Revue de presse du 12 avril 2024

Un an de conflit au Soudan : des experts de l’ONU dénoncent les attaques répétées contre les civils
Alors que le conflit au Soudan entre dans sa deuxième année, des experts de l’ONU ont déclaré jeudi que les parties belligérantes doivent s’engager à un cessez-le-feu immédiat, mettre fin aux attaques contre les civils et garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire pour des millions de personnes qui en ont désespérément besoin. Les combats entre factions militaires rivales ont tué des milliers de civils depuis leur début le 15 avril 2023. Plus de six millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que près de deux millions de réfugiés ont fui vers les pays voisins. Près de 24 millions de personnes ont besoin d’aide, dont 18 millions souffrent d’insécurité alimentaire critique, selon l’ONU. « Il est plus que temps que cette guerre dévastatrice cesse », a déclaré Mohamed Chande Othman, Président de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan, qui a été établie en octobre dernier par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. « Les parties belligérantes doivent mettre un terme immédiat à toutes les violences, y compris les violences sexuelles et basées sur le genre, et tenir les auteurs de graves violations des droits humains pour responsables de leurs actes ». « Les parties belligérantes au Soudan sont légalement tenues de protéger les civils, mais elles n’ont montré que peu d’intérêt à cet égard », a affirmé M. Othman. « Nous enquêtons actuellement sur des informations alarmantes faisant état d’attaques répétées contre des civils et des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux et des écoles ». ONU Info

RDC: dans Goma encerclée, militaires et miliciens s’en prennent aux civils
Chaque matin à Goma, on compte les morts, les victimes des pillages et les agressions sexuelles de la nuit. Excédés, les habitants dénoncent les membres de la Garde républicaine et les miliciens qui patrouillent dans la ville encerclée par les rebelles du M23. Sur la vidéo, un jeune homme se roule à terre, se vide de son sang. Tout près, un autre est étendu dans une mare de sang. Des pleurs de femmes résonnent dans la nuit de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Comme chaque matin, la ville se réveille et de bouche à oreille se transmet le décompte des morts, des victimes des pillages et des agressions sexuelles de la nuit.… Acculés dans Goma, ces milliers d’hommes armés se retrouvent en divagation dans la ville et ses faubourgs. « La nuit, ils nous tirent dessus dans nos abris », se plaint une femme déplacée sous couvert d’anonymat. Parmi les agresseurs, « il y a les soldats du gouvernement, mais aussi les policiers, les wazalendo et certains jeunes de la ville », continue-t-elle, « ils sont tous mélangés ». VOA/AFP

Sénégal : le chef de l’État encourage la dénonciation des irrégularités et des pratiques contraires à l’éthique
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, encourage les fonctionnaires et les agents de l’État à dénoncer les irrégularités et les pratiques contraires à l’éthique et à la loi dont ils seront au courant au sein des entreprises du secteur public. “Il est essentiel que chacun se sente libre et soutenu de partager, en toute sécurité, des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l’éthique et à la loi”, leur recommande le chef de l’État dans une lettre dont une copie est parvenue à l’APS, jeudi. M. Faye assure accorder de l’importance à la protection des lanceurs d’alerte. Il a évoqué la “volonté collective” des Sénégalais de “bâtir un gouvernement vertueux, fondé sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte”.… Il les invite à “incarner pleinement les principes de droiture, de probité et d’exemplarité”. “Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, où le service [rendu] à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération”, recommande Bassirou Diomaye Faye aux fonctionnaires et agents de l’État. APS

Mali : après la « suspension » des activités des partis politiques, l’interdiction aux médias d’en parler
Les autorités maliennes interdisent le 11 avril aux médias toute publication sur les activités des partis politiques. La veille, elles ont ordonné la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables, selon elles de « discussions stériles » et de « subversion ». La Haute autorité de la communication (HAC) « invite tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations », dit-elle dans un communiqué. La HAC ne précise pas à quoi s’exposeraient les médias qui contreviendraient. Cette annonce intervient au lendemain d’une autre restriction à toute expression d’opposition ou de dissidence démocratiques à l’égard du pouvoir détenu par les militaires depuis août 2020. Le 10 avril, les autorités maliennes suspendent « jusqu’à nouvel ordre » les activités des partis et des associations à caractère politique. TV5Monde

