L’accueil des juntes africaines amplifie l’insécurité
La proposition réaliste est que les pays occidentaux doivent donner la priorité aux intérêts économiques et de sécurité à court terme plutôt qu’aux valeurs et principes démocratiques. Aujourd’hui, dans le cas des juntes sahéliennes, il est difficile de voir comment ces intérêts sont défendus, même à court terme. Les intérêts sécuritaires, économiques et migratoires se sont tous détériorés sous le régime militaire. Et les compromis faits par la CEDEAO et l’Occident n’ont fait qu’enhardir ces régimes. Tout nouvel accommodement avec les juntes ne fera qu’exacerber ces tendances tout en permettant aux juntes – y compris aux putschistes en puissance ailleurs – d’atteindre leur principal objectif : conserver le pouvoir indéfiniment et à n’importe quel prix. La validation des juntes fait aussi directement le jeu de la Russie. La coopération avec les juntes a été le principal moyen pour la Russie de gagner de l’influence au Sahel. Dans son sillage, la Russie a laissé une traînée d’instabilité dont les coûts seront supportés par les citoyens des pays touchés, de la région au sens large et de l’Europe pour les années à venir. L’Occident ne devrait pas aggraver la situation en adoptant les appels faciles à l’accommodement des juntes qui, manquant de ressources et de légitimité politique, n’ont au mieux qu’une emprise ténue sur le pouvoir. Même si l’accommodement s’avérait être une entreprise propice, le préjudice qu’il causerait à la crédibilité de l’Occident ne peut être ignoré, ni ses ramifications minimisées. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Le vice-président du Malawi, Saulos Chilima, tué dans un accident d’avion
Le vice-président du Malawi, Saulos Chilima, a trouvé la mort dans un accident d’avion, a annoncé, mardi 11 juin, le président, Lazarus Chakwera, peu après la découverte de l’épave de l’appareil porté disparu depuis la veille. « Les équipes de recherche et de secours ont localisé l’avion, complètement détruit et sans aucun survivant, tous les passagers à bord ayant été tués sur le coup », a annoncé le chef de l’Etat dans un discours retransmis à la télévision. « Les mots manquent pour dire à quel point c’est bouleversant », a-t-il ajouté, parlant d’une « terrible tragédie ». Elu pour la première fois vice-président en 2014 au côté de l’ancien président Peter Mutharika, Saulo Chilima, 51 ans, était très populaire au Malawi, en particulier parmi les jeunes. Figure politique charismatique au discours sévère, il avait été suspendu de ses fonctions en 2022, au cours de son second mandat, dans le cadre d’une enquête sur un vaste scandale autour de marchés publics. Il avait été arrêté et poursuivi pour corruption. Les charges pesant contre lui venaient d’être levées, en mai, par la justice, ce qui lui avait permis de reprendre ses fonctions officielles. Le Monde avec AFP
Gabon: Albert Ondo Ossa demande un «retour à l’ordre constitutionnel ou des élections tout de suite»
Dix mois après le coup d’État, Albert Ondo Ossa demande qu’on publie les vrais résultats de l’élection présidentielle d’août 2023. Après un scrutin entaché de manquements, les autorités avaient proclamé le président Ali Bongo vainqueur, entraînant un coup d’État militaire et sa chute. Beaucoup estiment qu’Albert Ondo Ossa serait le véritable vainqueur de l’élection. Le professeur d’économie ne s’était pas exprimé depuis septembre dernier, même s’il a participé à une conférence de presse collective la semaine dernière. Il dénonce ce qu’il considère comme des dérives autoritaires de la transition en cours qui doit s’achever en août 2024. RFI
Au Mali, l’inquiétante disparition d’un journaliste
La manifestation visait à dénoncer la vie chère, l’absence d’électricité et, plus largement, la gestion du pays par les autorités de transition depuis 2020. Un pari osé au Mali des colonels, où la moindre opposition à la junte d’Assimi Goïta est durement réprimée. Ce vendredi 7 juin, la Synergie d’action pour le Mali, une plateforme d’opposition, avait appelé à une marche dans le centre-ville de Bamako. … Ce jour-là, un seul journaliste a pris le risque de couvrir cette manifestation : Yeri Bocoum, promoteur de la Web TV YBC (« Yeri Bocoum communication »). Le lendemain, samedi 8 juin, vers 14h, un homme sonne chez lui, à Kati, à une vingtaine de kilomètres de Bamako, et lui demande de le suivre. Bocoum s’exécute, monte seul dans sa voiture et franchit le portail. À peine s’est-il éloigné que des individus lui barrent la route et le forcent à sortir de son véhicule. Il essaie de se débattre, sous les yeux de voisins éberlués. Sans succès. Il est embarqué. Depuis, son téléphone est coupé et sa famille n’a aucune nouvelle. Jeune Afrique
