La crise au Burkina Faso continue son engrenage
[Infographie] À la suite de deux coups d’État militaires en 2022, les groupes islamistes militants ont encerclé Ouagadougou, laissant dans leur sillage une violence sans précédent. Depuis les putschs, le nombre de personnes tuées par des militants islamistes a presque triplé par rapport aux 18 mois précédant le coup d’État de janvier 2022. Cette violence, associée à la diffusion géographique des activités extrémistes autour de Ouagadougou, place plus que jamais le Burkina Faso au bord de l’effondrement. Au rythme actuel, 8 600 personnes pourraient être tuées cette année dans des violences liées aux groupes islamistes militants. Cela représente une augmentation de 137 % par rapport à l’année précédente, pendant laquelle 3 627 personnes avaient été tuées. La violence attribuée aux groupes islamistes militants s’est considérablement propagée, englobant 6 975 km2 de territoire contre 4 775 km2 avant le premier putsch de 2022, soit une augmentation de 46 %. Alors que Ouagadougou jouit d’un avantage défensif du fait de son emplacement sur un plateau, cette diffusion menace de couper la capitale des principales voies de transit pour les échanges commerciaux. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
En Libye, au moins 30 000 personnes déplacées après les inondations qui ont dévasté Derna
Plusieurs jours après le passage de la tempête Daniel sur la Libye, la mobilisation est forte pour aider les victimes. Au moins 30 000 personnes ont été déplacées à Derna, a annoncé mercredi 13 septembre l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), après des inondations dévastatrices qui ont fait des milliers de morts et de disparus dans cette ville côtière libyenne, selon les autorités. Compte tenu de l’accès difficile à cette ville de 100 000 habitants, dans l’est de la Libye, les incertitudes demeurent quant au nombre exact de victimes de la catastrophe. Des routes coupées, des éboulements de terrain et des inondations ont empêché les secours d’atteindre rapidement la population qui a dû se débrouiller par des moyens rudimentaires pour récupérer des corps enterrés par dizaines dans des fosses communes, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. L’OIM a fait également état de 3 000 déplacés à El-Beïda et plus de 2 000 à Benghazi, d’autres villes situées plus à l’ouest. L’organisation a expliqué que Derna n’était plus accessible que par deux entrées au sud (sur sept habituellement). Selon elle, des pannes d’électricité généralisées et des perturbations du réseau de télécommunication limitent les communications. Le Monde avec AFP
Maroc : près de 3000 morts, des critiques s’élèvent concernant la gestion de l’aide par les autorités
Cinq jours après la catastrophe, des questions demeurent sur la gestion de l’aide par les autorités, notamment concernant le refus de l’aide de certains pays, dont la Belgique et la France. Critiqué pour son silence, le roi Mohammed VI du Maroc a rendu visite, mardi dans un hôpital de la cité touristique de Marrakech, a indiqué l’agence officielle MAP. Le roi s’est rendu au centre hospitalier universitaire de Marrakech où il « s’est enquis de l’état de santé des blessés », avant de faire un don de sang, selon l’agence. … Près de 3000 morts : c’est le nouveau bilan – toujours provisoire – du séisme qui a secoué une région montagneuse du Maroc vendredi dernier. Le Roi Mohammed VI a rendu visite hier à des blessés dans un hôpital de Marrakech, avant de faire un don de sang. Mais cinq jours après la catastrophe des questions demeurent sur l’attitude du pouvoir marocain. Pourquoi le Maroc n’accepte-t-il pas l’aide internationale proposée par certains pays, dont la Belgique et la France ? Omar Brouksy est un journaliste et universitaire marocain, auteur d’un premier livre remarqué, « Mohammed VI derrière les masques » (Nouveau Monde éditions, 2014). Il reste une des rares voix indépendantes du journalisme marocain. Malgré les « risques », celui-ci a accepté de répondre à nos questions. RTBF
Le Niger dénonce un accord de coopération militaire avec le Bénin
