Revue de presse du 14 août 2023

Niger : la junte veut « poursuivre » Bazoum pour « haute trahison »
Les auteurs du coup d’Etat au Niger ont annoncé dimanche soir leur intention de « poursuivre » le président renversé Mohamed Bazoum pour « haute trahison » et « atteinte à la sûreté » du pays. « Le gouvernement nigérien a réuni à ce jour » les « preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger », a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, un des membres du régime, dans un communiqué lu à la télévision nationale. Le gouvernement appuie ses accusations sur des « échanges » de M. Bazoum avec des « nationaux », des « chefs d’Etat étrangers », et des « responsables d’organisations internationales ». A propos du président déchu, le régime a appelé à « s’interroger sur la sincérité de sa prétention à soutenir qu’il est séquestré, alors même que les militaires n’ont jamais investi sa résidence présidentielle et qu’il dispose encore de tous les moyens de communication ». AfricaNews/AFP

Coup d’Etat au Niger : la junte demande un soutien à la Guinée lors d’une visite à Conakry
Le chef d’Etat guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, dont le régime est également issu d’un putsch, s’est entretenu samedi à Conakry avec une délégation conduite par le général nigérien Moussa Salaou Barmou. Une délégation de la junte au Niger a été reçue à Conakry par les autorités militaires guinéennes, auxquelles elle a demandé « un soutien renforcé pour affronter les défis à venir », a rapporté samedi 12 août au soir la télévision publique guinéenne, alors que le régime militaire à Niamey se trouve sous la menace d’une intervention ouest-africaine. Le chef d’Etat guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, dont le régime est également issu d’un coup d’Etat, survenu en septembre 2021, s’est entretenu samedi à Conakry avec cette délégation conduite par le général Moussa Salaou Barmou. Le général Barmou a déclaré être venu « remercier les autorités guinéennes pour leur soutien au CNSP [Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, qui a pris le pouvoir au Niger le 26 juillet] pendant ces moments difficiles que traverse le Niger ». « Nous étions très inquiets [avec] le peuple nigérien à la suite de certaines dérives sur le plan sécuritaire, dérives [également liées] à des problèmes qui tournent autour d’une corruption endémique. Il importait donc que, pour la sauvegarde de notre nation, nous puissions prendre nos responsabilités », a-t-il ajouté, faisant allusion au renversement le 26 juillet du président nigérien élu, Mohamed Bazoum. Le Monde

Des milliers de partisans du régime militaire rassemblés près de la base française à Niamey
Des milliers de partisans du régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger se sont rassemblés vendredi près de la base militaire française à Niamey, en scandant des slogans hostiles à la France, ont constaté des journalistes de l’AFP. « A bas la France, à bas la Cédéao », scandaient les manifestants lors de ce rassemblement qui se tient au lendemain d’un sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ayant donné son feu vert à une possible intervention militaire pour rétablir le président renversé le 26 juillet, Mohamed Bazoum. Il ont également brandi des drapeaux russes et nigériens et crié leur soutien aux militaires qui ont pris le pouvoir, en particulier leur chef, le général Abdourahamane Tiani. « Nous allons faire partir les Français ! La Cedeao n’est pas indépendante, c’est une manipulation de la France, il y a une influence extérieure », a déclaré Aziz Rabeh Ali, membre d’un syndicat étudiant soutenant le régime militaire. VOA/AFP

Le général Tchiani, l’ancien casque bleu nigérien de l’ONU qui a pris le pouvoir par un putsch
Autrefois impliqué dans les efforts de maintien de la paix dans les pays touchés par la guerre, le général Abdourahmane Tchiani a maintenant déclenché une crise majeure en Afrique de l’Ouest en organisant un coup d’État au Niger. Discret et jusque-là peu connu en dehors de son entourage immédiat, il était le commandant de la garde présidentielle nigérienne jusqu’à ce qu’il sorte de l’ombre pour renverser celui qu’il était chargé de protéger, le président Mohamed Bazoum. … Le général Tchiani a, jusqu’à présent, rejeté toutes les suggestions de compromis. Il a tenu à distance la plupart des émissaires internationaux, mais a accordé mercredi une audience à l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria et ancien émir de Kano, Muhammadu Sanusi. … Mais deux choses ressortent de sa longue carrière militaire. Jusqu’à sa promotion à la tête de la garde présidentielle en 2011, ni à l’étranger ni dans son pays, il n’avait occupé de postes au plus haut niveau de commandement qui nécessitaient de travailler en étroite collaboration avec des dirigeants civils et des partenaires internationaux pour élaborer une stratégie et résoudre des problèmes politiques, sociaux et diplomatiques délicats. L’homme de 62 ans a toujours été un « soldat des soldats », affecté à des tâches militaires spécifiques plutôt qu’à l’image plus large de la défense et de la sécurité. Même après avoir été placé à la tête de la garde présidentielle par le prédécesseur de M. Bazoum, Mahamadou Issoufou, il a gardé ses vues pour lui, parlant peu. … On savait que ses relations avec M. Bazoum, allié de longue date de M. Issoufou, étaient plus distantes et ces dernières semaines, des rumeurs circulaient selon lesquelles le président s’apprêtait à le contraindre à la retraite. … le général Tchiani n’a jamais vraiment noué de relations de travail confortables avec M. Bazoum – alors qu’il semble s’entendre plus facilement avec M. Issoufou. BBC

