Alors que la population du continent devrait doubler d’ici 2050, les estimations prévoient que plus d’un milliard de personnes supplémentaires vivront dans les villes africaines au cours des 30 prochaines années, refaçonnant le paysage sécuritaire du continent. Ces paysages urbains en expansion rapide ont été une source de problèmes de sécurité croissants, menaçant la sécurité et la vie quotidienne des habitants. Les forces de police, qui manquent de ressources et de formation, peinent à maintenir une présence sécuritaire dans ces zones en constante évolution. Dans ce nouveau Bulletin de la sécurité africaine, Maxime Ricard et Kouamé Félix Grodji examinent comment des comités de vigilance établis par des communautés à Abidjan font face au défi grandissant de la criminalité urbaine. Sur la base de recherches de terrain, les auteurs détaillent les impacts et les limites de ces comités de vigilance sur la sécurité urbaine et démontrent que la collaboration avec la police, la recherche d’alternatives aux tactiques coercitives et le maintien d’une supervision via des conseils locaux sont essentiels à l’efficacité de ces groupes. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
L’Union européenne a sanctionné lundi 13 décembre le groupe paramilitaire russe Wagner ainsi que huit personnes qui lui sont liées, dont Valery Zakharov, conseiller pour la sécurité du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Bruxelles hausse le ton : dans une décision approuvée à l’unanimité par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), le groupe Wagner est accusé d’avoir « recruté, formé et envoyé des agents militaires privés dans des zones de conflit du monde entier afin d’alimenter la violence, de piller les ressources naturelles et d’intimider les civils en violation du droit international ». « Les personnes figurant sur la liste de l’UE sont impliquées dans de graves violations des droits de l’homme, notamment des actes de torture et des exécutions et meurtres extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ou dans des activités de déstabilisation dans certains des pays où elles opèrent, notamment en Libye, en Syrie, au Donbass en Ukraine et en République centrafricaine », poursuit le communiqué. Jeune Afrique
Les dirigeants ouest-africains maintiennent l’exigence d’élections dans les prochains mois en Guinée, théâtre d’un coup d’Etat militaire en septembre, et réclament un calendrier pour le retour des civils au pouvoir, indique un communiqué publié lundi 13 décembre par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Rassemblés dimanche au Nigeria, les dirigeants des Etats membres de la Cédéao se disent « très préoccupés par le fait que plus de trois mois après le coup d’Etat, un chronogramme pour le retour à l’ordre constitutionnel n’a toujours pas été publié ». Ils insistent « sur la nécessité de respecter le délai de six mois précédemment décidé [par la Cédéao] pour la tenue des élections » et « pressent » les autorités de soumettre rapidement un calendrier en ce sens, dit le document. Ils maintiennent la suspension de la Guinée des organes de la Cédéao, ainsi que les sanctions individuelles infligées aux membres de la junte. Le Monde avec AFP
De nouvelles manifestations populaires contre le coup d’État militaire ont eu lieu ce lundi 13 décembre au Soudan, pour la huitième fois depuis le 25 octobre. La rue ne relâche pas la pression sur Abdallah Hamdok, maintenu à son poste de chef de gouvernement par les militaires. Un Premier ministre qui, malgré la contestation et la surveillance étroite de l’armée, continue de s’efforcer de gouverner. Abdallah Hamdok n’est pas un politicien de carrière. Mais il connaît le poids des gestes forts en politique, comme le remplacement qu’il a ordonné, dimanche, de tous les gouverneurs nommés depuis le coup d’État par les militaires. Le Premier ministre entend montrer qu’il gouverne et qu’il dispose d’une marge de manœuvre. En novembre, il avait déjà limogé le chef de la police et son adjoint, après la répression violente de manifestations pacifiques, puis gelé ou annulé des nominations dans l’administration de fidèles de l’ancien président Omar el-Béchir. En revanche, il n’a toujours pas formé ce gouvernement de « technocrates » prévu par l’accord signé avec les putschistes. Et son entourage continue d’indiquer qu’il pourrait démissionner en cas d’échec. Selon le chef de la mission locale de l’ONU, Volker Perthes, Abdallah Hamdok discute actuellement avec les militaires des réformes nécessaires à la mise en place de nouvelles institutions de transition. Son équipe gouvernementale devrait être annoncée après la fin de ces consultations. RFI
