Revue de presse du 13 décembre 2023

Mali-Burkina-Niger: pour Iyad Ag Ghaly, chef du Jnim, «l’affrontement est entré dans une nouvelle phase»
Au Mali, il n’avait plus fait entendre sa voix depuis août 2021. Iyad Ag Ghaly, chef du Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, s’exprime dans une nouvelle vidéo diffusée mardi après-midi. Dans cette vidéo de propagande, le chef jihadiste dessine les nouveaux contours du combat qu’il entend mener au Sahel…L’armée malienne vient de déloger les rebelles du CSP de leur fief de Kidal. L’accord de paix de 2015 qui a volé en éclat constituait un rempart contre les jihadistes : aujourd’hui, le chef du Jnim espère profiter de la déception de ceux qui croyaient en cet accord pour recruter. Parmi les combattants du CSP donc, ou plus globalement parmi les populations du Nord qui craignent les exactions de l’armée et de Wagner. Mais Iyad Ag Ghaly prévient : lui ne se bat pas pour l’égalité des droits des Maliens du nord et du sud, mais pour imposer « la parole et la loi d’Allah ». Les jihadistes sous ses ordres sont responsables d’attaques presque quotidiennes : contre les forces armées et contre les populations civiles, auxquelles ils imposent, dans les zones sous leur contrôle, de respecter leurs règles. Ceux qui ne se plient pas sont assassinés ou enlevés. Dans sa vidéo, Iyad Ag Ghaly n’en dénonce pas moins les massacres commis par les armées nationales et par les mercenaires de Wagner au Mali et au Burkina Faso, et tente de se présenter en défenseur des opprimés. RFI

Sénégal: le tribunal reporte sa décision sur la légitimité ou non de la radiation de Sonko des listes
Il faudra patienter encore pour savoir si l’opposant Ousmane Sonko pourra être candidat à la présidentielle de février prochain. Le tribunal de Dakar qui, depuis ce mardi matin 12 décembre, examinait la légitimité ou non de sa radiation des listes électorales a suspendu l’audience. Rendez-vous a été donné après-demain jeudi 14 décembre pour rendre sa décision. Le marathon judiciaire qu’est devenu le parcours politique de l’opposant Ousmane Sonko n’est pas terminé. Après une audience de plus de neuf heures, le juge a décidé de mettre sa décision en délibéré jusqu’à jeudi…Toute la journée, les plaidoiries ont tourné autour de deux questions. Premièrement, Ousmane Sonko a-t-il bien été notifié de la décision de le radier des listes électorales et, deuxièmement, est-ce que son arrestation fin juillet suspend sa condamnation par contumace à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Cette même condamnation qui justifie qu’il a été radié des listes électorales, selon l’État sénégalais. Des questions très techniques, mais centrales, car elles vont déterminer la possibilité pour l’opposant politique de participer ou non à cette présidentielle. Pour être candidat, il faut en effet être inscrit sur les listes électorales…Quelle que soit la décision du tribunal de grande instance jeudi prochain, les chances pour Ousmane Sonko de participer à la présidentielle sont de plus en plus ténues. Il reste moins de 14 jours à l’opposant pour constituer son dossier de candidature et le déposer devant la Cour constitutionnelle. RFI

Tunisie : l’opposante Chaïma Issa condamnée à un an de prison avec sursis
L’opposante tunisienne Chaïma Issa a été condamnée mercredi 13 décembre à un an de prison avec sursis par un tribunal militaire qui l’a notamment reconnue coupable d’« offense » au président Kaïs Saïed sur la base de déclarations faites dans les médias, selon ses avocats…M. Saïed, élu démocratiquement en octobre 2019, s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021 et a depuis fait réviser la Constitution privant le Parlement de tout réel rôle. Mme Issa, 43 ans, membre du Front de salut national (FSN), avait été emprisonnée en février lors d’arrestations en série dans les rangs de l’opposition. Elle avait été libérée le 13 juillet dans l’attente de son jugement…Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités, qualifiés de « terroristes » par M. Saïed, sont emprisonnés sous l’accusation de « complot contre la sécurité intérieure ». Le Monde avec AFP

