il s’est également opposé à la levée de l’interdiction de six radios et télévisions, dernière mesure de répression imposée aux médias par la junte en mai. « Je ne suis pas prêt à suivre cette voie pour le moment », a-t-il déclaré, alors que la censure de ces médias très populaires a suscité une forte réaction. Sahel-Intelligence

Soudan: le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à un cessez-le-feu à el-Fasher
La communauté internationale réclame la fin du siège d’el-Fasher au Darfour. Quatorze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont voté ce jeudi 13 juin pour demander la fin des combats autour de la ville où sont piégés des centaines de milliers de civils. Seule la Russie s’est abstenue. Le Conseil a été quasiment unanime, même s’il a mis près de deux semaines à négocier cette résolution. Les combats autour d’el-Fasher doivent cesser. Le siège de la grande ville soudanaise par les Forces de soutien rapide aussi. La communauté internationale souhaite une désescalade générale alors que les combats ont débuté le mois dernier dans cette zone qui était jusqu’ici épargnée des combats. Pour le secrétaire général Antonio Guterres, c’est un tournant « alarmant ». Le Conseil demande au patron de l’ONU de lui présenter des recommandations pour améliorer la protection des civils au Soudan. Son envoyé spécial devrait justement briefer les diplomates sur la situation à son retour du Darfour, dans une semaine. L’enjeu est de taille : el-Fasher accueille de nombreux réfugiés et la ville est devenue un véritable centre névralgique pour les distributions d’aide humanitaire. L’ONG Human Rights Watch a d’ailleurs interpellé l’ONU pour qu’elle influence l’Union africaine afin que celle-ci déploie une mission pour protéger les civils. RFI

42 morts dans un nouveau massacre dans l’est de la RDC
Quarante-deux personnes ont été tuées dans une nouvelle attaque dans la nuit de mercredi à jeudi dans la région de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, attribuée à des rebelles affiliés au groupe Etat islamique, selon un bilan révisé à la hausse par les autorités locales. Ce nouveau massacre fait passer à près de 150 le nombre de personnes tuées par les ADF (Forces démocratiques alliés) depuis le début du mois, selon les données des autorités locales et de la société civile. Le colonel Alain Kiwewa Mitela, administrateur du territoire de Lubero, où a eu lieu l’attaque, a dit à l’AFP que 42 corps avaient été retrouvés après cette tuerie, révisant à la hausse un premier bilan du responsable administratif de la zone, qui avait fait état de « plus de 25 » morts. Le président de la société civile sur place, Seba Paluku, avait auparavant déclaré à l’AFP avoir compté 41 corps, dont certains « ligotés » et « décapités”.… Les ADF, à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils ont tué des milliers de civils. VOA/AFP

RDC : plus de 300 000 enfants travaillent dans des sites miniers artisanaux dans le Lualaba et le Haut-Katanga (UNICEF)
L’UNICEF a déploré, jeudi 13 juin, que plus trois cent mille enfants travaillent dans les sites miniers artisanaux dans les provinces de Lualaba et Haut-Katanga. Cette agence onusienne de protection de l’enfant s’est exprimée en marge du deuxième jour de la 19ème édition de la DRC mining week qui se tient à Lubumbashi dans le Haut-Katanga. Son représentant en RDC, Grant Leaty , a expliqué que ces enfants soumis à des travaux dangereux contribuent ainsi à la production de la chaine d’approvisionnement de minerais notamment le cobalt. « Notre estimation en ce moment est à peu près 361.000 enfants qui font le travail de forme dangereuse dans deux provinces. Ça vaudrait bien dire qu’il y a une contribution très importante dans la chaine d’approvisionnement de cobalt de ces mines donc ça vaut des milliards », a-t-il regretté. Radio Okapi

La justice béninoise place en détention trois Nigériens
Trois des cinq Nigériens arrêtés la semaine dernière au Bénin au port de Sèmè-Kpodji ont été placés en détention par la justice béninoise, dans un contexte de brouille diplomatique entre les deux pays. Les trois Nigériens mis en cause, dont la directrice générale adjointe de la société pétrolière Wapco-Niger, ont été « placés sous mandat de dépôt » après avoir été présentés jeudi au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économique et du terrorisme (Criet), ont confirmé plusieurs sources judiciaires à l’AFP. Leur procès s’ouvrira lundi 17 juin. « Deux d’entre eux ont été remis en liberté », a aussi appris l’AFP de source judiciaire. Contacté par l’AFP, leur avocat n’a pas répondu. Les relations entre les deux voisins, tendues depuis le coup d’Etat militaire de juillet 2023 à Niamey, se sont nettement envenimées ces dernières semaines. Le principal point d’achoppement concerne le refus du Niger de rouvrir sa frontière avec le Bénin dont l’économie souffre de cette fermeture depuis près d’un an. VOA/AFP

Sénégal : Macky Sall et ses lieutenants dans le collimateur des nouvelles autorités
[…] Dimanche 9 juin, au Grand Théâtre de Dakar, le premier ministre Ousmane Sonko a sonné la charge. Après avoir fustigé une partie des médias accusés de « ne pas payer leur dette fiscale » et des magistrats supposément « corrompus », il a attaqué le camp de Macky Sall sur le dossier de la répression des troubles préélectoraux. Les violences ont fait une soixantaine de morts entre mars 2021 et juin 2024 et la responsabilité incombe, selon le nouveau pouvoir, à l’ancien président et à son appareil sécuritaire.… Les menaces de poursuites lancées par le premier ministre sénégalais sont d’autant plus critiquées qu’elles semblent remettre en question la loi d’amnistie, votée à l’initiative de Macky Sall, dix jours avant la présidentielle du 24 mars.… Si son parti en a été le premier bénéficiaire politique, « nous n’avons pas voté cette loi d’amnistie, souligne aujourd’hui Mamadou Vieux Aïdara, un cadre du Pastef. Pour autant, Ousmane Sonko n’a pas dit qu’il l’abrogera. Il estime que ceux qui ont commis des crimes durant cette période, que ce soit dans notre camp ou en face, doivent payer. Et seuls les juges peuvent décider de mettre en place des mécanismes spéciaux pour les poursuites ». L’enjeu est hautement politique pour les nouvelles autorités qui ont fait de la lutte contre l’impunité un argument de campagne. Elles font face à la pression d’une partie de l’opinion décontenancée par l’amnistie et qui réclame toujours justice. Le Monde

