Amnesty International a exhorté, lundi 11 octobre, la junte au pouvoir au Tchad à « arrêter la campagne d’intimidation contre les voix dissidentes » et à « protéger la liberté d’expression », deux jours après des manifestations dispersées par la police à coups de gaz lacrymogènes. Les rassemblements de samedi, à l’appel de Wakit Tama, une plateforme de partis d’opposition et de membres de la société civile qui réclame un pouvoir civil, avaient été interdits par les autorités, à cause de risques de « troubles à l’ordre public ». Mais plusieurs centaines de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale, N’Djamena. « Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes, blessé plusieurs personnes et arrêté des dizaines de manifestants qui ont été libérés le jour même », a déclaré dans un communiqué Abdoulaye Diarra, chercheur Afrique centrale à Amnesty International. Selon l’ONG, l’accès à Internet était ralenti durant la manifestation. « Ces apparentes restrictions doivent faire l’objet d’une enquête et les Tchadiens doivent pouvoir accéder et échanger librement des informations en ligne », a poursuivi M. Diarra. Selon la Convention tchadienne des droits de l’homme (CTDDH), trois militants de Wakit Tama ont été placés en garde à vue lundi, notamment pour des faits de « trouble à l’ordre public et destruction de biens publics ». La CTDDH « condamne avec la dernière énergie cette arrestation arbitraire » et « exige leur libération immédiate et sans condition ». Le Monde avec AFP
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a suspendu toutes les procédures concernant le Mali et la Guinée, deux pays membres dirigés par des militaires. … A la suite du putsch du 18 août 2020, la Cédéao avait pris des sanctions essentiellement économiques et suspendu le Mali de l’organisation. Ces sanctions avaient été levées à la suite de l’engagement des militaires dirigés par le colonel Assimi Goïta sur la voie d’une transition de 18 mois maximum. Mais depuis, le colonel Goïta a mené en mai un nouveau coup de force en déposant le président de transition Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane. La communauté internationale exprime des inquiétudes croissantes sur le respect des échéances. Lors d’un sommet le 16 septembre à Accra, l’organisation régionale a exigé des militaires maliens le « respect strict du calendrier de la transition » vers le rétablissement d’un pouvoir civil. Se disant « très préoccupée par la lenteur dans la préparation des élections » prévues fin février, elle a affirmé que leur tenue dans les délais était « non négociable ». En Guinée, la Cédéao se retrouve dans une situation comparable à celle qu’elle a connue au Mali. Comme au Mali, les militaires guinéens qui ont pris le pouvoir le 5 septembre ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution. AFP
Plus d’une semaine après sa nomination, Najla Bouden, première Tunisienne à devenir chef de gouvernement, a dévoilé lundi 11 octobre la composition de son équipe. L’empreinte du président Kaïs Saïed est bien présente, observe la presse tunisienne. La première femme chef de gouvernement en Tunisie et dans le monde arabe, Najla Bouden, a annoncé la composition de son gouvernement ce 11 octobre, depuis le palais de la présidence, à Carthage. Le pays était sans gouvernement depuis le 25 juillet dernier, le président Saïed s’étant alors arrogé les pleins pouvoirs, gouvernant par décrets. La touche présidentielle est bien visible dans ce nouveau gouvernement. Taoufik Charfeddine, l’un des rares hommes de confiance de Kaïs Saïed, a notamment été confirmé à la tête du ministère de l’Intérieur. Et un autre proche du cercle présidentiel, Othman Jerandi, a été nommé ministre des Affaires étrangères. Courrier international
Lundi 11 octobre, le président du Conseil souverain, le général Abdel Fattah al-Burhan a exigé la dissolution du gouvernement. En théorie, il n’en a pas le pouvoir, c’est au Premier ministre Abdalla Hamdok que revient une telle décision. Mais cette déclaration met de l’huile sur le feu alors que le ton monte encore un peu plus chaque jour entre civils et militaires qui se partagent le pouvoir. Trois semaines après la tentative déjouée de coup d’État fomentée, selon les autorités, par des soutiens du régime d’Omar el-Béchir, le processus de transition soudanais est plongé dans une crise politique sans précédent. Depuis le 21 septembre dernier et la tentative de putsch manqué, les militaires au pouvoir multiplient les