Revue de presse du 13 décembre 2022

L’approfondissement des liens entre la Chine et l’Afrique au cours du troisième mandat de Xi Jinping
Xi Jinping entame son troisième mandat de secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) en tant que dirigeant le plus puissant de Chine depuis Mao Zedong. Ayant échappé à la limite de deux mandats imposée par tous les dirigeants chinois depuis Mao, Xi sort du 20e Congrès national du PCC avec ses protégés qui contrôlent entièrement le Comité central de 205 sièges et le Politburo de 25 sièges, qui comprend le Comité permanent de 7 membres du Politburo – l’organe de direction suprême de la Chine. Les factions fidèles aux anciens présidents, feu Jiang Zemin et Hu Jintao, n’ont aucune représentation significative pour la première fois depuis 1992. Xi a été nommé «leader central », avec une autorité quasi absolue sur les questions de politique. Un condensé de ses idées politiques, appelé « pensée Xi Jinping », est codifié dans la constitution du parti et de l’État. Le Congrès a réitéré la mission fondamentale du PCC, à savoir créer un environnement propice pour faire de la Chine la première puissance mondiale en renforçant la « puissance nationale globale » (zōnghé guólì, 综合国力) de la Chine et en « prenant une part active à la conduite de la réforme du système de gouvernance mondiale », entre autres objectifs. L’Afrique est au cœur de ces objectifs. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Ouverture du sommet États-Unis/Afrique en présence d’une cinquantaine de chefs d’État
Les sujets de discussions de ces trois jours sont variés : lutte contre le terrorisme, contre le changement climatique, sécurité alimentaire, économie ou encore Agoa, du nom de l’accord visant à faciliter les exportations africaines vers les États-Unis, et qui est prolongé jusqu’en 2025. Du côté américain, il y a une volonté de se rapprocher de l’Afrique, au moment où d’autres partenaires ont pris plus d’importance sur le continent, comme la Chine ou la Russie. Les États-Unis veulent aussi mettre l’accent sur l’importance des voix africaines sur la scène internationale. … « En août de cette année, les États-Unis ont émis une stratégie pour l’Afrique », explique Paul-Simon Handy qui dirige le bureau de l’institut d’études et de sécurité à Addis-Abeba. « Un document innovant en ce sens que pour la première fois, on voit les États-Unis se projeter, définir des intérêts stratégiques en Afrique, développant une vision qui va au-delà des intérêts de stabilité à court terme, qui ont été finalement le crédo des États-Unis, comme de plusieurs pays occidentaux, européens en particulier, en Afrique. Stabilité à court terme qui a mené notamment à la durée de certains régimes autocratiques en Afrique avec les conséquences que l’on sait aujourd’hui … ». … le conseiller à la sécurité nationale du président américain Jake Sullivan a annoncé que les États-Unis « vont consacrer 55 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans ». Les fonds seraient consacrés à la santé et à la réponse au changement climatique, mais sans donner de détails sur leur provenance ou leur répartition. RFI

Tchad: une dizaine de militaires arrêtés dont des officiers d’une unité d’élite
Depuis trois jours, plusieurs soldats dont des officiers d’un corps d’élite ont été arrêtées par la Direction générale des renseignements militaires du Tchad. Alors que toutes sortes de rumeurs courent sur les raisons de ces interpellations à Ndjamena, les médias tchadiens évoquent « un complot » ou encore des rumeurs de coups d’État, mais les officiels, eux, gardent le silence. Au total, entre quatre et une dizaine de soldats ont été arrêtés par la Direction générale des renseignements militaires depuis vendredi 9 décembre, selon les sources. Parmi eux, un officier supérieur du rang de colonel, des officiers subalternes, ainsi que des hommes de troupes. RFI

Le pourquoi des tensions dans l’armée tchadienne
Le débat n’est pas nouveau sur la présence de divisions au sein des institutions publiques du Tchad au sujet du partage des postes clés au sein du pouvoir. Même si certaines personnalités proviennent d’autres clans que celui du président actuel, les critiques sur le monopole de certains postes importants ne manquent pas. L’armée n’est pas à l’abri de ces critiques, en grande partie en raison des rivalités qui existent au sein même de la famille Déby. Les frères jumeaux Timan Erdimi et Tom Erdimi sont récemment rentrés au Tchad. Le fait que les deux neveux de l’ancien président Idriss Déby ont longtemps été dans l’opposition contre leur oncle défunt explique, selon Djonabaye Laya, militant des droits de l’Homme, l’influence qu’ils peuvent avoir au sein de l’armée, ce qui peut inquiéter le pouvoir actuel. « La tension a toujours existé, même au temps deDéby père . Il y a les tendances qui sont là et aujourd’hui, les jumeaux qui sont rentrés : Tom Erdimi et Timan Erdimi ». DW