Le président tunisien a prolongé, lundi 13 décembre, la suspension du Parlement qu’il avait décidée en juillet en s’arrogeant les pleins pouvoirs, jusqu’à la tenue de nouvelles élections législatives en décembre 2022. Dans un discours à la nation, Kaïs Saïed a aussi annoncé l’organisation à partir du 1er janvier d’une série de « consultations » populaires portant notamment sur des amendements constitutionnels et électoraux. … En pleine crise socio-économique et sanitaire et après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed, élu au suffrage universel fin 2019, avait invoqué le 25 juillet un « péril imminent » pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire. En suspendant le Parlement, Kaïs Saïed a effectivement écarté du pouvoir le parti islamiste Ennahda, principale force parlementaire et pilier des coalitions gouvernementales successives depuis la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali, renversé en 2011. Après deux mois d’incertitudes, il a promulgué le 22 septembre un décret qui officialise la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaure des « mesures exceptionnelles », censées être provisoires, le temps de mener des « réformes politiques », dont des amendements à la Constitution de 2014. En octobre, il a nommé une universitaire sans expérience politique, Najla Bouden, à la tête d’un nouveau gouvernement jouissant de prérogatives considérablement réduites. France24 avec AFP
La question mérite d’être posée alors que les Libyens doivent en principe élire leur président dans dix jours. Cette élection présidentielle est censée matérialiser l’aboutissement d’un processus de transition parrainé par l’ONU pour pacifier le pays pétrolier nord-africain et le sortir du chaos qui a suivi la chute du guide Mouammar Kadhafi en 2011. Mais l’organisation de ce scrutin représente un gros défi pour les autorités intérimaires. La Haute Commission électorale n’a toujours pas publié la liste définitive des candidats éligibles. Officiellement, elle devait être annoncée au plus tard quinze jours avant la date du scrutin, soit le 24 décembre. Conséquence, malgré les quelques affichages et les moyens annoncés pour soutenir le processus, la campagne électorale n’a toujours pas démarré. Sur l’aspect politique, la tension monte entre les différentes figures, et notamment autour du cas de Saïf al-Islam Kadhafi. Le Point
Le Burkina Faso a un nouveau gouvernement depuis lundi 13 décembre, dans lequel plusieurs ministres ont gardé leur poste, sous la houlette de Lassina Zerbo, nommé Premier ministre trois jours auparavant. Le président Roch Marc Christian Kaboré a constitué un gouvernement de 26 ministres, contre 34 dans le précédent qui avait été limogé le 8 décembre, accusé d’être incapable d’enrayer les attaques terroristes. Plusieurs titulaires sont toutefois reconduits, y compris dans des ministères clés comme Barthélémy Simporé à la Défense, Maxime Koné à la Sécurité, Lassané Kaboré à l’Économie, a annoncé le secrétaire général du gouvernement, Wenceslas Sanou, à la télévision. L’ex-chef de file de l’opposition Zephirin Diabré est également maintenu au ministère de la Réconciliation nationale et de la cohésion sociale, tout comme Benewende Sankara à l’Habitat. Finalement, seuls dix nouveaux ministres font leur entrée dans ce gouvernement, pour 19 départs, certains portefeuilles ayant été fusionnés. Entré officiellement en fonction lundi soir, Lassina Zerbo a appelé à la « cohésion et la tolérance » pour lutter contre la violence jihadiste qui frappe le pays. « C’est à l’unisson que l’on pourra être mieux engagé pour vaincre le terrorisme », a-t-il déclaré, lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Christophe Joseph Dabiré. « Je ne ménagerai aucun effort pour continuer l’œuvre entamée et d’être à l’écoute du peuple. On essayera de contacter toutes les composantes avec l’appui du chef de l’État pour qu’on puisse nous comprendre et gagner la confiance du peuple », a ajouté Lassina Zerbo dans une brève allocution. France24 avec AFP
