Revue de presse du 12 mars 2024

Guinée: les militaires devraient rester au pouvoir jusqu’en 2025, selon le Premier ministre
Le nouveau Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah a reconnu que les militaires qui ont pris le pouvoir par la force devraient le garder au moins jusqu’en 2025 et manquer à leur engagement de partir d’ici à fin 2024. Amadou Oury Bah, nommé par les militaires à son poste fin février, a invoqué dans un entretien avec la radio française RFI diffusé mardi la crise économique à laquelle le pays est en proie, la nécessité d’apaiser les tensions politiques et sociales actuelles et la volonté de mener un référendum constitutionnel d’ici à la fin de l’année… Le Premier ministre a reconnu « quelques retards » dans la mise en oeuvre du calendrier. Les autorités doivent encore mener à bien le recensement et l’établissement d’un fichier électoral, a-t-il dit. « D’ici la fin de l’année, il faut nécessairement que le référendum constitutionnel puisse être tenu; à partir de ce moment les autres processus électoraux vont être déclinés », a-t-il dit. Il a contesté que les militaires conduits par le général Mamadi Doumbouya, qui s’est fait investir président, s’accrochent au pouvoir. « Le leadership à la tête de la Guinée veut que la Guinée redevienne un pays normal », a-t-il dit. La Guinée est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest où les militaires se sont emparés du pouvoir par la force depuis 2020. Au Mali aussi, la junte a failli à son engagement auprès de la Cedeao à quitter la tête du pays début 2024. VOA/AFP

En Tunisie, le président, Kaïs Saïed, seul en scène pour sa réélection
En Tunisie, à quelques mois de la fin de mandat du président, Kaïs Saïed, le 23 octobre, l’enjeu est de taille entre une opposition qui doit faire face à une répression politique grandissante et un régime autoritaire en perte de vitesse. Prévue « entre septembre et octobre », selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), la date du scrutin n’a toujours pas été fixée et la liste des candidats potentiels sera tributaire du régime. Depuis le « coup de force » du chef de l’Etat, le 25 juillet 2021, par lequel il s’est arrogé les pleins pouvoirs en suspendant le Parlement, de nombreux opposants politiques ont été emprisonnés. Première formation d’opposition au Parlement avant la suspension, puis la dissolution de l’institution, le parti islamo-conservateur Ennahda a été fortement affaibli par l’interdiction de ses activités et l’arrestation de plusieurs de ses cadres, dont son leader historique, Rached Ghannouchi, accusé, entre autres, de « complot contre la sûreté de l’Etat ». Fragilisé, le parti ne prévoit pas de présenter de candidat à l’élection présidentielle. Le Monde

Nord-Kivu : la situation sécuritaire reste instable dans les territoires de Rutshuru et de Masisi
La situation sécuritaire et humanitaire est restée préoccupante ce mardi 12 mars dans les groupements Bashali Mokoto, en territoire de Masisi, et groupement Mutanda dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), des entités nouvellement conquises par la rébellion du M23. Un calme précaire a été également observé dans les zones de Rwindi et Vitshumbi, dans le territoire de Rutshuru mais aussi sur l’axe Mweso-Kashuga, à Masisi. Selon des sources locales, des combattants des groupes armés locaux ont stoppé dimanche 10 mars l’avancée des rebelles du M23 sur cet axe qui mène vers Pinga dans le territoire de Walikale. De violents combats les ont opposés lundi entre 10 heures et 16 heures locales, dans les localités Kirumbu et Shange, nord-ouest de Kitshanga-Mwesso. La présence des FARDC est signalée sur le même axe non loin de la localité de Kalembe. Le M23 avait occupé cette localité de samedi à dimanche matin avant de se replier vers Kashunga le même dimanche autour de 15heures locales. Radio Okapi

