Revue de presse du 12 mai 2025

Les 100 premiers jours d’occupation de Goma par l’AFC-M23 marqués par la peur et la précarité extrême
Cent jours après la prise de Goma par la rébellion de l’AFC-M23, soutenue par le Rwanda, la population locale vit toujours dans un climat de peur, d’incertitude et de précarité extrême, selon plusieurs témoignages enregistrés dimanche 11 mai par radio Okapi. La capitale du Nord-Kivu traverse une crise multidimensionnelle : sécuritaire, humanitaire, économique, sociale et politique sans perspective claire de retour à la normale…Les conditions de vie se sont rapidement dégradées, marquées par des pénuries alimentaires et la dégradation des infrastructures scolaires et sanitaires. L’économie locale est paralysée. Les banques et institutions financières sont fermées, rendant l’accès à l’argent liquide extrêmement difficile. Les prix des biens de première nécessité ont fortement augmenté, alors que les chaînes d’approvisionnement sont perturbées. Les rebelles du M23 imposent également des taxes élevées sur les activités économiques, notamment les produits miniers et le commerce. Cette situation aggrave la pauvreté et la vulnérabilité des habitants. Des rapports émanant d’organisations humanitaires et du gouvernement congolais documentent de nombreuses violations graves des droits humains : meurtres, viols, exécutions sommaires, enlèvements et recrutements forcés, notamment parmi les jeunes. Quelques signes de résilience émergent malgré tout. La navigation sur le lac Kivu entre Goma et Bukavu a repris et les écoles ont rouvert dans l’espoir de sauver l’année scolaire. Radio Okapi

En RDC, des inondations ont fait une centaine de morts dans l’est du pays et des dégâts considérables
Au début d’avril, une trentaine de personnes avaient déjà perdu la vie dans des pluies diluviennes à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Cette fois-ci, c’est l’est du pays qui a été gravement touché : des inondations ont fait au moins 104 morts et « d’énormes dégâts matériels » dans le village de Kasaba, a annoncé, samedi 10 mai, à l’Agence France-Presse (AFP), Sammy Kalonji, administrateur du territoire de Fizi, dans lequel se trouve le village sinistré. Les habitants de Kasaba, situé près des rives du lac Tanganyika, dans la province orientale du Sud-Kivu, ont été surpris par les pluies « en plein sommeil » dans la nuit de jeudi à vendredi, a précisé à l’AFP Bernard Akili, le chef du secteur de Nganja, où se trouve la localité. Selon M. Kalonji, les pluies torrentielles ont fait déborder la rivière Kasaba, dont les eaux ont déferlé vers l’aval « en charriant tout sur [leur] passage, grosses pierres, gros arbres et de la boue, avant de raser les habitations au bord du lac ». « Les victimes décédées sont en majorité des enfants et des personnes du troisième âge », a-t-il précisé…En 2023, des inondations avaient déjà causé la mort de 400 personnes dans plusieurs localités situées sur les rives du lac Kivu, dans la province du Sud-Kivu. Le Monde avec AFP

Est de la RDC: l’afflux de réfugiés fuyant les combats au Soudan du Sud «suit une courbe croissante»
En République démocratique du Congo (RDC), la Commission nationale pour les réfugiés (CNR) s’inquiète de l’afflux dans l’est de la RDC de Sud-Soudanais fuyant les affrontements des dernières semaines entre partisans du président du Soudan du Sud Salva Kiir et de son vice-président Riek Machar. « L’aspect sécuritaire inquiète beaucoup, avec la présence d’un si grand nombre de personnes aussi proches de la frontière », souligne Karim Adidi, un responsable de la CNR. Au Soudan du Sud, une résurgence des combats entre partisans du chef de l’État et de son vice-président provoque d’importants déplacements de population : plus de 10 000 Sud-Soudanais ont ainsi franchi la frontière en un mois pour se réfugier dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), selon la commission congolaise des réfugiés (CNR). Ils fuient les affrontements provoqués par l’arrestation du vice-président Riek Machar, dont les bastions subissent des attaques de l’armée régulière. RFI

Au Mali, HRW dénonce la disparition de deux opposants
Secrétaire général du parti d’opposition Convergence pour le développement du Mali (Codem), Abba Alhassane, 68 ans, « a été arrêté [le jeudi 8 mai] à son domicile à Bamako par des hommes armés et masqués se faisant passer pour de gendarmes », selon Human Rights Watch (HRW), qui a interrogé ses collègues. Ils l’ont ensuite « emmené dans une voiture banalisée », poursuit l’organisation dans un communiqué. Le même jour, un responsable du parti Le Changement (Yelema), El Bachir Thiam, « a été emmené par des hommes non identifiés dans les rues de Kati », près de Bamako, rapporte HRW, citant également des membres de son parti et des médias locaux. « Les collègues d’Alhassane et Thiam ont déclaré les avoir recherchés dans les commissariats de police et de gendarmerie de Bamako et de Kati, en vain », affirme l’ONG. Les deux responsables politiques « sont actuellement entendus par les autorités compétentes pour des besoins d’enquête », a affirmé à l’AFP un responsable du ministère de l’Administration territoriale sous couvert d’anonymat car n’étant pas habilité à se prononcer. Leur disparition intervient dans un contexte de vives tensions entre les militaires et les partis politiques qui soupçonnent la junte de vouloir les dissoudre.  Jeune Afrique avec AFP

