Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé, jeudi 13 janvier, au gouvernement malien « un calendrier électoral acceptable », à la veille de manifestations dans le pays, à l’appel de la junte au pouvoir, pour dénoncer les sanctions récentes prises par la Cédéao. « Il est absolument essentiel que le gouvernement malien présente un calendrier acceptable du point de vue des élections », a déclaré le chef de l’ONU lors d’une rencontre avec des journalistes. Il a précisé espérer « entrer en contact rapidement avec le gouvernement malien ». Si « un calendrier acceptable est présenté et si le gouvernement prend des mesures dans cette direction, il y aura une levée progressive des sanctions » — fermeture des frontières, mesures économiques et financières — par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a rappelé Antonio Guterres. « Je travaille avec la Cédéao et l’Union africaine pour créer les conditions qui puissent permettre au gouvernement du Mali d’adopter une position raisonnable et acceptable pour accélérer une transition qui dure déjà depuis longtemps », a-t-il aussi dit. Cela pourrait « permettre un rétablissement de la normalité dans les relations entre cet Etat et la communauté internationale, la Cédéao en particulier », a-t-il estimé. France24 avec AFP
La force Takuba dépourvue d’une partie de ses effectifs. La Suède a annoncé, vendredi 14 janvier, son retrait courant 2022 de l’opération regroupant des forces spéciales européennes au Sahel à l’initiative de la France. « Nous avons d’ores et déjà décidé que nous quitterons cette année la force Takuba », a déclaré la cheffe de la diplomatie suédoise, Ann Linde, à la presse, en marge de la réunion à Brest (Finistère) des ministres européens des Affaires étrangères. Takuba, qui rassemble à l’heure actuelle 14 pays, a vocation à prendre le relais de l’opération Barkhane au Sahel : le président français, Emmanuel Macron, a annoncé, en juin 2021, le désengagement progressif de cette dernière pour laisser la place à une coalition internationale. Mais le rapprochement entre la junte qui a pris le pouvoir au Mali, après deux coups d’État en 2020 et 2021, et la Russie, et davantage encore le déploiement de mercenaires russes du groupe Wagner, ont changé la donne et questionnent la participation des pays occidentaux aux tentatives de stabilisation du pays. De source militaire française, on souligne que la Suède avait prévu de retirer ses soldats de Takuba en mars, au terme d’un cycle de deux ans, tout en laissant des officiers au sein de la nouvelle force. Mais on reconnaît à Paris que la volonté de la junte malienne de se maintenir quatre ou cinq ans de plus au pouvoir sans organiser d’élections et l’arrivée soupçonnée de Wagner interroge certains alliés de la France sur la poursuite de leur engagement opérationnel. France24
Le ministre des Armées Aimé Barthelemy Simporé est sorti de son silence pour donner des informations sur la tentative présumée de déstabilisation des institutions de la République. Mardi dernier, le procureur militaire, dans un communiqué, faisait état de l’interpellation de plusieurs militaires pour suspicion de préparation d’un coup d’État. C’est après avoir fait le point au gouvernement, que le général de brigade Aimé Barthelemy Simporé, le ministre burkinabè des Armées, a précisé que quinze personnes, sans donner leurs identités, ont été interpellées par la gendarmerie nationale dans le cadre de l’enquête sur la tentative présumée de coup d’État. « Deux officiers, 7 sous-officiers, un militaire du rang et cinq civils. Et à l’issue des premières auditions, trois personnes ont été relaxées, deux civils et un militaire. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y en a encore douze qui sont toujours en détention préventive pour les besoins de l’enquête. Je pense qu’il faut rester serein, l’armée poursuit ses missions et reste dans sa posture d’exécution des missions qui lui sont confiées. » RFI