Les militaires au pouvoir au Niger ont affirmé mardi soir 12 septembre avoir dénoncé un accord de coopération militaire conclu en 2022 avec le Bénin voisin, qu’ils accusent « d’envisager une agression » contre leur pays. … La Cedeao brandit depuis plusieurs semaines la menace d’une intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel et réinstaurer dans ses fonctions le président déchu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier et qui refuse de démissionner. Cet accord avec le Bénin portait notamment sur l’échange de renseignements, l’assistance aérienne pour suivre les mouvements des djihadistes et des opérations conjointes entre les deux armées béninoise et nigérienne. Le nord du Bénin, frontalier du Niger et du Burkina Faso, deux pays minés par des violences djihadistes récurrentes, a été le théâtre ces derniers mois d’attaques et d’incursions de ces groupes. Le Monde avec AFP
Au Mali, la guerre menace entre la junte et les anciens rebelles du Nord
La guerre n’est pas officiellement déclarée entre la junte malienne et les anciens rebelles qui tiennent le nord du pays, mais la paix entre les deux parties s’éloigne chaque jour un peu plus. Mardi 12 septembre, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui réunit l’essentiel des groupes armés arabes et touareg présents au nord du Mali, a tout d’abord revendiqué la prise momentanée de Bourem, une localité carrefour à 90 kilomètres au nord de Gao. La conquête aurait été faite après « d’intenses combats » avec l’armée malienne, relate Mohamed El Maouloud Ramadane, le porte-parole de la CMA, avant que les groupes armés décident de se retirer de la localité. « Prendre la ville n’était pas notre objectif initial », explique-t-il au Monde Afrique. Le Monde
Cinq questions pour comprendre pourquoi l’Azawad reprend les armes
Les tensions ont franchi un nouveau cap entre l’État malien et les anciens rebelles indépendantistes du Nord. Ce mardi 12 septembre, le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), qui regroupe l’essentiel des mouvements de l’ancienne rébellion, a annoncé avoir pris le contrôle du camp militaire de Bourem, jusqu’ici occupé par les forces armées maliennes (Fama). Une attaque présentée dans un communiqué du CSP-PSD comme une « action de légitime défense face aux provocations des terroristes de l’armée malienne ». « C’est une réponse aux attaques de Foïta, Ber, et les autres », assure Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole des mouvements. Voilà plusieurs mois que Bamako et les combattants du Nord se renvoyaient la responsabilité de l’échec de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015. Le texte, qui tenait lieu de cessez-le-feu, a été violé à plusieurs reprises depuis le 7 août et l’attaque, selon la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, la principale coalition de l’ex-rébellion), d’une de ses positions à Foïta, à proximité de la frontière avec la Mauritanie. Depuis, plusieurs combats ont éclaté entre l’armée malienne et les mouvements armés signataires. En début de semaine, la CMA a même affirmé avoir abattu un avion de l’armée malienne, le 9 septembre, après que ses positions dans la région de Gao ont été attaquées. Jeune Afrique
Face aux coups d’État, l’UE veut une « nouvelle approche stratégique » avec l’Afrique
L’Union européenne veut définir une nouvelle approche stratégique vis-à-vis de l’Afrique axée sur la coopération avec les « gouvernements légitimes », après une série de coups d’Etat militaires et face à l’influence russe, a déclaré mercredi la présidente de la Commission de l’UE Ursula von der Leyen. « Nous devons faire preuve, à l’égard de l’Afrique, de la même unité d’intention que celle que nous avons montrée concernant l’Ukraine », a indiqué devant les députés européens Mme von der Leyen, inquiète devant la montée en puissance de la Russie en Afrique, et en particulier au Sahel. « La Russie exerce une influence sur le chaos qui y règne, et en tire également profit », a-t-elle ajouté dans son discours sur l’état de l’Union. Face à cette situation, « nous devons nous concentrer sur la coopération avec les gouvernements légitimes et les organisations régionales », a-t-elle souligné. Depuis 2020, le Mali, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger ont connu des coups d’Etat militaires, ce qui « contribuera à augmenter l’instabilité dans la région dans les années à venir », a-t-elle déploré. Fin août, un autre pays africain, le Gabon, s’est ajouté à la liste. AFP
Paris demande la « libération immédiate » du conseiller des Français au Niger
