Lundi à Pau, une déclaration commune va donc être lue, où les États sahéliens répéteront que la France intervient à leur demande. «Ce n’est pas quelque chose de juridique car nous avons déjà ces bases-là. Nous voulons du courage politique», dit-on à l’Élysée qui espère ainsi couper court «aux manipulations antifrançaises». Mais le sommet ne s’arrêta pas à des signaux symboliques. La réunion à huis clos des chefs d’État sera aussi l’occasion de redéfinir le cadre de l’intervention «Barkhane». Car sur le terrain, la situation n’est pas bonne. Pour «trouver plus d’efficacité», la zone d’intervention de «Barkhane», qui couvre aujourd’hui tout le Sahel, sera donc «resserrée» selon l’Élysée. Les soldats français devraient se concentrer sur le Liptako, une vaste région aux frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso, fief de l’État islamique, et le Gourma, une province à l’est de Mopti. Cela pourrait s’accompagner d’une petite montée en puissance des effectifs, aujourd’hui fixés à 4500 hommes. En parallèle un calendrier va être publié. «Il comprendra des dates, des objectifs à atteindre et des points de passage», dit-on à l’Élysée. Le Figaro
Au milieu, des voix s’élèvent pour remplacer la force Barkhane et les armées africaines par d’autres partenaires, comme les Russes. La Russie, qui a entrepris un retour en force sur le continent africain, s’est rapprochée du Mali ces derniers mois, et semble vouloir jouer un rôle dans la crise que traverse le pays. Un accord de défense entre les deux pays a été signé en juin 2019. En même temps que les attaques djihadistes se multiplient : Dioura, Boulkessy, Mondoro, Inates, les thèses impliquant la France inondent les réseaux sociaux, notamment Facebook et WhatsApp. … Mais la mobilisation est loin de faire l’unanimité, de nombreux Maliens dénoncent une manipulation et des images trompeuses. Cet internaute parle même d’un échec total concernant la mobilisation du 10 janvier. « Toute la manifestation est visible sur cette photo. Il y en a qui sont de mauvaise foi en partageant leurs photos. Le nombre de participants est dérisoire. Ils doivent être 400 personnes et, après ça, ils osent parler au nom du Mali. » Le Point
Le Niger a subi jeudi 9 janvier la pire attaque de son histoire avec 89 soldats tués à Chinégodar (ouest, sur la frontière malienne), selon un nouveau bilan annoncé dimanche à la veille du sommet qui réunit en France cinq chefs d’Etat du Sahel et le président Emmanuel Macron. « Après ratissage, le bilan s’établit de la façon suivante. Côté ami : 89 morts. Côté ennemi : 77 morts », a affirmé dimanche soir à la radio publique Zakaria Abdourahame, le porte-parole du gouvernement en lisant un communiqué. Le précédent bilan annoncé jeudi faisait état de la mort de 25 soldats et de 63 « terroristes ». En outre, un deuil national de 72 heures a été décrété à partir de lundi, selon le communiqué. Cette attaque, la pire subie au Niger depuis le regain des actions djihadistes en 2015, est survenue un mois après celle d’Inates le 10 décembre, dans la même région de Tillabéri, qui avait coûté la vie à 71 soldats. Revendiquée par le groupe Etat islamique, l’attaque d’Inates, qui était la plus meurtrière jusqu’à jeudi, avait traumatisé le pays. Le modus operandi des deux attaques est le même avec l’utilisation de motos et véhicules transportant des combattants armés puis une fuite vers le Mali. Le Monde avec AFP
Au Mali, un accord a été trouvé et signé pour la sécurité de la ville de Ménaka dans le Nord. Un accord entre l’ex-rébellion CMA et les groupes armés dits de la Plateforme, favorables aux autorités de Bamako. L’accord a été signé, ce dimanche, par la Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme pour mettre fin à la circulation des armes, l’insécurité, les violences intercommunautaires. Objectif : tenter de restaurer la sécurité dans et autour de la ville de Ménaka. Ces deux organisations acceptent l’arrêt de tout acte hostile et la protection des personnes et de leurs biens dans les zones sous leur contrôle. Outre la cessation des hostilités, un point important de l’accord est l’instauration de patrouilles mixtes. Si cette mesure devient effective, les populations seront plus rassurées. Des postes de contrôle anarchiquement installés où souvent les civils sont rackettés devront alors disparaître. Des représentants de la force française Barkhane et de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont insisté à la signature de l’accord. Ils pourront aider au contrôle de la circulation des armes. Sur ce point, l’arsenal des mouvements armés est impressionnant. RFI