Dans une réserve nigériane, l’échec de la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs
Dans de nombreuses zones d’Afrique de l’Ouest, éleveurs et agriculteurs se disputent l’accès aux terres fertiles et à l’eau, un conflit accentué par la pression du changement climatique et la raréfaction des ressources. Au Nigeria, qui compte plus de 300 groupes ethniques, les flambées de violence intercommunautaire ou ethnique attisent aussi les tensions. Pour tenter de ramener la paix, les autorités nigérianes ont constitué une dizaine de réserves dans lesquelles des terres sont attribuées aux éleveurs, afin d’empêcher leurs troupeaux de piétiner les cultures des agriculteurs et d’errer dans les villages. Mais dans la réserve de 9.000 hectares de Paikon Kore, éleveurs comme agriculteurs témoignent auprès de l’AFP de la poursuite des violences. Les agriculteurs affirment que leurs terres arables leur ont été confisquées et que le bétail saccage leurs cultures. Les éleveurs rétorquent que les fermiers rognent sur leurs terres et empoisonnent leurs bêtes.… Aujourd’hui, les deux communautés font part d’affrontements quotidiens au sujet des terres de la réserve, et certains habitants, qui ne sont dans aucun camp, se retrouvent pris en tenaille.… Les affrontements entre éleveurs et agriculteurs ont fait 7.000 morts au Nigeria entre 2014 et 2019, selon un rapport publié cette année-là par l’ONG Mercy Corps. TV5Monde

Le G7 veut accroître ses investissements en Afrique
L’Italie a abrité une session consacrée aux investissements et aux projets d’infrastructures en Afrique lors d’un sommet du G7 (Groupe des Sept) qui s’est tenu jeudi dans la région méridionale des Pouilles. La Première Ministre italienne, Giorgia Meloni, a présidé la réunion à laquelle ont participé les dirigeants des États-Unis, du Japon, du Canada, de l’Allemagne et de l’Union européenne, ainsi que des représentants d’entreprises privées italiennes et américaines, telles que ENI et Microsoft, qui participent au programme d’investissement. Les projets comprennent un corridor ferroviaire qui reliera l’Afrique centrale et l’Afrique australe. Le projet prévoit également l’installation de câbles de télécommunication et d’autres infrastructures dans la région. Les investissements dans les infrastructures sont censés servir d’alternative aux efforts de développement de la Chine, que les États-Unis et leurs alliés considèrent comme un moyen d’exercer une influence sur les pays en développement. AfricaNews

Mon violeur croyait qu’attaquer une albinos le protégerait de la maladie
Regina Mary Nlodvu raconte qu’elle jouait dans son jardin lorsqu’elle a été agressée sexuellement pour la première fois par un homme en qui elle avait confiance.… Il n’était pas le seul, dit-elle à la BBC. Regina dit avoir subi d’autres agressions – sexuelles et non sexuelles – au fil des ans. La jeune femme de 34 ans explique que son agresseur l’a prise pour cible parce qu’elle est née avec l’albinisme, une maladie héréditaire qui affecte la production de mélanine, le pigment qui donne sa couleur à la peau. C’est parce qu’il croyait à tort que la violer l’empêcherait de tomber malade, explique Regina. Cette idée est l’un des nombreux mythes dangereux qui entourent l’albinisme.… Certains croient qu’une mèche de cheveux blancs d’un albinos peut apporter fortune et richesse, tandis que d’autres croient à des idées fausses plus sinistres, notamment qu’avoir des relations sexuelles avec une personne atteinte de cette maladie peut guérir du VIH. Depuis l’apparition du Covid-19, de fausses rumeurs ont également circulé sur le fait que cela pouvait guérir le coronavirus. Des personnes atteintes d’albinisme ont été enlevées et tuées parce qu’elles croyaient à tort que les parties de leur corps avaient des pouvoirs magiques. BBC

Les Comores lancent une campagne de vaccination après 134 morts du choléra
Dans l’archipel des Comores, touché depuis quatre mois par une épidémie de choléra qui a déjà fait 134 morts, une campagne de vaccination a été lancée jeudi à Anjouan, l’île la plus durement touchée, a-t-on appris auprès des autorités de santé. Plus de 1.300 enfants ont reçu une dose de vaccin oral dans l’île comorienne la plus pauvre et la plus proche du département français de Mayotte, où le choléra a fait deux morts depuis mars. « Le vaccin procurera une immunité de six mois et ainsi brisera la chaine de transmission », a expliqué à l’AFP Anssoufouddine Mohamed, directeur régional de la santé sur l’île. Anjouan est l’île la plus densément peuplée de l’archipel de l’océan Indien, avec quelque 330.000 habitants sur les 870.000 que compte le pays. Sur les 134 morts recensés, Anjouan en comptabilise 116, selon le dernier bulletin officiel de santé. VOA/AFP