La Guinée refuse d’appliquer le blocus décrété contre son voisin malien par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a sanctionné, dimanche 9 janvier, les atermoiements des militaires au pouvoir à Bamako. A Conakry, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD, au pouvoir) assure que sa décision est en « conformité avec sa vision panafricaniste ». Un argument qui ne convainc pas grand monde et résonne davantage comme un geste de solidarité entre deux juntes, démocratiquement illégitimes et mises sous pression par la communauté internationale. Une mission ouest-africaine est attendue à Conakry dans les prochains jours. La Guinée est, elle aussi, soumise à un régime de sanctions – assez légères – depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 mené par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya contre le président Alpha Condé. Le pays a été suspendu des instances de la Cédéao. Des sanctions individuelles ont également été prises contre les putschistes et leurs familles (gel des avoirs financiers et interdiction de voyager). Pour autant, le chef du CNRD tient tête à l’organisation régionale. Ces derniers mois, il a refusé la nomination d’un envoyé spécial et n’a toujours pas fourni de calendrier de transition, écartant de facto la période de six mois exigée par la Cédéao pour rendre le pouvoir aux civils. « Les lourdes sanctions internationales prises contre le Mali vont peut-être les faire réfléchir », avance Mamadou Aliou Barry, directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques. Le Monde
« J’ai eu l’occasion de faire pression fermement auprès des autorités béninoises » : la déclaration ce mercredi 12 janvier du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l’Assemblée nationale à Paris a visiblement résonné jusqu’à Porto-Novo. La France ne tolère donc pas la détention et la condamnation de Reckya Madougou, ni sans doute, celle de Joël Aïvo. L’opposante béninoise et ancienne garde des Sceaux a écopé en décembre de vingt ans de prison pour terrorisme devant un tribunal spécial à Porto-Novo, la capitale du Bénin Mais, malgré de nombreuses pressions, le chef de l’État, Patrice Talon, résiste. Les proches de Reckya Madougou l’affirment : ils ont eu vent d’échanges entre Patrice Talon et des poids lourds de la sous-région, les chefs d’État du Sénégal et la Côte d’Ivoire bien avant le procès. Ils affirment même qu’une solution pour la libérer avant le passage devant la Criet devait être trouvée. Au final, il n’en a rien été. Reckya Madougou et, avant elle, Joêl Aïvo ont écopé de lourdes peines. Les plus virulents, les États-Unis ont accusé le pouvoir politique d’ingérence vis-à-vis de la justice béninoise et décidé de stopper aussi des projets de coopération économique. RFI
En quelques semaines seulement, trois attaques jihadistes ont ciblé des militaires non loin de la frontière avec le Burkina Faso. Jamais la pression n’a été aussi forte sur un pays qui se croyait sans doute dans l’angle mort du terrorisme. Il est des coïncidences qui n’en sont pas. Entre le 30 novembre et le 6 janvier, le Bénin a essuyé pas moins de trois attaques jihadistes meurtrières. Toutes ont ciblé l’armée de terre et toutes ont eu lieu près de la frontière avec le Burkina Faso. Depuis l’enlèvement de deux touristes français et l’assassinat de leur guide béninois dans le parc de la Pendjari, en mai 2019, c’est la première fois que la pression jihadiste est aussi forte au Bénin. Mais ces incursions, qui ont coûté la vie à au moins quatre soldats, ne doivent rien au hasard : elles sont le fruit d’un processus d’implantation minutieusement réfléchi et d’une stratégie expansionniste qui vise les pays côtiers. Les autorités béninoises sont-elles désarçonnées ? Elles communiquent en tout cas relativement peu. Il y a eu trois attaques, mais l’armée béninoise ne s’est exprimée qu’une seule fois. Le porte-parole du gouvernement, Léandre Wilfried Houngbédji, a récemment déclaré que « la lutte ne se [faisait] pas à coups de déclarations médiatiques ». Sauf que face au jihadisme, la guerre de communication est inévitable. Jeune Afrique