Mali : « Dans l’Afrique précoloniale, il y avait de l’opposition »
Interview avec le sociologue malien Mohamed Amara qui revient sur la nécessité d’une opposition sociale et politique. La junte au pouvoir au Mali vient de suspendre les activités des organisations et partis d’opposition. Au Mali, plusieurs associations de la société civile ont déjà été dissoutes par les militaires au pouvoir. Des personnalités jugées trop critiques ont également eu des démêlés avec la justice depuis les coups d’Etat de 2020 et 2021. Mais le chef de la transition, Assimi Goïta, a franchi un nouveau cap : il a suspendu les activités à caractère politique des associations et des partis d’opposition.… Ce n’est pas la première fois que les militaires au pouvoir à Bamako s’en prennent aux voix critiques. Rien que ces derniers mois, quatre associations de la société civile, parmi lesquelles l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) ont été dissoutes sous couvert de « troubles à l’ordre public ». Leur point commun est d’avoir appelé à la tenue prochaine d’élections libres.… Début mars 2024, Aguibou Bouaré, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), faisait part de ses préoccupations « face aux menaces sérieuses pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques, notamment la liberté d’association ».… Dans un Etat, l’opposition participe au bon fonctionnement des institutions. Du Parlement, par exemple, qui lui-même a vocation à veiller à ce que le gouvernement agisse dans le respect des lois. Par ailleurs, l’opposition est aussi force de proposition, elle formule des alternatives et incite au débat contradictoire pour « éviter la pensée unique », comme l’explique le sociologue malien Mohamed Amara. DW

Togo: l’opposition maintient ses manifestations malgré l’interdiction des autorités
Plusieurs partis de l’opposition togolaise ont appelé jeudi la population à participer « massivement » aux manifestations prévues vendredi et samedi à Lomé pour protester contre la nouvelle Constitution malgré l’interdiction des autorités. Des poids lourds de l’opposition et un groupe de la société civile ont appelé les Togolais lors d’une conférence de presse à « assister massivement aux manifestations des 12 et 13 avril pour dire non à la Constitution frelatée que le régime et ses acolytes cherchent à leur imposer ». Le ministre de l’Administration territoriale Hodabalo Awaté a interdit ces manifestations pour non-respect du délai de déclaration et du choix d’un itinéraire qui « viole clairement » les textes.… « Nous devons nous battre, parce que nous sommes en face d’un coup de force perpétré par quelqu’un dont le seul objectif est de demeurer éternellement au pouvoir », a soutenu Jean Pierre Fabre, président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC). Au Togo, les manifestations de rues sont interdites depuis 2022. VOA/AFP

La Russie accentue son influence en Afrique et envoie des instructeurs militaires au Niger
La Russie étend son influence au Niger, avec l’arrivée récente d’instructeurs et de personnels militaires du ministère de la Défense russe. L’information est rapportée par le média d’Etat du Niger, RTN. Comme ses pays voisins, ce pays du Sahel établi des relations plus étroites avec Moscou. « Nous sommes ici pour entraîner l’armée du Niger et mettre en place une coopération militaire entre la Russie et le Niger », a affirmé un Russe au visage caché et portant un uniforme en camouflage, cité par RTN comme un des instructeurs. La Russie étend son influence en Afrique. En mars dernier, le Niger a renoncé avait dénoncé l’accord de coopération signé en 2012 avec les États-Unis estimant que celui-ci avait été « imposé unilatéralement » par Washington. En vertu de cette alliance, les Américains pouvaient mener des opérations à partir de deux bases au Niger. Il est question que les USA opèrent le désengagement de ses troupes du territoire nigérien, soit un peu plus de 1000 soldats. Aucune date n’est renseignée. Les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, ont aussi mis fin à des alliances similaires avec la France, entre autres, et ont également renforcé leurs liens avec la Russie. RTBF