La France réclame la « libération immédiate » du conseiller des Français de l’étranger au Niger, arrêté le 8 septembre par les forces de sécurité nigériennes, a déclaré, mardi 12 septembre, le Quai d’Orsay. Stéphane Jullien est un chef d’entreprise, élu par les Français installés au Niger pour les représenter et servir de liaison auprès des services diplomatiques français dans ce pays, où une junte militaire a pris le pouvoir fin juillet à la faveur d’un putsch contre le président démocratiquement élu. « La France suit avec la plus grande attention la situation de M. Stéphane Jullien, conseiller des Français de l’étranger basé au Niger, arrêté le 8 septembre par les forces de sécurité nigériennes », a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères français dans un communiqué. « Depuis le premier jour, notre ambassade est pleinement mobilisée pour assurer la protection consulaire à notre compatriote », a-t-elle ajouté. Le Monde avec Reuters
À Madagascar, l’opposition accuse Rajoelina de « coup d’État institutionnel » avant la présidentielle
L’opposition malgache a dénoncé « un coup d’État institutionnel » orchestré par le président Rajoelina, après une série de décisions de justice qui favorise, selon elle, le chef d’État candidat à sa réélection dans moins de deux mois. Dans une lettre reçue mardi 12 septembre par la commission électorale et consultée par l’AFP, dix candidats au scrutin présidentiel accusent le président de Madagascar de manipuler les institutions pour favoriser son élection à un second mandat à la tête de la grande île de l’océan Indien. Les Malgaches se rendent aux urnes pour le premier tour du scrutin le 9 novembre. Le second est prévu le 20 décembre. Treize candidats sont en lice dont Andry Rajoelina, 49 ans, arrivé au pouvoir en 2009 à la faveur d’un coup d’État. … L’opposant et député Jean-Brunelle Razafintsiandraofa a dénoncé auprès de l’AFP les « irrégularités commises par les institutions », disant vouloir interpeller par la lettre « intellectuels, observateurs et surtout les institutions existantes et la communauté internationale ». Eléonore Johasy, qui représente le candidat Auguste Paraina, a dénoncé « des décisions prises à des heures indues, de manière à ce qu’aucune chance ne soit donnée à ce que l’on s’y oppose ». « C’est vrai que la confiance s’effrite et que toutes les manigances et manœuvres ne favorisent pas la confiance dans les différentes instances », a-t-elle expliqué à l’AFP. France24 avec AFP
Zimbabwe: le président Mnangagwa place son fils et des proches dans le nouveau gouvernement
Deux membres de la famille d’Emmerson Mnangagwa font leur entrée dans ce nouveau gouvernement. David Mnangagwa, tout d’abord. Un des fils du chef de l’État. Âgé de 34 ans, il est nommé vice-ministre des Finances. Il y a un an, il était encore étudiant. Le chef de l’État a également nommé un de ces neveux, Tongai Mnangagwa, au poste de vice-ministre du Tourisme. Autre nomination qui suscite la colère : celle d’un couple de fidèle du chef de l’État, un leader des anciens combattants, Christopher Mutsvangwa, et sa femme, qui tous deux obtiennent un ministère. Les critiques dénoncent le népotisme du président et l’immobilisme de ce nouveau gouvernement composé de la vielle garde : le premier vice-président, le général à la retraite Constantino Chiwenga, conserve son poste. Ainsi que le second vice-président, Kembo Mohadi, qui avait dû démissionner, accusé de conduite immorale. RFI
Sud-Est du Sénégal: à Khossanto, la répression d’une manifestation contre un arrêté préfectoral a fait deux morts
Au Sénégal, retour au calme ce 12 septembre 2023 au matin dans la commune de Khossanto, dans le sud-est du pays, après la répression violente d’une manifestation qui, la veille, a fait deux morts et huit blessés par balles. Des jeunes protestaient contre la modification du processus de recrutement dans les entreprises minières de la région. Plusieurs organisations de protection des droits humains demandent l’ouverture d’une enquête indépendante. RFI
Le Rwanda va construire un réacteur nucléaire civil « expérimental »
