En RD Congo, grâce à sa prise de territoires riches et fertiles, le M23 finance sa guerre
[D]ans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) le M23 s’est emparé de vastes territoires riches et fertiles, dont il a commencé à tirer profit pour financer son effort de guerre. Depuis 2021, le M23, mouvement politico-militaire soutenu par le Rwanda, a repris les armes contre le gouvernement de Kinshasa, gagnant du terrain dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, deux provinces frontalières du Rwanda, dont il s’est emparé depuis fin janvier des deux chefs-lieux, Goma et Bukavu. Dans les zones passées sous son contrôle, le groupe armé a installé sa propre administration et collecte des taxes…Le joyau de la couronne est la mine de Rubaya, dans le Nord-Kivu, la plus grande mine de coltan de RDC, sous contrôle du M23 depuis avril 2024…Les experts de l’ONU estiment que les gisements de Rubaya rapportent environ 800 000 dollars par mois au M23, grâce à une taxe de sept dollars par kilo, prélevée sur la production et le commerce du coltan. Ces sommes ne représentent qu’une fraction des revenus issus de la taxation du commerce par le mouvement…Avec la prise récentes de Goma et Bukavu, le groupe armé contrôle tous les axes commerciaux menant à la frontière rwandaise. Selon des opérateurs économiques et des sources sécuritaires, le M23 perçoit des taxes de plusieurs milliers de dollars par camion aux postes-frontières de Goma. TV5 Monde avec AFP
RDC : une dizaine de chefs coutumiers tués à la suite de la guerre en une année
Une dizaine de chefs coutumiers ont été tués à cause de la guerre menée par le M23/AFC, soutenu par la force rwandaise, dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Walikale (Nord-Kivu) entre 2024 et 2025. Selon des sources locales, trois autorités traditionnelles ont péri durant cette période dans les groupements de Jomba, Busanza et Bwito, situés dans le territoire de Rutshuru. Les chefs coutumiers qui n’ont pas pu fuir l’avancée des rebelles ont été remplacés et contraints de participer à des formations pour cadres politiques avant d’être affectés à d’autres fonctions, déplorent les acteurs locaux. À cela s’ajoutent les entités contrôlées par le Wazalendo, notamment dans le Masisi, secteur d’Osso Banyungu, Katoy et Bashali, où les chefs coutumiers sont chassés et leurs biens confisqués. Cette situation inquiète profondément la population, qui craint des risques accrus de conflits communautaires. Les rebelles installent des chefs coutumiers de leur obédience pour remplacer ceux issus du pouvoir coutumier traditionnel. Radio Okapi
Comment la Russie veut imposer Africa Corps à Touadéra
Ce 1er mars, Iounous-Bek Evkourov, vice-ministre russe de la Défense, a une nouvelle fois fait le voyage à Bangui pour rencontrer le président Faustin-Archange Touadéra…Depuis plusieurs mois, Evkourov plaide en effet auprès de son interlocuteur pour l’implantation définitive en Centrafrique d’Africa Corps et pour le remplacement par celui-ci de l’historique groupe Wagner. Ce dernier contrôle en effet toujours les activités russes dans le bois et l’or notamment, et c’est aussi à l’heure actuelle l’un de ses cadres, Dmitri Sytyi, qui tient les rênes de la relation avec Touadéra…À Bangui, l’armée russe et son service de renseignement (le GRU), qui contrôlent Africa Corps, s’appuient sur Denis Pavlov, officiellement attaché de renseignement à l’ambassade de Russie, et sur Vladimir Ilin, consul russe en Centrafrique. Ceux-ci sont chargés – comme peu à peu au Mali, autre pays d’accueil des Russes en Afrique – de permettre à Africa Corps de remplacer Wagner en matière de coopération politique et militaire avec Bangui…Mais Faustin-Archange Touadéra est jusqu’ici réticent à accepter la disparition de Wagner et la prise de contrôle d’Africa Corps sur le dispositif existant. Le chef de l’État a plusieurs fois plaidé pour le maintien de ses hommes de confiance, et notamment de Dmitri Sytyi. Le président centrafricain entend obtenir des assurances russes au sujet de sa sécurité rapprochée, assurée par Wagner depuis des années. Les ex-lieutenants d’Evgueni Prigojine sont particulièrement bien implantés dans les tissus économique et communautaire centrafricains. Jeune Afrique
Libye: le rapprochement se poursuit entre Benghazi et Minsk