Au Mali, l’armée récupère une base de l’ONU convoitée par l’ex-rébellion touarègue
La Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a annoncé dimanche 13 août avoir « anticipé », pour des raisons de sécurité, son retrait d’un camp dans le nord du pays, que l’armée affirme avoir récupéré « après de nombreux incidents » avec les groupes « terroristes » et malgré les convoitises de l’ex-rébellion touarègue. « La Minusma a anticipé son retrait de Ber en raison de la dégradation de la sécurité dans la zone et des risques élevés que cela fait peser sur nos Casques Bleus », explique-t-elle dans un message sur X (anciennement Twitter), sans précision sur la date de départ initiale et les effectifs. Elle « invite les différents acteurs concernés à s’abstenir de tout acte qui pourrait davantage compliquer l’opération ». Le départ de Ber des Casques bleus burkinabè qui l’occupaient était programmé dans le cadre du retrait de la Minusma d’ici à la fin de l’année de ce pays, avec un premier départ intervenu le 3 août à Ogossagou (centre) que l’armée, dans un communiqué publié dimanche soir, dit contrôler depuis. La Minusma applique ainsi la décision prise fin juin par le Conseil de sécurité de l’ONU de mettre un terme immédiat à la mission déployée depuis 2013, à la demande de la junte arrivée au pouvoir par la force en 2020. Le retrait des quelque 11 600 soldats et 1 500 policiers de dizaines de nationalités doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. France24

Nigeria : treize morts dans deux attaques djihadistes dans le nord-est du pays
Trois soldats et dix agriculteurs ont été tués samedi dans deux attaques distinctes menées par des hommes armés soupçonnés d’appartenir au groupe Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué dimanche à l’AFP des milices luttant contre les groupes djihadistes. Samedi matin, des combattants islamistes ont attaqué une base militaire non loin de la ville de Konduga, dans l’État du Borno (épicentre de l’insurrection) où des combats ont éclaté avec les soldats, a indiqué à l’AFP les responsables de deux milices travaillant au côté de l’armée. « Les terroristes de Boko Haram ont profité de l’obscurité et des champs de maïs pour lancer leur attaque », a déclaré Ibrahim Liman, chef de milice. « Les soldats les ont engagés dans une bataille féroce au cours de laquelle trois soldats ont été tués avant que l’attaque ne soit maîtrisée et que les assaillants ne soient contraints de se retirer », a-t-il ajouté. Le chef d’une autre milice dans la région, Babakura Kolo, a confirmé cette attaque et son bilan. Samedi en fin de journée, les djihadistes de Boko Haram ont rassemblé dix agriculteurs et les ont abattus alors qu’ils travaillaient sur leur champ dans un village en périphérie de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno. RTBF/AFP

Gabon: un début de campagne électorale bien discret à Libreville
La campagne électorale dans la perspective des élections générales du 26 août au Gabon fait un démarrage très timide. En dehors du meeting d’ouverture d’Ali Bongo, l’ambiance et le décore n’ont pas changé à Libreville, la capitale où tout est encore très timoré, alors que le pays organise le même jour trois scrutins : présidentiel, législatif et local. … Pas de meeting géant, pas d’affiches ni de banderoles dans les rues… Seul Ali Bongo figure sur quelques panneaux. Ces habitants du quartier résidentiel d’Akanda dans le nord de Libreville regrettent l’ambiance des élections passées. « Comparativement aux années précédentes, 2009, 2016… Franchement, on ne la sent pas. Elle est nulle ! », martèle-t-on. Un camarade confirme : « Il n’y a que le parti au pouvoir qui a commencé à lancer sa campagne. Je crois que les concertations continuent du côté de l’opposition, dans l’intention de trouver un candidat unique, avant de lancer la campagne. » RFI