Au Mali, les avocats du colonel Kassoum Goïta s’alarment de sa disparition
Mais où est donc passé Kassoum Goïta ? « À ce jour, [ses] conseils ainsi que sa famille n’ont reçu aucune information le concernant et n’ont pu avoir aucun contact, ni direct ni indirect, avec lui », s’alarme dans un communiqué le collectif d’avocats du colonel. Ce dernier a fait l’objet d’un « enlèvement » dans sa cellule par des « éléments étrangers au système judiciaire » le 31 mai, ajoutent-ils. Kassoum Goïta faisait partie du groupe de colonels qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020. Son homonyme, le colonel Assimi Goïta, s’était dans la foulée hissé à la tête du pays. Kassoum Goïta avait ensuite pris la tête de la direction de la sécurité d’État sous le président Bah N’Daw, installé par la junte après le putsch de 2020 avant d’être à son tour évincé lors d’un second coup de force, en mai 2021. Depuis, la junte au pouvoir exerce le pouvoir sans partage. Kassoum Goïta et cinq autres hommes – dont Kalilou Doumbia, l’ancien secrétaire général de la présidence sous Bah N’Daw -, ont été arrêtés et détenus au secret en septembre et octobre 2021. Ils ont été torturés pendant leur détention, a dénoncé Human Rights Watch. L’appareil judiciaire n’avait indiqué qu’en novembre 2021 qu’ils étaient mis en cause pour tentative présumée de coup d’État. Jeune Afrique avec AFP
L’Assemblée nationale sud-africaine élit le prochain président vendredi
Les 400 députés élus aux législatives en Afrique du Sud le 29 mai se réunissent vendredi au Cap lors d’une première session à l’Assemblée nationale pour élire le prochain président du pays. « Le président de la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud déclare, en vertu de l’article 51 de la Constitution, que la première séance de l’Assemblée nationale se tiendra vendredi 14 juin 2024 à 10 heures » (08H00 GMT), a annoncé lundi le ministère de la Justice dans un communiqué. L’Afrique du Sud a tenu fin mai le scrutin le plus disputé depuis l’avènement de la démocratie dans le pays. Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir depuis la fin de l’apartheid a obtenu seulement 40% des voix, passant pour la première fois sous la barre des 50% lors d’élections nationales. Sans majorité absolue pour son parti, le président Cyril Ramaphosa, 71 ans, a appelé à former un gouvernement d’union nationale associant l’ANC à une large partie de l’opposition allant de l’extrême droite à l’extrême gauche. L’ANC ne dispose désormais que de 159 sièges de députés contre 230 dans le Parlement sortant. AFP
Crise au Soudan : l’OMS alerte sur l’attaque d’un hôpital clé du Darfour
De nouvelles violences meurtrières dans la ville assiégée d’Al Fasher au Soudan ont contraint un grand hôpital à fermer ses portes au cours du week-end après que des soldats aient pris d’assaut l’établissement, ce qui a amené l’agence sanitaire mondiale des Nations unies à s’alarmer lundi des graves conséquences pour les malades et les blessés. « L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est consternée par la récente attaque contre l’hôpital Sud, le seul établissement doté d’une capacité chirurgicale à Al Fasher, au Darfour », a déclaré l’agence onusienne dans un message publié sur le réseau social X. « La fermeture de l’hôpital à la suite de l’attaque a poussé les deux autres hôpitaux de la ville à dépasser leur capacité, ce qui limite encore l’accès aux services vitaux ». Selon certaines informations, l’hôpital a dû fermer ses portes après que des soldats des Forces de soutien rapide sont entrés dans le bâtiment et ont ouvert le feu. L’ONG qui aide à gérer l’hôpital, Médecins Sans Frontières (MSF), a déclaré sur X que les combattants armés avaient volé du matériel et une ambulance. ONU Info
Le Tchad interdit une marche contre les troupes françaises