La tension monte en RDC à sept jours des élections
A une semaine des élections, les difficultés pratiques d’organisation, la méfiance des opposants envers l’ensemble du processus et les combats dans l’est font monter la tension en République démocratique du Congo. Le 20 décembre, près de 44 millions d’électeurs, sur un total d’une centaine de millions d’habitants, sont appelés à élire leur président, mais aussi leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux. Un vrai défi dans un pays de 2,3 millions de km2 largement dépourvu d’infrastructures. Plus de 100.000 candidats sont dans les rangs pour les quatre scrutins, selon la Commission électorale (Céni), dont 22 pour la présidentielle…L’opposition n’en demeure pas moins divisée et, même si tout peut arriver jusqu’au jour J, une candidature unique paraît impossible. L’élection se jouant en un seul tour, la plupart des postulants étaient d’accord pour juger une telle candidature nécessaire pour se donner toutes les chances face au président sortant. Mais peu sont prêts à s’effacer au profit d’un autre…En l’absence de sondages fiables, les pronostics sont hasardeux, d’autant plus que les opposants, tout en participant aux élections – à l’exception notable du camp de l’ancien président Joseph Kabila (2001-2018), qui les boycotte – craignent que les résultats annoncés ne reflètent pas la vérité des urnes, en dépit des assurances de « transparence » de la Céni. Tous appellent les électeurs à la « vigilance »…Du point de vue technique, la Céni est engagée dans une course contre la montre pour déployer les machines électroniques, bulletins et autre matériel fabriqué en Asie, dont le dernier lot est arrivé ce week-end. Sans compter des milliers de cartes d’électeurs à refaire parce qu’elles se sont effacées. AFP

Élection présidentielle en RDC: « il ne faut pas que l’on pense que le travail des églises consiste à s’opposer au régime qui est en place » – Révérend Eric Senga
L’Église catholique a toujours été, depuis l’époque coloniale, l’un des piliers du système politique et social congolais. Depuis des décennies, elle a exercé son rôle de contre pouvoir, s’imposant comme un allié incontournable de l’État central, se substituant à lui dans des domaines sociaux essentiels tels que l’éducation, la santé et la préservation de la paix…À la veille de l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, l’Église catholique veut naturellement user de son influence et de son aura pour peser sur la transparence du processus électoral et faire respecter la volonté du peuple…La [Conférence épiscopale nationale du Congo] CENCO s’est bâtie une solide réputation et une crédibilité reconnue de tous les acteurs politiques, ce qui lui a permis à plusieurs reprises de jouer un rôle de médiateur dans les conflits qui ont suivi la fin du régime de Mobutu. L’Église catholique s’est impliquée dans l’organisation des élections nationales avec ses propres observateurs, et a rappelé avec insistance la nécessité de garantir l’indépendance effective de la Commission Nationale Electorale (CENI) pour éviter les contestations qui ont ponctuellement suivi chaque tour électoral…Cette année, pour la première fois, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s’est associée à l’Église du Christ du Congo (ECC), une union de 64 dénominations protestantes et évangéliques pour veiller au bon déroulement des opérations électorales. Au total, soixante mille observateurs seront déployés dans tout le pays. Il s’agit, selon le Révérend Eric Senga, Secrétaire général et porte-parole de l’église du Christ au Congo, de garantir que les élections sont transparentes, crédibles et démocratiques. BBC

Arrestation d’un ex-ministre éthiopien accusé de liens avec les rebelles oromo
La police éthiopienne a annoncé l’arrestation mardi d’un ex-ministre accusé de « collaborer » avec les rebelles de l’Armée de libération oromo (OLA). Taye Dendea, ex-ministre délégué à la Paix, avait publié lundi sur son compte Facebook une lettre du Premier ministre Abiy Ahmed, lui signifiant son éviction du gouvernement. Mardi, la police fédérale a publié un communiqué annonçant l’arrestation du ministre pour « collaboration avec des forces opposées à la paix et qui veulent détruire l’Ethiopie ». Le ministre a été dans le passé un fervent soutien du Premier ministre Abiy Ahmed mais il s’était récemment montré critique du gouvernement, notamment sur sa politique économique et sur les violences en cours dans la région de l’Oromia, qui enserre la capitale Addis Abeba et abrite environ un tiers des 120 millions d’habitants du 2e pays le plus peuplé d’Afrique…Classée « organisation terroriste » par Addis Abeba, l’OLA combat les autorités éthiopiennes depuis sa scission avec l’historique Front de libération Oromo (OLF) en 2018, quand celui-ci a renoncé cette année-là à la lutte armée, à l’arrivée au pouvoir de l’actuel Premier ministre Abiy Ahmed…La région oromo est minée par des violences aux facettes multiples, rendant la situation extrêmement confuse: s’y mêlent luttes politiques internes, litiges territoriaux et animosités entre communautés, auxquels s’ajoute le développement récent d’un banditisme armé. AFP