La silhouette longiligne de Lamine Bina émerge au milieu de son troupeau dans cette plaine du nord-ouest de la Centrafrique. En pleine période de transhumance, l’éleveur pose nerveusement son regard sur son cheptel puis sur l’horizon. Les milices armées comme les forces pro-gouvernementales ciblent fréquemment les nomades. Ce Peul de 37 ans, dont le nom a été changé pour sa sécurité, a durant deux décennies emprunté les mêmes couloirs de transhumance, entre octobre et juin, quittant les plateaux arides du Tchad et du Soudan pour rejoindre les plaines de Centrafrique et les grands marchés aux bestiaux. Mais la résurgence des violences dans ce pays a changé la donne pour ces nomades. Après avoir fortement baissé d’intensité depuis trois ans, la guerre civile, entamée en 2013 entre un Etat quasi failli et une multitude de groupes et milices armées qui contrôlaient ou écumaient encore fin 2020 plus des deux tiers du territoire, a connu un brusque regain d’intensité quand des rebelles ont lancé une offensive il y a un an pour renverser le chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra. Ils ont vite été repoussés par une fulgurante contre-offensive de l’armée grâce à l’appui de centaines de paramilitaires russes, des mercenaires de la société privée de sécurité Wagner selon l’ONU. Ils ont regagné la majeure partie du pays en repoussant les rebelles hors des agglomérations. Mais ces derniers ont changé de tactique et mènent aujourd’hui des actions de guérilla dans les campagnes. Le Monde
De possibles crimes de guerre. Au moins 108 civils ont été tués depuis le début de l’année 2022 dans des raids qui auraient été menés par les forces fédérales éthiopiennes dans la région du Tigré, ont indiqué les Nations unies vendredi 14 janvier. Alors que l’organe continue à alerter contre une « catastrophe humanitaire majeure », il s’inquiète également de « la poursuite des arrestations et des détentions arbitraires » dans le cadre de ce conflit qui dure depuis 14 mois. « Nous sommes alarmés par les multiples informations profondément troublantes que nous continuons de recevoir concernant les victimes civiles et la destruction de biens civils résultant des frappes aériennes dans la région du Tigré, en Éthiopie », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, Elizabeth Throssell. « Au moins 108 civils ont été tués et 75 autres blessés depuis le début de l’année, à la suite de frappes aériennes qui auraient été menées par les forces aériennes éthiopiennes » dans cette région, a-t-elle indiqué lors d’un point de presse régulier des agences de l’ONU. À ce jour, la frappe aérienne la plus meurtrière a touché le camp de déplacés de la ville de Dedebit le 7 janvier, faisant des dizaines de morts et de blessés. « Nous avons depuis établi que trois des personnes grièvement blessées sont décédées à l’hôpital (…), ce qui porte le bilan de cette seule frappe à au moins 59 morts », a indiqué la porte-parole du Haut-Commissariat. France24 avec AFP
L’entreprise d’Elon Musk, lui-même originaire d’Afrique du Sud a diffusé en direct la mise en orbite de cette constellation de petits satellites destinés à surveiller l’espace maritime sud-africain. Avec cet investissement d’environ 1,5 million d’euros sur trois ans, l’Afrique du Sud espère de nombreuses retombées économiques. Jusqu’à présent, l’Afrique du Sud payait des entreprises étrangères pour surveiller ses côtes depuis l’espace. Désormais elle pourra compter sur ses trois nanosatellites : des boîtes de 20 centimètres de hauteur et 10 centimètres de large. Les informations récoltées par ce qui est appelé une « constellation de satellites », seront mises à disposition des pays de la région qui possèdent une façade maritime : voilà une nouvelle manne financière pour l’Afrique du Sud. Ils pourront analyser leurs réserves halieutiques, surveiller le trafic maritime et remonter la piste des navires qui laissent échapper du pétrole. Avec ce lancement, l’Afrique du Sud rêve à une industrie aérospatiale. Elle veut montrer qu’elle a les capacités de construire des satellites pour ensuite les exporter. Prochaine étape : concevoir de plus gros gabarits et apprendre à les envoyer tout là-haut. Pour le moment, c’est l’entreprise SpaceX qui a été choisie pour ce lancement. Une fierté pour le Dr Blade Nzimande, ministre sud-africain des Études supérieures, de la Science et de l’Innovation. En faisant référence à Elon Musk, Sud-Africain de naissance, il a dit être heureux d’être en contact avec la diaspora aux États-Unis. RFI