Trois enseignants ont été tués et un enlevé lundi dans l’est du Kenya par de présumés militants islamistes shebab, qui ont en outre partiellement détruit un pylône de télécommunication et mis le feu à un poste de police, a-t-on appris de sources policières. Vers 02h00 lundi (23h00 GMT dimanche), « de présumés miliciens shebab armés ont attaqué l’école primaire de Kamuthe, le poste de police de Kamuthe, un pylône de télécommunication et tué trois enseignants », a indiqué la police kényane dans un communiqué. « Le pylône de télécommunication est partiellement endommagé mais fonctionne encore », a ajouté la police, qui s’est lancée à la poursuite des assaillants. Kamuthe est situé à 40 km au sud de la ville de Garissa, dans le sud-est du Kenya. « Trois enseignants qui ne sont pas de la région ont été tués et un enseignant du coin a été enlevé. Ils ont épargné une infirmière de la région, en raison de son sexe », précise un rapport de police que s’est procuré l’AFP. « Ils ont aussi mis le feu » au poste de police de Kamuthe, a également indiqué à l’AFP un haut responsable de la police, sous couvert d’anonymat. AFP
L’armée congolaise affirme avoir enregistré des pertes en reprenant jeudi le QG des Forces démocratiques alliées (ADF) à Madina dans la région de Beni (province du Nord-Kivu), situé dans le triangle de la mort, et qui serait la dernière étape avant l’assaut final des Forces armées congolaises. Les forces armées congolaises ont reconnu la perte de 30 militaires cette semaine dans les derniers affrontements avec le groupe armé des Forces démocratiques alliées (ADF) qui sème la terreur dans l’est du pays depuis des années. L’armée a aussi « enregistré 70 blessés, dont certains graves », a déclaré samedi à la presse son porte-parole dans la région, le major Mak Hazukai. « Nous avons perdu quelques armes individuelles ». « Du côté de l’ennemi, on a neutralisé 40 ADF », dont « cinq leaders », a poursuivi le porte-parole de l’armée dans le territoire de Beni. Des armes ont également été récupérées, selon la même source qui qualifie les ADF d’ »intégristes islamistes ». L’armée congolaise a annoncé le 30 octobre son offensive contre ce groupe armé accusé du massacre de plus de 1.000 personnes dans la région de Beni depuis octobre 2014. Sahel Intelligence
Le chef du Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU, Fayez al-Sarraj, et son rival, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, sont attendus lundi à Moscou pour signer un accord de cessez-le-feu, a annoncé un haut responsable libyen. La signature de cet accord ouvrira la voie à la relance du processus politique, a déclaré le président du Conseil d’Etat (l’équivalent d’un Sénat) basé à Tripoli, Khaled al-Mechri, à la télévision Libya al-Ahrar. M. Mechri a indiqué qu’il accompagnerait M. Sarraj à Moscou, tandis que le maréchal Haftar aura à ses côtés le président du Parlement libyen, Aguila Salah, basé dans l’est. Dans un bref discours à la télévision, M. Sarraj a appelé les Libyens à « tourner la page ». « J’appelle tous les Libyens à tourner la page du passé, à rejeter la discorde et à resserrer les rangs pour se lancer vers la stabilité et la paix », a-t-il dit. Un cessez-le-feu à l’initiative de la Turquie et de la Russie est déjà entré en vigueur dimanche en Libye après plus de neuf mois de combats meurtriers aux portes de la capitale Tripoli, sur fond de craintes d’une internationalisation accrue du conflit. AFP