Remadji Hoinathy est chercheur principal pour l’Institut d’études de sécurité pour l’Afrique centrale et le bassin du Lac Tchad. Il explique d’abord que cette interdiction est un énième durcissement du contexte politique tchadien depuis l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno. Le gouvernement utilise plutôt ces arguments, en fait, pour interdire toute manifestation qui ne serait pas sur l’agenda des gouvernants, c’est-à-dire [qui ne serait pas une] manifestation de soutien à leur politique, etc. Et ceci est pour moi relativement préoccupant. … Est-ce qu’on en sait un peu plus sur ce mouvement ? Ou bien vous pensez qu’il se fait le relais en fait de ces Tchadiens qui, sur les réseaux sociaux, sont contre la présence française ? Son agenda s’inscrit plus ou moins clairement sur l’agenda qu’on voit un peu partout au Sahel en ce moment, qui est un mouvement qui réclame la souveraineté et qui s’oppose à la présence des forces étrangères. Malheureusement, on a l’impression que ce mouvement, comme tant d’autres mouvements néo-panafricanistes, réclame le départ de la France tandisqu’ils accepteraient volontiers la présence d’autres forces étrangères. DW
RDC : le douloureux témoignage d’un rescapé de l’attaque meurtrière des ADF
Dimanche, l’atmosphère était très lourde dans le cimetière de Mabalako où les membres des familles, inconsolables, ont inhumé leurs proches, 22 personnes au total, victimes de l’attaque revendiquée par les rebelles des Forces démocratiques alliées ou ADF à Masala dans la province de Baswgha-Madiwe à Béni dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Mwindo Junior est rescapé, l’une des personnes qui ont réussi à se sauver lors de l’attaque des ADF, mais qui a aussi perdu des proches dans ces tueries. Il raconte : « Quand les rebelles sont venus dans notre village, nous avons cru que ce sont des patriotes Wazalendo qu’on attendait la veille ». Les Wazalendo sont des groupes organisés par l’armée pour défendre les populations civils contre les rebelles et autres groupes armés. … « Si cette violence persiste, elle risque d’aggraver davantage la situation humanitaire déjà précaire dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où plus de 900 000 personnes nouvellement déplacées ont été enregistrées entre janvier et avril 2024, portant le nombre total de déplacés dans ces trois provinces à plus de 5,6 millions, pour un total de 7,3 millions dans le pays », déclare Bruno Lemarquis, le Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo (RDC). Il appelle les groupes armés à respecter leurs engagements en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, en protégeant les civils. BBC
RD Congo : la majorité des abus contre les enfants au Nord Kivu notée dans les zones de combat (HCR)
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), 164 cas d’abus des droits de l’enfant ont été signalés au cours du mois de mai, dont plus de la moitié (91 cas) étaient des violations graves. Le rapport de situation du HCR fait état de cas de meurtres et mutilation d’enfants (36 % des cas), des actes de violences sexuelles commises contre des enfants (25 %), recrutement/utilisation d’enfants (18 %), et de l’enlèvement des enfants (19 %). La majorité de ces violations graves (87 %) ont été enregistrées dans les zones de combat, pendant le retrait des acteurs parties au conflit ou dans les zones contrôlées par des groupes armés. « Ces zones ont connu une recrudescence de meurtres d’enfants par bombes et des violences sexuelles et le recrutement, particulièrement dans la zone de Nyiragongo », a détaillé dans son rapport, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). ONU Info
Des milliers d’Africains expulsés par l’Algérie en détresse au Niger
« Où est la rupture ? Où est le changement [promis par le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye] ? », proteste Mouhamadoul Makhtar Thiam, étudiant perdu dans l’enfer d’Assamaka, poste-frontière nigérien, à 15 kilomètres de l’Algérie et 4 000 kilomètres de Dakar. L’homme de 24 ans, joint au téléphone par Le Monde, a été jeté dans le désert, le 29 mars, par les forces de sécurité algériennes. Depuis, il multiplie les appels aux autorités sénégalaises pour être rapatrié. … Les expulsions, elles, se font sans compassion : des camions à bestiaux partis d’Algérie déversant des sans-papiers au « point zéro » de la frontière avec le Niger, forçant, en 2023, selon une source humanitaire, au moins 16 000 personnes à parcourir 15 kilomètres sous le soleil brûlant jusqu’à Assamaka. « Je pensais que mon cauchemar allait prendre fin, confie Mouhamadoul Makhtar Thiam. Mais ça n’était que la suite de l’enfer que je vis depuis février. » Le Monde