Une délégation biélorusse de haut niveau dirigée par le vice-premier ministre Viktor Karankevich et composée de six ministres a achevé, lundi 10 mars, une visite de deux jours à Benghazi dans l’est libyen sous contrôle du maréchal Khalifa Haftar. Six accords-cadres ont été signés avec le gouvernement d’Oussama Hamad…La présence cependant du chef de service des renseignements biélorusse à Benghazi, en compagnie de la délégation politique, et économique de son pays, laisse supposer qu’une partie plus discrète de la visite touchait à des questions sécuritaires et militaires, remarquent des observateurs. Cette visite biélorusse en Libye intervient moins de vingt jours après le déplacement du maréchal Haftar à Minsk et sa rencontre avec le président Loukachenko. Ce dernier avait affirmé qu’il allait l’aider et des accords militaires auraient été signés pour former des cadres de l’armée nationale libyenne (ANL) à Minsk…Des analystes libyens pensent que le rapprochement entre Benghazi et Minsk est initié et encouragé par Moscou qui cherche à accroître sa présence et son influence militaire et économique en Afrique à travers la Libye. Selon eux, Minsk ne serait qu’une façade pour Moscou dans son intervention dans la région. RFI
Au Mozambique, le principal opposant placé sous contrôle judiciaire
Le principal opposant du Mozambique, Venancio Mondlane, a annoncé mardi 11 mars avoir été placé sous contrôle judiciaire « sans savoir de quel crime » il est « accusé », à la sortie d’une audition de près de dix heures par le parquet dans la capitale, Maputo…L’ancien candidat à la présidentielle, remportée par le candidat du parti historique au pouvoir selon la plus haute cour du pays, a ajouté être astreint à un contrôle judiciaire…Mardi, les procureurs « ont posé beaucoup de questions », essentiellement « concernant les manifestations » et « l’incitation à la violence, les dommages causés à l’économie » et « toutes sortes de perturbations qui auraient été créées » dans ce cadre, a énuméré « Venancio » comme l’appellent simplement ses partisans. Ces derniers, qui s’étaient réunis sur l’avenue Vladimir-Lénine où siège du bureau du procureur, ont été dispersés au cours de la journée par des gaz lacrymogènes…Plus de 320 personnes ont perdu la vie dans ces violences post-électorales qui ont secoué le pays d’Afrique australe, dont une majorité victime de blessures par balles, selon l’ONG locale Plataforma Decide. Un défilé de partisans de Venancio Mondlane avait été dispersé à balles réelles la semaine dernière. Le Monde avec AFP
Au Mali, un proche de Mahmoud Dicko, célèbre imam critique de la junte, libéré
Enlevé début février, un proche d’un célèbre imam critique de la junte au pouvoir au Mali a été libéré mardi 11 mars, a-t-on appris auprès de lui, d’un de ses proches et de son organisation. Daouda Magassa est un proche de l’influent imam Mahmoud Dicko, figure tutélaire d’un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d’Etat militaire en 2020. Il avait été enlevé le 5 février par des « hommes armés non identifiés », selon ses proches…Son enlèvement est survenu dans un contexte marqué par l’annonce du retour au Mali, le 14 février, de l’imam Dicko, installé en Algérie depuis décembre 2023. Celui-ci avait finalement été reporté sous la menace de la junte dirigée par le général Assimi Goïta après un double coup d’Etat en 2020 et 2021…Depuis leur arrivée au pouvoir, les militaires s’emploient à réduire au silence toutes les voix critiques par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, des dissolutions d’organisations, des restrictions à la liberté de la presse. Le Mondeavec AFP
Présidentielle au Gabon: un candidat réclame un « procès » pour les Bongo détenus
L’ex-Premier ministre gabonais et candidat à la présidentielle Alain-Claude Bilie-By-Nze a réclamé lundi un « procès » pour la femme et le fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, arrêtés après le coup d’Etat du 30 août 2023. Pour « les compatriotes détenus depuis le 30 août 2023 (…) il faut qu’un procès se tienne avec les garanties accordées à chaque citoyen » a déclaré à la presse l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo. Joint par l’AFP par téléphone, il a précisé évoquer, entre autres, Sylvia Bongo, 62 ans accusée de « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux », et son fils Nourredin, 33 ans, accusé de « corruption » et « détournements de fonds publics », tous deux incarcérés à la prison de Libreville depuis 18 mois sans jugement..Les avocats des Bongo ont affirmé début janvier avoir « reconnu » des marques de torture sur le corps du fils de l’ex-président Ali Bongo, dont l’épouse a selon eux subi des « tortures psychologiques », ce que nie la justice gabonaise. AFP
Guinée: des responsables civils et militaires sanctionnés suite à la bousculade du stade de Nzérékoré?
