Confrontés au taux chômage impressionnant des jeunes, et au mécontentement généralisé face aux performances de leurs gouvernements, les jeunes Africains sont de plus en plus inquiets. Cette agitation se manifeste sous la forme de tensions croissantes entre un leadership politique autocratique et fondé sur un clientélisme enraciné et une cohorte croissante, de plus en plus éduquée et connectée, de jeunes exigeant des réformes et une plus grande ouverture politique. En bref, des visions radicalement différentes de l’avenir de l’Afrique se forment. Sans voie de réforme, les jeunes désespéreront et les conditions se détérioreront davantage, ce qui peut conduire à davantage d’instabilité et de conflit. Pourtant, la plupart des jeunes Africains n’ont pas choisi la voie de la violence. Beaucoup ont mené des manifestations dont un nombre record a été observé à travers l’Afrique ces dernières années. Cela soulève la question de savoir comment les jeunes peuvent s’engager de manière significative et constructive dans leur pays, en poussant à des réformes et à une sécurité améliorée. Voici quelques-unes des initiatives existantes initiées et pilotées par de jeunes Africains qui visent à canaliser l’énergie et la passion de la jeunesse africaine vers un impact positif. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Au coucher du soleil, mardi, des milliers de manifestants ont convergé vers l’avenue longeant le quartier général de l’armée à Khartoum, malgré les barrages des forces de sécurité. C’est là qu’en 2019 ils s’étaient déjà rassemblés en masse pour exiger le départ de l’ancien président Omar el-Béchir. Et c’est là que le 11 mai 2019, près de 200 d’entre eux avaient été tués par les forces de sécurité ayant reçu l’ordre d’évacuer la place. Dans la soirée, leurs orateurs ont dénoncé la responsabilité impunie du général Hemeti, le numéro deux de la transition, dans ce massacre, avant que la situation ne dégénère au moment de la dispersion. Aussitôt après que les services hospitaliers ont dénombré deux morts par balles et 37 blessés, Abdalla Hamdok a fait publiquement connaître sa colère. Dans un communiqué cinglant, il a parlé d’un « crime » commis contre des « manifestants pacifiques » qui ne sera « ni toléré ni ignoré ». RFI
Les droits à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique continuent d’être la cible d’attaques en Algérie, estime le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Il explique avoir reçu des rapports faisant état d’un « usage inutile et disproportionné de la force » contre des manifestants pacifiques, depuis la reprise des marches. Les manifestations hebdomadaires du Hirak ont repris en février dernier, après près d’un an d’interruption en raison du Covid. Le Haut Commissariat relève également la poursuite des arrestations et évoque de nouvelles accusations de violences physiques et sexuelles en détention. Il précise que certains manifestants seraient arrêtés, puis relâchés après avoir dû signer un document dans lequel ils s’engagent à ne plus participer aux marches. Actuellement, environ 70 personnes sont détenues en lien avec le Hirak, selon le Comité national pour la libération des détenus. RFI
En Ethiopie, des dizaines de milliers de musulmans réunis pour rompre le jeûne et prier pour la paix
Ce rassemblement a été organisé alors que le pays se prépare à des élections générales en dépit de violences politico-ethniques meurtrières dans plusieurs régions. … Plusieurs dizaines de milliers d’Ethiopiens musulmans se sont réunis sur la plus grande place d’Addis-Abeba pour la rupture du jeûne du ramadan, mardi 11 mai au soir, et ont prié pour la paix dans un pays en proie à de nombreuses violences, a constaté un journaliste de l’AFP. Cet événement, le premier du genre dans la capitale, a été organisé alors que le pays se prépare à des élections générales en dépit de la guerre dans la région septentrionale du Tigré et de violences politico-ethniques meurtrières dans plusieurs autres régions. « Il y a beaucoup de choses qui nous inquiètent en tant que nation, donc nous voulions nous unir et prier », a déclaré une participante, Firdus Said, 30 ans. « Nous avons besoin d’un pays en paix et nous voulons que notre unité nationale soit renforcée », a-t-elle ajouté, tandis qu’autour d’elle les fidèles se réunissaient autour de plats remplis de dattes et de pain. Le Monde avec AFP