Sénégal: vives réactions après les propos du Premier ministre Ousmane Sonko sur la presse
Acteurs de l’opposition, mais aussi magistrats et directeurs des entreprises de presse… Tour à tour, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko a visé ces acteurs. « Ceux qui ont pillé les deniers publics vont payer », a-t-il dit à plusieurs reprises, allant jusqu’à accuser les entreprises de presse qui ont une dette fiscale vis-à-vis de l’État de détournement de fonds. Inadmissible pour le président du Conseil des éditeurs de presse du Sénégal, Mamadou Ibra Kane… L’essentiel étant des mesures très attendues sur la baisse des prix ou encore l’annonce « de solutions pour fortifier la presse plutôt que des menaces » comme l’analyse l’une des grandes voix de la société civile Birahim Seck qui continue « vous n’êtes plus dans l’opposition, mais dans la position d’apporter des réponses rassurantes et démocratiques. » Même analyse du côté de l’opposition qui dans son ensemble a appelé le Premier ministre à passer aux actes. Anta Babacar Ngom regrette qu’Ousmane Sonko se comporte comme s’il était encore dans les rangs de l’opposition. Pour elle, « l’heure n’est plus aux promesses, mais aux actes concrets ». RFI
Nigeria : critiquer une sauce tomate, c’est s’exposer à la “loi cybercriminalité”
En septembre 2023, Chioma Okoli, une femme nigériane de 39 ans originaire de Lagos, avait publié une série de messages sur les réseaux sociaux, critiquant la teneur en sucre d’une sauce tomate de la marque Nagiko. Quelques jours plus tard, elle était arrêtée par trois policiers à la sortie de l’église. “On m’accusait d’extorsion de fonds, de chantage et d’association de malfaiteurs”, explique-t-elle à Al-Jazeera. “Okoli fait partie de ces Nigérians qui ont été arrêtés ou accusés d’avoir enfreint les lois nigérianes sur la cybercriminalité, qui visent à protéger des informations nationales sensibles et aussi à prémunir les citoyens contre le cyberharcèlement”, ajoute le site panarabe. Le texte sur la cybercriminalité a été adopté en 2015 mais a très vite été dénoncé par les groupes de défense des droits pour son caractère “nébuleux”. Ces derniers estiment qu’il pourrait surtout être utilisé pour réduire au silence journalistes, militants et dissidents. La loi a d’ailleurs dû être amendée en 2022 après avoir été épinglée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Courrier international
Jean Kaseya : « La fabrication locale de vaccins sera la deuxième indépendance de l’Afrique »
Le 20 juin se tiendra à Paris le Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, coorganisé par la France, Gavi-l’Alliance du vaccin et l’Union africaine (UA). Il a pour but d’accélérer la fabrication locale de vaccins dans les pays en développement, alors que l’Afrique importe plus de 98 % de ceux qu’elle consomme. Ce rendez-vous, qui rassemblera une trentaine de chefs d’Etats et plus de 300 ministres et délégués, « sera l’occasion pour les partenaires extérieurs d’une prise de conscience majeure que, une fois pour toutes, l’Afrique veut prendre son destin en main », estime Jean Kaseya, le patron d’Africa CDC, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’UA. Créée en 2017 après la grave crise Ebola qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest en 2013-2014, l’agence de santé publique panafricaine s’était imposée durant la crise du Covid-19 comme un outil incontournable pour coordonner une réponse continentale. Mais les ratés du mécanisme d’entraide international Covax avaient révélé l’extrême dépendance du continent aux pays du Nord et à l’Inde pour l’accès aux vaccins. Elu à la tête de l’institution en avril 2023, le médecin congolais a notamment pour mission de consolider la surveillance épidémiologique, de développer la collecte et l’analyse de données fiables et de construire la capacité du continent à fabriquer ses propres vaccins. Le Monde