La Libye s’est retrouvée jeudi, après un vote controversé du Parlement, avec deux Premiers ministres, dont l’un a vu son convoi visé par des tirs, signe d’une exacerbation des tensions dans un pays déjà miné par les luttes de pouvoir et le chaos politique. Dans ce qui s’apparente à un coup de force institutionnel du camp de l’Est libyen contre celui de Tripoli, le Parlement siégeant à Tobrouk (est) a désigné l’influent ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire. … Au début de la séance à Tobrouk, le Parlement a aussi voté pour prolonger de 14 mois son mandat, qui a théoriquement expiré en décembre. La Chambre des représentants est considérée comme la chasse gardée d’Aguila Saleh, un cacique de l’Est accusé d’avoir enfreint toutes les procédures pour faire nommer M. Bachagha. Des observateurs considèrent que c’est lui qui a fait dérailler le processus politique, en promulguant en septembre, sans vote, une loi électorale taillée sur mesure pour son allié Khalifa Haftar, qui était lui aussi candidat à la présidentielle. « Nombreux voient les événements d’aujourd’hui en Libye –où un nouveau Premier ministre a été fabriqué pour tenter de consolider certaines factions politiques– comme un fait accompli », a commenté sur Twitter Tarek Megrisi, analyste au Conseil européen des relations internationales. AFP
Des milliers de manifestants se sont mobilisés jeudi à travers le Soudan contre le pouvoir militaire, après l’arrestation de figures du pouvoir civil lors du coup d’Etat d’octobre. … « Ne fais pas confiance à l’armée, elle te trahira », ont-ils scandé. « La rue, elle, ne le fera jamais ». Les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes sur ceux qui tentaient de s’approcher du palais présidentiel, où siège le chef de l’armée, le général Burhane. En soirée, alors que les manifestants se dispersaient, les forces de l’ordre ont de nouveau tiré du gaz lacrymogène en leur direction, selon des témoins. « Les manifestations d’aujourd’hui préparent celles de lundi qui seront massives », a déclaré un militant, Roaa Bashir. … La communauté internationale s’est une fois encore insurgée du retour mercredi en détention du porte-parole du gouvernement limogé lors du coup d’Etat. Khalid Omer Yousif a été interpellé par des officiers de police en pleine réunion des pro-civils au siège d’un parti d’opposition. Avec lui, Wagdi Saleh, un porte-parole des Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc politique civil du pays, a également été arrêté. Les autorités ont détenu, plus ou moins brièvement, des centaines de politiciens, de journalistes, de militants, de manifestants ou même de simples passants dans leur répression qui ne faiblit pas, malgré les appels au dialogue. … Ces « détentions arbitraires (…) sapent les efforts pour un règlement de crise », ont répété mercredi la chargée d’affaires américaine Lucy Tamlyn et l’ambassadrice de Norvège Therese Loken Gheziel. RFI
Six mois après son coup de force constitutionnel, le président s’attaque au dernier contre-pouvoir qui lui échappait : celui de la justice. Depuis le 25 juillet, selon certains observateurs, il débranche, une à une, les instances qui l’empêchent de gouverner seul. Cet été, Kaïs Saïed a commencé par démettre le Premier ministre et geler les activités du Parlement, qu’il jugeait paralysé par des querelles politiques. Il ferme ensuite l’instance de lutte contre la corruption et en septembre, il change la loi pour pouvoir gouverner par décret. Cette fois, c’est d’ailleurs par un décret que le président tunisien affirme la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature. Un Conseil qu’il souhaite remplacer par une nouvelle instance dont les contours seront dessinés par le président lui-même. « C’était le dernier carré de résistance institutionnel », confie Khadija Mohsen, politologue et chercheuse spécialiste du Maghreb. RFI
Au moins six personnes ont été tuées et 13 autres ont été blessées dans un attentat-suicide jeudi à Mogadiscio, selon des responsables de la sécurité et le service d’ambulance de la ville. Selon les autorités somaliennes, le kamikaze visait un minibus rempli de délégués participant aux élections parlementaires. Il a fait exploser sa veste explosive près d’un point de contrôle menant au palais présidentiel. « Mon équipe a transporté six cadavres et 13 blessés vers les hôpitaux », a déclaré Abdikadir Abdirahman Adem, directeur du service d’ambulance Aamin de Mogadiscio. … L’attentat suicide survient alors que les élections parlementaires en Somalie se poursuivent dans différentes régions du pays, les dirigeants tentant désespérément de respecter la date limite du 25 de ce mois. … L’élection des législateurs a commencé le 1er novembre de l’année dernière et devait initialement se terminer le 24 décembre, mais elle a été retardée à plusieurs reprises en raison de différends entre dirigeants et d’autres difficultés. La date limite pour l’élection des législateurs est désormais fixée au 25 de ce mois, après quoi le parlement élira un nouveau président. VOA
