Revue de presse du 12 septembre 2024

Au Mali, la diffusion de TV5 Monde suspendue pour trois mois par la junte
La junte au pouvoir au Mali a suspendu pour trois mois la diffusion de la chaîne francophone TV5 Monde, qui a, selon elle, manqué « d’équilibre » dans le traitement d’une information, selon une décision dont l’Agence France-Presse (AFP) a pris connaissance, mercredi 11 septembre. La Haute Autorité de la communication (HAC) lui reproche d’avoir fait état, dans son journal Afrique, très suivi au Mali, de la mort de quinze civils au moins dans des raids de drone à Tinzaouatène, dans le Nord, sans rendre compte de la version de l’armée malienne. La chaîne « regrette cette situation et notamment de ne pas avoir été saisie par la HAC et de n’avoir pu apporter des explications au regard des faits qui lui sont reprochés », réagit-elle dans un communiqué. Elle précise, par ailleurs, qu’au moment où l’information a été diffusée sur son antenne, l’armée malienne n’avait pas encore donné sa version des faits et ce, malgré ses sollicitations. La version de l’armée a été communiquée par la chaîne dans une brève datée du 26 août…France 24 et Radio France Internationale (RFI), très suivies au Mali, ont été privées d’antenne. France 2 avait, elle aussi, été suspendue début 2024, avant que LCI ne connaisse le même sort fin août. Les correspondants d’un certain nombre de médias étrangers ont été contraints au départ ou au silence. Le Monde avec AFP

Mali: la justice ordonne la libération des onze cadres politiques détenus
La justice malienne a ordonné la mise en liberté, sous contrôle judiciaire, des onze cadres politiques arrêtés le 20 juin dernier. Membres de la « Déclaration du 31 mars », qui rassemble des partis réclamant le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, ils sont poursuivis notamment pour « opposition à l’exercice de l’autorité légitime. » Ils s’étaient réunis dans un domicile privé alors que les activités politiques des partis et associations étaient officiellement suspendues dans le pays…Le juge d’instruction du Tribunal de la commune 5 de Bamako a signé lundi l’ordonnance de leur mise en liberté, sous contrôle judiciaire, mais leurs avocats n’en ont eu connaissance que mercredi. Ils ont, dans la foulée, appris la nouvelle aux onze anciens ministres et dirigeants de partis, emprisonnés depuis près de trois mois : « Ils sont contents, mais ils restent prudents », explique un avocat. Et pour cause, le Parquet peut encore faire appel. Trois jours après la notification pour ce qui concerne le procureur du Tribunal, deux semaines après pour son supérieur, le procureur général de la Cour d’appel de Bamako. Pendant ce délai, tant que le Parquet ne s’exprime pas, les onze politiques restent en prison. RFI

Mali, Burkina Faso, Niger : la guerre des drones dans le Sahel, une stratégie risquée
Au lendemain de la lourde défaite subie par les Forces armées maliennes et leurs supplétifs russes du groupe Wagner, fin juillet à Tinzawaten, face aux rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), Bamako a riposté par une série de frappes de drones, ciblant les abords de cette ville située à la frontière avec l’Algérie. Les autorités maliennes ont affirmé avoir ciblé des « terroristes » et abattu « une vingtaine d’individus armés », tandis que le CSP évoque de « nombreuses victimes civiles ». Une thèse également défendue par l’Algérie, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a provoqué de vives tensions entre Alger et Bamako. Ces frappes de drones récentes, menées par l’armée malienne, sont loin d’être les premières. Depuis plusieurs années, les armées sahéliennes ont fait de ces « UAV » (pour Unmanned Aerial Vehicles), un élément incontournable de leur stratégie face aux jihadistes et aux groupes armés. Le Burkina Faso, comme le Mali et, dans une moindre mesure, le Niger, ont récemment fait l’acquisition de drones armés et ont généralisé leur déploiement lors de leurs opérations sur le terrain. Une « guerre des drones » qui n’est pas sans risques. Le premier est que ces frappes, en faisant de nombreuses victimes civiles, creusent encore le fossé entre l’État central et les populations des régions où se déroulent les combats. Autre problématique posée par le recours à ces équipements, celui de passer d’une dépendance à une autre. Les juntes au pouvoir au Sahel se tournent désormais, pour l’acquisition de leurs armements, vers de nouveaux alliés, dont la Turquie, particulièrement pour les drones. JeuneAfrique

Bassirou Diomaye Faye promet de « traquer » les trafiquants de migrants
Le président sénégalais s’est rendu sur le lieu du dernier naufrage de migrants qui aurait fait une quarantaine de morts et de nombreux disparus. Il a appelé les jeunes à rester au pays et à ne pas céder à « l’illusion » d’un avenir meilleur ailleurs…Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a promis mercredi une « traque sans répit » des passeurs qui acheminent les migrants vers l’Europe, sur les lieux d’un nouveau drame de la migration clandestine qu’il a qualifiée de « situation insoutenable ». Élu en mars, il a appelé les jeunes à rester au pays et à ne pas céder à « l’illusion » d’un avenir meilleur ailleurs. Il a assuré que le gouvernement travaillait « d’arrache-pied » à des politiques contre le chômage des jeunes. Au moins 35 personnes, selon la presse sénégalaise, ont péri dans le naufrage d’une pirogue surchargée le 8 septembre peu après son départ du port de pêche de Mbour. De nombreuses autres sont portées disparues. Le Sénégal est l’un des principaux points de départ pour les milliers de personnes qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique et tentent de gagner l’Europe, principalement via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations bondées et souvent vétustes. JeuneAfrique avec AFP