Au Tchad, Wakit Tama annonce une nouvelle journée de mobilisation : ce sera le mercredi 19 mai prochain. C’est ce qui a été décidé mardi 11 mai par les membres de cette coordination citoyenne, qui rassemble des organisations de défense des droits de l’homme, des syndicats et des partis politiques d’opposition. Une nouvelle journée de protestation donc, malgré la répression violente des deux précédentes. Ils entendent « rester debout ». Samedi dernier, la manifestation officiellement interdite mais tolérée par les autorités, a finalement été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Les membres de la coordination citoyenne Wakit Tama, comme Younous Mahadjir, vice-président de l’Union des syndicats du Tchad, annoncent donc un retour « aux vieilles méthodes ». « C’est-à-dire que dans chaque quartier, les gens vont s’organiser pour pouvoir marcher, se regrouper, faire un discours sur un carrefour, mais pacifiquement. » Les autorités de transition assurent autoriser les manifestations, sous certaines conditions : déposer une demande cinq jours à l’avance, ou encore mettre en place un dispositif d’encadrement. Mais le mouvement Wakit Tama, qui juge ces autorités « illégales et illégitimes », refuse toujours de s’y soumettre. Le mouvement continue de dénoncer le « coup d’État constitutionnel » du Conseil militaire de transition, qui a pris le pouvoir après la mort d’Idriss Déby. Et demande l’ouverture d’un véritable dialogue national. RFI
Au moins une vingtaine de jihadistes ont été tués et quatre bases « terroristes » détruites depuis le lancement le 5 mai d’une opération antijihadiste dans les régions du Nord et du Sahel du Burkina Faso, a annoncé mardi l’armée burkinabè. Le 5 mai, « les forces armées nationales ont lancé une opération d’envergure dans les régions du Nord et du Sahel afin de déloger les groupes armés terroristes qui y sévissent », a indiqué l’état-major dans un communiqué, ajoutant que cette opération vise également « à rassurer les populations ». Dénommée Houné – Dignité en langue peule – cette opération, toujours en cours, « mobilise les unités conventionnelles et spéciales de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la gendarmerie nationale ». Elle va « s’étaler sur plus d’un mois » et a déjà « permis de neutraliser plus d’une vingtaine de terroristes » et de détruire « quatre bases ou positions des groupes armés », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire de haut rang. « Des moyens de communication, de l’armement, des munitions et des moyens roulants ont été récupérés par les forces armées », a précisé cette source. AFP
L’armée a confirmé ce mardi 11 mai qu’une dizaine de fidèles a été kidnappés dans la région de Katsina, au nord-ouest du pays. Au nord-est du Nigeria, la ville de Maïduguri a été visée par une attaque de Boko Haram mardi dans la soirée. De fortes explosions et des tirs ont retenti mardi soir dans la ville de Maïduguri, la capitale de l’État de Borno. L’armée nigériane a repoussé des hommes de Boko Haram, qui s’étaient infiltrés jusqu’au quartier de Jiddari Polo, au sud de la ville, incendiant plusieurs maisons. Le chercheur Vincent Foucher a rappelé sur Twitter que le groupe jihadiste a pris l’habitude de redoubler de violence quand approche la fin du ramadan. La période est particulièrement volatile, aux quatre coins du Nigeria, touché par une insécurité généralisée. Une mosquée située dans la ville de Jibia a ainsi été attaquée dans la nuit de lundi à mardi dans le nord-ouest du pays, alors que les fidèles musulmans participaient à une veillée de prière. L’armée a indiqué ce mardi qu’elle était parvenue à repousser cet assaut mené par des bandits locaux. RFI
