Jeudi 10 juin, Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane « sous sa forme actuelle » et une « transformation profonde » de l’engagement militaire français au Sahel, dont « les modalités précises et le calendrier seront précisés dans les jours à venir » – probablement fin juin, lors du sommet de la Coalition pour le Sahel prévu à Bruxelles. L’opération Barkhane, lancée en août 2014, avait succédé à l’opération Serval déclenchée en janvier 2013 pour contrer l’offensive de groupes jihadistes vers le sud du Mali. Selon Emmanuel Macron, elle sera remplacée par une « opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent », laquelle s’inscrira dans une alliance internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel. … Initialement, le réajustement de l’opération Barkhane devait être annoncé fin juin, lors du sommet de la Coalition pour le Sahel prévu à Bruxelles. Mais le deuxième coup d’État en neuf mois du colonel Assimi Goïta, fin mai, à Bamako, a changé la donne et accéléré les choses. Après avoir dénoncé un geste « inacceptable », puis déclaré qu’il « ne rester[ait] pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition », Emmanuel Macron avait annoncé, le 3 juin, la suspension temporaire des opérations militaires conjointes avec l’armée malienne. Une décision forte et inédite, qui en dit long sur la perception française du coup de force perpétré par Assimi Goïta, désormais nouveau président de la transition malienne. Jeune Afrique
Des interpellations ont eu lieu jeudi soir, à l’avant-veille des élections législatives anticipées. Un scrutin au cours duquel les électeurs algériens sont appelés à élire les 407 députés de la future assemblée populaire nationale. Il est rejeté par le Hirak et par une partie de l’opposition. L’un des enjeux sera d’ailleurs le taux de participation, faible lors de la présidentielle de 2019 et du référendum sur la révision de la Constitution en fin d’année dernière. Le journaliste Khaled Drareni n’avait plus donné de nouvelles depuis jeudi soir. Tard dans la nuit, ses proches ont affirmé avoir reçu un appel de sa part pour les informer qu’il se trouvait à la caserne Antar. Khaled Drareni a déjà passé près de 11 mois en détention avant d’être libéré en février dernier. … Les défenseurs des droits humains dénoncent une répression accrue à l’approche des élections, qui se traduit par des interpellations et des poursuites contre des opposants, hirakistes, avocats et journalistes. Le Comité national pour la libération des détenus recense actuellement plus de 220 personnes incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles. RFI
L’Afrique déplore officiellement 133 000 décès dus au Covid-19 en 2020, selon l’Organisation mondiale de la santé. Mais au sein des organisations, on reconnaît que ce chiffre est largement sous-estimé, faute de tests et de reporting adéquat. Selon une étude américaine, le bilan réel des victimes africaines du Covid pourrait être trois à quatre fois plus lourd. Le Covid pourrait en réalité avoir fait jusqu’à 500 000 morts en Afrique l’an dernier. C’est la conclusion de l’Institut de mesure de la santé de l’Université de Seattle, aux États-Unis, qui a élaboré un modèle de comptage pour les régions qui n’ont pas de données fiables. Il est vrai que l’Afrique ne déclare que 8% de ses décès à l’état civil, et que pour le Covid, elle manque cruellement de tests. « Les tests ne sont pas disponibles et, quand ils le sont, les laboratoires de qualité ne sont pas disponibles ou le personnel pour le faire, analyse Abdou Salam Gueye, responsable des programmes d’urgence au Bureau régional Afrique de l’OMS. Quand une personne est décédée, elle n’est pas testée pour déterminer si elle avait le Covid ou non. » RFI
Jeudi 10 juin, à la veille d’un sommet des dirigeants du G7 au Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont lancé un appel pressant à l’action contre un début de famine provoqué par le conflit dans la région éthiopienne du Tigré. « La famine est peut-être déjà en cours dans certaines zones, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes. C’est inadmissible », a lancé l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, lors d’une visioconférence internationale organisée par les Etats-Unis et l’UE. « Pour éviter une catastrophe humanitaire, l’ensemble de la communauté internationale doit agir directement et indirectement, rapidement et avec vigueur », a soutenu Janez Lenarcic, le commissaire européen chargé de la gestion des crises. L’ambassadrice américaine a déploré l’incapacité du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) à organiser une réunion publique pour mettre fin à la crise. Une réunion à huis clos est prévue le 15 juin. « Nous assistons à un cauchemar humanitaire […] Nous ne pouvons pas laisser l’Ethiopie mourir de faim. Nous devons agir maintenant », a déclaré Mme Thomas-Greenfield, dénonçant une urgence « provoquée par l’homme ». Le Monde avec AFP
