Revue de presse du 11 août 2023

Crise au Niger: la Cédéao active sa force en attente mais continue à chercher une résolution pacifique
Réunis à Abuja, les chefs d’État de la Cédéao ont décidé d’activer et de déployer « la force en attente » de la communauté ouest-africaine pour la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger. L’organisation affirme toutefois qu’elle garde sur la table toutes les options pour « la résolution pacifique » de la crise. Les chefs d’État de la Cédéao ont achevé leurs discussions à huis clos et ils ont manifestement décidé de hausser le ton contre les putschistes, pointe notre envoyée spéciale à Abuja, Liza Fabbian. La Cédéao a donc fait savoir qu’elle va « ordonner au comité des chefs des armées d’activer les forces en attente de la Cédéao et d’ordonner leur déploiement en vue de restaurer l’ordre démocratique au Niger ». L’option militaire semble ainsi enclenchée, même si des précisions sont encore nécessaires pour mieux comprendre la forme exacte que ce déploiement prendra. Dans son communiqué, la Cédéao a en effet demandé que l’Union africaine (UA) approuve ces démarches et a appelé au soutien de tous ses partenaires, y compris l’ONU. Ces points seront donc à préciser, tout comme certainement le cadre légal et la composition de la force qui sera mobilisée. … « Je n’ai jamais vu le président Ouattara aussi ferme » nous a rapporté un témoin. Macky Sall a partagé l’avis de son homologue ivoirien et a insisté sur un point : « Ce n’est le Nigéria qui a décidé d’intervenir chef son voisin, c’est toute la Cédéao ». Le président mauritanien, dont le pays n’est pas membre de la Cédéao, était aussi présent. Il a pris la parole pour dénoncer à son tour le coup d’État. Et non loin de la salle du huis clos, trois diplomates européens envoyés par l’UE ou leur pays ont également approuvé ces discours. RFI

Niger : l’UA juge « inadmissibles » les conditions de détention de Bazoum
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé vendredi « ses vives préoccupations » sur « la détérioration des conditions de détention » du président nigérien Mohamed Bazoum, jugeant « inadmissible » son traitement par les autorités militaires qui l’ont renversé. Dans le même communiqué, le dirigeant « exprime son ferme soutien aux décisions de la CEDEAO », la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, qui a décidé jeudi de déployer une « force en attente » pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. Mohamed Bazoum, qui avait été élu en 2021, est retenu prisonnier avec sa femme et son fils depuis le coup d’État militaire qui l’a renversé le 26 juillet. Selon l’ONG Human Rights Watch qui s’est entretenue avec M. Bazoum, il a décrit le traitement de sa famille comme « inhumain et cruel », disant ne pas avoir d’électricité depuis le 2 août, ni aucun contact humain depuis une semaine. AfricaNews/AFP

Coup d’Etat au Niger : Comment se sont déroulées les précédentes interventions militaires de la CEDEAO
Après l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO à la junte, la CEDEAO a organisé un sommet extraordinaire ce jeudi pour discuter des prochaines étapes. Le bloc régional a déclaré qu’il maintiendrait toutes ses résolutions et que toutes les options restaient ouvertes, y compris celle d’une intervention militaire. … Le commissaire de la CEDEAO chargé des affaires politiques, de la sécurité et de la paix, Abdel -Fatau Musah, a déclaré à la BBC que la force serait déployée à tout moment. « Nous n’allons pas dialoguer indéfiniment. Le déploiement ne s’arrêtera que si la junte décide de tenir des pourparlers pour rétablir le président Bazoum et ramener le pays à un régime constitutionnel ». M. Musah a ajouté. BBC Afrique revient, dans ce contexte-là, sur les précédentes interventions militaires de la CEDEAO dans certains pays membres. BBC