RDC: neuf sociétés d’un groupe minier russe radiées du marché de la sous-traitance
En République démocratique du Congo (RDC), les autorités sont en guerre contre les sociétés qui ne respectent pas la loi sur la sous-traitance. Comme l’a annoncé, lundi 11 mars, l’Autorité de régulation de la sous-traitance : le groupe russe Kazakh Erg, qui exploite des mines de cuivre, a été épinglé. Plusieurs de ses contrats ont été repris par des sociétés congolaises. En RDC, ce texte de loi sur la sous-traitance n’admet que des sociétés à capitaux majoritairement congolais, mais bon nombre échappent à ce texte par des mécanismes de fraude. C’est notamment le cas du groupe russe Kazakh ERG, qui exploite quatre mines de cuivre et cobalt dans le sud-est congolais. Ses neuf sociétés déguisées en sous-traitance ont été démasquées par les autorités congolaises, qui ont décidé de les radier du marché de la sous-traitance. Leurs contrats seront repris par des sociétés contrôlées par des firmes congolaises. C’est ce qu’a déclaré Miguel Katemb Kashal, le directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance (ARSP), lors d’une conférence de presse à Kinshasa, lundi 11 mars. RFI

Le président rwandais ouvre la voie à une rencontre avec son homologue congolais pour discuter de la situation dans l’est de la RDC
Le président rwandais a ouvert la voie lundi à une rencontre avec son homologue congolais pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), selon le ministre des Affaires étrangères angolais à l’issue d’un sommet à Luanda. Cette décision a été prise à l’issue d’une rencontre bilatérale entre M. Kagame et le président angolais Joao Lourenço, médiateur de l’Union africaine (UA). « Les chefs d’État se sont mis d’accord sur les mesures clés à prendre pour s’attaquer aux causes profondes du conflit », a seulement indiqué de son côté la présidence rwandaise sur son compte X. Les présidents rwandais et congolais se sont rencontrés pour la dernière fois dans la capitale éthiopienne Addis Abeba le 16 février, en marge d’un sommet des dirigeants de l’UA, lors d’un « mini-sommet » chapeauté par M. Lourenço. Selon deux sources diplomatiques à Addis Abbeba, la rencontre était très tendue et s’est finie par un « échange d’insultes ». Fin février, la présidence de la RDC avait indiqué sur son compte X, que « le président Félix Tshisekedi aurait donné son accord de principe pour rencontrer son homologue du Rwanda ». La présidence congolaise rappelait également que « Tshisekedi exige le retrait du territoire congolais des troupes du RDF (armée rwandaise), la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 avant la rencontre ». RTBF

Bénin: les recours contre le nouveau code électoral se multiplient
Le code électoral, modifié il y a une semaine au Bénin par les députés de la majorité au pouvoir, suscite beaucoup de critiques. Après les dénonciations qui qualifient le code de « texte d’exclusion », trois recours sont devant les sages de la cour : deux du parti d’opposition, Les Démocrates, et un déposé par un groupe de juristes… Un collectif de cinq juristes a d’abord déposé le premier recours. Landry Angelo Adélakou appartient à ce groupe, il explique que la disposition sur les parrainages viole la loi fondamentale. Pour cela, il se réfère à un arrêt précédemment rendu par la même Cour constitutionnelle. « L’acte de parrainage est un engagement unilatéral à soutenir un candidat à l’élection du président de la République, et les élus ont la liberté d’accorder le parrainage aux candidats de leur choix », cite-t-il. Lundi 11 mars, le parti Les Démocrates a déposé deux autres recours. Première anomalie relevée par Guy Mitokpè, en charge de la communication du parti : les députés de la majorité ont fait ce que la Cour ne leur a pas demandé. « La Cour avait demandé à l’Assemblée nationale de rétablir l’égalité de pouvoir de parrainer. Sauf que la majorité, en allant au-delà de cette disposition, viole l’autorité de la chose jugée. Autre raison, il est question désormais de la coalition de gouvernance, et pour nous c’est une violation de la Constitution qui interdit les alliances politiques », rapporte Guy Mitokpè. RFI