Burkina Faso: série d’attaques jihadistes, Djibo particulièrement frappée
Au Burkina Faso, les groupes armés terroristes ont mené plusieurs attaques ce 11 mai. Des combattants du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda, ont lancé une offensive contre le camp militaire de Djibo dans la région du Sahel. Plusieurs localités dont Sollé dans le nord, Sabcé au Centre-Nord ou Yondé dans le Centre-Est ont également été visées par des attaques. Aucun bilan à ce stade. Mais des habitants – contactés ce lundi matin par RFI – affirment qu’une vingtaine de civils ont été enterrés dimanche. Et les inhumations continuent ce 12 mai. À Djibo dans la province du Soum, au nord du Burkina Faso, l’attaque, qui a commencé autour de 5h30 ce 11 mai, a duré toute une partie de la journée, selon certains témoins. Des sources sécuritaires affirment que les combattants du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, chercheraient à prendre « le contrôle » de la ville de Djibo…Selon des habitants, les combattants du Jnim ont brulé des maisons, le centre de santé, ont attaqué la base militaire, pris des armes et incendié les bâtiments. RFI

Burkina Faso: HRW accuse l’armée et les VDP de «diriger des massacres ethniques», dans un rapport
Au Burkina Faso, l’ONG Human Rights Watch a publié lundi 12 mai un rapport accablant sur des exactions de l’armée burkinabè et de supplétifs des Volontaires de la patrie (VDP) en mars dernier à Solenzo, dans la Boucle du Mouhoun. L’ONG évoque des « massacres ethniques » ayant fait au moins une centaine de morts. L’opération Tourbillon vert 2 a mobilisé les forces spéciales burkinabè pendant plusieurs semaines, selon Human Rights Watch, qui accuse l’armée et ses supplétifs locaux VDP d’avoir ciblé la communauté peule. L’ONG de défense des droits humains s’est entretenu avec 27 témoins originaires de Solenzo et de plusieurs localités voisines également ciblées. Une dizaine de vidéos « montrant des abus perpétrés par des VDP contre des civils peuls », ont également été analysées…L’opération militaire s’est poursuivie dans la province de Sourou où, toujours selon Human Rights Watch, le Jnim a attendu le départ de l’armée pour massacrer plusieurs dizaines de civils en représailles. RFI

Journalistes interpellés au Niger: «Il faut arrêter de toujours choisir la voie de la répression»
Au Niger, trois journalistes de la radio Sahara FM d’Agadez sont toujours détenus à la gendarmerie d’Agadez, pour la deuxième fois en quelques jours… Après avoir été interpellés une première fois jeudi 8 mai, un juge avait ordonné leur libération vendredi. Quelques heures plus tard, vers 1h du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, ils étaient à nouveau arrêtés et placés en garde-à-vue, sur instruction de Niamey, selon la direction de Sahara FM. Les trois journalistes avaient repris une information diffusée par le média en ligne LSI Africa, sur une affaire concernant le Niger, la Russie et la Turquie et mêlant contrats commerciaux et espionnage. RFI

Côte d’Ivoire: Tidjane Thiam démissionne de la présidence du principal parti d’opposition
L’opposant ivoirien Tidjane Thiam a annoncé lundi démissionner de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition, sans pour autant renoncer à mener la bataille pour la présidentielle d’octobre, dont il est exclu depuis sa radiation de la liste électorale. A moins de six mois du scrutin, le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire, où plusieurs opposants de premier plan sont inéligibles. La question de la nationalité de M. Thiam, qui a été également français de 1987 à mars 2025, empoisonne la campagne du principal opposant. Fin avril, la justice ivoirienne l’a radié de la liste électorale, estimant qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription en 2022. Et son élection à la tête du PDCI est aussi contestée en justice par une militante du parti qui estime qu’il n’était pas ivoirien au moment du scrutin en décembre 2023, faisant planer une menace de destitution…Cette décision ne signifie toutefois pas que M. Thiam se met en retrait de la bataille pour la présidentielle. Ce dernier, qui reste président délégué du parti, assure qu’elle ne « change rien à l’engagement » qu’il a pris « en décembre 2023 de conduire personnellement (notre) parti à la victoire en octobre 2025 ». L’intérim à la tête du PDCI est assuré conformément aux textes par le doyen des vice-présidents, Ernest N’Koumo Mobio, 92 ans.  AFP

