La France, les Etats-Unis et l’Algérie ont ajouté mardi 11 janvier à la pression exercée par les Etats ouest-africains sur la junte malienne pour qu’elle se plie à l’exigence d’un retour rapide des civils au pouvoir. … Le président Emmanuel Macron a assuré que la France et l’Union européenne, dont son pays assure la présidence tournante, soutenaient la « position très claire et ferme » de la Cédéao face aux « dérives de la junte ». Les Européens se préparent à renforcer à leur tour leurs sanctions, a-t-il dit. … Les Etats-Unis soutiennent également les sanctions ouest-africaines, a précisé leur ambassadrice à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Un délai de cinq années, comme l’ont demandé les colonels pour passer la main aux civils, « prolonge la douleur » des Maliens, plongés dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012, a-t-elle souligné. Jusqu’à mardi, très peu de voix s’étaient élevées, au Mali même, pour critiquer la junte. Une coalition de partis maliens, le Cadre d’échange, a rompu cette réserve en faisant porter à la junte « la seule et l’unique responsabilité » des sanctions. Le Monde avec AFP
La Russie et la Chine ont bloqué mardi, selon des diplomates, l’adoption d’un texte du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant les sanctions décidées par la Cedeao contre la junte au Mali, où une transition vers un pouvoir civil qui durerait cinq ans a été rejetée par la plupart des partenaires du pays. … « Nous sommes déçus », a déclaré à des médias l’ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité suivie de consultations à huis clos par ses 15 membres. Il a précisé que les pays africains dans l’instance (outre le Kenya, le Gabon et le Ghana) avaient jugé le texte proposé « relativement doux ». Selon une source diplomatique, la déclaration se bornait à parler d’un « soutien aux efforts de médiation de la Cedeao ». Dans une déclaration lue au nom des trois membres africains du Conseil, l’ambassadeur du Kenya a défendu les sanctions de la Cedeao qui visent à faire « accélérer la transition » au Mali et à revenir à un ordre constitutionnel et civil. Ces mesures n’entravent pas l’aide humanitaire à la population malienne, a insisté Martin Kimani. Le Point
Les autorités du Burkina Faso ont annoncé l’arrestation lundi de huit soldats accusés d’avoir intenté un coup d’État. Le Lieutenant-Colonel Emmanuel Zongrana est arrêté avec sept autres personnes par la Gendarmerie nationale. Selon le procureur militaire, ils projetaient de déstabiliser les institutions de la République et ont été dénoncés par un membre de la bande. Le ministère de la justice a annoncé mardi qu’une enquête est ouverte sur cette affaire. Avant la marche du 27 novembre qui avait connu l’arrestation de certains leaders de la société civile pour atteinte à la sureté de l’Etat, les autorités avaient parlé de transactions d’argent de l’extérieur avec une possible récupération militaire. Mais à ce stade, l’enquête n’a pas encore établi de liens politiques dans cette affaire. BBC
Plusieurs militaires ont tenté un coup de force hier à Ouagadougou. “L’information provient du parquet militaire, relate le quotidien Le Pays. Huit militaires ont été interpellés et auditionnés. Le cerveau de cette bande, qui projetait de déstabiliser les institutions de la République, serait un lieutenant-colonel répondant au nom d’Emmanuel Zoungrana, ex-chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando et commandant du secteur ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord. […] Il fomentait (donc) un coup d’État contre le régime du président Roch Marc Christian Kaboré.” … Le Burkina Faso, malgré sa situation difficile, “n’a pas besoin d’un coup d’État pour s’en sortir, conclut Aujourd’hui au Faso. Mais il lui faut ses militaires et les civils ensemble pour vaincre ceux qui sont en train de l’encercler.” “Aucun putsch militaire ne doit être toléré, renchérit Wakat Séra, même ceux que certains qualifient abusivement de salutaires. Toutefois, il est plus que jamais important pour les dirigeants dits démocratiquement élus, de respecter les règles du jeu, par l’organisation d’élections ouvertes, l’acceptation de l’opposition et la bonne gouvernance et la justice sociale comme boussoles. Et c’est à cela que la CEDEAO doit, en permanence, veiller pour ne pas avoir à se mettre à dos des peuples qui, martyrisés par leurs dirigeants, ne peuvent que faire porter des lauriers de sauveurs aux putschistes.” Courrier International
La frappe de drone, menée lundi, a visé une minoterie dans la localité de Mai Tsebri dans le sud du Tigré. La plupart des victimes –au nombre de 17 selon des sources humanitaires– sont une fois encore des civils. Ils étaient venus moudre des céréales dans la localité. Des sources médicales évoquent également des dizaines de blessés. La seconde frappe de drones, survenue mardi, a touché la ville de Hiwane au sud de Mekele. Deux personnes ont cette fois été tuées. Après l’attaque de vendredi dernier sur un camp de déplacés, largement décriée par les Nations unies notamment, le régime fédéral éthiopien ne semble donc pas décidé à mettre fin à son offensive aérienne dans le Tigré. Quelques heures avant la frappe de lundi, le président américain Joe Biden s’était pourtant entretenu avec le Premier ministre éthiopien. Selon Washington les deux hommes auraient évoqué la nécessité d’accélérer le dialogue en vue de parvenir à un cessez le feu négocié. Et ce, après que Abyi Ahmed ait posé deux gestes présentés comme encourageants : un appel à la réconciliation nationale et la libération de plusieurs prisonniers politiques. Ces nouvelles frappes menées dans la foulée suscitent donc l’inquiétude. D’autant que les possibilités d’acheminer de l’aide humanitaire dans le Tigré restent toujours extrêmement limitées. RFI