Nigeria : Médecins Sans Frontières tire la sonnette d’alarme sur la crise humanitaire dans le nord-ouest du pays
L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un cri d’alerte lundi concernant les « niveaux catastrophiques de malnutrition » observés dans le nord-ouest du Nigeria, où une crise humanitaire s’aggrave. MSF rapporte que ses équipes ont pris en charge 171 465 enfants souffrant de malnutrition l’année dernière dans les cinq États du nord-ouest du Nigeria, et ont hospitalisé 32 104 enfants pour malnutrition sévère, mettant leur vie en danger. Ces chiffres représentent une augmentation de 14% par rapport à l’année précédente. L’organisation souligne que cette crise a également déclenché des épidémies de maladies évitables, et elle regrette que cette situation soit « largement ignorée par les donateurs et les organisations d’aide ». De nombreux enfants arrivent « trop tard pour être sauvés en raison des obstacles à l’accès aux soins », déplore MSF. L’organisation appelle l’ONU et les donateurs à se mobiliser face à cette crise et exhorte les organisations humanitaires ainsi que le gouvernement nigérian à agir de manière urgente dans la région. Sahel-Intelligence

Tchad : L’ONU a lancé un appel pour l’aide de 4,6 millions de personnes
L’Organisation des Nations unies (ONU), en collaboration avec ses partenaires et le gouvernement du Tchad, a lancé lundi un plan humanitaire nécessitant 1,1 milliard de dollars pour assister 4,6 millions de personnes dans le pays au cours de l’année en cours. Ce plan met l’accent sur la sécurité alimentaire et la nutrition, alors que le Tchad se prépare à affronter ce qui pourrait être sa pire période de soudure depuis plus de dix ans, selon les informations fournies par le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). OCHA a souligné que le gouvernement tchadien avait déclaré l’état d’urgence il y a quelques semaines en raison de la situation alarmante de sécurité alimentaire et de malnutrition dans le pays. En outre, ce plan vise à offrir des services de santé et un soutien aux réfugiés et aux communautés d’accueil. Depuis le début du conflit dans le Soudan voisin l’année dernière, le Tchad a accueilli plus d’un demi-million de réfugiés. Sahel-Intelligence

Éthiopie : le gouvernement et les autorités du Tigré en pourparlers
Des représentants du gouvernement fédéral éthiopien et des autorités régionales du Tigré ont entamé des pourparlers à Addis-Abeba afin de mettre fin aux retards dans la mise en œuvre de l’accord de paix de Pretoria. L’accord, négocié entre les deux parties et signé en Afrique du Sud en novembre 2022, visait à apporter la stabilité à la région après le conflit entre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et le gouvernement fédéral qui avait éclaté en novembre 2020. Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’accord ont provoqué des tensions, ce qui a incité l’Union africaine à jouer le rôle de médiateur dans les discussions pour trouver une solution. L’accord de Pretoria aborde des questions telles que le partage du pouvoir, l’autonomie régionale et le contrôle des ressources, dans le but de résoudre les causes profondes du conflit à travers diverses négociations. AfricaNews/AP

Washington va sanctionner un réseau de financement des shebab de Somalie
Le gouvernement américain a annoncé des sanctions contre 16 personnes et organisations commerciales accusées d’appartenir à « un vaste réseau » de financement et blanchissement d’argent pour les islamistes radicaux somaliens shebab. Le groupe affilié à Al-Qaïda et classé organisation terroriste par Washington mène depuis 2007 une sanglante insurrection pour tenter de renverser le gouvernement somalien soutenu par la communauté internationale et instaurer la loi islamique. Implanté dans la Corne de l’Afrique et au Moyen-Orient, « le réseau d’individus et d’entités désignés aujourd’hui a été impliqué dans la collecte et le blanchiment de millions de dollars par l’intermédiaire de plusieurs entreprises, sous la direction et dans l’intérêt des shebab », affirme le Trésor américain dans un communiqué lundi. Outre « des hommes d’affaires influents dans la région », ces sanctions visent une société nommée Haleel Commodities LLC basée à Dubaï et disposant de filiales au Kenya, en Somalie, en Ouganda et à Chypre, une compagnie basée aux Émirats arabes unis baptisée Qemat Al Najah General Trading qui « servait d’importants nœuds de blanchiment d’argent » et une compagnie de bus kényane ayant un rôle financier et « logistique » pour l’organisation islamiste. VOA/AFP