La Cour suprême de Guinée-Bissau a rejeté les recours du camp du candidat malheureux à la présidentielle et autorisé la publication des résultats définitifs, ouvrant la voie à l’officialisation de la victoire d’Umaro Sissoco Embalo, selon un arrêt consulté dimanche. M. Embalo, 47 ans, a recueilli 53,55% des voix au second tour le 29 décembre, devançant le candidat du Parti historique et dominant, Domingos Simoes Pereira, crédité de 46,45% des suffrages selon les résultats encore provisoires communiqués par la Commission électorale nationale (CNE). Le parti de M. Pereira, arrivé largement en tête du premier tour mais desservi par le ralliement de ses adversaires derrière M. Embalo, a contesté ces résultats devant la Cour suprême. Son camp dénonce des bourrages d’urnes au profit de M. Embalo ainsi que l’escamotage de votes aux dépens de M. Pereira. La Cour suprême a rejeté ces recours et elle « autorise la CNE à publier les résultats définitifs », dit l’arrêt. AFP
L’opposition appelle à partir de ce lundi à une mobilisation « massive » et « illimitée » des populations pour protester contre le projet de nouvelle constitution. Le pouvoir a adressé une vigoureuse mise en garde. À moins d’un mois des élections législatives (16.02.2020), l’opposition guinéenne durcit le ton et dénonce la volonté supposée du président Alpha Condé de doter le pays d’une nouvelle constitution qui pourrait lui permettre de briguer un nouveau mandat, en octobre, lors de l’élection présidentielle. L’opposition fustige aussi le manque de fiabilité du système électoral. « Aucune démarche de la Céni (la commission électorale, ndlr) en ce qui concerne le processus électoral n’a respecté la loi. On nous sort un fichier électoral qui parle de huit millions d’électeurs sur une population d’environ onze millions. Ce qui voudrait dire que nous avons 75% de la population guinéenne qui a plus de 18 ans. Ce qui est extraordinaire. La population électorale est entre 34 et 42 % de la population totale. Au Sénégal, sur une population de 16 millions d’habitants, on a six millions d’électeurs. Mais en Guinée, on nous dit huit millions sur onze millions. C’est sidérant », estime Aliou Bah, le président du Model, le Mouvement démocratique libéral, membre du Front national de défense de la constitution (FNDC). DW
Les députés tunisiens ont refusé, vendredi 10 janvier soir, la confiance au gouvernement proposé par le candidat du parti d’inspiration islamiste Ennahda, Habib Jemli, relançant les laborieuses négociations pour trouver un cabinet, trois mois après les élections législatives. Au terme d’une longue journée de débats, et de négociations jusqu’à la dernière minute dans les couloirs du Parlement, seuls 72 députés sur 219 ont approuvé le gouvernement, très loin de la majorité requise de 109 voix. Il revient désormais au président Kaïs Saïed, un universitaire farouchement indépendant et très critique du système parlementaire, de désigner un autre futur premier ministre susceptible de convaincre les députés. Selon la Constitution, M. Saïed a un délai de dix jours pour engager des consultations afin de trouver « la personnalité jugée la plus apte de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois ». Ce vote est un constat d’échec pour Ennahda, qui a été directement ou indirectement au pouvoir une bonne partie des neuf dernières années, et ce rebondissement risque de retarder les réformes attendues pour relancer une économie en berne. Le Monde avec AFP
Mauvaise nouvelle pour les Gambiens ? Leur ancien président Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale, a émis le souhait de rentrer en Gambie. Dans des propos tenus à un responsable de son parti, l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), il exhorte ses partisans à réclamer des autorités le respect des engagements pris par les organisations africaines et l’ONU au moment de son départ contraint de Gambie. En janvier 2017, après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle , Yahya Jammeh a finalement accepté l’exil, contraint par une intervention militaire. En contrepartie, il avait obtenu de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et des Nations unies leur engagement à œuvrer avec le gouvernement gambien pour le respect de la sécurité et des droits de Yahya Jammeh, et notamment celui de rentrer en tant que citoyen et ancien chef de l’État. « Il faut appliquer l’accord, point final », affirme-t-il dans l’enregistrement. Le gouvernement gambien, lui, a répondu à cette demande par la voix de son porte-parole, Ebrima Sankareh, qui a assuré ne pas savoir « de quel document parle M. Yahya Jammeh ». « S’il revient sans autorisation, le gouvernement gambien ne peut pas garantir sa sécurité », a-t-il déclaré à l’émission Focus on Africa de la BBC. Le Point