Le président ougandais Yoweri Museveni, réélu en janvier pour un sixième mandat, a prêté serment mercredi lors d’une cérémonie dans la capitale Kampala, placée sous haute sécurité pour éviter toute manifestation de l’opposition qui conteste son élection. Selon les résultats officiels, M. Museveni a obtenu 58% des voix lors du scrutin du 14 janvier, dénoncé comme une « mascarade » par son principal opposant Bobi Wine, crédité de 35% des voix. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place pour cette cérémonie à laquelle ont assisté onze chefs d’Etat africains (Kenya, Tanzanie, Ethiopie, Zimbabwe, Somalie, Burundi, RDC, Ghana, Soudan du Sud, Guinée et Namibie), ainsi que des représentants chinois et russes, afin d’éviter des perturbations de la part de l’opposition. Les principaux leaders de l’opposition, Bobi Wine et Kizza Besigye, ont indiqué que leurs résidences avaient été encerclées par des policiers et militaires en armes. « Ma maison a été assiégée par l’armée et la police et je ne suis pas autorisé à quitter la maison », a déclaré à l’AFP Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi. BBC
Dans l’est libyen et spécialement à Benghazi, les forces du maréchal Khalifa Haftar ont pris l’habitude de rançonner d’importants hommes d’affaires afin de financer l’armée nationale libyenne en manque de ressources. De nouvelles vidéos circulent montrant des actes de vengeances qui visent des propriétés et des commerces appartenant à Abdullatif al-Mashai, un homme d’affaires qui refuse désormais le rançonnement. Ces extorsions sont pratiquées par la brigade Tarek ben Ziyad dirigée par Saddam Khalifa Haftar. Les vidéos des caméras de surveillance dévoilent le même mode opérationnel effectué lors des précédents actes d’enlèvements, de liquidations ou de saccages commis à Benghazi. C’est d’ailleurs en raison de ces actes que les commerçants ont généralisés l’installation de ces caméras. Dans les vidéos qui circulent, on y voit de grosses Toyota blanches, débarquant la nuit à toute vitesse, avec à leur bord des hommes en treillis militaire, masqués et lourdement armés. Ils envahissent un hôtel en usant de leurs mitraillettes. Le gardien est frappé à plusieurs reprises et le lieu saccagé. RFI
Un juge mauritanien a ordonné mardi le placement de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz en résidence surveillée à son domicile de Nouakchott, nouvelle avanie pour l’ancien chef de l’Etat inculpé pour corruption, selon une décision du magistrat consultée par l’AFP. L’ancien président, au pouvoir entre 2008 et 2019, a été entendu mardi par le juge d’instruction pour la deuxième fois depuis son inculpation pour corruption, blanchiment d’argent ou encore enrichissement illicite en mars. M. Aziz, qui dénonce sa mise en cause comme une manoeuvre pour l’écarter de la politique, avait alors été placé sous contrôle judiciaire, avec obligation de se présenter à la police trois fois par semaine et de demander l’autorisation du juge pour quitter Nouakchott. A présent, il sera en résidence surveillée pour une période de deux mois, renouvelable quatre fois, selon la décision du magistrat à laquelle l’AFP a eu accès. AFP
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a approuvé mardi un projet d’élargissement et d’approfondissement d’une partie du canal de Suez après le blocage en mars de cette artère, cruciale pour le commerce international, par un navire géant. Selon le président égyptien, qui se trouvait mardi à Ismaïlia, siège de l’Autorité du canal de Suez (SCA) sur la voie d’eau stratégique, le nouveau projet, qui lui a été présenté par Oussama Rabie, le président de la SCA lors d’une intervention télévisée, va « améliorer (le canal) en tenant compte de la croissance du commerce mondial ». Selon M. Rabie, l’aménagement portera sur plus de 50 kilomètres de la partie sud du canal, soit celle où l’Ever Given, un porte-conteneurs de plus de 200.000 tonnes, battant pavillon panaméen et exploité par l’armateur taïwanais Evergreen Marine Corporation, s’était retrouvé coincé le 23 mars. Belga