La présidentielle rwandaise est fixée au 15 juillet 2024
Les Rwandais sont appelés aux urnes le 15 juillet 2024 pour élire leur prochain président, l’actuel chef de l’Etat Paul Kagame étant candidat à un quatrième mandat, et pour élire leurs députés, a annoncé mardi la Commission électorale…En mars, le gouvernement avait annoncé que seraient organisés le même jour les scrutins présidentiel et législatif. Paul Kagame, 66 ans, a fait part en septembre de sa candidature à un quatrième mandat. Il a procédé à des amendements constitutionnels controversés qui lui ont permis d’obtenir un troisième mandat et pourraient lui permettre de gouverner jusqu’en 2034. Ancien chef rebelle, Paul Kagame est le dirigeant de facto du pays de la Région des Grands Lacs depuis la fin du génocide de 1994. Il a été reconduit au pouvoir – avec plus de 90 % des voix – lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Le chef du Parti vert de l’opposition, Frank Habineza, a également annoncé sa candidature pour 2024. Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais plusieurs groupes de défense des droits humains accusent Paul Kagame de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression. AFP

Expulsions au Rwanda : les députés britanniques approuvent le projet de loi
Le projet de loi controversé du gouvernement britannique pour expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni a franchi mardi soir un premier obstacle au Parlement, accordant un répit au Premier ministre Rishi Sunak…Le texte britannique vise à répondre aux objections de la Cour suprême, qui a bloqué le mois dernier une précédente version du projet. L’ONG Human Rights Watch a vu dans son approbation « une défaite pour la décence humaine et un coup de massue pour l’Etat de droit ». L’expulsion de migrants – d’où qu’ils viennent – vers le Rwanda a été annoncée en avril 2022 mais jamais mise en oeuvre…Le nouveau texte définit le Rwanda comme un pays tiers sûr et empêche le renvoi des migrants vers leur pays d’origine. Il propose également de ne pas appliquer aux expulsions certaines dispositions de la loi britannique sur les droits humains, pour limiter les recours en justice…La semaine dernière, le ministre délégué à l’Immigration Robert Jenrick a démissionné, refusant de soutenir un texte qui ne va pas « assez loin » selon lui…Quelques jours après la démission retentissante de son ministre délégué à l’Immigration Robert Jenrick, Rishi Sunak risquait une défaite cuisante si l’aile droite rejetait le texte dès ce stade précoce. Africanews avec AFP

Guinée-Bissau : Geraldo Martins reconduit comme Premier ministre
Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a reconduit ce 12 décembre au poste de Premier ministre Geraldo Martins. Cette reconduction intervient après la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite d’affrontements armés qu’il a qualifié de « coup d’État ». Geraldo Martins est un des responsable de la coalition de l’opposition qui a remporté les législatives de juin autour du parti historique PAIGC. Ce parti a mené la lutte de libération de la Guinée-Bissau et a longtemps dominé la vie politique de ce pays en proie à une instabilité chronique. Sa reconduction au poste de Premier ministre par décret à la tête du gouvernement est contestée dans sa propre famille politique, car certains le jugent trop proche du président Embalo. La dissolution du Parlement appelle la tenue d’élections à une date encore incertaine, malgré les délais prescrits par la loi. Domingos Simoes Pereira, président du Parlement et adversaire de longue date de Sissoco Embalo, a dénoncé un « coup d’État constitutionnel » de la part de ce dernier. Des affrontements ont opposé le 1er décembre la Garde nationale et l’armée, faisant au moins deux morts dans la capitale Bissau. TV5 avec AFP

Les Etats-Unis saluent une année « record » pour le commerce avec l’Afrique
Les Etats-Unis se sont félicités mercredi 13 décembre d’avoir conclu cette année des accords commerciaux record avec l’Afrique, d’un montant total de 14,2 milliards de dollars, dans un contexte de lutte d’influence avec la Chine sur le continent. Près de 550 nouveaux accords commerciaux et d’investissement ont été signés, représentant une augmentation de 67 % par rapport à 2022 en termes de nombre et de valeur, a déclaré British Robinson, coordinateur de l’initiative commerciale Prosper Africa lancée par les Etats-Unis…Washington s’est engagé en décembre à investir 55 milliards de dollars sur trois ans en Afrique. Cette stratégie vise notamment à contrer la présence croissante de la Chine, qui a notamment fait des percées en matière de construction d’infrastructures, d’investissements et de prêts. Le Monde avec AFP