Mali : l’ex-rébellion touareg quitte Bamako, nouveau signe de tension avec la junte
L’ex-rébellion touareg du nord du Mali a fait quitter la capitale à tous ses représentants, creusant encore davantage le fossé avec la junte au pouvoir qu’elle accuse d’agir contre l’accord de paix de 2015, a dit un de ses responsables jeudi. Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à Bamako, a indiqué être le dernier à avoir quitté la capitale jeudi sur instruction de l’organisation. « Notre direction estime que nous ne sommes plus en sécurité dans la capitale et que les raisons de notre présence au nom de la CMA sont entièrement compromises », a dit Attaye Ag Mohamed à l’AFP. La CMA, alliance de groupes indépendantistes et autonomistes à dominante touareg entrés en rébellion contre l’Etat malien dans le nord en 2012, est l’une des parties à l’accord de paix d’Alger signé en 2015 avec le gouvernement malien. … Le départ des représentants de la CMA de Bamako constitue une nouvelle étape dans la dégradation des relations entre les anciens rebelles et le gouvernement depuis que des colonels ont pris le pouvoir en 2020. Cette détérioration fait craindre pour l’accord, mal en point depuis des années. VOA/AFP

Burkina Faso: la radio Omega suspendue après une interview d’opposants aux putschistes nigériens
Le gouvernement burkinabé a suspendu la diffusion des programmes de radio Omega jusqu’à nouvel ordre. Cette suspension est due à la diffusion d’un entretien d’Ousmane Abdoul Moumouni, le porte-parole du Conseil de la résistance pour la République, un mouvement mis en place au Niger par l’ex-ministre Rhissa Ag Boula dont l’objectif est de rétablir le président déchu Mohamed Bazoum. … Une décision immédiatement dénoncée par Reporters sans frontières qui évoque « une décision illégale et arbitraire », « une violation du droit et de la liberté d’informer » et « un très mauvais signal que le gouvernement envoie aux médias locaux ». « Jusqu’à preuve du contraire, il existe un Conseil supérieur de la communication au Burkina Faso qui, aux yeux de la loi, détient les prérogatives d’auditionner un média, de le mettre en demeure ou de le suspendre sur la base d’avis motivé. Mais en l’espèce, la décision vient directement du gouvernement », détaille à RFI Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de l’organisation. RFI

Nigeria : 21 morts dans l’attaque de Batin et de Rayogot
Au moins une vingtaine de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors des attaques de deux villages dans l’Etat de Plateau, dans le centre du Nigeria, qui se sont déroulées le mercredi, selon Le Centre d’émancipation pour les victimes de crise au Nigeria. Dans un communiqué, le Centre d’émancipation pour les victimes de crise au Nigeria, organisation non-gouvernementale consacrée à la protection des victimes de violences et de crises basée dans cet Etat, a indiqué que des hommes armés avaient envahi les villages de Batin et de Rayogot, dans la zone du gouvernement local de Ladi, dans les premières heures de la journée de mercredi, tuant 21 personnes et en blessant plusieurs autres. « Les agresseurs sont arrivés par centaines alors que les victimes sans méfiance étaient endormies, et ils ont écrasé les miliciens locaux de garde », ajoute le communiqué. Oya James, porte-parole de l’armée pour cet Etat, a confirmé ces attaques aux journalistes jeudi à Jos, chef-lieu de cet Etat, dans une brève déclaration, précisant qu’une alerte avait été envoyée avant les attaques et que les troupes avaient répondu rapidement en déployant immédiatement des forces dans la zone. Sahel-Intelligence

Éthiopie : l’ONU préoccupée par la détérioration de la sécurité dans le nord-ouest du pays
La Commission internationale d’experts des droits de l’homme sur l’Éthiopie s’est alarmée jeudi de « la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du nord-ouest de l’Éthiopie, en particulier dans la région d’Amhara ». La Commission a pris note de l’annonce par le Conseil des ministres, le 4 août 2023, de l’instauration de l’état d’urgence par la proclamation n° 6/2023, qui, en vertu de la Constitution, doit être approuvée par la Chambre des représentants du peuple. Les experts rappellent que les précédents états d’urgence ont été accompagnés de violations des droits humains. Ils exhortent donc le gouvernement à adhérer strictement aux principes de proportionnalité et de non-discrimination, conformément à ses obligations juridiques internationales en vertu de l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. ONU Info