Le gouvernement rwandais a signé un accord avec une start-up germano-canadienne, mardi 12 septembre, pour construire un réacteur nucléaire civil « expérimental » afin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Le réacteur sera prêt à être testé en 2026, selon Dual Fluid, la start-up qui va le construire. Ces « réacteurs peuvent être utilisés pour produire de l’électricité, de l’hydrogène et des carburants de synthèse à des coûts inférieurs à ceux des combustibles fossiles », a affirmé le PDG de Dual Fluid, Götz Ruprecht, lors d’une conférence de presse à Kigali. L’utilisation d’énergie nucléaire fournira « une source d’électricité stable et fiable en réduisant la dépendance aux hydrocarbures et en contribuant à répondre à la demande croissante en énergie », a déclaré le ministre des infrastructures, Ernest Nsabimama. Le Rwanda avait signé en 2019 un accord pour construire des centrales nucléaires en collaboration avec l’agence fédérale russe de l’énergie atomique, Rosatom, suscitant une vive opposition en raison de préoccupations concernant la sécurité. Le Monde avec AFP
Un rapport épingle le trafic du bois de rose
La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte (PPLAAF) explique que cela fait trois ans qu’elle accompagne Amadou Traoré, un lanceur d’alerte malien qui a dénoncé le trafic du bois de rose entre le Mali et le Sénégal. Nous avons pu nous entretenir avec Amadou Traoré qui explique qu’au départ, il a été embauché en tant qu’assistant linguistique et interprète par un homme d’affaire chinois. En 2018, quand il a eu la possibilité d’aller sur le terrain, il découvre selon ses mots un désastre écologique. « Tout le processus de récolte, de la coupe du bois nuit gravement à la forêt. Ce sont des grands individus centenaires qu’ils abattent. Ce sont des individus porteurs de semence qui favorisent la régénération naturelle qui sont abattus. Pour dégager une piste afin d’accéder à l’arbre, ils défrichent tout autour et souvent ils défrichent des grands espaces pour pouvoir débarrer les bois. Tout le processus est écoeurant et tout simplement catastrophique », a-t-il expliqué. Pour Amadou Traoré, si aujourd’hui encore, ce trafic peut se poursuivre en toute impunité, la seule explication provient du fait que la corruption est endémique dans la plupart des pays africains. DW
Un défenseur de l’environnement est tué tous les deux jours dans le monde
Au moins 177 défenseurs de l’environnement ont été tués dans le monde en 2022, selon un rapport de l’ONG Global Witness publié dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 septembre. Entre 2012 et 2022, ce chiffre dépasse les 1900 assassinats. L’Amérique latine est de très loin la zone la plus touchée, avec près de neuf décès sur dix. … Si l’Amérique latine est désignée comme la partie du monde où les défenseurs de l’environnement sont le plus tués, il est malheureusement possible que les chiffres concernant l’Afrique soient sous-estimés. « En Amérique latine, on a une société civile forte et qui informe. On a aussi des médias qui font un travail de documentation qui n’existe pas en Afrique », développe Laura Furones, selon laquelle il est « tout à fait possible qu’il y ait plus de cas, des cas qu’on n’entend jamais, en Afrique ». Selon l’étude de l’ONG, la République démocratique du Congo (RDC) est le 8e pays où l’on compte le plus de meurtres de défenseurs de l’environnement dans le monde. Laura Furones s’appuie sur la mort de deux gardes-forestiers l’année dernière, dans le parc national des Virunga : « Entre 2012 et 2022, au moins 72 défenseurs ont été tués en RDC, et la plupart de ces meurtres sont liés à des conflits fonciers ou au braconnage, et ils ont souvent lieu dans des réserves naturelles. » RFI
Praemium Imperiale: le Burkinabè Diébédo Francis Kéré lauréat du «prix Nobel des arts»
Un an après avoir remporté en tant que premier Africain le prix Pritzker en 2022, et deux ans après avoir reçu la médaille d’architecture de la Fondation Thomas Jefferson en 2021, le grand architecte burkinabè Diébédo Francis Kéré a reçu le prestigieux prix Praemium Imperiale. … Né le 10 avril 1965 à Gandao, au centre-est du Burkina Faso, Diébédo Françis Kéré est parti à l’âge de 17 ans en Allemagne, grâce à une bourse de formation professionnelle en menuiserie. Jusqu’à aujourd’hui, son agence Kéré Architecture est basée en Allemagne et, depuis 2017, il est professeur à la très renommée l’université technique de Munich, mais ses racines restent en Afrique. C’est pour son génie de fusionner les compétences traditionnelles de son pays avec une démarche haute technologie qu’il a percé dans le domaine de l’architecture. Ainsi, il s’est fait un nom dans toute l’Afrique, avec des architectures alliant simplicité, ingéniosité et durabilité. RFI