Revue de Presse du 14 juillet 2022

Présence militaire française en Afrique : comment la France compte réellement s’y prendre
Un coup d’accélération. Le président français, Emmanuel Macron a ouvert la porte mercredi, à la veille du 14 Juillet, à une transformation de l’offre militaire française en Afrique, vers un dispositif plus discret, qui imposera de fait de revoir l’ensemble des dispositifs français en Afrique. Ce changement de cap intervient alors que l’armée française est en passe de quitter le Mali à la fin de l’été et qu’elle a des milliers de militaires impliqués dans la lutte antidjihadiste au Sahel. Dans sa traditionnelle allocution au ministère des Armées, le chef de l’État français a affirmé sa volonté de « réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines, reconstruire une capacité à former, ici et là-bas », tout en restant en deuxième ligne, et alors que Paris veut préparer ses armées aux conflits de haute intensité comme celui d’Ukraine. Le président Macron a par ailleurs évoqué la nécessité d’un « continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement » en Afrique. « C’est un changement de paradigme profond », a-t-il martelé. Le Point

La France souhaite donner un nouveau souffle à sa stratégie au Sahel
Quelle stratégie pour la France au Sahel ? Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées se rendent jeudi 14 et vendredi 15 juillet au Niger pour établir une nouvelle stratégie de la France au Sahel après le retrait des troupes françaises du Mali, alors que les États côtiers d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à la menace croissante de groupes armés islamistes. Les coups d’État de ces derniers mois au Mali, au Tchad et au Burkina Faso ont fragilisé les alliances de la France avec ses anciennes colonies, renforcé l’emprise des milices jihadistes dans la région et ouvert la voie à une influence accrue de la Russie. Le départ programmé d’ici la fin de l’été des 2 400 soldats français du Mali, épicentre des violences au Sahel et fief du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, et du groupe État islamique au Grand Sahara, fait redouter une multiplication des violences et la crainte d’une déstabilisation des pays voisins. France24 avec AFP

Le Tchad et le Niger promettent un nouveau souffle pour le G5 Sahel malgré le départ du Mali
Arrivé mardi 12 juillet et reparti mercredi 13 juillet au soir, le président du Niger Mohamed Bazoum, était à Ndjamena pour « une visite de travail et d’amitié ». C’est son deuxième séjour au Tchad depuis sa prise de fonctions. Lors d’une conférence de presse tenue à la présidence tchadienne mercredi 13 juillet, lui et son homologue tchadien Mahamat Idriss Déby ont longuement abordé la lutte contre le terrorisme dans la région, le retrait du Mali du G5 Sahel et la transition tchadienne. Lors d’une conférence de presse mercredi 13 juillet, les deux chefs d’État ont voulu montrer qu’ils font front commun dans la lutte contre le terrorisme. Une lutte qui, selon eux, passe par le G5 Sahel. Mais la force conjointe est « en difficulté » depuis le retrait du Mali, selon le président du conseil militaire de transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby : « Nous regrettons ce retrait, mais nous sommes encore optimistes, nous espérons que le Mali revienne sur la décision qu’il a prise. Parce que la lutte contre le terrorisme est un combat noble, mais c’est un combat aussi qu’un pays ne peut faire seul. » RFI

Transition au Tchad : ce qui coince aux négociations de Doha
Depuis le 13 mars 2022, l’émirat du Qatar accueille le pré-dialogue tchadien, qui réunit une soixantaine de mouvements politiques et rebelles. Ces assises censées jeter les bases du grand dialogue national sont loin d’aboutir à un consensus entre les groupes rebelles et l’Etat tchadien. Les échanges entre la délégation gouvernementale tchadienne conduite par le ministre des Affaires étrangères Cherif Mahamat Zen et les représentants des groupes rebelles se poursuivent par médiateur interposé et à travers des échanges de documents. Selon plusieurs sources, en dehors de quelques points d’accords comme la sécurité des représentants des groupes rebelles au grand dialogue de N’Djamena ou encore le désarmement des combattants rebelles et leur intégration au sein des forces armées nationales, un seul point bloquerait la signature d’un accord de paix. Il s’agirait de la question de l’inéligibilité des dirigeants de la transition comme l’explique le Professeur Avocksouma Djona, président du parti les Démocrates… DW

Berlin réagit à l’arrestation au Mali de soldats ivoiriens
Selon la ministre fédérale allemande de la Défense, le comportement des dirigeants maliens est un signal très problématique. Christine Lambrecht estime qu’il y a des doutes considérables sur la volonté du Mali à coopérer de façon constructive avec la Minusma. Un scepticisme partagé également par Christoph Hoffmann, président du groupe parlementaire du parti libéral (FDP) au Bundestag (la Chambre basse du parlement allemand) et chargé de l’Afrique centrale. Il souligne l’une des raisons qui justifie l’inquiétude de l’Allemagne : « Pour un survol, la Minusma doit faire une demande et il faut un, deux ou trois jours pour obtenir les permissions. Cela leur permet de cacher les soldats russes de Wagner qui sont en action sur le terrain pour perpétrer des massacres. On ne peut pas travailler de cette façon. » DW