Les Etats-Unis favorables à ce que l’Afrique ait deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies
Les Etats-Unis soutiennent la création de deux sièges permanents pour les pays africains au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) et d’un siège tournant pour de petits pays insulaires en développement, doit annoncer jeudi 12 septembre l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield…Linda Thomas-Greenfield a déclaré à l’agence de presse Reuters qu’elle espérait que ces efforts permettraient d’avancer vers une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, ajoutant qu’il s’agissait d’une partie de l’héritage que laisserait le président américain, Joe Biden. Washington soutien de longue date, par ailleurs, l’entrée de l’Inde, du Japon et de l’Allemagne comme membres permanents du Conseil de sécurité…Avant l’annonce qu’elle doit faire devant le bureau des affaires étrangères, à New York, Linda Thomas-Greenfield a déclaré à Reuters que les Etats-Unis ne souhaitaient pas qu’un droit de veto soit accordé à un pays au-delà des cinq membres qui en disposent actuellement : Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Etats-Unis. Le Monde avec Reuters

Soudan : l’embargo sur les armes au Darfour contourné mais renouvelé par les Nations unies
Jeudi 11 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé pour un an l’embargo sur les armes au Darfour, dans l’ouest du Soudan. Le régime de sanctions, imposé mais contourné depuis 2004, apparaît toutefois plus que jamais dépassé. Le conflit qui oppose, depuis le 15 avril 2023, l’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », dévaste aussi d’autres parties du territoire, dont la capitale. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. En refusant d’étendre cet embargo à tout le pays, le Conseil de sécurité a manqué l’occasion de peser sur cette lutte à mort pour le pouvoir, qui a provoqué la pire crise humanitaire au monde : 150 000 morts selon l’envoyé spécial américain pour le Soudan, Tom Perriello, 11 millions de déplacés et la déclaration de l’état de famine par le Comité de révision de la famine dans le Darfour. Une sanction que la mission onusienne d’établissement des faits recommandait pourtant « afin de mettre un terme à l’approvisionnement en armes, en munitions et au soutien logistique ou financier aux parties belligérantes ». Une opinion partagée par l’organisation Human Rights Watch selon laquelle « l’aspect “exclusivement Darfour” de cet embargo n’a aucun sens aujourd’hui, dans le contexte d’un conflit qui affecte la plupart des Etats fédéraux du Soudan ». Outre l’élargissement géographique de l’embargo, la mission d’établissement des faits du Conseil des droits de l’homme de l’ONU préconisait une intervention onusienne au Soudan. Le Monde

Torture au Tchad: une ONG demande «des actions concrètes» pour accompagner les promesses des autorités
L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), ONG suisse accréditée auprès de l’ONU qui a effectué une récente mission d’évaluation à Ndjamena, estime qu’il y a « une fébrilité quant à la volonté de prendre des actions concrètes, immédiates » de la part des autorités tchadiennes. Isidore Collins Ngeuleu, responsable Afrique de l’OMCT, souligne notamment une multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par les services de renseignement tchadiens qu’il appelle à « réformer ». Les actes doivent suivre les promesses dans la lutte contre la torture au Tchad…Cette organisation suisse accréditée auprès des Nations unies à Genève a passé plusieurs jours dans la capitale tchadienne, pour notamment visiter la prison de Klessoum, et remettre aux autorités les recommandations formulées par le Comité de l’ONU contre la torture après le « jeudi noir » du 20 octobre 2022, lorsque des manifestations hostiles au déroulement de la transition au Tchad avaient été violemment réprimées. Problème : comme a pu le constater le responsable pour l’Afrique de l’OMCT, il y a un décalage entre les discours des officiels et les faits. Isidore Collins Ngeuleu constate en particulier la multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par l’Agence nationale de sécurité d’État (ANSE), les services de renseignement, et déplore…une sorte de pouvoir parallèle dans le pays :…« Le problème, en fait, c’est le règne de l’arbitraire, comme un système parallèle qui existe au Tchad, une forme de boîte noire qui agit en-dehors du cadre législatif. Vous parlez au ministre de la Justice, vous parlez aux techniciens du ministère de la Justice, vous avez l’impression d’avoir en face des vis-à-vis qui parlent le même discours que vous, mais qui eux-mêmes n’arrivent pas à vous répondre lorsque vous évoquez des questions plus complexes qui appartiennent à un pouvoir beaucoup plus élevé. » RFI

