Revue de presse du 12 juin 2023

Les modèles policiers chinois font leur entrée en Afrique
Les forces spéciales ougandaises et plus de 30 commandos chinois ont mené une opération conjointe en janvier 2022, qui a abouti à la capture et à l’expulsion de quatre citoyens chinois soupçonnés de faire partie d’un réseau criminel. En avril 2016, en étroite collaboration avec la police armée du peuple chinois (PAP), 44 ressortissants taïwanais ont été embarqués par les services de sécurité kenyans sur un vol à destination de la Chine. À leur arrivée en Chine, ils ont été condamnés à de lourdes peines de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans pour des accusations de fraude. La police kenyane a pris cette mesure alors que certains des suspects avaient été acquittés auparavant par un tribunal kenyan. … Ces opérations conjointes ne sont que les plus importantes d’un large éventail d’activités chinoises de plus en plus importantes dans le cadre du maintien de l’ordre public en Afrique, opérations ont largement échappé à un examen plus rapproché. Elles reflètent également la promotion croissante des normes policières chinoises au sein des forces de police africaines. Entre 2018 et 2021, plus de 2 000 policiers et membres des forces de l’ordre africains ont en effet été formés en Chine. … Les défenseurs des droits humains ont prévenu que l’application sans discernement du modèle chinois de contrôle absolu du parti pourrait nuire au professionnalisme de l’armée et de la police et à l’idée que la sécurité doit être partagée par tous les citoyens. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Au Mali, un référendum constitutionnel pour ouvrir la voie de la présidentielle aux putschistes
Le projet de Constitution soumis au vote dimanche 18 juin accroît les pouvoirs du chef de l’Etat, qui aura notamment l’initiative des lois au même titre que les parlementaires. … Dans la classe politique, la Convergence pour le développement du Mali (Codem) conteste notamment la légitimité d’« un pouvoir qui n’est pas issu des urnes » à mener une réforme de la loi fondamentale. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui par ses mobilisations avait grandement contribué à la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et à la prise du pouvoir par les militaires, en 2020, avant de se diviser, a dénoncé le 3 juin, par la voix de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, un « projet de Constitution [qui] renforce le déséquilibre des pouvoirs au profit du président de la République, qu’il érige en monarque ». … Enfin, si, comme ce fut le cas dans la Constitution de 1992, le texte proposé au vote ne revient pas sur le caractère « imprescriptible » du crime que constitue le coup d’Etat, la nouvelle version indique que les « faits antérieurs à [sa] promulgation, couverts par des lois d’amnistie, ne peuvent en aucun cas faire l’objet de poursuites ». Une manière pour les tombeurs d’IBK de tenir leur avenir loin des tribunaux et, peut-être, de se préparer à rester aux commandes au-delà de la période de transition. « Une fois la Constitution passée, la charte de transition [qui fixe le cadre législatif de cette période et stipule que le président de la transition ne pourra se présenter aux prochaines élections] sera déclarée caduque. L’objectif des militaires est de conserver le pouvoir », prévient le politologue Kalilou Sidibé. Le Monde

L’Europe se mobilise au plus haut niveau au secours de la Tunisie
La Tunisie mobilise l’Europe comme jamais. Non en raison d’une exemplarité politique à soigner : sa régression autoritaire sous la férule du président, Kaïs Saïed, en fait, au contraire, un repoussoir. Mais parce que les interrogations sur sa stabilité inquiètent au plus haut niveau. La visite effectuée dimanche 11 juin à Tunis par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnée de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, qui s’y déplaçait pour la seconde fois en cinq jours, et du premier ministre néerlandais, Mark Rutte, donne la mesure de l’extrême importance prise par le dossier tunisien au sein de l’Union européenne (UE). « Il est impératif d’éviter l’effondrement économique et social du pays », avait lancé, fin mars, Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. … L’alarmisme de M. Borrell avait, à l’époque, déplu aux autorités tunisiennes et Ursula von der Leyen s’est bien gardée de l’exprimer à nouveau. Il n’est question que d’« investir dans la stabilité et la prospérité » de la Tunisie, a souligné, dimanche à Tunis, la présidente de la Commission lors d’une « déclaration à la presse » sans journalistes, une pratique désormais bien installée dans le pays autocratique du président Kaïs Saïed et à laquelle les Européens se sont pliés sans broncher. Le Monde