Les Mbororos inquiets de voir leurs ressources diminuer
A Didango dans le Noun, dans l’ouest du Cameroun, les surfaces cultivables réduisent chaque jour un peu plus les espaces de pâturages, ce qui alimente des conflits entre éleveurs et agriculteurs. … Garga Moussa et Njoupou Aminch Abdou sont deux agriculteurs qui témoignent de la situation critique qui prévaut dans cette localité. « J’ai eu à faire un champ d’un hectare et demi dans lequel j’ai mis le haricot et le maïs. Mais les bœufs ont tout dévasté ce champ-là. Je n’ai rien récupéré », dit Garga. « Le bœuf nous gêne. Vous avez vu comment on se bat ici avec la clôture avant de faire un champ. Quand on travaille comme ça, le bœuf vient entrer dans la plantation. Nous qui sommes le bas peuple, on ne peut pas aller devant avec celui qui a le bœuf-là », explique Njoupou. Un peuple d’éleveurs traditionnellement nomades que redoutent ces agriculteurs. Pourtant de leur côté, les éleveurs s’estiment spoliés de leurs pâturages, selon Adam Saïd, berger mbororo. « En tant qu’éleveur, la difficulté que nous avons ici avec les agriculteurs, elles sont énormes. Actuellement, les limites qui étaient prévues entre l’élevage et l’agriculture, les agriculteurs ont tout envahi cet espace-là. » Dans les autres localités agro-pastorales du Noun, comme au Mont Mbapit, à Kouden et à Kouchankap, des agriculteurs sont aussi accusés d’avoir envahi les zones pastorales, portant régulièrement atteinte à l’intégrité physique des bovins. … De plus en plus contraints à la sédentarité, les Mbororos sont généralement des éleveurs et des commerçants. Formant moins de 10% de la population totale selon le ministère de l’Administration territoriale, ils constituent l’un des 250 groupes ethniques du Cameroun. DW

Législatives nationales : près de 4000 sur 23 653 candidatures déclarées recevables sont féminines, déplore l’ONG CREEDA
Dans un communiqué parvenu dimanche 13 août à Radio Okapi, le Centre de recherche et d’études sur l’Etat de droit en Afrique (CREEDA) constate avec indignation que, sur les 23.653 candidatures déclarées recevables par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à la députation nationale, seules 3.955, soit 17% sont féminines. « L’objectif du constituant, relatif à la participation politique paritaire hommes – femmes, est loin d’être une priorité pour les partis et regroupements politiques congolais », déplore le CREEDA, en dépit de toutes les mesures incitatives en faveur des candidatures féminines. Le communiqué note que, sur les 66 partis et regroupements politiques repris à l’Annexe 1, 10 partis et 56 regroupements politiques ont atteint le seuil de recevabilité. En revanche, 36 partis et 15 regroupements politiques n’ont pas atteint ce seuil. Au regard de ces chiffres, selon l’ONG, le seuil de recevabilité semble avoir atteint son objectif : celui de favoriser la formation des grands ensembles politiques et d’éviter l’émiettement des votes. Cependant, fait remarquer la même source, le seuil de recevabilité prive 36 partis et 15 regroupements politiques du droit de concourir aux élections. Radio Okapi

RDC: à Goma, la guerre du M23 a un impact socio-économique lourd
La guerre du M23 en RDC met à mal le panier de la ménagère de Goma, au Nord-Kivu. Alors que Kinshasa continue d’accuser Kigali de soutenir cette rébellion, plusieurs habitants de Goma dénoncent la cherté de la vie, conséquence de cette guerre qui a coupé la capitale du Nord-Kivu à plusieurs de ses villages de Masisi et Rutshuru qui l’approvisionnaient en denrées alimentaires, mais aussi entre Goma et le point de transit transfrontalier de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda. Cela suscite des inquiétudes parmi les habitants. RFI