Les conflits liés à l’accès aux ressources dans le nord du Bénin se sont accentués et risquent d’être exploités par les groupes extrémistes présents dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, s’alarme dans un rapport le centre de réflexion néerlandais Clingendael. « Il existe un nombre important de conflits communautaires dans le nord du Bénin qui sont devenus plus intenses et meurtriers ces dernières années », selon ce rapport publié jeudi. Clingendael affirme que le gouvernement du président Patrice Talon « semble délibérément dissimuler ces problèmes », même s' »il travaille dur en coulisses pour adresser ces problèmes ». La montée des violences s’observe dans trois régions du Nord – l’Alibori, le Borgou et l’Atacora – frontalières avec le Niger, le Burkina Faso et le Nigeria, des pays où sont implantés plusieurs groupes jihadistes. Selon ce think-tank international renommé et spécialisé dans les questions de sécurité, les conflits communautaires au Bénin risquent d’être exploités par ces groupes extrémistes, et il « existe un risque de débordement de la violence du Sahel » au Bénin. AFP
Le chef d’une milice accusée d’avoir tué ces trois dernières années 19 écogardes du Parc national des Virunga a été arrêté après une longue filature dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé jeudi le directeur de ce joyau naturel et touristique menacé. « Après six mois d’enquêtes et de filature, les gardes-parc du Parc national des Virunga (PNVi) ont procédé à l’arrestation de Jackson Muhukambuto, le 8 juin au matin dans la périphérie de Butembo » dans la province du Nord-Kivu, a déclaré à l’AFP Emmanuel De Merode, directeur du PNVi. « Nous estimons que Jackson Muhukambuto est directement responsable de la mort de 19 gardes-parc dans les trois dernières années », a-t-il expliqué, ajoutant que ses hommes sont soupçonnés d’avoir tué aussi de nombreux civils et membres des forces armées. M. Muhukambuto est le chef du groupe armé « ‘Maï-Maï Jackson’ qui opère dans près de la moitié de la surface du Parc national des Virunga, principalement autour du lac Édouard à la frontière de l’Ouganda. C’est un des groupes armés avec un grand effectif au Nord-Kivu », a encore expliqué M. De Merode. AFP
Au moins une « dizaine de terroristes » ont été « neutralisés » (tués, ndlr) et trois soldats burkinabés blessés, jeudi lors d’une embuscade contre une patrouille mixte dans la commune de Arbinda dans le nord du Burkina Faso, ont indiqué des sources sécuritaires. « Une patrouille mixte, composée de militaires et de gendarmes du détachement d’Arbinda et des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), est tombée dans une embuscade aux environs du village de Gaigota », a affirmé une source sécuritaire. « La réaction des éléments a permis de neutraliser une dizaine de terroristes, et de mettre en déroute le reste du groupe armé », a indiqué cette source, précisant que « côté ami, trois éléments ont été blessés lors de l’accrochage et évacués pour des soins ». « D’importants matériels dont de l’armement, des munitions et des motocyclettes ont été récupérés », a déclaré une source sécuritaire, précisant que « les opérations de ratissage se poursuivent dans la zone ». Belga
Le Premier ministre centrafricain Firmin Ngrebada a annoncé jeudi avoir remis sa démission au président Faustin-Archange Touadéra, réélu en décembre. Un processus qui devrait entraîner la formation d’un nouveau gouvernement. « Je viens de remettre à son Excellence Monsieur le président de la République Faustin-Archange Touadéra ma démission et celle du gouvernement. » Le Premier ministre centrafricain Firmin Ngrebada a annoncé sur Twitter avoir présenté, jeudi 10 juin, sa démission ainsi que celle de son équipe. Firmin Ngrebada occupait la fonction de Premier ministre depuis le 25 février 2019, après la signature d’un accord de paix entre les autorités et les groupes armés. « Nous allons savoir d’ici quelques heures si le Premier ministre est reconduit par le Président », a précisé à l’AFP Albert Yaloké Mokpémé, le porte-parole de la présidence. Le chef de l’État, Faustin-Archange Touadéra, a été réélu le 27 décembre mais dans un scrutin pour lequel moins d’un électeur sur trois a eu la possibilité de se rendre aux urnes en raison d’une offensive rebelle. France24 avec AFP
L’Afrique du Sud, qui cherche à amener devant la justice un trio d’hommes d’affaires accusés d’avoir pillé les ressources publiques avec la complicité de l’ex-président Jacob Zuma, a annoncé vendredi finaliser un accord d’extradition avec les Émirats arabes unis. Les frères Gupta, Ajay, Atul et Rajesh, d’origine indienne, ont fui l’Afrique du Sud peu après la création, en 2018, d’une commission chargée d’enquêter sur la corruption généralisée pendant les neuf ans au pouvoir de Jacob Zuma. Ils se trouveraient aux Émirats arabes unis. L’accord d’extradition entre les deux pays sera signé le 10 juillet et entrera en vigueur un mois plus tard, a déclaré le ministre de la Justice, Ronald Lamola, lors d’un point presse en ligne. Le ministre sud-africain a reproché aux Émirats d’avoir jusqu’ici traîné des pieds pour aider à cette extradition, possible sans traité bilatéral en vertu de la Convention des Nations unies contre la corruption. « Malheureusement, à ce jour, nous n’avons pas bénéficié du niveau de coopération requis », a regretté Ronald Lamola. Africanews avec AFP