Attaque meurtrière contre un camp de déplacés en RDC
Le bilan d’au moins 41 morts avancé par Richard Dheda, responsable de la « chefferie » (entité administrative) de Bahema Badjere, dans le territoire de Djugu, n’avait pas été confirmé lundi en milieu de matinée par l’ONU ou par des observateurs indépendants. M. Dheda, interrogé par l’AFP, a désigné des miliciens Codéco comme les auteurs de cette attaque, qui a eu lieu vers 02H00 dans le camp de déplacés de Lala. « Ils ont commencé à tirer des coups de feu, beaucoup de gens sont morts brûlés dans leurs maisons, d’autres ont été tués à la machette », a indiqué de son côté Désiré Malodra, président de la société civile locale. Le site de Lala est situé à 5 km de Bule, où se trouve une base de Casques bleus des Nations unies. La Codéco (« Coopérative pour le développement du Congo ») est une milice de plusieurs milliers d’hommes affirmant protéger la tribu Lendu face à une tribu rivale, les Hema. Une attaque de cette milice contre une position de l’armée avait fait samedi sept morts parmi les civils (cinq enfants et deux femmes) dans le territoire voisin de Mahagi, toujours en Ituri. AFP

Au Sénégal, la ville de Touba au cœur des négociations dans la crise politique
Même pour un président, le khalife général des mourides ne se déplace jamais, il faut venir à lui. Macky Sall s’est plié à la tradition. De nuit, dans la plus grande discrétion, le chef de l’Etat sénégalais s’est rendu dans la ville sainte de Touba, située à quelque 180 kilomètres de la capitale, pour rencontrer Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le chef de l’influente confrérie des mourides, lundi 5 juin. « Lorsqu’il y a un problème, soit le khalife général appelle le chef de l’Etat, soit le président voyage à Touba », explique Mor Daga Sylla, l’un des membres de la confrérie mouride. Le président et le puissant marabout ont passé une heure en tête-à-tête, dont rien n’a officiellement filtré. « Ils ont fait un point sur la situation politique actuelle, sur les récentes émeutes la stabilité du pays. On peut espérer un retour de la paix définitive au Sénégal », ajoute M. Sylla. Après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme le 1er juin, au moins seize civils sont morts lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. … Touba est un passage obligé pour tout homme politique ambitieux. En temps de crise, « vous ne pouvez pas imaginer ce qui se règle dans les salons des marabouts entre politiques. Ce sont devenus des espaces incontournables de négociation », analyse Bakary Sambe, qui rappelle qu’il faut prendre en compte les rôles visibles mais aussi « les rôles discrets » de la confrérie. De quoi entretenir le mystère sur la résolution mystique des crises politiques de ce pays. Le Monde

L’OMS condamne fermement l’attentat meurtrier en Somalie
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné dimanche avec la plus grande fermeté l’attentat meurtrier perpétré contre l’hôtel-restaurant Pearl Beach à Mogadiscio, en Somalie, qui a fait 16 morts, dont un membre de son personnel. L’attaque s’est produite vendredi et a fait plus de 10 blessés dans cet hôtel situé en bord de mer dans la capitale somalienne, a rapporté l’agence de santé de l’ONU. Les médias ont indiqué que l’incident s’est déroulé sur plusieurs heures et qu’il a impliqué des auteurs armés. « Nous condamnons toutes les attaques contre des civils innocents et des travailleurs humanitaires et nous exprimons nos plus sincères condoléances aux membres des familles de tous ceux qui ont été tués dans cette attaque », a déclaré Malik Mamunur, Représentant de l’OMS en Somalie. ONU Info

Centrafrique : Accusés d' »abus sexuels », 60 Casques bleus tanzaniens sont rapatriés
L’ONU va rapatrier la totalité des 60 membres d’une unité militaire tanzanienne membre de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), après des « allégations d’exploitation et d’abus sexuels » visant 11 d’entre-eux, selon un communiqué de la Minusca à l’AFP vendredi. « Les éléments de preuves préliminaires recueillis par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) de l’ONU ont révélé que 11 membres de l’unité, déployés dans une base temporaire de la Minusca à l’ouest de la République centrafricaine, sont impliqués dans l’exploitation et les abus sexuels de quatre victimes », précise la Minusca, sans donner de détails sur la date des faits. Les victimes « ont reçu des soins et un soutien immédiat par l’intermédiaire des partenaires de la mission, en fonction de leurs besoins médicaux, psychosociaux et de protection », ajoute la même source. AFP