En Guinée-Bissau, le président sortant annonce qu’il ne se représentera pas
Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, dont l’élection avait été contestée par les opposants, a annoncé mercredi 11 septembre qu’il ne briguerait pas de second mandat après celui en cours jusqu’en 2025. « Je ne serai pas candidat en 2025. Mon épouse m’a conseillé de ne pas me présenter. Je respecte donc ses conseils », a-t-il déclaré à des journalistes après le conseil des ministres. Cette déclaration est inattendue car des mouvements s’étaient formés en faveur de sa candidature. Le terme du mandat actuel et la date de la prochaine présidentielle sont sujets à controverse. Après l’élection de décembre 2019, M. Embalo, général de réserve de 51 ans revendiquant la victoire, s’était fait investir en février 2020, pour cinq ans, à la tête de ce petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest à l’instabilité chronique. La communauté internationale a fini par entériner son élection. Mais le résultat du scrutin a donné lieu à des mois de contestation, même après l’investiture, devant les organes de validation…Depuis son indépendance du Portugal, en 1974, le pays a connu une multitude de putschs et de tentatives de coup de force. Avec l’élection présidentielle de 2014, la Guinée-Bissau s’est engagée dans la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel ; ce qui ne l’a pas préservée des turbulences qui se sont poursuivies sous la présidence de M. Embalo. Le Monde avec AFP

Libye: Amnesty dénonce «la répression» des opposants dans l’Est, dont des morts en détention
Dans un rapport, Amnesty International accuse l’Agence de sûreté intérieure, qui dépend de l’Armée Nationale Libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, d’être responsable de mort de personnes en détention, de disparitions forcées et de détentions arbitraires. Dirigée par Oussama al-Derssi, l’agence de sûreté intérieure, qualifiée de « groupe armé » par Amnesty, terrorise les détracteurs et les opposants, notamment des responsables de partis politiques, des militants, des journalistes ou blogueurs. Selon l’ONG, des dizaines de personnes ont été arrêtées dans l’est de la Libye sans mandat et par des hommes lourdement armés. Ces personnes sont privées de contacts avec leurs familles ou leurs avocats, elles sont maltraitées et ne sont jamais jugées ou traduites devant une autorité judiciaire civile. Deux personnes sont ainsi mortes en détention dans des circonstances suspectes à Benghazi et Ajdabia. Aucune enquête indépendante n’a été menée. Amnesty réclame la suspension des responsables de ses exactions et également l’ouverture d’une enquête indépendante. Parmi les personnes arrêtées arbitrairement, une blogueuse de Sebha, Maryam Mansour el Werfalli. Elle a critiqué en janvier la gestion de la pénurie de gaz dans sa ville…Dans son rapport, Amnesty s’inquiète notamment car cette agence intensifie sa répression depuis le début de l’année. L’ONG dénonce « l’impunité persistante » pour ces exactions et les violations graves des droits humains qui sont commises par des groupes armés opérant sous la direction de l’armée nationale libyenne. RFI

Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, augmente de 45 % le prix des fèves
Les autorités du Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, ont annoncé mercredi 11 septembre une augmentation de 45 % du prix des fèves pour la saison 2024-2025, afin notamment de lutter contre la contrebande dans un contexte de cours élevés. Avec ce nouveau tarif, le prix payé au Ghana au producteur pour un sac de 64 kg de fèves de cacao passe de 132 à 192 dollars, soit une hausse de 45 %. Sur un an, le prix de cacao payé à la production a connu « une hausse sans précédent, de 129,36 % », a souligné le ministre de l’agriculture, Bryan Acheampong. En avril, le Ghana avait déjà augmenté de 58 % le prix d’achat du cacao aux producteurs. Ce prix est désormais d’environ 3 000 dollars la tonne, contre 1 335 dollars au début de la saison 2023-2024…Au Ghana, le secteur du cacao est très réglementé, et les planteurs sont obligés de vendre leur production au Ghana Cocoa Board (Cocobod), un organisme public qui fixe les prix. Certains producteurs préfèrent toutefois exporter leurs fèves en contrebande pour bénéficier de tarifs plus attractifs…Le secteur du cacao, qui représente quelque 10 % du PIB du Ghana, dépend fortement des petits exploitants. Il fait vivre un million d’habitants, sur les 33 millions que compte ce pays d’Afrique de l’Ouest. La récolte de cacao au Ghana a aussi diminué au cours des dernières années en raison de problèmes météorologiques. Le Monde avec AFP

Éthiopie : 50 ans après la fin de l’empire, la terreur du Derg reste gravée dans les mémoires
[VIDÉO] Il y a 50 ans, le 12 septembre 1974, le dernier empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié Ier, était renversé, après 44 ans de règne. Un élan populaire contre le système féodal et une série de grèves à travers le pays mettaient un terme au régime monarchique d’alors et permettaient à l’armée de prendre le pouvoir. La dictature militaire du Derg a succédé à l’empire, jusqu’en 1991. Mais ce régime était à l’opposé des revendications du mouvement des étudiants de l’Université d’Addis Abeba, acteurs majeurs de la révolution. Notre reporter, Clothilde Hazard, a rencontré les mémoires vives de cette époque : les derniers survivants et acteurs de la révolution, encore en mesure de témoigner. France24