L’UA exprime sa « profonde inquiétude » face aux risques sécuritaires qui pèsent sur l’Afrique
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a émis cette déclaration suite à sa réunion récente sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), soulignant les défis sécuritaires qui entravent le développement socio-économique du continent. Plusieurs régions de l’Afrique sont touchées par des conflits qui affectent le développement socio-économique du continent, suscitant une profonde inquiétude du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS)… Il a également souligné la nécessité de concrétiser l’engagement pris récemment par les dirigeants africains d’atteindre l’objectif d’un continent sans conflit, de faire de la paix une réalité pour tous les citoyens africains et de ne pas léguer le fardeau des conflits aux générations futures… Faki a fait remarquer que les situations de conflit récurrentes, les changements anticonstitutionnels de gouvernement et l’instabilité politique et institutionnelle étaient des facteurs qui compromettaient la stabilité, la paix et le développement du continent. APA

Après le coup d’État de 2023, la Communauté des États d’Afrique centrale réintègre le Gabon
La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a annoncé qu’elle réintégrait le Gabon, suspendu au lendemain du coup d’État de l’armée qui avait renversé le 30 août 2023 le président Ali Bongo Ondimba, dans un communiqué dimanche. Une junte dirigée par le général Brice Oligui Nguema, proclamé ensuite président de transition par la totalité des chefs de corps de l’armée et de la police. Sans verser une goutte de sang, il avait proclamé «la fin du régime» d’Ali Bongo, une heure après l’annonce de sa réélection qualifiée de frauduleuse par les putschistes. Les militaires accusaient également les proches du chef de l’État déchu de «corruption massive» et d’une gouvernance catastrophique. Ils étaient alors acclamés dans tout le pays par des Gabonais très majoritairement heureux qu’ils aient mis fin à 55 ans de règne de la famille Bongo dans ce petit État d’Afrique centrale riche de son pétrole notamment. Mais l’Union africaine (UA) et la CEEAC avaient dès le lendemain condamné le coup d’État et suspendu le Gabon de leurs institutions jusqu’à un «retour à l’ordre constitutionnel»… Cette réintégration a été décidée compte tenu «des avancées significatives dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel marquées par l’adhésion du peuple et la mise en place d’un chronogramme pour une transition de 24 mois», selon le communiqué. Le Figaro/AFP

Guinée-Bissau: deux ex-ministres poursuivis pour détournement de fonds publics
En Guinée-Bissau, s’est ouvert, lundi 11 mars, le procès de deux anciens membres du gouvernement, respectivement responsables des finances publiques et du Trésor. Ils sont accusés d’avoir sorti plus de neuf millions d’euros des caisses de l’État, en dehors de toute procédure. Mais à peine ouvert, le procès a dû être reporté tant l’audience était houleuse. Dès l’ouverture de l’audience à la Cour d’appel de Bissau, lundi 11 mars, les avocats de Souleiman Seidi et Antonio Monteiro, respectivement ex-ministre de l’Économie et des Finances ; et ex-secrétaire d’État au Trésor public, ont considéré que la procédure était inconstitutionnelle. Car c’est le Bureau de lutte contre la corruption et les délits économiques qui a mené les enquêtes et les auditions des deux accusés. Or, leurs avocats estiment que ce Bureau n’est pas légitime dans ce dossier puisqu’il a été créé à la suite d’un arrêté du procureur général, et non par une loi après un vote au Parlement… Pour rappel, les anciens ministre et secrétaire d’État avaient été arrêtés fin novembre, après avoir prélevé plus de neufs millions d’euros dans les caisses publiques, « pour soutenir des acteurs économiques », s’étaient-ils défendus. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, après leur interpellation, des éléments de la Garde nationale avaient tenté de les libérer par la force. Les affrontements avec l’armée et les Forces spéciales avaient fait deux morts, avant que les auteurs de l’évasion ne baissent les armes. Le président Umaro Sissoco Embalo avait présenté ces événements comme « une tentative de coup d’État ». RFI