Sur la modeste place d’armes du camp de l’opération Barkhane à Tombouctou, flotte encore le drapeau tricolore. Pour quelques heures seulement : mardi 14 décembre, avant la que la nuit ne tombe, la petite base du nord du pays aura été rendue à l’armée malienne. Le départ des soldats français de Tombouctou, après Kidal et Tessalit, marque un tournant symbolique fort : c’est dans cette ville, cité sainte de l’islam inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, que le président François Hollande a officialisé, le 2 février 2013, le début de l’intervention française, acclamé par une foule en liesse. Et ce quelques jours après le largage de légionnaires sur la ville, placée depuis huit mois sous le joug de groupes jihadistes. Le chef d’État, débarqué de Paris, et son homologue malien à l’époque, Dioncounda Traoré, étaient tout sourire. … « Certains au Mali et dans la région ne comprennent pas que les armées françaises n’arrivent pas à pacifier le Sahel », soupire le commandant de l’opération antijiahdiste Barkhane. Pour la France, qui assurait en 2013 qu’il n’y avait « pas de risque d’enlisement », le combat paraît encore long pour atteindre l’objectif énoncé, alors, de débusquer tous les jihadistes. Pour de nombreux Tombouctiens interrogés par l’AFP, la présence dans la région de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, souvent des membres des mêmes communautés que les habitants, fait désormais partie du décor. Une certaine « stabilité » est revenue dans les brousses, disent des responsables sécuritaires et des diplomates occidentaux. Une stabilité due à l’engagement français ou onusien, mais qui semble provenir au moins autant d’une acceptation de la participation d’acteurs non-étatiques, euphémisme pour les jihadistes, à la gouvernance locale, là où l »État n’est plus représenté, disent différents interlocuteurs sous couvert d’anonymat. France24 avec AFP
Un soldat tchadien est porté disparu depuis dimanche 12 décembre suite à un accrochage entre l’armée centrafricaine et des rebelles. Selon des sources sécuritaires tchadiennes, il s’agit d’un incident provoqué par un affrontement entre forces centrafricaines à l’intérieur du pays et qui a débordé sur la frontière avec le Tchad. L’accrochage a eu lieu dans l’extrême nord de la Centrafrique. Une colonne des forces armées centrafricaine, appuyée par les instructeurs russes de Wagner, a attaqué dimanche 12 décembre une position des rebelles centrafricains qui se replient vers le Tchad. Dans la course poursuite, un poste avancé de l’armée tchadienne situé au sud de Moïssala, à la lisière de la frontière centrafricaine, a été touché. Il y a eu des échanges de tirs entre loyalistes et rebelles centrafricains et, selon des sources officielles de Ndjamena, un soldat tchadien est porté disparu. La frontière tchadienne n’a pas été franchie, assure le porte-parole du gouvernement tchadien, Abderahman Koulamallah. RFI
Amnesty International a dénoncé, lundi 13 décembre, la « détention arbitraire » de deux journalistes togolais critiques vis-à-vis du pouvoir, arrêtés pour leurs propos dans une émission diffusée sur Internet, et a exigé leur libération « immédiate ». Ferdinand Ayité et Joël Egah, respectivement directeurs de publication du bihebdomadaire L’Alternative et de l’hebdomadaire Fraternité, ont été placés sous mandat de dépôt vendredi pour « diffamation et outrage à l’autorité », après des plaintes de deux ministres. Un troisième journaliste, qui a également participé à l’émission, a été entendu par le juge et placé sous contrôle judiciaire. « La détention arbitraire des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah est une atteinte à leur droit à la liberté d’expression. Les autorités cherchent à faire taire les voix critiques envers le pouvoir », a dénoncé Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. Selon lui, les deux journalistes ont été « placés en détention uniquement pour avoir tenu des propos dans l’émission “L’autre journal”, diffusée sur YouTube », dans lesquels « ils critiquaient deux ministres du gouvernement actuel ». « Les propos tenus par ces deux journalistes, poursuit-il, ne devraient pas fonder leur arrestation ni aucune poursuite pénale. » Dans ce pays ouest-africain, les organes de presse sont régulièrement suspendus par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) à la suite de critiques contre le pouvoir. Le Monde avec AFP
Le leader ougandais d’opposition Bobi Wine a affirmé mardi que la police avait cerné sa résidence et l’avait « assigné à résidence », alors qu’il s’apprêtait à faire campagne pour une élection partielle. « Les militaires ont renforcé leur déploiement autour de ma maison. Personne n’est autorisé à entrer ou sortir », a tweeté l’ancienne pop star de 39 ans, de son vrai nom Robert Kyagulanyi. Bobi Wine devait se rendre mardi à Kayunga, dans le centre du pays, pour participer à un meeting de campagne d’un candidat d’opposition à une élection locale. Le président ougandais Yoweri Museveni devait également tenir un meeting mardi à Kayunga. « Un garde de sécurité et un jardinier ont été violentés et arrêtés », a ajouté Bobi Wine, en ajoutant que les deux hommes avaient été emmenés dans une voiture de police et leurs téléphones portables confisqués par la police. En janvier, après la présidentielle où il était arrivé deuxième derrière le président Museveni, réélu pour un 6e mandat, Bobi Wine – arrêté à de multiples reprises ces dernières années – avait effectivement été assigné à résidence durant presque deux semaines. Pendant onze jours, des militaires et des policiers avaient cerné son domicile de Magere, au nord de Kampala, et filtré les accès à sa maison et les sorties de ses occupants, dont son épouse Barbie. AFP