Guinée équatoriale: un militant des droits humains en détention
Un militant des droits humains, Joaquin Elo Ayeto, a été arrêté samedi en Guinée équatoriale pour avoir organisé une conférence sur les droits de l’Homme et la corruption « sans autorisation officielle », ont assuré lundi son ONG et son avocat. Ce petit Etat d’Afrique centrale au régime des plus fermés et des plus autoritaires au monde, est dirigé depuis plus de 43 ans par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui vient être réélu pour un sixième septennat et détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarques. M. Elo Ayeto, coordinateur de l’ONG équato-guinéenne de défense des droits humains Somos+ Sociedad Civil, a été arrêté pour « avoir organisé une conférence sur les droits de l’Homme et la corruption en Guinée équatoriale, sans autorisation officielle » à l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme, a déclaré à l’AFP son avocat Me Angel Obama Obiang Eseng. AFP

Gabon: l’opposition se met en ordre de marche pour des élections « sincères » en 2023
Une telle réunion ne s’était pas vue au Gabon depuis longtemps. Hier, lundi 12 décembre, toute l’opposition gabonaise s’est réunie à Libreville pour le début d’une série de réunions en vue de l’élection présidentielle de 2023. Cette rencontre, à l’appel de l’Union nationale, a rassemblé une cinquantaine de partis, y compris des leaders de la société civile. Objectif, mettre la pression sur le gouvernement pour reformer le processus électoral, et rappeler aux pouvoirs publics la nécessité d’une concertation avec l’opposition. Pour Paulette Missambo, présidente de l’UN, il y a l’urgence. RFI

Sénégal: Joutes oratoires au Parlement avec la présidentielle de 2024 en ligne de mire
La déclaration de politique générale du Premier ministre sénégalais Amadou Ba hier a été suivie d’un long débat des députés en réaction au discours. Mais les discussions ont vite tourné aux règlements de comptes entre le camp présidentiel et l’opposition, qui sont à couteaux tirés alors que la présidentielle de 2024 approche et que la question d’un troisième mandat de Macky Sall n’est pas encore résolue. Les députés des deux camps se sont succédé à la tribune pour tour à tour féliciter le Premier ministre pour son discours et critiquer l’action du gouvernement. Amadou Ba qui n’est arrivé à la Primature qu’en septembre, a défendu le bilan du président Macky Sall au pouvoir depuis 2012. RFI

Nigeria: l’armée a commis «des assassinats ciblés d’enfants», selon l’agence Reuters
L’agence Reuters a publié lundi 12 décembre un nouveau volet de son enquête détaillant la violence extrême dont l’armée nigériane a fait preuve vis-à-vis des civils. Ces derniers sont victimes collatérales de sa lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria. Après avoir révélé la semaine dernière l’existence d’un programme visant à mettre fin aux grossesses d’anciennes captives des jihadistes, l’agence de presse Reuters raconte en longueur comment les militaires ont régulièrement massacré des enfants et des adolescents soupçonnés de complicité avec l’ennemi ou nés des viols commis par les hommes de Boko Haram. Cette fois, pas d’opération minutieusement organisée, mais « un massacre itinérant » qui aurait fait « des milliers » de très jeunes victimes dans les villages du nord-est du Nigeria, selon Reuters. Au total, quinze personnels des forces de sécurité – qu’ils soient soldats, membres des milices d’auto-défense ou gardes armés – ont témoigné d’« assassinats ciblés d’enfants » auxquels ils ont parfois participé directement. Il s’agissait à la fois « d’éliminer les extrémistes, mais aussi de mettre fin à la vie des enfants » nés de viols commis par les insurgés, selon Reuters. RFI

Le Nigeria fait un pas supplémentaire vers une économie « sans cash »
Les annonces de la Banque centrale du Nigeria (CBN) mardi 6 décembre, ont créé une onde de choc jusqu’au Parlement nigérian, à Abuja. Les élus s’interrogent sur la décision de limiter les retraits à 20 000 nairas (quelque 42 euros) par jour et 100 000 nairas par semaine pour les particuliers, et 500 000 nairas (environ 1 068 euros) pour les entreprises. Avec l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation le 9 janvier, tout retrait supérieur à cette limite entraînera des frais allant de 5 % à 10 %. Certains parlementaires critiquent une mesure « drastique », annoncée « du jour au lendemain » et « sans consultations », mais qui pourrait avoir de lourdes conséquences, « notamment pour les habitants des zones rurales où toutes les transactions se font en cash ». Face à cette levée de boucliers, le puissant gouverneur de la CBN a voulu jouer l’apaisement en indiquant que la limite pourrait éventuellement être revue. « Nous faisons cela pour le bien de l’économie et son développement », a déclaré Godwin Emefiele, après une rencontre avec le président Muhammadu Buhari, qui lui a apporté son soutien. « Nous n’allons pas être trop rigides, mais ça ne veut pas dire que nous allons abandonner », a-t-il précisé. Le Monde