La Côte d’Ivoire, pivot de la stratégie d’influence de l’Ukraine en Afrique de l’Ouest
Pour contrer l’omniprésence de la Russie sur le continent africain, Kiev y inaugure de nouvelles ambassades. Après Kinshasa mercredi, c’était jeudi au tour d’Abidjan. La diplomatie comme rempart à l’influence russe en Afrique. Après l’ouverture de l’ambassade d’Ukraine à Kinshasa, mercredi 10 avril, c’est en Côte d’Ivoire que Kiev a inauguré, jeudi, sa nouvelle chancellerie. Coupure de rubans, lever de drapeau et hymne national : ambassade après ambassade, l’Ukraine espère ainsi « lutter contre le narratif russe, largement répandu sur le continent africain », résume Yurii Pyvovarov, ambassadeur d’Ukraine à Dakar, chargé d’assurer l’intérim pour la représentation d’Abidjan en attendant la désignation d’un ambassadeur dévolu à la Côte d’Ivoire. Au total, ce sont six nouvelles chancelleries qui verront le jour en Afrique en l’espace de deux semaines, inaugurées par l’envoyé spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Maksym Soubkh. Dans la foulée de l’ouverture ivoirienne suivront le Ghana, le Botswana, le Mozambique et le Rwanda, portant à 17 le nombre de représentations diplomatiques ukrainiennes sur le continent. « L’objectif est d’arriver à 20 ambassades », précise Yurii Pyvovharo depuis la nouvelle chancellerie d’Abidjan, une bâtisse cossue de 1 200 m2 située à deux pas de l’ambassade de Russie. Le Monde

Algérie : Pourquoi le général Saïd Chengriha soutient la candidature de Abdelmadjid Tebboune pour une élection présidentielle anticipée
Le général Saïd Chengriha, qui contrôle l’armée et l’Algérie, est lui-même devenu sous le contrôle de ses généraux et des services de renseignement, une situation de renversement de pouvoir, où un leader militaire de haut rang, qui avait initialement la maîtrise de ses forces et du gouvernement, se retrouve dominé et manipulé par des officiers, d’après ses proches subordonnés. En Algérie, où les rouages du pouvoir sont intimement liés aux forces armées, se retrouve dans une situation complexe vis-à-vis du président Abdelmadjid Tebboune. Le général, élevé au rang de puissance ultime grâce à ses prouesses militaires et son ascension au sein des structures de commandement, découvre que son autorité est sapée par ses propres généraux. Ces derniers, stratèges habiles et ayant chacun le contrôle de factions de l’armée, ont tissé une toile d’influence et de pouvoir qui dépasse désormais celle de leur leader. Les ambitions personnelles des chefs des unités armées, couplées à leur contrôle effectif des forces armées, leur ont permis d’accumuler du pouvoir, souvent en agissant en sous-main ou en formant des alliances stratégiques entre eux. Face à cette réalité, le général Chengriha, contre la réélection de Abdelmadjid Tebboune, se retrouve dans un dilemme. Doit-il tenter de reprendre le contrôle par des moyens potentiellement brutaux et risquer une confrontation ouverte avec ses propres généraux, ou chercher à négocier, peut-être au détriment de son autorité et de sa vision pour le pays, selon les experts politiques. Sahel-Intelligence