Côte d’Ivoire: une première rencontre Ouattara-Bédié-Gbagbo depuis 2010 très attendue
Ce jeudi 14 juillet 2022, en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara reçoit ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Cette rencontre avait été évoquée durant le dialogue politique organisé en début d’année. Elle doit servir à faire avancer la réconciliation après les crises de 2010-2011 puis 2020, mais également préparer les prochains scrutins de 2023 jusqu’à la présidentielle de 2025. Au menu des discussions, les prisonniers « politiques », arrêtés durant les crises électorales de 2010-2011 et 2020. Mais aussi l’environnement des élections locales de 2023 et présidentielle de 2025. RFI

La Gambie après Yahya Jammeh : « Je n’obtiendrai jamais justice »
Il y a plus de cinq ans, l’homme fort gambien Yahya Jammeh a été battu lors d’une élection choc par l’actuel président Adama Barrow. Beaucoup pensaient que cela marquerait le début d’une ère de changement après 22 ans d’atrocités présumées contre les droits de l’homme. Mais les critiques craignent que de nombreux fidèles de Jammeh restent dans la nouvelle administration. line Yusupha Mbye est assis en face de moi dans son fauteuil roulant, d’un air pensif, sur la véranda de sa maison. Aujourd’hui âgé de 39 ans, il est resté paralysé en 2000 alors qu’il était étudiant après avoir reçu une balle tirée par des membres du personnel de sécurité de Yahya Jammeh, dit-il. Il ne fait pas confiance à ceux qui sont actuellement au pouvoir pour traduire les auteurs en justice. BBC

RDC : le Conseil de sécurité appelle les groupes armés étrangers à « retourner dans leur pays »
L’activité des groupes armés menace d’annuler les progrès durement acquis en matière de sécurité et de stabilité dans la région et d’exacerber la situation humanitaire actuelle, a jugé le Conseil de sécurité dans une déclaration à la presse publiée mardi soir. La responsabilité première de la sûreté et de la sécurité des civils, du personnel et des biens des Nations Unies incombe aux États hôtes. Le Conseil a insisté sur l’importance de poursuivre les engagements et les communications entre la MONUSCO et le gouvernement congolais, et appelé tous les acteurs à mettre fin à la violence, aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Les membres du Conseil de sécurité ont aussi exhorté tous les groupes armés congolais à participer sans condition au Programme de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation. Les groupes armés étrangers sont eux aussi appelés à « désarmer immédiatement » et à « retourner dans leur pays d’origine ». ONU Info

Cameroun: la crise sécuritaire dans le Nord-Ouest complique la vie administrative
Se marier civilement, enregistrer une naissance ou un décès est devenu très compliqué dans la région du Nord-Ouest, au Cameroun. Cibles des séparatistes, les bâtiments publics ont été désertés dans les zones à risque. Les services municipaux se sont réfugiés à Bamenda, la capitale régionale. Pour faire une démarche d’état civil, les habitants des zones rurales et des petites villes n’ont pas d’autre choix que de se déplacer, avec toutes les difficultés et risques que cela comporte. RFI

Soudan : au Darfour, Al-Geneina, une ville à couteaux tirés
Sur le marché du centre-ville d’Al-Geneina, la capitale du Darfour-Occidental, dans l’ouest du Soudan, la kalachnikov se vend désormais à plus de 800 dollars. Six fois plus cher qu’il y a deux ans. Une inflation qui s’explique par la dégringolade de la livre soudanaise, mais aussi par la hausse de la demande. A Al-Geneina, on ne fait pas 100 mètres sans croiser un homme armé. Cette ville de plus de 200 000 habitants, à la frontière avec le Tchad, est le théâtre de violences incessantes depuis 2019. La chute du régime d’Omar Al-Bachir, poursuivi pour génocide au Darfour par la Cour pénale internationale (CPI), n’a pas fait taire les armes. Pire, la région connaît une recrudescence des conflits sans précédent depuis dix ans. Début juin, des combats ont fait plus de 135 morts à une centaine de kilomètres au nord, dans la localité de Kulbus. Une vingtaine de villages de la tribu des Gimir ont été rasés et incendiés par des milices arabes, surnommées « janjawids ». Plus de 50 000 personnes ont dû fuir. En avril, après le massacre de plus de 179 personnes dans le village de Kreinik, les affrontements s’étaient étendus à Al-Geneina, où des factions armées se sont entretuées jusque dans les hôpitaux du centre-ville. Le Monde

Soudan : au Darfour, le trouble jeu du général « Hemetti »
L’ancien chef de guerre se veut faiseur de paix. Depuis le 18 juin, Mohammed Hamdane Dagalo, dit « Hemetti », a quitté son quartier général de Khartoum, la capitale du Soudan, pour se retirer au Darfour. Originellement prévu pour une semaine, le séjour du numéro deux de la junte dans la province de l’ouest, se prolonge indéfiniment. Le Monde

A Kinshasa, les usagers de la route récompensent les policiers honnêtes
Appelés « roulages », les agents de la circulation ont une réputation de corruption. À l’aube, dans un quartier ouvrier de Kinshasa, un chauffeur s’arrête et tend une poignée de petites coupures à la policière qui régule la circulation. La scène est courante dans la bourdonnante capitale de la République démocratique du Congo, où des policiers rackettent fréquemment les citoyens pour compléter leurs maigres salaires. Mais contrairement à certains de ses collègues moins scrupuleux, Cécile Bakindo n’a pas réclamé d’argent. L’automobiliste s’est arrêté pour la remercier. « On m’aime beaucoup », déclare cette femme qui préfère ne pas dire son âge et porte béret, gants blancs et gilet orange fluorescent sur son uniforme marine. « On me donne beaucoup de cadeaux ». AFP