Revue de presse du 11 juillet 2025

Au Mali, le général Assimi Goïta promulgue une loi lui accordant un mandat illimité de président
Début juillet, le régime militaire a accordé un mandat de président de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection au chef de la junte au pouvoir au Mali, le général Assimi Goïta. La promulgation de la loi, annoncée le 10 juillet dans un document diffusé sur les réseaux sociaux et authentifié de source officielle, maintient Assimi Goïta à la tête de l’Etat jusqu’à 2030 au moins. « Il remplit les fonctions de chef de l’Etat (…) jusqu’à la pacification du pays, à compter de la promulgation de la présente charte », selon la loi. Arrivés au pouvoir au Mali à la suite de deux coups d’Etat en 2020 et 2021, les militaires s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024. Ils ont depuis manqué à leur promesse. Le président de la transition, les membres du gouvernement et les membres de l’organe législatif installé par les militaires sont éligibles à la présidentielle et aux élections générales. La durée du mandat peut être toutefois « écourtée dès que les conditions permettant l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies », précise le texte. Cette mesure est la dernière d’une série de sévères restrictions aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans le pays sahélien. Le Monde avec AFP

Soudan: la malnutrition infantile a doublé dans un Etat du Darfour, alerte l’Unicef
Le nombre d’enfants souffrant d’une grave malnutrition au Darfour-Nord, un Etat de l’ouest du Soudan en proie aux combats, a doublé par rapport à 2024, a indiqué vendredi l’agence des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d’une guerre entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 14 millions de personnes. L’Etat du Darfour-Nord et sa capitale El-Facher, assiégée par les FSR, ont été particulièrement touchés par les combats, avec la famine déclarée l’an dernier dans trois camps de déplacés près de la ville. Dans un communiqué publié vendredi, l’Unicef a déclaré que plus de 40.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère au Darfour-Nord avaient reçu un traitement entre janvier et mai de cette année, soit le double du chiffre enregistré à la même période en 2024…Dans l’ensemble des cinq Etats de la vaste région du Darfour, les cas de malnutrition aiguë sévère ont augmenté de 46% au cours des cinq premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2024. AFP

Soudan: la CPI s’inquiète de «crimes contre l’humanité» au Darfour
Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale a présenté jeudi 10 juillet à New York un nouveau rapport d’étape dans ses enquêtes sur les crimes en cours au Darfour. « Il y a de bonnes raisons de penser que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » sont commis au Darfour, a avancé la procureure adjointe de la CPI et « les choses peuvent encore empirer ». La Cour pénale internationale (CPI) avait été saisie il y a 20 ans en 2005 par le Conseil de sécurité des Nations unies pour poursuivre les auteurs des crimes commis dans la province de l’ouest du pays. À ce jour, la Cour n’a mené qu’un seul procès contre un chef janjawid, Abd al-Rahmane, dont le verdict est attendu d’ici à décembre. Khartoum demande désormais à la CPI d’élargir ses enquêtes. Peu de nouveautés sont contenues dans ce dernier rapport. Les enquêteurs ont pu se rendre à Port-Soudan en avril et y entendre des témoins, mais la coopération de Khartoum reste limitée : les inculpés, dont l’ex-président Omar el-Bachir, n’ont pas été livrés. Saluant le travail de la CPI, le représentant du Soudan, Idriss al-Harith Mohamed, a demandé au bureau du procureur d’étendre ses enquêtes à ceux qui alimentent la guerre opposant le gouvernement aux Forces de soutien rapide depuis 2023. RFI