Le Burkina annonce la création de prisons militaires annexes, les associations s’inquiètent
Le Burkina Faso vient d’adopter un décret pour la création d’un établissement pénitentiaire militaire à Ouagadougou. Selon le gouvernement, l’actuel établissement est trop petit et ne peut plus contenir les personnes dans le respect des normes prescrites en la matière. L’adoption de ce décret permettra à la justice militaire de se conformer aux standards des établissements, indique le gouvernement. Mais cette décision inquiète certains défenseurs des droits de l’Homme. Le décret du gouvernement burkinabè décret ouvre la voie à la mise en place de centres de détention annexes en dehors des installations actuelles. Selon le porte-parole du gouvernement, l’actuelle maison d’arrêt et de correction des armées n’a pas significativement évolué depuis sa création. Les locaux sont devenus exigus et ne permettent pas le respect des normes, visant à éviter le contact entre certains détenus, explique le gouvernement. Pour les défenseurs des droits de l’Homme, cette décision laisse craindre la possibilité de créer des centres de détention secrets, « surtout quand on ne peut pas les localiser », s’inquiète le responsable d’une organisation de défense des droits de l’Homme. Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré, des civils et des militaires ont été mis aux arrêts sans que leur famille connaisse leur lieu de détention. RFI

L’école à Chibok dix ans après l’enlèvement des lycéennes
Le 14 avril 2014, près de 300 élèves, toutes des filles, étaient enlevées de force au sein de l’école qu’elles fréquentaient à Chibok, dans l’Etat de Borno, au Nigeria. Un grand nombre de ces lycéennes enlevées se sont échappées, d’autres ont été libérées après des négociations. Mais dix ans après, on est toujours sans nouvelles d’une centaine de ces lycéennes restées en captivité. L’école secondaire, détruite par les insurgés, a depuis été rénovée pour offrir un enseignement mixte.… L’école, qui a été incendiée lors de l’attaque par les terroristes de Boko Haram, a rouvert en 2021 après avoir été rénovée et s’appelle désormais  » Ecole secondaire gouvernementale  » car elle accueille des garçons et des filles.… La reconstruction et la rénovation de l’école ont ravivé l’espoir chez les habitants de Chibok, chez les élèves et leurs parents.… la région de Chibok vit toujours sous la menace des attaques et des enlèvements. Il y a quelques semaines, le Nigeria a connu deux nouveaux enlèvements de masse : l’un dans l’Etat du Borno, où se situe Chibok, où une centaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été enlevés, et l’autre dans l’Etat de Kaduna, dans le nord-ouest du pays, où plus de 130 enfants ont été kidnappés au sein de leur école avant d’être remis en liberté. DW

L’aide au développement des pays occidentaux atteint un nouveau record en 2023
L’aide au développement versée par les pays occidentaux a atteint un nouveau record en 2023. Et cela pour la cinquième année consécutive, d’après des chiffres publiés jeudi 11 avril par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le club des pays développés.… En 2022, la guerre en Ukraine avait eu pour effet collatéral de faire baisser l’aide versée aux pays africains. Ce n’est plus le cas en 2023 : l’aide vers l’Afrique repart à la hausse. Mais ce n’est pas assez pour compenser la baisse de l’aide versée à l’Afrique en 2022. « En 2020, on avait une aide qui avait fortement augmenté. Donc il était presque normal d’avoir une baisse dans les années suivantes, explique Matthieu Boussichas, chercheur à la Fondation pour les études et les recherches sur le développement international (Ferdi). Là, on revient à une tendance à peu près normale, avec une légère hausse en termes réels de l’aide au développement à l’Afrique. » Un timide retour à la normale qui reste insuffisant par rapport aux besoins de lutte contre la pauvreté et contre le changement climatique. Surtout qu’année après année, il y a bien une chose qui ne change pas : la plupart des pays ne respectent pas l’objectif fixé par les Nations unies (ONU) de consacrer 0,7% de leur richesse à l’aide au développement. Seuls la Norvège, le Luxembourg, la Suède, l’Allemagne et le Danemark sont au-dessus de ce seuil. Les autres n’ont souvent même pas fait la moitié du chemin. Et la Chine, qui n’est pas prise en compte dans les données publiées par l’OCDE, a tendance de son côté à diminuer son aide et ses investissements vers les pays africains : « Le flux d’échanges économiques entre la Chine et l’Afrique sont désormais à l’avantage de la Chine. » Pékin accorde aussi moins de prêts qu’avant aux pays africains. RFI