Le président congolais Félix Tshisekedi s’est engagé lundi à veiller à ce que l’armée ougandaise, en intervention depuis le 30 novembre dans l’est de la RD Congo, ne reste dans le pays que le temps nécessaire à la lutte contre les rebelles ADF. Dans son traditionnel discours annuel sur l’état de la nation, devant le Parlement réuni en congrès, le chef de l’État a évoqué officiellement pour la première fois cette intervention de l’armée ougandaise sur le sol congolais, déclenchée avec son accord. Dès le début de son intervention, le président a affirmé sa détermination à « ne ménager aucun effort pour restaurer la paix et la sécurité » dans l’est du pays, en proie à la violence armée depuis plus de 25 ans. Une situation qui l’a conduit, a-t-il expliqué, à décréter début mai l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette mesure a permis, selon lui, de « faire bouger les lignes ». « Des bastions jadis occupés par l’ennemi » ont été repris par l’armée, a-t-il notamment assuré. Mais « par ailleurs », a-t-il poursuivi, « certaines forces terroristes opèrent également dans d’autres pays voisins ». C’est le cas des ADF (Forces démocratiques alliées) « qui écument spécialement la frontière commune entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo ». AFP
Un rapport se penche sur les circuits financiers qui permettent aux recettes tirées du trafic d’animaux sauvages d’échapper à la surveillance en Afrique du Sud, rapporte le Mail & Guardian. Pour la première fois en Afrique du Sud, le tout jeune groupe de travail sur la lutte contre le blanchiment d’argent (Samlit) a ausculté les réseaux financiers qui entourent le trafic d’animaux sauvages, l’un des plus lucratifs au monde, rapporte l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian. Son rapport montre comment les recettes tirées du trafic de corne de rhinocéros, d’ivoire ou de pangolin à destination de l’Asie du Sud-est échappent à la surveillance des circuits traditionnels avec une “facilité” désarmante. Comme dans d’autres activités criminelles, le trafic d’animaux sauvages s’appuie sur des vitrines tout à fait légales. “L’étendue de l’implication de compagnies écrans dans le commerce illégal d’animaux sauvages est alarmante, particulièrement en ce qui concerne les activités d’import-export et les commerces où circulent beaucoup de cash”, s’inquiète ainsi le rapport. Courrier International
Après une longue période d’amélioration entre 2000 et 2013, la faim s’est considérablement aggravée sur le continent africain et la majeure partie de cette détérioration s’est produite entre 2019 et 2020, ont alerté mardi des chefs de trois organismes régionaux des Nations Unies et de l’Union africaine (UA), appelant à œuvrer davantage à la transformation des systèmes agroalimentaires, face à l’aggravation de la faim et de la malnutrition en Afrique. Ce nouveau rapport interactif montre que la crise alimentaire s’est amplifié en Afrique. En 2020, plus de 281 millions d’Africains étaient sous-alimentés, soit 46 millions de plus qu’en 2019 et même 89 millions de plus qu’en 2014, précise le rapport. Le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique continue d’augmenter, en raison des conflits, du changement climatique et des ralentissements économiques, notamment ceux qui sont dus à la pandémie de covid-19. ONU Info
Ils sont courageux et déterminés. Se battent pour une Afrique plus moderne, plus juste, plus innovante et fière d’elle-même. Portraits de ces « Game changers », pionniers qui tirent le continent vers le haut. Depuis qu’au début des années 2010 la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD) ont lancé le slogan « l’Afrique qui gagne », cette thématique a tôt fait de montrer ses limites. Vision borgne, qui implique qu’une autre partie de l’Afrique puisse être qualifiée de perdante, tout en englobant dans un même jugement de valeur 54 pays et presque autant de différences humaines, historiques et sociales, ce narratif n’était que la traduction sur le plan médiatique de la dichotomie à pile ou face entre l’afro-optimisme et l’afro-pessimisme, à la fois inepte et contre-productive. Jeune Afrique