Guerre en RDC: les négociations avec le M23 avancent dans « la bonne direction » au Qatar
Un nouveau round de négociations qui semblent avancer. Les pourparlers au Qatar entre la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe armé M23, en cours de plusieurs mois, « progressent dans la bonne direction », a affirmé ce jeudi 10 juillet un diplomate à l’Agence France-Presse. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, avaient appelé la semaine dernière à de nouvelles discussions pour résoudre les problèmes laissés en suspens dans l’accord de paix signé en juin entre Kigali et Kinshasa, à Washington, afin de mettre fin aux combats dans l’est du Congo. Des négociateurs du gouvernement et du M23 travaillent avec des médiateurs de l’État du Golfe pour « résoudre les questions restantes », a déclaré ce diplomate sous couvert d’anonymat, en raison du caractère sensible des pourparlers. Les médiateurs cherchent à « alléger les souffrances de la population locale, renforcer le cessez-le-feu et encourager d’autres mesures vers la réconciliation », a-t-il ajouté. L’accord conclu en juin entre la RDC et le principal soutien du M23, le Rwanda, vise à mettre fin aux combats qui ont fait des milliers de morts dans l’Est du Congo, région riche en ressources naturelles en proie depuis plus de 30 ans à des conflits. Mais le M23, le principal groupe combattant le gouvernement, n’a pas participé aux discussions à Washington et a appelé à accord de cessez-le-feu séparé avec le gouvernement du RDC. TV5 Monde

RDC–Ouganda : réouverture controversée du poste frontalier de Bunagana sous contrôle rebelle
Le poste frontalier terrestre de Bunagana, situé entre le district de Kisoro (Ouganda) et le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu, RDC), a été rouvert officiellement ce jeudi 10 juillet 2025 par les autorités ougandaises, en l’absence des officiels congolais. Cette décision intervient alors que la zone congolaise demeure sous le contrôle du mouvement rebelle AFC/M23, depuis son occupation en juin 2022. Dès les premières heures de la matinée, camions et véhicules particuliers ont franchi le poste, marquant une reprise inattendue des échanges commerciaux entre les deux pays. Des témoins sur place ont confirmé la levée symbolique des barrières, sans coordination préalable avec Kinshasa. Sur les réseaux sociaux, les leaders de l’AFC/M23 ont exprimé leur gratitude envers le président ougandais Yoweri Museveni, qu’ils créditent pour la réouverture de tous les postes frontaliers avec le Congo oriental. Bunagana était resté fermé à tout mouvement migratoire officiel depuis juin 2022. C’était à la suite de l’occupation de la zone par les rebelles du M23. Radio Okapi

Nigeria : l’armée tend une embuscade à un gang, une centaine de bandits tués
Des soldats nigérians ont tué au moins 150 membres d’un groupe criminel lors d’une embuscade, mercredi 9 juillet, dans l’Etat de Kebbi (nord-ouest du pays), a déclaré, jeudi 10 juillet, un responsable politique local. « Plus de 150 bandits ont été tués au cours de l’opération militaire qui a impliqué des troupes au sol et des avions de chasse », a affirmé Husaini Bena, l’administrateur politique du district de Danko-Wasagu. Les troupes ont tendu une embuscade à un imposant convoi de membres d’un groupe armé qui traversait, mercredi, des villages de l’Etat de Kebbi. Une fusillade de deux heures s’en est ensuivie entre l’armée et le gang. Les militaires les ont forcés à battre en retraite et les avions de chasse « les ont bombardés alors qu’ils fuyaient », a ajouté M. Bena. Abdulrahman Zagga, directeur de la sécurité auprès du gouverneur local, a confirmé l’incident dans un communiqué. Il a précisé que les troupes régulières avaient combattu environ 400 membres du groupe armé, « ce qui a permis d’en éliminer un grand nombre », sans toutefois donner de bilan. Ces dernières années, des gangs lourdement armés ont intensifié leurs attaques dans les zones rurales du nord-ouest et du centre du Nigeria, où la présence de l’Etat est faible, pillant des villages, tuant les habitants et commettant des enlèvements contre rançon. Dimanche, des membres d’un groupe armé ont tué au moins quarante membres d’un groupe d’autodéfense lors de l’attaque d’un village dans l’Etat du Plateau (Centre) et des affrontements qui ont suivi, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mardi auprès de la Croix-Rouge et d’habitants. Le Monde avec AFP