« Je ne suis pas sûr de continuer à ouvrir. Je sens que la fête va bientôt finir. » Las, Amine, gérant d’un restaurant-bar sur les hauteurs d’Alger, balaie du regard la salle de son établissement très fréquentée en ce début de week-end. « J’ai deux amis qui viennent d’être contaminés et autour de moi, il n’y a pas une personne qui ne me parle pas d’un proche qui a attrapé la maladie », s’inquiète le jeune gérant, qui pense que, à ce rythme, les autorités seraient tentées de limiter, encore une fois, l’accès aux lieux de détente. Depuis décembre-janvier, les chiffres – officiels – de la contamination au Covid-19 sont en augmentation, après un léger tassement, dépassant les 500 cas par jour, annonçant le début de la quatrième vague. Pour Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik (sud d’Alger), la situation est « préoccupante ». « En un mois, le nombre de malades se présentant dans les services hospitaliers suspectant des infections à la Covid est six fois plus important », déclare-t-il à El Watan. Même la très officielle agence d’information étatique, l’APS, reconnaît que les hôpitaux algérois commencent à être impactés par ces hausses de cas et avance des chiffres inquiétants. Le Point
« Les premières indications suggèrent que la quatrième vague africaine a été abrupte et brève mais non moins déstabilisante », a déclaré dans un communiqué, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Selon l’OMS, les cas hebdomadaires ont atteint un plateau dans les sept jours précédant le 9 janvier par rapport à la semaine antérieure. L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU fait état d’une baisse de seulement 0,2% par rapport à la semaine écoulée. Si cette tendance baissière des cas se poursuit, il s’agira de la vague la plus courte enregistrée à ce jour sur le continent. « C’est un plateau… mais nous sommes prudents et nous observons les deux prochaines semaines pour être sûrs », a déclaré lors d’un point de presse virtuel depuis Brazzaville (Congo), le Directeur régional pour les urgences sanitaires au Bureau de l’OMS pour l’Afrique, Dr Abdou Salam Gueye. « La contre-mesure pandémique cruciale dont l’Afrique a cruellement besoin est toujours d’actualité, à savoir l’augmentation rapide et significative des vaccinations Covid-19. La prochaine vague pourrait ne pas être aussi indulgente », a alerté la Dre Moeti. ONU Info
La BBC a obtenu des enregistrements extraordinaires qui, selon nous, sont des appels téléphoniques passés par un ancien dictateur du Moyen-Orient, le président tunisien Zine al-Abidine Ben Ali, alors qu’il quittait le pays en avion en 2011. Ces derniers moments montrent comment son autorité s’est effondrée, scellant le sort de sa dictature de 23 ans et déclenchant la vague de soulèvements pro-démocratiques du « Printemps arabe » dans la région. Les enregistrements ont été analysés par des experts audio qui n’ont trouvé aucune preuve de falsification ou de manipulation. Ben Ali est mort en exil en 2019, mais la BBC a également fait écouter ces enregistrements à des personnes qui connaissent les personnes concernées et qui pensent que les voix sont authentiques, ce qui confirme l’authenticité des enregistrements. Cependant, certaines des personnes concernées contestent fortement leur véracité. S’ils sont authentiques, les enregistrements donnent un aperçu incroyable du changement d’humeur de Ben Ali dans les dernières 48 heures de son régime, alors qu’il commence lentement à comprendre le véritable impact des protestations qui ébranlent son redoutable État policier. BBC