En Gambie, le gouvernement publie la liste des biens de l’ancien dictateur Yahya Jammeh
En Gambie, les autorités ont publié, dimanche 11 mai, la liste des biens appartenant à l’ancien dictateur Yahya Jammeh, qui ont été saisis et mis en vente par le gouvernement, après une vague de protestations dans le pays pour réclamer de la transparence dans cette affaire. Selon une enquête publiée fin avril par le média d’investigation The Republic, ces biens, composés de véhicules, de maisons, de terrains et de matériels agricoles, ont été vendus à l’insu du public par les autorités gambiennes, suscitant une vive polémique dans ce petit pays pauvre d’Afrique de l’Ouest. Leur valeur est estimée à 300 millions de dollars (près de 270 millions d’euros). Ces derniers jours, plusieurs organisations de la société civile ainsi que l’opposition ont réclamé la publication de la liste des biens de M. Jammeh, dictateur resté au pouvoir de 1994 à 2017, mais également celle des personnes à qui ils ont été cédés. Elles accusent les autorités de les avoir vendus à leurs amis et leurs proches à des prix sous-évalués. L’affaire a provoqué une vague de protestations dans le pays. Le Monde avec AFP

Gabon : libération de l’ancienne première dame Sylvia Bongo et de son fils
Selon nos sources, les deux membres de la famille Bongo ont été libérés vendredi matin de la prison de Libreville. Ils auraient rejoint Ali Bongo dans sa villa où il est maintenu en résidence surveillée depuis le coup d’État du 30 août 2023. L’ancienne première dame Sylvia Bongo et son fils, Noureddin Bongo ont été arrêtés suite au coup d’État militaire ayant entraîné la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba, dans la nuit du 29 au 30 août 2023. Selon une source TV5MONDE, leur libération fait suite à une résolution de l’Union Africaine demandant le respect des droits de l’Homme dans le pays, dont la libération de la famille et des membres du gouvernement du président gabonais déchu. Suite au retour à l’ordre constitutionnel au Gabon, avec l’élection le 12 avril du général Brice Clotaire Oligui Nguema, l’Union Africaine a levé ses sanctions à l’encontre du pays le 30 avril. TV5

La Conférence de l’Union africaine sur la dette cherche une position commune face aux créanciers du continent
Comment enrayer la crise de la dette en Afrique ? C’est l’une des principales questions posées lors d’une Conférence de l’Union africaine qui commence ce 12 mai 2025 à Lomé et doit se poursuivre jusqu’au 14 mai. Au Togo, les dirigeants du continent chercheront aussi à converger vers une position commune sur la réforme des institutions financières internationales. Parler d’une seule voix face à leurs créanciers communs : c’est l’un des défis auxquels font face les membres de l’Union africaine. Avec les autres pays du Sud, ils appellent depuis longtemps à une réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, notamment pour les rendre plus représentatifs et pour avoir davantage leur mot à dire sur les critères imposés aux emprunteurs. La conférence de Lomé doit permettre d’avancer sur ce sujet. Le moment est d’autant plus important que la crise de la dette s’aggrave ces dernières années. La dette extérieure des pays du continent a en effet été multipliée par cinq entre 2010 et 2020 et, d’après le FMI et la Banque mondiale, 25 États africains sont désormais en situation de détresse liée à leur dette ou sont à haut risque de surendettement. Ce chiffre a plus que doublé en l’espace d’une dizaine d’années, notamment à cause de la crise du Covid-19. RFI

Économie: l’Africa CEO forum 2025 s’ouvre à Abidjan avec des invités très politiques
L’Africa CEO forum (ACF) offre cette année un plateau très politique. À moins de six mois de l’élection présidentielle ivoirienne, la présence du chef de l’État Alassane Ouattara à l’ouverture de l’ACF va être particulièrement scrutée. Celui qui laisse toujours planer le doute sur sa candidature ne s’est pas exprimé depuis janvier. Trois autres chefs d’État sont, eux, là, pour afficher un soutien à leur candidat au poste de président de la Banque africaine de développement (BAD) : le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Le scrutin aura lieu fin mai. Le Ghanéen John Dramani Mahama vient, lui, en voisin, chercher des investisseurs pour aider son économie à redécoller, quand le Rwandais Paul Kagame cultive ses soutiens pour ne pas laisser le conflit qui oppose son pays à la RDC l’isoler. Le programme de ce « Davos africain » ne s’arrête pas là. On parlera tout au long des deux jours de gouvernance économique, dialogue public-privé et développement du commerce interafricain. Tout cela en présence de têtes d’affiche comme la patronne du groupe Orange Christel Heydemann, mais aussi d’une guest-star plus inattendue : le chanteur américano-nigérian Davido. RFI