Centrafrique: les groupes armés 3R et UPC officiellement dissous
Les groupes rebelles centrafricains de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) et Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) n’existent plus. Conformément à l’accord de paix signé avec le gouvernement le 19 avril qui doit entrer en vigueur ce vendredi 11 juillet, l’un et l’autre ont été officiellement dissous par leur responsables respectifs lors d’une cérémonie organisée à Bangui. C’est le président centrafricain en personne, Faustin-Archange Touadéra, qui en a donné le coup d’envoi aux environs de 14h30, jeudi 10 juillet, en présence de représentants des autorités tchadiennes, du corps diplomatique, de la Minusca et des responsables religieux. Drapés dans des boubous bleu et blanc, le général Sembé Bobo, leader des 3 R, et Ali Darassa, chef de l’UPC, ont alors symboliquement déposé à tour de rôle des kalachnikov sur une table pour signifier la fin des hostilités…Dans le sillage de l’accord conclu avec l’UPC et 3R, le gouvernement centrafricain est par ailleurs actuellement en négociation avec d’autres mouvements rebelles qui ont fait part de leur volonté de revenir dans l’accord politique pour la paix et la réconciliation signé en 2019 à Khartoum entre Bangui et 14 groupes armés. Les milices anti-balaka et le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) en font notamment partie. RFI

Première visite en Centrafrique d’un général français depuis près de dix ans
Le général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française pour l’Afrique, s’est rendu jeudi 10 juillet en Centrafrique, une première pour un haut gradé français depuis 2016. Il a notamment évoqué le « partenariat » entre les deux armées en matière de formation. L’objet de la rencontre était de « faire un point sur le partenariat entre les armées française et centrafricaine en particulier sur le pan de la formation », a expliqué jeudi 10 juillet le général français, au cours d’une conférence de presse à Bangui. « Notre armée est en reconstruction et la première ressource est tout d’abord humaine […] Nous voudrions avec la France former nos cadres afin qu’ils soient à la hauteur de leur mission », a de son côté déclaré Claude Rameau Bireau, ministre centrafricain de la Défense. Conformément à la feuille de route signée à Paris en avril 2024 par les présidents français Emmanuel Macron et centrafricain Faustin-Archange Touadéra, les représentants des deux armées se sont rencontrés jeudi pour envisager les modalités de cette collaboration…Les derniers éléments des troupes françaises ont quitté la Centrafrique en décembre 2022. Depuis l’indépendance en 1960, l’armée française a déployé dans le pays sept opérations militaires. La dernière, l’opération Sangaris, a été mobilisée de 2013 à 2016, après le coup d’État contre l’ancien président François Bozizé et les violences intercommunautaires qui s’en étaient suivies. Les autorités centrafricaines se sont depuis tournées vers la Russie et les paramilitaires du groupe russe Wagner. Jeune Afrique avec AFP

Pourquoi des influenceurs ont-ils diffusé des fausses informations sur un coup d’État en Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire, l’un des rares pays francophones encore étroitement alignés sur l’Occident, doit organiser des élections présidentielles dans le courant de l’année. Les experts estiment qu’elle pourrait être une cible de plus en plus importante pour ce type de désinformation, avec des récits s’attaquant au processus électoral. En effet, le président ivoirien Alassane Ouatarra, qui s’apprête à briguer un quatrième mandat, est considéré comme pro-occidental et ses détracteurs l’accusent de s’aligner sur les pays qui exploitent le continent. Le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, a déclaré à la BBC qu’ils avaient retracé l’origine des fausses informations jusqu’aux « pays voisins », mais n’a pas donné plus de précisions. Les rumeurs semblent être nées d’un désaccord avec le Burkina Faso et ont été encouragées par une vague croissante d’influenceurs panafricanistes autoproclamés. Ils rejettent les liens avec l’Occident, expriment souvent leur soutien à la Russie et génèrent des conversations à travers le continent, atteignant des pays comme le Nigeria, le Ghana, le Kenya et l’Afrique du Sud. Ils promeuvent également des personnalités telles que le chef militaire du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui s’est emparé du pouvoir à la suite d’un coup d’État en 2022…Alex Vines, directeur du programme Afrique du groupe de réflexion Chatham House, affirme que les influenceurs tentent de semer le doute sur les dirigeants politiques en place en répandant ou en amplifiant les rumeurs de coup d’État, afin d’éroder la confiance du public dans les institutions actuelles. BBC