Mali : l’avenir du processus d’Alger en question
Au Mali, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) demande une réunion d’urgence « dans un endroit neutre » à l’Algérie et aux autres médiateurs internationaux. La CMA relève la lenteur dans l’application de ces accords signés en 2015. Les ex-rebelles touaregs sont actuellement réunis dans la ville de Kidal et ils veulent relancer le dialogue. Pour Mahamadou Diouara, chef de cabinet du ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wague, le gouvernement de transition se garde de tout commentaire pour l’instant à la demande de la CMA. Il indique par ailleurs qu’une réponse adaptée sera réservée au vœu émis par l’ancienne rébellion touarègue. DW

Niger : le calvaire des migrants subsahariens refoulés par l’Algérie
Des dizaines de milliers de migrants subsahariens ont été expulsés, ces dernières années, par l’Algérie vers le Niger. Déposés à la frontière entre les deux pays, au milieu du désert, ils doivent ensuite parcourir 15 km à pied pour atteindre le village d’Assamaka ,où France 24 les a retrouvés. Leurs téléphones et leur argent ayant été confisqués en Algérie, les migrants se retrouvent dans des centres de transit débordés où ils attendent leur rapatriement vers leur pays d’origine. France24

Le Ghana trouve un accord avec le FMI sur un prêt de 3 milliards de dollars
Le Ghana a trouvé un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 3 milliards de dollars de renflouement, a annoncé l’organisation, mardi 13 décembre. Déjà accablé par une forte dette, le pays d’Afrique de l’Ouest est confronté à une inflation historique de plus de 40 % et à l’effondrement du cours de sa monnaie, le cedi ; des difficultés économiques aggravées depuis l’invasion russe en Ukraine. Conclu au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), le prêt « vise à rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette tout en jetant les bases d’une croissance plus forte et plus inclusive », a déclaré le chef de mission du FMI au Ghana, Stéphane Roudet. Cet accord doit maintenant être approuvé par le conseil d’administration du FMI à Washington, a-t-il poursuivi.Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise économique et notamment pour avoir sollicité l’aide du FMI, lui qui avait autrefois promis un « Ghana sans aide ». Nombre de Ghanéens craignent qu’avec cet accord, le gouvernement soit forcé d’imposer des mesures d’austérité qui accableraient un peu plus la population, déjà confrontée à l’explosion des prix. Le Monde avec AFP

Ces 3 raisons pour lesquelles le Maroc est entré dans l’histoire à Qatar 2022
Le cadre ne pouvait pas être plus arabe, la même langue que celle parlée dans le pays africain : dans le stade Al Thumama, qui s’inspire des tissus appelés gahfiya, les Africains ont battu le Portugal 1-0. Ce faisant, ils sont devenus le premier pays africain et arabe à atteindre une demi-finale de la Coupe du monde. Il s’agit d’un événement historique à bien des égards : seules deux nations, les États-Unis et la Corée du Sud, en dehors de l’Europe et de l’Amérique du Sud, ont réussi un tel exploit au cours des 21 Coupes du monde qui ont eu lieu jusqu’à présent. BBC

Les USA veulent accompagner les innovateurs africains
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a souligné l’importance du partenariat avec les entrepreneurs du continent. S’exprimant devant une foule d’innovateurs au département d’état lundi soir, il a mis en avant la volonté de la Maison Blanche de réduire le fossé de confiance avec l’Afrique : » _Nous avons un énorme intérêt dans le succès des innovateurs africains parce que lorsqu’ils ont les moyens d’atteindre leur plein potentiel, c’est bon pour la région. C’est bon pour le continent ET pour le monde. Et c’est bon pour l’Amérique.[…]_Le secteur privé américain investit déjà plus de 4 dollars en Afrique pour chaque dollar que notre gouvernement alloue à la région en matière d’aide étrangère. Et il veut faire plus. C’est l’objectif de notre Bureau des partenariats mondiaux, qui emmènera une délégation du secteur privé américain au Ghana en février. » a-t-il déclaré. Anthony Blinken a également énuméré les façons dont l’administration Biden tente d’élargir et d’approfondir les partenariats pour favoriser l’innovation en Afrique. Parmi elles, l’investissement dans l’infrastructure permettant de soutenir l’esprit d’entreprise africain, mais aussi dans les leaders émergents comme avec l’Initiative des jeunes leaders africains initiée par l’ancien président Barack Obama. Et enfin, l’encouragement des entreprises américaines à s’engager davantage. AfricaNews avec AP