Lundi 10 mars, dans la soirée, le gouvernement a annoncé le limogeage et la mutation de trois responsables civil et militaires de la région. Cette décision est intervenue quelques heures seulement après le dépôt d’une plainte par les familles des victimes. Les autorités de transition ne font pas le lien avec la tragédie pour justifier le départ de ses responsables locaux, mais pour les avocats des familles, cela ne fait aucun doute…Ces décisions coïncident avec le dépôt de la plainte de 98 familles de victimes qui accusent les hiérarchies militaires et civiles locales d’une quinzaine d’infractions, dont « meurtre, homicide involontaire et recel de cadavres »…Pour rappel, le 1er décembre 2024, le stade archi-saturé de Nzérékoré a été le théâtre d’un violent mouvement de foule après des tirs de gaz lacrymogènes lors d’un match de foot organisé en soutien au général Mamadi Doumbouya. Le nombre de victimes s’élève à 56 morts selon le bilan officiel, bien plus du double, au moins 140, selon les enquêtes des ONG locales. RFI
À Dakar, le Parlement autorise le président à ratifier une convention judiciaire entre Sénégal et Maroc
Au Sénégal, l’Assemblée nationale a adopté – à l’unanimité – une loi autorisant le président de la République à ratifier une convention entre le Sénégal et le Maroc qui doit servir à porter assistance aux détenus, notamment des migrants et autoriser le transfèrement mutuel de condamnées entre les deux pays. Alors que le gouvernement a récemment annoncé que l’ancien président Macky Sall, qui vit au Maroc depuis qu’il a quitté le pouvoir « ferait face à la justice », cette convention a, un temps, porté à croire qu’elle pourrait servir dans le cadre d’éventuelles poursuites à son encontre…Comme le stipule les 24 articles qui composent cette convention, le texte sert à encadrer le transfert et l’assistance consulaire aux détenus. RFI
Au Bénin, Steve Amoussou nie avoir animé un compte critique du pouvoir sur les réseaux sociaux
Il avait été enlevé au Togo en août dernier de manière illégale, avant d’être emprisonné au Bénin. Ce 10 mars, le militant béninois Steve Amoussou a comparu devant la justice lors d’une brève audience. Le temps pour lui de nier être l’homme derrière un compte sur les réseaux sociaux critique des autorités et du président Patrice Talon. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) l’accuse d’être derrière le compte « Frère Hounvi », un célèbre chroniqueur anonyme qui publiait des tribunes audio particulièrement virales à ses 75 000 abonnés, pour critiquer le régime en place…Ces dernières années, la Criet a prononcé de lourdes peines contre des femmes et des hommes politiques critiques du pouvoir de Patrice Talon. Jeune Afrique avec AFP
Algérie : sans nouvelles de Boualem Sansal depuis quinze jours, la défense de l’écrivain va saisir l’ONU
Une atmosphère empreinte de gravité, d’inquiétude et de détermination régnait, mardi 11 mars, dans les locaux parisiens de Gallimard, l’éditeur historique de Boualem Sansal. Pour la deuxième fois depuis l’interpellation de l’écrivain, mi-novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, la maison d’édition tenait une conférence de presse sur le sort de l’auteur franco-algérien, dont les proches disent n’avoir plus aucune nouvelle depuis une quinzaine de jours…Antoine Gallimard a d’abord évoqué l’incertitude dans laquelle se trouvent les soutiens de l’écrivain, accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat (en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien) pour ses propos sur l’appartenance de l’Ouest algérien au Maroc, qui pourraient lui valoir une peine de prison à perpétuité…Les soutiens de l’auteur envisagent d’engager par la suite des procédures analogues auprès d’autres grandes institutions multilatérales, dont l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Le Monde