Piller les ressources de poissons sauvages pour nourrir les poissons d’élevage : tel est le paradoxe dont est victime l’Afrique de l’Ouest, dont les richesses halieutiques sont surexploitées par les Européens et les Asiatiques. Quelle est l’ampleur de cette prédation ? … La surconsommation des pays du Nord provoque souvent des situations paradoxales. Après avoir pillé leurs propres ressources halieutiques, les Européens et les Asiatiques sont d’abord allés pêcher un peu plus loin, puis jusqu’à l’autre bout du monde. Puis ils se sont tournés vers l’aquaculture et la pisciculture, l’élevage industriel de poissons et de crustacés. Sauf que ce mode de production, qui domine désormais le marché mondial, est très souvent critiqué pour la pollution qu’il engendre. Créé pour pallier l’épuisement des ressources induit par la surpêche, il est en outre paradoxalement particulièrement vorace et participe à vider les océans des petits poissons sauvages. Pêchés en masse, ceux-ci sont transformés en farine et en huile, qui servent de base à l’alimentation d’animaux d’élevage et de compagnie… Jeune Afrique
Après trois décennies au pouvoir, l’ex-président autocrate Omar el-Béchir a été évincé. En avril 2019, son régime n’a pas pu résister au soulèvement populaire qu’il a pourtant essayé de réprimer de la plus dure des façons dès son amorce, entraînant un lot important de victimes. Depuis, les familles des nombreux morts et disparus ne cessent de réclamer justice. Les autorités de transition, des civils et des militaires, ont promis que justice serait rendue. Une commission a lancé une enquête indépendante sur ce qui s’est passé un peu partout dans le pays. Problème : ses conclusions n’ont toujours pas été rendues. Il faut dire que la pression que subit le gouvernement du fait des défis économiques à relever est vraiment très forte et a tendance à reléguer les autres problèmes au second plan. Ayant hérité d’un État en banqueroute et accablé par les conséquences des sanctions internationales, le nouveau gouvernement, mis en place pour assurer une transition correcte vers un nouveau régime, plus libre et plus démocratique, patauge. Le Point
Toute la journée jusque tard dans la nuit, Mouminy Sylla, 23 ans, et ses amis traînent autour d’un thé à Damdemayo, quartier populaire de Kédougou, ville enclavée du sud-est du Sénégal, à 700 km de Dakar. D’une main experte, le jeune homme remue la petite théière en ferraille avant de la reposer sur les braises, tandis que résonne l’appel à la prière. « On ne fait rien, on attend que les sociétés minières qui exploitent l’or nous embauchent… J’ai déjà postulé plusieurs fois à un emploi non qualifié, mais même là on nous demande des diplômes. C’est très difficile, je suis l’aîné de la famille et je ne ramène pas d’argent à la maison », se désole Mouminy Sylla sous le regard de ses camarades, qui acquiescent de la tête. Non diplômés et sans emploi, ils ont tous participé aux marches de protestation qui ont eu lieu dans la ville le 9 avril puis le 23 mai, à l’initiative de l’Association des élèves et étudiants ressortissants de Kédougou (Aeerk). L’objectif : tenter de bénéficier eux aussi d’une petite partie de la richesse locale en intégrant les sociétés minières étrangères installées dans la région. Le Monde
Après de longs mois d’hésitation, Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 10 juin, la fin de l’opération « Barkhane » pour laquelle 5 100 soldats français étaient déployés au Sahel depuis 2014. Parmi eux, Théo, un brigadier de 20 ans, personnage principal du documentaire 28 décembre disponible sur la plate-forme BrutX. Le film s’ouvre sur une séquence dans laquelle le jeune soldat est troublé : il vient de perdre des amis, des « frères » d’armes. C’était le 28 décembre 2020 au Mali. Le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de 1re classe Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian ont été tués par l’explosion d’une bombe artisanale au passage de leur véhicule. « Il faut que la population française sache que ce qu’on vit ici, c’est quand même dur, lâche Théo. On était très proches. Ils étaient comme des frères. » Alors que le retrait partiel des troupes, qui devrait être compensé par plus de « soutien » et « d’appui » aux armées sahéliennes, a été officiellement confirmé, le documentaire apporte le témoignage de ces hommes qui ont combattu dans la zone dite « des trois frontières » entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, un sanctuaire djihadiste. Le Monde