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, est préoccupé par l’augmentation des tensions au Sahara occidental alors que le rallye-raid Africa Eco Race s’apprête à traverser Guerguerat, a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse publiée samedi soir. « Le Secrétaire général appelle tous les acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à désamorcer les tensions », a ajouté ce porte-parole, Stéphane Dujarric. « Il est important de permettre la poursuite du trafic civil et commercial régulier et de s’abstenir de toute action susceptible de modifier le statu quo de la bande tampon ». « Le Secrétaire général réitère l’engagement des Nations Unies d’aider les parties à trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental conformément aux résolutions du Conseil de sécurité », a encore dit son porte-parole. L’Africa Eco Race est un rallye-raid international créé en 2009 après le déplacement du Rallye Dakar en Amérique du Sud. Le rallye se concentre sur les questions de sécurité et le développement durable, en plus de l’aspect sportif. ONU Info
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a demandé dimanche au président sud-africain Cyril Ramaphosa d’intervenir pour apaiser un différend de longue date avec l’Égypte au sujet d’un important barrage hydraulique que l’Éthiopie construit sur le Nil Bleu. Long de 1,8 km et haut de 145 m, le Grand barrage de la renaissance (GERD) doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique mais sa construction, entamée en 2011, inquiète l’Égypte, située en aval, qui dépend du fleuve pour plus de 90 % de son approvisionnement en eau. L’Éthiopie, l’Égypte et le soudan – pays où le Nil Bleu converge avec le Nil Blanc avant de poursuivre sa route en Égypte, ont entamé des discussions en novembre mais, jeudi, ces discussions n’avaient toujours pas abouti. Aussi, Abiy Ahmed, en visite en Afrique du Sud ce week-end, a demandé à Ramaphosa d’intervenir dans les négociations en tant que prochain président, en janvier, de l’Union africaine (UA). AFP
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi s’est engagé dimanche à renforcer la coopération avec le Zimbabwe malgré une récente querelle entre les deux pays sur les chiffres de l’aide bilatérale que Pékin lui accorde pour maintenir à flots son économie en crise. En novembre, le gouvernement zimbabwéen avait déclaré n’avoir reçu de Pékin que 3.6 millions de dollars d’aide bilatérale entre janvier et septembre 2019, soit loin derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Visiblement froissé, Pékin avait reproché à Harare de sous-estimer son aide, avançant un chiffre près de 40 fois plus élevé (136,8 millions de dollars). M. Yi s’est entretenu dimanche avec son homologue Sibusiso Moyo, lors de la dernière étape de sa tournée en Afrique, qui l’a amené également en Egypte, Djibouti, Erythrée et au Burundi. Il n’a pas mentionné d’aide financière, mais a salué la coopération « gagnant-gagnant » entre la Chine et le Zimbabwe dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture et des mines, et a promis d’explorer de nouvelles pistes de coopération. AFP
En 2012, une rébellion touareg indépendantiste éclate au Mali, sur laquelle se greffent des groupes djihadistes qui prennent le contrôle de la moitié du pays. C’est le début d’une guerre qui ne dira pas son nom jusqu’à ce que la France lance l’opération « Serval », en 2013, pour stopper la menace qui avance vers Bamako. En 2014, l’opération devient « Barkhane » et change de dimension. Son objectif : appuyer les pays de la région dans la lutte antiterroriste. Ces derniers mois, les attaques ont progressé en organisation et en coordination entre les différents groupes armés. Une véritable verticale nord-sud s’est mise en place. Un tiers du Burkina Faso est désormais hors du contrôle des forces de sécurité, harcelées par les groupes armés. Avec ce format cartographique, Le Monde Afrique vous propose de comprendre comment la menace a progressé, quelles sont les forces en présence et quel est le rôle des armées française et locales au Sahel. Le Monde