Le renforcement des liens entre Al Shabaab et les Houthis aggrave les menaces pesant sur la sécurité dans la région de la mer Rouge
Les preuves d’une collaboration croissante entre Al Shabaab en Somalie et les Houthis du Yémen augmentent les risques pour le trafic maritime dans la mer Rouge, le golfe d’Aden et l’océan Indien occidental, tout en renforçant la capacité de nuisance des deux groupes…Grâce à ces liens, Al Shabaab bénéficie d’un meilleur matériel (drones armés, missiles balistiques) et d’une meilleure formation. Dans le même temps, Al Shabaab est en mesure de développer et de consolider les entreprises criminelles qui financent ses opérations. Les Houthis bénéficient du soutien d’Al Shabaab pour les activités de piraterie perturbatrices dans le golfe d’Aden et l’océan Indien occidental, ainsi que d’artères d’approvisionnement plus diversifiées. Cette situation renforce la capacité des Houthis à menacer le trafic maritime dans la région tout en renforçant leur influence sur le gouvernement yéménite soutenu par les Nations unies. Cette coopération renforce les capacités de déstabilisation de ces groupes militants de part et d’autre du détroit de Bab al Mandab, tout en compliquant encore la surveillance des 1 800 miles de côtes vulnérables le long de la mer Rouge, du golfe d’Aden et de l’océan Indien occidental. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Au Mali, le conseil des ministres favorable à un mandat présidentiel sans élection pour le chef de la junte
Le conseil des ministres du Mali a adopté mercredi 11 juin un projet de loi accordant sans élection un mandat de cinq ans renouvelable au général Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir. Cette mesure doit renforcer son contrôle sur la présidence du pays, alors que M. Goïta s’était engagé à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024. Le projet de loi prévoit d’accorder « au chef de l’Etat un mandat de cinq ans renouvelable à partir de 2025 », a annoncé dans un communiqué le conseil des ministres, qui se réunit chaque semaine et est dirigé par le président. Le texte doit ensuite être examiné par le conseil national de transition, l’organe législatif établi par la junte après sa prise de pouvoir lors de coups d’Etat, en 2020 et 2021. Plus tôt cette année, une concertation nationale organisée par la junte a recommandé d’attribuer à M. Goïta un mandat renouvelable de cinq ans à la présidence, sans vote, de quoi le maintenir au pouvoir au moins jusqu’en 2030. La concertation, boycottée par la plupart des formations politiques du pays, avait préconisé de « suspendre toutes les questions électorales » jusqu’à la « pacification » du pays. La même assemblée a aussi recommandé la dissolution des partis politiques, une mesure qui a été mise en œuvre par le gouvernement militaire. Le Monde avec AFP
Tortures et disparitions forcées : plongée dans les prisons secrètes de Wagner au Mali
Depuis leur arrivée au Mali en 2021, les mercenaires russes de Wagner ont kidnappé et détenu des centaines de civils sur d’anciennes bases de l’ONU et dans des camps militaires partagés avec l’armée malienne. Dans le cadre du projet Viktoriia, Forbidden Stories révèle l’existence de ces prisons secrètes où sévices et tortures sont perpétrés en toute impunité…Forbidden Stories et ses partenaires France 24, Le Monde et IStories ont enquêté sur ces détentions secrètes de civils par les mercenaires russes au Mali. Une investigation réalisée dans le cadre du projet Viktoriia, en mémoire de la journaliste ukrainienne Viktoriia Roshchyna, capturée par la Russie à l’été 2023 alors qu’elle enquêtait sur les détentions illégales de civils en territoires occupés par les Russes. Elle a été déclarée morte en captivité le 19 septembre 2024. Notre enquête révèle la duplication de ce système d’enfermement et de torture de civils au Mali. Deux continents et deux contextes très différents, mais les mêmes schémas sont appliqués par les mercenaires russes : enlèvements, arrestations arbitraires, absence de contact avec le monde extérieur, recours à la torture systématique – parfois jusqu’à la mort…Plusieurs de ces prisons sont situées à l’intérieur de bases militaires FAMa, où les mercenaires russes cohabitent parfois avec les Maliens. Forbidden Stories
Mali: le Jnim détient un otage iranien et diffuse une vidéo des soldats pris à Boulikessi