Au moins six personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par l’explosion d’une voiture piégée, mercredi 12 janvier, dans la capitale somalienne, Mogadiscio, ont déclaré un responsable des services de sécurité et des témoins. « Toute la zone a été dévastée », a affirmé un responsable des services locaux de sécurité, Mohamed Abdi, jugeant que le bilan risquait de s’alourdir. L’attaque a été revendiquée par les rebelles djihadistes chabab, qui ont affirmé, dans un communiqué, avoir ciblé des « responsables étrangers ». Cet attentat survient quelques jours après que les dirigeants somaliens ont conclu un accord pour achever en février les élections parlementaires, dont les retards répétés ont généré une profonde crise politique dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique. Selon des témoins, un convoi de plusieurs véhicules d’une société de sécurité escortait des étrangers à travers cette partie de la ville lorsque l’explosion a eu lieu. Le Monde avec AFP
Emmanuel Kemende était une figure du SDF, le parti de l’opposition fondé par John Fru Ndi. Ses tueurs ont disparu dans la nature, mais pour la police il ne fait aucun doute que les auteurs de cet assassinat sont à chercher dans les rangs des combattants séparatistes. Selon une source interne au SDF, le sénateur Emmanuel Kemende, également avocat au barreau du Cameroun, était sorti de chez lui pour déposer un visiteur. Peu après 19 heures, alors qu’il est sur le chemin du retour, il est intercepté par un groupe d’hommes armés qui le somme de sortir du véhicule. À peine a-t-il posé les pieds sur terre que l’un des hommes lui tire dessus à bout portant. Une balle en plein cœur et une autre dans la tête. Ses agresseurs disparaissent aussitôt et le laissent agonisant sur la chaussée. Un moto taximan passant par là, se porte à son secours. Le sénateur, qui n’est pas encore décédé, aura juste le temps de lui donner le numéro de téléphone de son épouse avant de rendre l’âme. RFI
Football Ruth Acha et trois de ses voisines, assises en tailleur à même le sol sur une petite véranda carrelée, ont pris « ensemble une décision pour une durée d’un mois » : il n’y aura « pas de football à la maison ». « Mes quatre garçons, qui aiment ce sport, savent qu’ils peuvent tout voir à la télévision sauf les matches de la CAN [Coupe d’Afrique des nations], explique cette veuve de 58 ans. Je suis une mère. Je vois depuis plus de cinq ans les anglophones se faire tuer ou souffrir dans cette guerre. » « Si Paul Biya et le gouvernement avaient mis la même énergie à résoudre le conflit que celle mise dans l’organisation de cette CAN, je suis sûre que la guerre serait finie, l’interrompt Solange (les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des personnes interviewées). C’est mon mari qui a pris la décision. J’en ai parlé à mes amies et elles étaient d’accord. » Limbé est une ville balnéaire du Sud-Ouest, l’une des deux régions anglophones du Cameroun (avec le Nord-Ouest) plongées depuis 2017 dans une guerre civile entre l’armée camerounaise et les séparatistes. Comme Ruth et ses voisines, certains habitants interviewés disent vouloir « boycotter » la CAN afin de montrer leur colère face à un conflit qui a déjà fait, d’après l’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG), plus de 6 000 morts et contraint plus de 500 000 personnes à quitter leur domicile. Le Monde
La violence ne faiblit pas dans le nord-ouest du Nigeria, comme l’ont rappelé les toutes dernières attaques survenues dans l’Etat de Zamfara. Entre mercredi 5 et jeudi 6 janvier, plusieurs centaines d’hommes, armés et à moto, ont pris d’assaut une dizaine de villages, pillant, brûlant les maisons et tirant à vue sur les habitants terrifiés. Cette équipée sauvage, qui a ciblé les districts d’Anka et de Bukkuyum et duré près de vingt-quatre heures, a fait au moins 200 victimes, selon les témoignages des survivants. Ce nouveau massacre, condamné par les autorités, a marqué les esprits, mais il est loin d’être un cas isolé. Le 17 octobre 2021, une attaque au marché de la ville de Goronyo, dans l’Etat de Sokoto, a fait quelque 120 morts. Dans la même région, quelques jours plus tôt, ceux que l’on surnomme « bandits » au Nigeria ont encerclé un marché du district de Sabon Birni et tiré sporadiquement sur la foule avant de dévaliser les étals. Au moins trente personnes ont été tuées. En novembre 2021, des hommes armés ont également tué treize personnes et en ont capturé dix-sept autres dans le district de Batsari, situé dans l’Etat de Katsina… Mais le bilan de ces événements sanglants est souvent difficile à appréhender, et rarement confirmé par les autorités. Le Monde