Libye: le rapprochement entre Ankara et Benghazi inquiète la Grèce
Le rapprochement entre Ankara et les autorités de l’Est libyen avance à grand pas. La page du passé tendu entre les deux parties est désormais tournée. Ankara qui soutenait militairement les milices de Tripoli contre l’offensive du maréchal Haftar en 2019, place maintenant ses intérêts économiques dans l’est de la Libye comme une priorité absolue. Cela implique aussi une coopération politique et militaire en plus de l’économie. La Turquie voudrait devenir un acteur majeur à l’est libyen comme elle l’est à l’ouest. Le clan Haftar lui donne son feu vert malgré l’opposition de la Grèce et de l’Égypte. Depuis la visite effectuée par Saddam Haftar, chef des forces terrestres de l’Armée nationale libyenne dirigée par son père, à Ankara en avril dernier, une nouvelle phase de relations entre les deux parties s’est ouverte…Début juin dernier, le Parlement libyen basé à l’est du pays a opté pour la révision de l’accord maritime bilatéral signé en 2019 avec Tripoli. Une fois cet accord révisé par le Parlement, ce qui va avoir lieu très prochainement selon plusieurs sources, cela permettra à la Turquie, intéressée par le gisement de gaz à l’est de la Méditerranée d’intervenir. Cet accord de délimitation maritime donne à Ankara le droit d’accéder à une zone économique exclusive, riche en gaz naturel et allant de la côte sud de la Turquie au nord-est de la Libye, en ignorant l’île de Crête. Athènes crie à la violation de la loi internationale, tout comme Chypre. L’Égypte qui se dit également affectée par cet accord, a appelé le conseiller du président américain pour l’Afrique afin qu’il exerce des pressions sur Khalifa Haftar pour que cet accord ne soit pas entériné. RFI

Près de 200 migrants interceptés au large du Sénégal
La marine sénégalaise a intercepté 201 migrants ouest-africains dans l’ouest du pays, ont annoncé mercredi les autorités, alors que la traversée de l’océan Atlantique reste la route migratoire la plus populaire – et la plus meurtrière – de l’Afrique vers l’Europe. L’opération a été menée par les marines sénégalaises basées à Foundiougne, dans la région de Fatick, dans l’ouest du Sénégal, a indiqué l’armée dans un communiqué mercredi. Soixante-neuf personnes ont été arrêtées sur terre, selon le communiqué, tandis que 132 autres ont été interceptées à bord d’une petite embarcation en bois, ou pirogue, dans le delta du Saloum, mardi soir. Alors que la migration vers l’Europe est en baisse constante, la traversée de l’océan Atlantique entre l’Afrique de l’Ouest et les îles Canaries, en Espagne, a refait surface depuis 2020. Près de 47 000 personnes ont débarqué aux Canaries en 2024, soit une augmentation par rapport aux près de 40 000 personnes en 2023, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. La traversée est l’une des plus meurtrières au monde…Jusqu’à récemment, cette route était principalement empruntée par des migrants originaires de pays d’Afrique de l’Ouest fuyant la pauvreté ou la violence. Mais depuis l’année dernière, des migrants originaires de pays lointains comme le Pakistan, le Bangladesh, le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan embarquent de plus en plus souvent sur les bateaux de pêche utilisés pour atteindre l’archipel européen. Africanews avec AP