La pression diplomatique en Somalie vient de prendre un nouveau tournant. Les États-Unis ont annoncé mardi des restrictions de visas à l’encontre d’actuels ou d’anciens responsables somaliens qui compromettent le processus électoral. Cette annonce intervient alors que le même jour, le 8 février, marquait les un an de l’expiration du mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo ». Depuis, le processus pour élire son successeur enchaîne les retards. Extrêmement complexe, il est miné par des rivalités politiques et claniques ainsi que des accusations d’irrégularités. Selon le dernier calendrier électoral, les votes pour les parlementaires doivent s’achever le 25 février prochain. Alors qu’il semble encore loin d’être finalisé, les États-Unis durcissent leur diplomatie. … Dans son communiqué, Antony Blinken n’a pas précisé les noms des personnes visées. Mais sont concernés « les individus qui ont joué un rôle dans les irrégularités de procédures qui sapent le processus électoral », « ceux qui ont failli à leurs obligations d’organiser des élections transparentes et dans les temps ». Et enfin, ceux qui ont « visé des journalistes ou des membres de l’opposition à travers du harcèlement, de l’intimidation, des arrestations ou de la violence ». Les membres des familles proches de ces individus pourront également faire l’objet de restrictions. RFI
Le chef d’état-major français a effectué, les 7 et 8 février, une visite en Côte d’Ivoire. Un déplacement hautement symbolique alors que les tensions entre Paris et Bamako pourraient entraîner le départ des soldats français présents au Mali depuis 2013. S’il n’est pas encore officiellement acté, le départ des forces françaises engagées au Mali semble inéluctable. Il pourrait être annoncé prochainement, peut-être même avant le sommet réunissant les dirigeants de l’Union européenne et de l’Union africaine (UA) qui se tiendra les 17 et 18 février. Malgré la fin annoncée de l’opération Barkhane, sur fond de tensions diplomatiques, la France entend conserver une présence significative dans la bande sahélo-saharienne. Le Niger doit ainsi devenir le nouveau centre de gravité des opérations antiterroristes. La ministre des Armées, Florence Parly, était d’ailleurs à Niamey, centre des opérations aériennes de l’armée française de la région, début février. Jeune Afrique
Dix jihadistes impliqués dans la mort de 53 gendarmes à Inata, dans le nord du Burkina Faso, en novembre 2021, ont été tués lors d’une opération de la force française Barkhane dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé jeudi 10 février l’état-major des armées françaises. Ils étaient membres d’un « groupe affilié à l’organisation Ansarul Islam » qui a conduit de « nombreuses attaques contre les populations civiles » et contre les forces de sécurité, notamment à Inata, a-t-il précisé dans un communiqué. Au petit matin du 14 novembre, une colonne de pick-up et de motos comprenant « plus de 300 combattants » de groupes armés jihadistes, selon des sources militaires, avaient pris d’assaut le camp du détachement de gendarmerie d’Inata. L’attaque, la plus meurtrière contre les forces de défense et de sécurité depuis que le Burkina Faso est confronté aux actions jihadistes, avait fait au moins 57 morts, dont 53 gendarmes, et mis en exergue l’impuissance grandissante de l’armée face aux actions répétées des jihadistes. France24 avec AFP