Cameroun: partis d’opposition et société civile s’allient pour tenter de réviser le code électoral
Au Cameroun, des partis d’opposition et un groupe des 15 organisations de la société civile se sont réunis le 8 août 2023 à Yaoundé pour tenter de rapprocher leurs positions sur un sujet qui leur semble impératif : la réforme consensuelle et participative du code électoral. … Au Cameroun, opposition et société civile travaillent ensemble pour une révision « consensuelle et participative » du code électoral. Les bases de cette collaboration ont été posées le 8 août à Yaoundé au cours d’une concertation qui a réuni des partis de l’opposition dont le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), l’Union démocratique du Cameroun (UDC) ou encore le Mouvement Progressiste (MP) d’une part, et des représentants d’organisations de la société civile en tête desquelles l’ONG Un Monde à Venir ou encore le Réseaux des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac). Leur objectif : contraindre le pouvoir à accepter le principe d’une révision du code électoral avant les prochaines élections. C’est un petit pas mais ce dernier est porteur de tous les espoirs pour l’opposition et la société civile camerounaise. Mardi dernier, ces deux entités se sont concertées pour tenter de rapprocher leurs positions sur un sujet qui leur semble impératif : la réforme consensuelle et participative du code électoral. RFI

Centrafrique : Touadera souhaite renouer avec la France
Le président de la République centrafricaine a déclaré que son pays souhaitait entretenir de bonnes relations avec la France, dans une interview qui fait suite à des années de tensions alimentées par le rapprochement de la République centrafricaine avec la Russie et le déploiement de mercenaires du Groupe Wagner dans le pays. Interrogé sur le partenariat avec la Russie, Touadéra a estimé qu’il «n’y a pas de raison que cette relation ne puisse pas se poursuivre». «D’ailleurs, les autorités russes l’ont dit», a-t-il ajouté, en référence aux déclarations en ce sens du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en juillet. «La République centrafricaine est un pays qui cherche à entretenir de bonnes relations avec tous les pays qui souhaitent travailler avec nous, avec tous les pays amis, y compris la France et la Fédération de Russie», a résumé le président Touadéra, 66 ans. «Aujourd’hui, nous menons une diplomatie pour permettre à notre pays de bénéficier de (tous) types de coopération possibles», a-t-il conclu. AfricaNews/AFP

Nord-Kivu : environs 600.000 personnes se sont déplacées à la suite des combats entre des belligérants en 6 mois
Environs 600.000 personnes se sont déplacées, en l’espace de six mois, à la suite des affrontements entre des belligérants armés dans plusieurs entités du Nord-Kivu. Dans un communiqué rendu public jeudi 10 août, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) parle d’une aggravation des besoins humanitaire tant pour les déplacés que pour les communautés d’accueil. Le CICR rappelle les parties au conflit de s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international. Selon le même communiqué, l’insécurité croissante complique également l’acheminement de l’aide dans les zones les plus violemment touchées. Selon les Nations unies, seuls 18% des personnes déplacées ces 6 derniers mois au Nord-Kivu vivent dans des sites et des centres collectifs dédiés, alors que 82% sont hébergées dans des familles d’accueil. C’est le cas à Oïcha, commune rurale de 360 000 habitants au Nord de la ville de Beni. Depuis une décennie, la population y vit prise en étau entre l’activisme des groupes armés locaux, les attaques attribuées aux ADF et les conséquences des opérations militaires conjointes des armées congolaise et ougandaise contre les ADF. Radio Okapi