attaques contre le gouvernement civil. S’adressant lundi à une foule de soldats, le général al-Burhan a estimé que l’armée est la seule force crédible à même de protéger la transition soudanaise. De leur côté, les civils considèrent que l’armée cherche à saboter toutes tentatives de réforme. Ils appellent à une refonte intégrale des forces de sécurité et accuse les généraux de ne pas respecter le document constitutionnel signé en août 2019. … « La transition soudanaise pourrait bien dérailler ». Ce sont les mots inquiets de Volker Perthes, le représentant de l’UNITAMS, la mission de l’ONU pour la transition au Soudan. Le médiateur des Nations unies estime que les semaines qui viennent vont être déterminantes. RFI
L’armée et la police ont été déployés dans les écoles d’Eswatini où les élèves manifestent depuis plusieurs semaines pour réclamer des réformes politiques, ont indiqué, lundi 11 octobre, des groupes prodémocratie. Les écoliers et lycéens d’Eswatini, anciennement appelé Swaziland et dernière monarchie absolue d’Afrique, boycottent leurs cours et manifestent dans le calme depuis un mois. Ils demandent principalement la libération de deux manifestants prodémocratie arrêtés plus tôt cette année, ainsi que de meilleures conditions d’études et l’éducation gratuite. L’armée a été « déployée dans les écoles pour les intimider, mais ça n’a pas dissuadé les élèves », a indiqué à l’AFP Lucky Lukhele, porte-parole du réseau associatif prodémocratie Swaziland Solidarity Network. « Mais aujourd’hui, ça a été renforcé », a-t-il ajouté, assurant que dix-sept élèves, dont l’un âgé de 7 ans, avaient été arrêtés lundi lors de manifestations. … Au moins 27 personnes ont été tuées lors de heurts entre la police et des manifestants lors de ces protestations parmi les plus violentes de l’histoire de ce pays d’Afrique australe. Le Monde avec AFP
Cela faisait trente-quatre ans que l’on attendait ce jour au Burkina Faso. Après des décennies de bataille judiciaire, le procès de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara et de ses douze compagnons s’est ouvert lundi 11 octobre dans la capitale burkinabée. « Enfin… », souffle Paul Sankara, l’un des frères du chef d’Etat assassiné le 15 octobre 1987 par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR), à Ouagadougou. En plus de la famille et de Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara qui a fait le déplacement depuis Montpellier où elle réside, plusieurs centaines de journalistes, de militants de la société civile, d’admirateurs et de curieux, sont présents dans la salle des banquets de Ouaga 2000, où a été délocalisé le tribunal militaire. Sur le banc des accusés siègent douze prévenus, dont Gilbert Diendéré, 61 ans, l’un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987, qui purge déjà une peine de vingt ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015. Tous sont accusés de « complicité d’assassinats », « recel de cadavres » et « d’attentat à la sûreté de l’Etat ». Le Monde
La religieuse colombienne sœur Gloria Cécilia Narvaez a été libérée samedi 9 octobre après quatre années et huit mois de captivité. Mais les jihadistes détiennent encore plusieurs otages, dont au moins une dizaine de Maliens. Sœur Gloria Narvaez était détenue par les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim), dirigé par Iyad Ag Ghali. Sa libération a été obtenue au terme de négociations menées par les autorités maliennes de transition et par l’association chrétienne Sant’Egidio, à la demande du Vatican. Une libération qui ne doit pas faire oublier les autres otages toujours aux mains du Jnim, parmi lesquels le journaliste français Olivier Dubois, détenu depuis plus de six mois, parmi lesquels également au moins une dizaine de Maliens –tous les cas ne sont pas publics-, dont beaucoup de représentants de l’État, enlevés précisément pour cette raison. RFI