Le procès devant la justice finlandaise de l’ancien chef rebelle Gibril Massaquoi pour des crimes de guerre commis au Liberia est entré mardi dans une nouvelle phase avec les premières auditions de témoins à Freetown, la capitale de la Sierra Leone, a constaté un correspondant de l’AFP. Gibril Massaquoi, un Sierra-léonais de 51 ans, comparaît pour une litanie de meurtres, viols et actes de torture perpétrés au Liberia par lui-même ou des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) entre 1999 et 2003. Surnommé à l’époque « l’Ange Gabriel », il était alors un haut responsable du RUF, groupe armé sierra-léonais dirigé par le caporal Foday Sankoh, proche de l’ex-chef de guerre libérien devenu président Charles Taylor. Son procès s’est ouvert début février en Finlande, où il vit depuis 2008 et où il a été arrêté en mars 2020 après la mobilisation d’ONG, en vertu de la législation conférant à la justice nationale la faculté de juger des crimes graves commis à l’étranger. AFP
Après vingt minutes d’entretien avec un éducateur, Issouf se tord les mains et finit par le reconnaître : il travaille dans une plantation de cacao. Le frêle garçon de 15 ans fait partie de la soixantaine d’enfants recueillis par la police lors d’une opération coup de poing dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Largement médiatisée, cette opération baptisée Nawa 2, menée début mai dans la région de Soubré, à 400 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, la grande zone cacaoyère du pays, vise à convaincre que les autorités ivoiriennes agissent contre le travail des enfants dans le cacao, un fléau dénoncé par les ONG internationales depuis vingt ans. L’enjeu est de taille : la pression monte sur ce pays d’Afrique de l’Ouest, premier producteur de cacao mondial, ainsi que sur les multinationales du chocolat, les consommateurs occidentaux exigeant de plus en plus un produit éthique, fabriqué sans abus contre les enfants ni atteinte à l’environnement. La Côte d’Ivoire s’est même vue menacée de boycottage de son cacao par un projet de loi américain, qui n’a finalement pas abouti. Le Monde avec AFP
La communauté Igbo du Nigéria a la réputation d’être composée d’hommes d’affaires très prospères – en partie grâce à un programme d’apprentis géré par la communauté qui a émergé des ruines de la guerre, écrit Chiagozie Nwonwu de la BBC à Lagos. Onyeka Orie, 28 ans, regarde en souriant l’image du bonheur dans sa boutique d’accessoires pour téléphones portables du tentaculaire Computer Village de Lagos au Nigéria. Le magasin et tout ce qu’il contient lui avait été donné par son ancien patron après avoir travaillé pour lui sans salaire pendant plusieurs années alors qu’il apprenait le métier. « J’ai servi mon oga [patron] pendant huit ans. Mon oga m’a donné ce magasin. J’avais dirigé le magasin pendant quatre ans avant qu’il ne me le donne. Je ne m’y attendais pas », dit M. Orie avec enthousiasme. … Le système d’apprentissage Igbo prend ses racines dans les années d’après-guerre civile au Nigéria, déclare Ndubisi Ekekwe, un professeur nigérian dont l’article sur le programme d’apprentissage devrait paraître dans le Harvard Business Review ce mois-ci. Les Igbos, sortant de la défaite après la guerre civile de 1967-70, ont réussi à récupérer une partie importante de leur statut économique d’avant-guerre en seulement deux ans. Ceci malgré la confiscation des comptes bancaires appartenant à de nombreux Igbos par le gouvernement nigérian. Il leur a ensuite donné seulement 20 £ (28 $) pour recommencer, tandis que d’autres ont vu leurs biens saisis par des voisins dans certaines régions du pays. BBC
Un sommet de soutien aux économies africaines, durement affectées par la pandémie de Covid-19, se tiendra en France le 18 mai. Voici la liste des invités confirmés. L’objectif de ce sommet est de mettre en place un soutien financier massif aux pays africains, notamment à travers des droits de tirage spéciaux accordés par le Fonds monétaire international (FMI), et de poser les bases d’un nouveau cycle de croissance sur le continent (en récession en 2020, une première depuis vingt-cinq ans). La question de l’annulation de la dette des pays africains sera aussi abordée. Les chefs d’État et de gouvernement africains et européens qui avaient publié une tribune appelant à un soutien international au continent dans Jeune Afrique et le Financial Times, le 15 avril 2020, seront pour la plupart présents à Paris. D’autres dirigeants le seront aussi. In fine, de nombreux chefs d’État du continent sont attendus à ce sommet, aux côtés d’Emmanuel Macron. Jeune Afrique