Afrique du Sud: l’opposition veut des observateurs électoraux américains, le gouvernement stupéfait
Le gouvernement sud-africain a exprimé lundi sa stupéfaction après un courrier du premier parti d’opposition adressé aux États-Unis demandant l’envoi d’observateurs pour « garantir l’intégrité » des élections générales prévues fin mai, qui s’annoncent à risque pour l’ANC au pouvoir. « J’ai trouvé cette lettre stupéfiante », a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor sur la chaîne publique SABC. Un tel courrier est « dévalorisant à l’égard de l’Afrique du Sud », a-t-elle fustigé. La veille, en campagne près de Johannesburg, le président Cyril Ramaphosa avait qualifié la lettre d' »hypocrite », soulignant que des observateurs de l’Union africaine et de l’ONU notamment sont habituellement présents dans le pays lors des scrutins. « Il est clair qu’ils ont quelque chose à cacher, vu leur réponse agressive à une demande standard dans le monde entier », a estimé Emma Louise Powell, chargée de la politique étrangère au sein de l’Alliance démocratique (DA) à l’origine du courrier, contactée par l’AFP. VOA/AFP

Au Sénégal, la succession de crises a mis les âmes à rude épreuve
Anxiété, lassitude, troubles du sommeil… l’enchaînement des crises sanitaire et politique traversé par le Sénégal ces dernières années a éprouvé le moral de nombreux Sénégalais, selon des professionnels de santé qui plaident pour un meilleur accompagnement. Avant même que le pays n’en finisse avec l’épidémie de Covid-19, il a été le théâtre en mars 2021 d’émeutes et de pillages déclenchés par la mise en cause judiciaire d’Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall. Le Sénégal a connu depuis plusieurs épisodes de contestation meurtrière et ces dernières semaines une crise politique aiguë née de l’ajournement du scrutin présidentiel. Les troubles se sont traduits par plusieurs dizaines de morts, des milliers de blessés et des centaines d’arrestations. “A peine on est sortis du Covid que nous sommes tombés dans cette situation-là de chaos et de grande confusion. On est sortis d’un traumatisme, dont on n’a même pas guéri, pour retomber dans un autre traumatisme”, explique à l’AFP le psychologue Serigne Mor Mbaye. “Dès cet instant, on perçoit énormément de troubles du comportement, des troubles du sommeil, des situations anxiogènes (…)” Pour Dieynaba Ndiaye, enseignante chercheure en psychologie sociale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, « il y a le traumatisme de l’arrestation pour beaucoup de ces gens qui n’ont jamais eu de problèmes avec la loi »… Dieynaba Ndiaye préconise aussi un accompagnement de ces personnes mais pointe l’insuffisance criante de psychologues dans le pays: le département de psychologie de l’université de Dakar, fermé en 1968 par le président Léopold Sédar Senghor, n’a rouvert qu’en 2021. VOA/AFP

Boubacar Boris Diop ou le panafricanisme littéraire
Un portrait de femme inoubliable pour cette journée des droits de la femme, voilà le cadeau que nous fait Boubacar Boris Diop, avec ce nouveau roman Un tombeau pour Kinne Gaajo, qui marque le grand retour en librairie de l’immense écrivain sénégalais (récompensé en 2022 par le prix international de littérature Neustadt après Garcia Marquez, Octavio Paz ou encore Francis Ponge), connu aussi pour son livre rwandais Murambi, le livre des ossements, ses essais engagés, mais aussi pour son combat pour sa langue maternelle, le wolof. Il tente l’aventure avec un premier roman, Doomi Golo, qu’il traduira lui-même en français Les Petits de la guenon (Philippe Rey, 2009), et la renouvelle en autotraduisant ce livre, lui aussi écrit en wolof et qui bruisse des voix sénégalaises. Il raconte le destin sulfureux d’une poétesse, qui est une des victimes d’une catastrophe majeure au Sénégal : le naufrage du Joola. Et c’est son amie d’enfance, devenue journaliste radio célèbre, qui, dépositaire des archives de l’écrivaine, va transcrire (on verra comment) sa vie… Invité au Salon africain du livre de Genève, Boubacar Boris Diop a répondu à nos questions. Entretien. Le Point