Selon diverses sources locales contactées par RFI, l’armée malienne aurait procédé à des arrestations arbitraires et à des exécutions extra-judiciaires dans la localité de Sofara, cercle de Djenné, dans la région de Mopti. L’armée malienne dément, tandis que des vidéos au contenu particulièrement violent circulent sur les réseaux sociaux. Sur une vidéo, un homme présenté comme un imam subit l’interrogatoire d’un soldat malien qui lui tord les membres, pour le forcer à reconnaître son appartenance à un groupe terroriste. Sur une autre, des cadavres présentant d’atroces marques de sévices sont découverts dans des broussailles. Selon différentes sources locales et concordantes contactées par RFI, et requérant l’anonymat, l’armée malienne aurait interpellé près d’une centaine de personnes, majoritairement peules, à partir du 3 septembre dernier et pendant environ une semaine, notamment le jour de la foire hebdomadaire de Sofara. Une dizaine aurait été relâchée. Pour les autres, les craintes les plus vives sont exprimées : au moins trois corps ont déjà été retrouvés, dont un formellement identifié, à proximité du camp militaire de Sofara. Mais les sources interrogées évoquent en fait plusieurs dizaines de cadavres, retrouvés par des agriculteurs. Selon certaines sources, ce sont des soldats maliens eux-mêmes qui auraient indiqué les emplacements. RFI
Après avoir eu des difficultés à suivre les concertations nationales ouvertes uniquement à la RTG, la radio-télévision d’État, après une cérémonie d’investiture du président de la transition, également fermée à des médias privés, plusieurs chaînes se sont vues empêchées de couvrir l’investiture du Premier ministre vendredi dernier et ont saisi le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée dont Sékou Jamal Pendessa est le secrétaire général. RFI
Les Nations unies et le gouvernement somalien ont jusqu’au 31 décembre pour accepter les propositions de l’Union africaine. L’organisation continentale suggère d’étendre et de prolonger les opérations militaires de l’Amisom. Actuellement composée d’environ 20 000 hommes venus de 6 pays africains, cette force devrait recevoir du renfort. En effet, dans cette Amisom nouvelle génération imaginée par l’Union africaine, d’autres pays membres pourraient se greffer aux opérations. Une source à Addis-Abeba glisse que l’Égypte serait intéressée pour envoyer ses troupes. L’Éthiopie, quant à elle confrontée à une guerre civile au Tigré, pourrait retirer des soldats de Somalie. Mais l’Union africaine ne se contente pas d’observer un regain d’activités des Shebabs. Elle pointe aussi du doigt l’impasse politique à Mogadiscio. Le président Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble se livrent un bras de fer depuis plusieurs mois à la tête de l’État. Une lutte intestine qui contribue à la dégradation de la situation sécuritaire assure l’Union Africaine. RFI
L’Afrique du Sud, qui milite pour un accès équitable aux vaccins anti-Covid, s’est lancée dans la conception d’un premier vaccin africain à ARN messager (ARNm), pour mettre fin à la dépendance du continent vis-à-vis des pays riches. La technologie innovante de l’ARNm consiste à injecter dans l’organisme des brins d’instructions génétiques qui dictent aux cellules du patient ce qu’il faut fabriquer pour lutter contre la maladie. Le procédé est utilisé par les laboratoires américains Moderna et Pfizer-BioNTech pour leurs vaccins anti-Covid. Soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’entreprise sud-africaine de biotechnologie Afrigen, basée au Cap, mène un projet pilote qui fera appel à « l’ingénierie inverse » à partir d’un vaccin déjà existant, pour reconstituer une formule proche du vaccin à ARNm de Moderna. Les premières doses devraient être prêtes pour des essais cliniques d’ici un an, selon la directrice d’Afrigen, Petro Terreblanche. Des négociations sont en cours pour obtenir un contrat de licence avec le géant pharmaceutique américain pour la production. AFP
Après avoir connu sa première récession depuis plus de 25 ans, consécutive au Covid-19, l’Afrique subsaharienne renoue avec la croissance. Ce rebond tient, selon la dernière édition du rapport Africa’s Pulse, édité par la Banque mondiale, au prix élevé des matières premières, à l’assouplissement des mesures mises en place pour lutter contre la pandémie et la reprise du commerce international. Fort de ce constat, les analystes ont revu à la hausse leurs prévisions. Et tablent désormais sur une croissance de 3,3 % pour 2021. Un rythme de reprise plus faible que celui des économies de marché avancées et émergentes. Plusieurs explications à cet état de fait. En effet, les auteurs estiment que la relance reste fragile, en raison du faible taux de vaccination sur le continent, des préjudices économiques prolongés et du manque de dynamisme de la reprise. « Un accès aisé et équitable à des vaccins anti-Covid-19 sûrs et efficaces est essentiel pour sauver des vies et renforcer la relance économique en Afrique », explique l’économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale, Albert Zeufack. Le Point