RDC: le parti du président Tshisekedi exclut quatre membres à quatre mois des élections générales
En République démocratique du Congo (RDC), l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), la formation du président du pays Félix Tshisekedi, a exclu quatre de ses membres. Le secrétaire général du parti, Augustin Kabuya, justifie cette décision par une tentative pour « déstabiliser l’UDPS et le chef de l’État ». … En République démocratique du Congo (RDC), à quatre mois des élections générales prévues le 20 décembre 2023, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Félix Tshisekedi, le parti au pouvoir, dégarnit ses rangs. Une décision du secrétaire général Augustin Kabuya exclut ceux accusés d’avoir tenté de déstabiliser l’autorité morale de l’UDPS : à savoir le président de la République et candidat à sa propre succession. Augustin Kabuya s’engage à traduire ces anciens collègues en justice. Il l’affirme : toutes les structures de l’UDPS/Tshisekedi ont participé à la réunion qui a proposé ces exclusions. Une décision avalisée par la Convention démocratique du parti, explique le secrétaire général. … La sanction ne s’arrêtera pas à la seule exclusion du parti. La justice sera saisie, déclarent des partisans de l’UDPS/Tshisekedi, convaincus de l’existence d’une manipulation extérieure. Candidat malheureux à l’élection de vice-gouverneur de Kinshasa, Hubert Mukuna n’a pas participé à la réunion qui l’a exclu, avec ses camarades, du parti présidentiel. RFI

Au Sénégal, scandales pédocriminels en série chez les maîtres coraniques
A Keur Gol, quartier miséreux de Touba, la ville sainte de la confrérie musulmane des mourides, la parole se libère : un religieux est accusé de plusieurs dizaines de viols. A leur passage dans les ruelles ensablées de Keur Gol, les bavardages cessent et, souvent, les insultes fusent. Dans ce quartier miséreux de la ville sainte de Touba, siège de la confrérie des mourides, dans le centre-ouest du Sénégal, Aïda (prénom d’emprunt) et ses camarades mènent désormais une vie de parias. « Vous êtes les restes du marabout ! Des secondes mains ! » « C’est comme ça qu’on nous appelle », murmure l’adolescente recroquevillée sur elle-même. Réunies dans la cour du chef de quartier qui organise les interviews en cette fin de matinée de juin, « les trente-six filles de Touba », ainsi que la presse les a surnommées, font bloc comme un seul corps. Sous leurs voiles colorés, elles se taquinent distraitement, sans se départir d’une certaine mélancolie. En mars, vingt-huit d’entre elles ont déposé plainte pour viols contre leur maître coranique, Serigne Khadim Mbacké, 34 ans. Un homme jusque-là auréolé du prestige de son patronyme qui, au Sénégal, renvoie à la puissante famille Mbacké, apôtre du mouridisme, l’une des confréries religieuses les plus influentes du pays. Le 5 juin, à l’issue d’une cavale de plusieurs semaines, il a été placé sous mandat de dépôt, malgré son nom. Le Monde

À Pretoria, l’Iran espère le soutien de l’Afrique du Sud pour l’adhésion aux Brics
En Afrique du Sud, la ministre des Affaires étrangères, Naledi Pandor, recevait hier, jeudi 10 août, son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian. Téhéran s’est lancé dans une offensive diplomatique pour tenter de retrouver des alliés sur la scène internationale. Chose facile avec Pretoria, puisque l’ANC, soutenu par le régime des mollahs sous l’apartheid, est un ami historique du pays. Des relations particulièrement importantes pour l’Iran cette année, puisque l’Afrique du Sud s’apprête à héberger le sommet des Brics. RFI

Jacob Zuma s’est présenté en prison et a été aussitôt libéré
L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, 81 ans, s’est présenté brièvement vendredi en prison avant d’être relâché aussitôt dans le cadre de remises de peine anonncées le jour même par le gouvernement, a annoncé l’administration pénitentiaire. « Une décision a été prise » pour que M. Zuma, condamné pour outrage en 2021 et qui avait passé deux mois derrière les barreaux avant d’être remis en liberté pour raison médicale, « se rende au centre correctionel d’Estcourt », en pays zoulou (est), a déclaré le responsable des services pénintentiaires, Makgothi Samuel Thobakgale. « Il est arrivé à six heures ce matin et a été admis dans le système » avant d’être « soumis à une procédure de remise de peine » et libéré une heure plus tard, a-t-il ajouté devant la presse à Pretoria. VOA/AFP