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans détient un otage iranien, capturé au Mali et qui travaillait pour une entreprise turque. Le groupe lié à al-Qaïda a diffusé mardi 10 juin dans la soirée des vidéos des soldats de l’armée malienne capturés le 1er juin lors de l’attaque du camp militaire de Boulikessi, région de Douentza, dans le centre du pays. Vêtus de boubous blancs ou bleus, assis sur des nattes dans une pièce vide, ils déclinent leur grade et identité. Le Jnim avait revendiqué 22 militaires maliens capturés à Boulikessi. Seuls 20 apparaissent à l’image. Pas de précision sur les deux manquants, il pourrait s’agir des « blessés » évoqués par l’un des prisonniers. Dans leurs déclarations tournées sous la contrainte, les soldats maliens assurent être bien traités et demandent au président de transition, le général Assimi Goïta, d’agir pour leur libération. Des images de leur capture avaient été diffusées mais cette vidéo est la première preuve de vie depuis. Une centaine de soldats avaient été tués lors de l’attaque du camp de Boulikessi, il y a une dizaine de jours. Après avoir récupéré les corps, l’armée malienne a totalement abandonné le camp le week-end dernier. RFI
Au Soudan, les paramilitaires affirment avoir pris le contrôle de la région frontalière avec l’Egypte et la Libye
L’armée soudanaise a annoncé mercredi 11 juin son retrait du triangle frontalier avec l’Egypte et la Libye, dans le nord-ouest du pays, les paramilitaires affirmant de leur côté avoir pris le contrôle de cette « région stratégique ». Mardi, les troupes du chef de l’armée, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, avaient accusé les Forces de soutien rapide (FSR), qui les combattent depuis avril 2023, d’avoir lancé une attaque dans cette région frontalière, en coordination avec des forces loyales à Khalifa Haftar, puissant maréchal de l’est de la Libye. « Nos forces ont évacué aujourd’hui la zone du triangle surplombant les frontières entre le Soudan, l’Egypte et la Libye », a annoncé mercredi l’état-major des forces armées soudanaises dans un communiqué, évoquant une « disposition défensive pour repousser l’agression ». De leur côté, les FSR ont annoncé avoir « réussi mercredi matin à libérer la région stratégique du “triangle” » faisant état « de combats éclair et décisifs » et de « pertes importantes en vies humaines et matériels » dans les rangs adverses. Le Monde avec AFP
Les relations entre le Niger et le Bénin dans l’impasse diplomatique
La junte au pouvoir au Niger depuis juillet 2023 refuse toujours catégoriquement de rouvrir sa frontière avec son voisin béninois, accusé de fomenter des plans de déstabilisation. Le Bénin tente d’arrondir les angles pour sortir de l’impasse, en vain…Régulièrement, le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, qui revendique une politique souverainiste, accuse le Bénin d’abriter des « bases militaires françaises » qui formeraient des djihadistes en vue de déstabiliser son pays. A la fin de mai, il a répété que « la frontière avec le Bénin restera[it] fermée », précisant que « le combat n’est pas contre le Bénin » mais « contre les troupes françaises de déstabilisation qui sont sur le territoire béninois et qui peuvent nous nuire ». Conséquence : depuis deux ans, le volume des échanges humains et commerciaux entre les deux pays s’est considérablement réduit…Le Bénin, qui assure n’accueillir aucune base militaire étrangère, subit une intensification des attaques djihadistes sur son sol depuis le début de l’année et déplore le manque de coopération avec ses voisins sahéliens, minés par les attaques. Le Monde avec AFP
RDC: Au moins 1500 habitants de Walikale privés d’eau potable à la suite des combats M23-Wazalendo
Depuis plus d’une semaine, environ 15 000 personnes vivant dans des localités du territoire de Walikale dont Buleusa, Katrisa, Bushimba, Kilambo, Kibati et Kiteku sont privées d’eau potable à la suite des combats entre M23 et Wazalendo. Cette situation résulte de la destruction du système de captage et du réseau de distribution d’eau lors des combats entre les rebelles du M23 et les combattants Wazalendo sur la colline de Mulema, où se trouve la source principale. Les affrontements, qui se sont intensifiés depuis la semaine dernière, empêchent les équipes techniques d’accéder à la zone pour évaluer les dégâts et entreprendre des réparations. Privées d’eau potable, les familles se tournent vers des sources d’eau non traitées, augmentant ainsi le risque des épidémies. Les structures sanitaires locales, également touchées, peinent à assurer les soins de santé de base. Les responsables sanitaires et les acteurs de la société civile de cette partie du pays tirent la sonnette d’alarme, appelant à une intervention urgente pour rétablir l’accès à l’eau potable et prévenir une crise sanitaire majeure. Radio Okapi