Charniers en Libye : les familles réclament justice
Le Libyen Mohamad Allafi attend toujours que justice soit faite pour la mort de son fils Mourad, âgé de 30 ans, qui a été enlevé par une milice redoutée en 2019, tué et jeté dans une fosse commune dans la ville de Tarhouna, à l’ouest du pays, où ses restes ont été retrouvés en 2020 avec des centaines d’autres corps. « Il a été enlevé le 15 septembre 2019 », raconte Mohamad Allafi, en montrant une grande photo de son fils Mourad, tué à 30 ans et jeté dans une fosse commune, dans l’ouest de la Libye où il a été retrouvé en 2020 avec des centaines d’autres corps. Pour M. Allafi, la peine « capitale » est le seul verdict capable d’apaiser ceux qui ont perdu un enfant, tué de « sang-froid ». « Je l’ai appelé des dizaines de fois cette nuit-là, en vain », dit cet homme d’une soixantaine d’années, des sanglots dans la voix, dans leur ferme à Tarhouna, dans l’ouest du pays. AfricaNews/AFP

Coût de la vie, paix et corruption, thèmes clés de la campagne électorale au Liberia
Vingt candidats à la présidentielle sont en compétition pour diriger le pays d’environ 5 millions d’habitants, dont le sortant George Weah. Cecelia Johnson a voté à cinq élections présidentielles au Liberia. Elle a vécu deux terribles guerres civiles, mais elle affirme que ces dernières années ont été parmi les plus dures sur le plan économique. Lorsque cette commerçante de 65 ans se rendra aux urnes pour les élections présidentielle et législatives le 10 octobre, elle votera, comme de nombreux Libériens interrogés par l’AFP, pour de meilleures conditions de vie et de meilleures infrastructures. Beaucoup s’inquiètent également d’éventuelles violences électorales dans ce pays d’Afrique de l’ouest, qui a subi deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003 ayant fait plus de 250.000 morts. Et le défilé par des supporters du président sortant d’un cercueil portant la photographie d’un candidat de l’opposition dans les rues de Monrovia lors d’un événement de campagne samedi n’a pas calmé les inquiétudes. VOA/AFP

Madagascar : la directrice de cabinet d’Andry Rajoelina arrêtée à Londres pour tentative de corruption
La directrice de cabinet d’Andry Rajoelina a été arrêtée, jeudi 10 août, à Londres et mise en examen pour « tentative de corruption » auprès de la société Gemfields, spécialisée dans l’exploitation et le commerce des pierres précieuses, a annoncé l’Agence britannique anti-criminalité (NCA), lundi 14 août, confirmant une information du Financial Times. Romy Voos Andrianarisoa, 46 ans, était accompagnée de Philippe Tabuteau, un Français de 54 ans, qui a également été écroué à l’issue de l’opération menée par la NCA après la dénonciation de Gemfields. La Malgache et le Français auraient tenté d’obtenir une commission de 225 000 livres (260 000 euros) et une participation de 5 % dans le capital de la société, selon l’agence chargée de la lutte contre le crime organisé. « Nous remercions Gemfields d’avoir porté cette affaire à notre connaissance et de leur coopération pendant l’enquête », a déclaré Andy Kelly, le responsable de l’unité de lutte contre la corruption internationale de la NCA, cité par le quotidien des affaires. Le Monde

Cote d’Ivoire: Biodiversité – Une plateforme intergouvernementale scientifique désormais disponible
Une plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes) est désormais disponible en Côte d’Ivoire. C’est ce qui ressort d’un atelier qui a eu lieu le mercredi 10 août 2023, au Pôle scientifique de l’Université Félix Houphouët-Boigny (Ufhb) sis à Bingerville. Cet atelier portait sur la validation de l’étude de l’état des lieux des initiatives et mécanismes science-politique-pratique. En lien avec le projet de développement des capacités des experts pour la biodiversité et les services écosystémiques, le projet est financé par la République Fédérale d’Allemagne. Développer et renforcer la capacité des professionnels des domaines liés à la biodiversité en Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est en était son objectif. Pour le directeur général de l’Environnement, Sidi Braïma Dagnogo, représentant du ministre Jean-Luc Assi, « depuis sa création en 2012, avec 142 États membres, l’Ipbes a établi un réseau de points focaux dans ses pays membres. La mise en place d’une plateforme dans chaque pays est indispensable ». En effet, « l’Ipbes a pour objectif de renforcer l’interface science politique pour la biodiversité et les services écosystémiques. Et fournir aux décideurs, des évaluations scientifiques objectives et des connaissances sur la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les avantages qu’ils offrent à la société », a-t-il indiqué. AllAfrica