Au moins 9 morts, dont un Français, et 12 blessés parmi les équipes en charge de sécuriser le parc naturel W, dans le nord du Bénin ont péri à l’issue de trois attaques à la bombe artisanale mardi et jeudi, selon un nouveau bilan du gouvernement béninois. African Parks, l’ONG de protection de l’environnement qui gère la partie béninoise du parc qui s’étend également sur le Burkina Faso et le Niger, avait d’abord fait état mercredi de 6 morts et 10 blessés. Le lendemain, Paris avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur la mort d’un ressortissant français, âgé de 50 ans, parmi les victimes de cette « attaque terroriste perpétrée dans le parc W ». Le président béninois, Patrice Talon, a convoqué jeudi un conseil extraordinaire des ministres à l’issue duquel un communiqué faisant état d’un nouveau bilan de 9 morts et 12 blessés a été publié dans la soirée. Il s’agit des attaques les plus meurtrières jamais enregistrées par le Bénin, considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique (EI). « La portion de terre dénommée ‘Point triple' », zone frontalière entre les trois pays, « est considérée depuis peu comme critique en raison des actions terroristes observées », explique le secrétaire général du gouvernement, Edouard Ouin-Ouro, cité dans le communiqué. France24 avec AFP
Le président de Guinée-Bissau Umaro Cissoco Embalo a accusé, jeudi 10 février, un ex-chef de la marine nationale et deux autres hommes arrêtés par le passé par l’agence américaine anti-drogue d’être derrière ce qu’il présente comme la tentative de coup d’État avortée du 1er février. Le président Embalo a cité devant la presse les noms de l’ex-contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, chef de la marine pendant la première décennie des années 2000, de Tchamy Yala, également ancien officier, et de Papis Djemé. Tous ont été arrêtés après les événements du 1er février, a dit le chef de l’État. Il a présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants. La Guinée-Bissau, petit pays pauvre d’environ 2 millions d’habitants en Afrique de l’Ouest, est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine. Dans un pays où les positions rémunératrices sont rares et disputées, nombre de membres des forces armées, omniprésentes, passent pour tremper dans les trafics. France24 avec AFP
Tandis que la communauté diplomatique travaille à des pourparlers, le nord de l’Éthiopie connait toujours la guerre. Les Forces de défense tigréennes ont envahi une partie du territoire Afar depuis plus de deux semaines maintenant. Face à eux, de simples miliciens afars, légèrement armés et frustrés du manque de soutien de la part de l’armée fédérale éthiopienne. Cette percée tigréenne en Afar pose question. Quelles sont les réelles intentions des rebelles tigréens, qui demandaient pourtant un cessez-le-feu fin décembre ? Tentent-ils, comme ils le prétendent, de chasser des combattants venus d’Érythrée ? Cherchent-ils à s’approcher de la route stratégique qui relie Addis-Abeba à Djibouti ? Ou plus probablement, sont ils en train de consolider des positions défensives ? Reste que ces combats ont trois conséquences directes. D’abord, le déplacement de centaines de milliers d’individus à travers l’Afar. La région avance le chiffre de 300 000. Les affrontements bloquent également l’acheminement de l’aide humanitaire et alimentaire vers le Tigré. Enfin, et plus généralement, elle remet en cause la confiance sur laquelle doit reposer l’éventuel processus de paix à venir. RFI
Près de deux ans après l’apparition du premier cas de Covid-19 en Afrique (14 février 2020), le continent pourrait maîtriser la pandémie en 2022 si les tendances actuelles se poursuivent, a indiqué jeudi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), prônant toutefois la vigilance. Contre toute attente, y compris d’énormes inégalités dans l’accès à la vaccination, le continent a affronté la « tempête Covid-19 avec résilience et détermination, en s’appuyant sur « la longue histoire et l’expérience de l’Afrique en matière de contrôle des épidémies ». « Au cours des deux dernières années, le continent africain a travaillé plus vite, mieux et plus intelligemment pour répondre à chaque nouvelle poussée de cas de Covid-19 », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Brazzaville, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Mais le nouveau coronavirus a coûté cher, avec plus de 242.000 vies perdues, plus de 11 millions de cas confirmés et des « dommages considérables à l’économie des pays ». Au cours des deux dernières années, le continent a connu quatre vagues, chacune avec des pics plus élevés ou plus de nouveaux cas totaux que la précédente. ONU Info
Une centaine de jeunes de la RDC, de l’Ouganda, de lanzanie et du Rwanda se sont réunis à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, pour un colloque international sur la paix, à l’initiative de la fondation allemande Konrad Adenauer. DW