Bassin du Congo: des experts réfléchissent à Kinshasa sur la gestion des ressources en eau
La deuxième édition du Forum du Bassin du Congo s’est ouverte mardi 10 juin à Kinshasa, sous le thème : « Libérer les ressources en eau des forêts du Bassin du Congo ». Organisé par le Centre des recherches des ressources en eau des forêts du Bassin du Congo (CRREBaC), cet événement se déroule jusqu’au 13 juin. Il réunit des experts, chercheurs et décideurs autour de la question de la gestion durable des ressources en eau. À l’ouverture des travaux, Benjamin Toirambe, secrétaire général au ministère de l’Environnement et Développement durable, a insisté sur l’urgence d’une bonne gouvernance de ces ressources hydriques. Il a souligné que l’eau, si elle est mal gérée, peut devenir une source de catastrophes, comme en témoignent les récentes inondations et glissements de terrain ayant causé des pertes en vies humaines. Il a également annoncé la préparation d’un cadre juridique renforcé en matière de gestion des ressources en eau, afin de faire du Congo un véritable « pays-solution » dans la lutte contre le changement climatique, en raison de l’importance de son bassin hydrologique et forestier. Ce forum vise à renforcer la collaboration régionale pour une gestion durable et concertée des eaux du deuxième plus grand bassin forestier du monde. Radio Okapi
Mozambique: la justice donne un délai de 20 jours à l’opposant Venancio Mondlane pour préparer sa défense
L’État mozambicain exige à Venancio Mondlane le paiement d’une amende de 445 000 euros pour « préjudices matériels ». Le pouvoir l’accuse d’avoir instigué les manifestations qui ont produit de nombreux dégâts à travers tout le pays et plus de 300 morts en octobre, suite aux élections présidentielles. La justice lui donne 20 jours pour organiser sa défense, auquel cas il serait reconnu coupable des faits qui lui sont imputés. L’ancien candidat présidentiel, qui continue de réaliser des directs sur ses réseaux sociaux – parfois pendant plus d’une heure et dans lesquelles il aborde plusieurs sujets, allant de précisions sur ses démêlés judiciaires à des propositions de réforme, comme celle récemment pour le secteur de l’agriculture – a réagi ce mardi soir sur Facebook. Il dénonce une « persécution judiciaire » mais se dit « serein ». Ce délai imposé par la justice intervient moins d’un mois après de récentes rencontres avec le président Daniel Chapo. Ces rencontres laissaient espérer un début d’entente politique. Elles étaient organisées pour discuter de la mise en place d’un « processus de réconciliation nationale ». Venancio Mondlane, déjà visé par plusieurs procédures, est placé sous contrôle judiciaire. Il ne peut pas se déplacer « sans avertir le bureau du procureur ». Malgré cela, l’opposant affirme assumer pleinement son rôle de leader politique. En avril, il a créé son propre parti politique, l’Alliance nationale pour un Mozambique libre et autonome, toujours en attente d’une approbation formelle des autorités. RFI
Kenya: le gouvernement présente son budget un an après des manifestations meurtrières
Le gouvernement kényan présente jeudi au Parlement son budget, sans hausses massives d’impôts afin d’éviter que le rue ne s’embrase comme l’an passé lors de manifestations réprimées dans le sang. Le Kenya est une puissance économique régionale, fortement endettée auprès de bailleurs étrangers. Sa population dénonce une montée en flèche du coût de la vie, dans un marché de l’emploi stagnant, et une élite politique impliquée dans de multiples scandales de corruption. Le projet de loi de finances de 2024, qui prévoyait d’augmenter les taxes sur des biens de consommation courante, avait dans ce contexte suscité une énorme colère. Des milliers de manifestants avaient pris d’assaut le parlement le 25 juin, forçant le président William Ruto à retirer le texte. Au moins 60 personnes ont été tuées lors de semaines de manifestations… »Le projet de loi de finances de cette année cherche, en comparaison avec celui de l’année dernière, à éviter la controverse », observe Patricia Rodrigues, du cabinet de conseil Control Risks, interrogée par l’AFP. Mais il sera « difficile pour de nombreuses entreprises de l’accepter, car il inclut des augmentations potentielles des impôts sur le revenu et des contributions sociales, ainsi que la fin de certaines exonérations fiscales pour les grandes entreprises et les PME », ajoute-t-elle. AFP