Nigeria Air, « fausse » compagnie aérienne et vrai scandale de l’ère Buhari
Ce qui devait être l’un des symboles de la fin de mandat de Muhammadu Buhari sera peut-être l’un des derniers scandales de sa présidence à la tête du Nigeria. Le 26 mai – trois jours avant le terme officiel du chef de l’Etat sortant – les responsables du ministère de l’aviation ont dévoilé en grande pompe le « premier avion » floqué aux couleurs de Nigeria Air. Mais les auditions menées depuis lundi 5 juin par un comité parlementaire ont révélé que le « prétendu lancement » de Nigeria Air est « entouré de zones d’ombre, opaque, et susceptible de ternir l’image du Nigeria à l’international. » L’opération de communication a déraillé avant même d’avoir commencé avec la publication d’une vidéo, devenue virale, montrant l’appareil sur le tarmac de l’aéroport Bole International, à Addis-Abeba, le matin du 26 mai. « Si vous mettez l’image en pause, vous verrez clairement que cet appareil est immatriculé par Ethiopian Airlines sous le numéro ET-APL », indique sur Twitter le journaliste et lanceur d’alerte nigérian David Hundeyin, qui a révélé l’affaire le jour même. … Depuis, le secrétaire permanent du ministère de l’aviation a admis devant les parlementaires que Nigeria Air n’avait pas obtenu son certificat de transporteur aérien, et le directeur par intérim de la compagnie a reconnu que l’avion qui a paradé sur le tarmac de l’aéroport d’Abuja le 26 mai était un vol affrété par Ethiopian Airlines, autorisé à voler au Nigeria durant quarante-huit heures. Le Monde

Bénin: l’armée recrute pour sécuriser ses frontières
Au Bénin, le recrutement exceptionnel de 5000 jeunes Béninois par l’armée annoncé par le gouvernement en avril dernier a démarré. Depuis 2021 le Bénin fait face à des attaques de groupes armés. Ce recrutement entre dans le cadre du « plan de riposte ». Les nouvelles recrues vont compléter le déploiement anti-incursion terroriste qui mobilise déjà plus de 2000 hommes. L’opération est planifiée en plusieurs étapes, la phase en cours prévoit le recrutement dans un premier temps 3500 jeunes dont 2000 sur titre c’est-à-dire des recrues avec des qualifications dans les métiers de mécaniciens, conducteurs, maçon etc… Parmi les critères de sélection il est demandé aux candidats de maîtriser au moins une des langues parlées aux frontières du Bénin et du Burkina Faso. RFI

Niger: dans le Tillabéri, plus de 900 écoles fermées à cause de l’insécurité
Si des zones d’insécurité sont aussi identifiées dans les régions de Diffa, de Maradi et de Tahoua, c’est dans le Tillabéri que les problèmes sont les plus importants pour la scolarité des élèves. Fin mai, plus de 900 écoles ne fonctionnaient plus, dans cette région frontalière du Mali et du Burkina Faso. Selon le ministre nigérien de l’Éducation, 18% des élèves du primaire et du secondaire ne vont plus à l’école, dans le Tillabéri, soit environ 79 000 élèves, sur les 438 000 de la région. C’est un pourcentage très important, reconnait Ibrahim Natatou, malgré les efforts que l’État assure déployer, à travers des écoles d’accueil, des centres de regroupement, ou des cantines d’urgence par exemple. RFI

Congo-Brazzaville: lancement avorté de l’opération DDR dans la région du Pool
Le lancement de l’opération de Démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) d’au moins 10 000 ex-combattants du Pool n’a pas pu démarrer, comme prévu, en fin de semaine dernière. Plusieurs raisons expliquent ce rendez-vous manqué, notamment les exigences de leur chef Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntoumi. C’est le jeudi 8 juin dernier que le Premier ministre Anatole Collinet Makosso était attendu à Kinkala, chef-lieu du Pool, pour donner le coup d’envoi de cette opération attendue depuis des années. Mais, la veille, des émissaires du révérend pasteur Ntoumi se sont présentés dans ses bureaux porteurs d’un message de ce dernier. L’ancien chef rebelle exige que les autorités gouvernementales lui déterminent un statut. Autrement dit, qu’une fonction officielle lui soit attribuée. L’ancien-chef rebelle entend ainsi assurer ses arrières une fois la réinsertion de tous les ex-combattants terminée. C’est une question politique, explique une source proche du Haut Commissariat à la réinsertion des ex-combattants qui affirme que techniquement tout est fin prêt pour que l’opération DDR commence. RFI

Paulin Melatagia, chercheur camerounais: en matière d’IA, «l’Afrique développe ses propres solutions par la formation et la recherche»
Ce lundi, RFI explore les débats autour de l’Intelligence artificielle… Toutes les parties du monde sont interpelées par la révolution qui est en cours. Et l’Afrique développe d’ores et déjà sa propre expertise dans le domaine. Car l’IA, au-delà des inquiétudes qu’elle soulève, est porteuse de nombreuses opportunités pour le continent. Paulin Melatagia, responsable de l’équipe de recherche Sciences de données et IA au Département d’Informatique de l’Université de Yaoundé 1, est notre invité pour en parler. RFI