Un « chaos numérique ». Telle est la menace qui plane sur une Afrique de plus en plus interconnectée mais en retard dans le domaine de la sécurité informatique. Ce constat alarmant faisait l’unanimité parmi les participants du premier Cyber Africa Forum, un événement rassemblant des experts de la cybersécurité africains et internationaux, lundi 7 juin à Abidjan. Ces dernières années, le numérique a progressé à pas de géant sur le continent. Le meilleur exemple concerne le secteur des services financiers, alors que de nombreux pays africains sont directement passés du cash au paiement mobile. Mais la cybersécurité demeure le parent pauvre de cette transformation. La faiblesse des infrastructures, le manque de compétences et l’absence de sensibilisation des entreprises et des usagers rendent l’Afrique particulièrement vulnérable aux cyberattaques. « Digitaliser sans protéger, c’est dangereux », a martelé lundi Roger Adom, le ministre ivoirien de l’économie numérique. Pour cet ancien « Monsieur Tech » du groupe Orange en Côte d’Ivoire, les institutions et les entreprises de son pays comme de la sous-région sont face à un « défi majeur ». Le Monde
Le Conseil de sécurité de l’ONU n’aura pas attendu la réunion trimestrielle sur la République centrafricaine prévue dans deux semaines pour réagir à la montée des violences. Il vient de fermement condamner les violations des droits de l’homme, les abus contre le droit international humanitaire, et il a dénoncé les atteintes à l’accord SOFA, qui lie le gouvernement de RCA et la Minusca de l’ONU. Avant de réaffirmer son soutien complet à la Minusca. Ce sont les agissements des FACA et des mercenaires russes qui sont visés par la mise en garde du Conseil de sécurité. Ces soldats auraient multiplié dernièrement leurs abus contre le personnel humanitaire et celui de la Minusca avec des fouilles, des menaces, ou des intimidations. Jusqu’à cet épisode troublant le 30 mai dernier, où l’adjointe du chef de la Minusca se rend à la frontière tchadienne pour évaluer la situation d’une pharmacie – elle est arrêtée, menacée de mort, on pointe même une arme sur elle. Elle sera reconduite en dehors de la zone, suivie par des drones russes. RFI
Au Tchad, une vingtaine de personnalités de haut rang parmi lesquels des anciens ministres, des fonctionnaires internationaux appellent à un dialogue incluant tous les fils du Tchad pour une paix globale. L’appel vise l’organisation d’élections démocratiques sincères pour aboutir à une paix durable et invite les tenants du pouvoir à de l’objectivité. Pour la vingtaine de personnalités signataires de la déclaration, rejoints par plus de trois cent autres sur internet, la transition telle que menée ne rassure pas les Tchadiens. L’ancien ministre et vice-président de la Banque africaine de développement, Bédoumra Kordjé est un des porte-voix de ces personnalités. « Les tractations actuelles et tentatives de mise en place du Conseil national de transition, sans un vrai consensus, non seulement ne sont pas une solution mais seront une source de frustration et de division du pays ». Il faut revoir la charte de transition promulguée unilatéralement en avril dernier, au lendemain de la mort d’Idriss Déby Itno et dont les dispositions ne permettent pas la participation de tous de manière équitable, plaident ces personnalités. RFI
Au Mali, le nouveau Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga, a déclaré, mercredi 9 juin, qu’il formerait un gouvernement d’ici à dimanche, avant un retour des civils au pouvoir prévu début 2022, pour accéder aux exigences de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dépêchée dans le pays après deux coups d’État militaires. « Sauf avis contraire du président de la transition, avec lequel je m’entretiens quotidiennement, nous avons l’intention au plus tard dimanche d’annoncer aux Maliens la composition du nouveau gouvernement », a déclaré Choguel Maïga à l’issue d’entretiens avec une délégation de la Cédéao. La mission des États ouest-africains, envoyée au Mali depuis mardi, s’est dite « rassurée » par les engagements pris par le nouveau président, le colonel Assimi Goïta, quant à un retour des civils au pouvoir début 2022, ainsi que par la volonté du Premier ministre de transition de former un gouvernement « inclusif », a déclaré, mercredi, Jean-Claude Kassi Brou, un haut responsable de la Cédéao. France24 avec AFP
Le président Roch Marc Christian Kaboré a reçu, mercredi 9 juin, à Ouagadougou son homologue ghanéen et président en exercice de la Cédéao, Nana Akufo-Addo. Dans une conférence de presse commune tenue à l’issue de la rencontre, le président burkinabè a estimé que les Africains devaient « se ressaisir » et s’unir pour lutter contre les jihadistes qui déstabilisent l’Afrique de l’Ouest. “Personne, en dehors de nous-mêmes, les Africains ensemble réunis, ne viendra nous sauver dans la lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi nous devons nous ressaisir, nous devons ensemble travailler à faire en sorte que la victoire que nous devons remporter sur le terrorisme soit une victoire également collective dans notre sous-région. Parce qu’aujourd’hui, c’est le Burkina, hier c’était le Niger, le Mali […], la Côte d’Ivoire…” RFI
Le massacre commis à Solhan, près de la zone dite des « trois frontières » entre le Burkina, le Niger et le Mali, pose la question de l’efficacité de la stratégie militaire déployée face aux violences jihadistes dans le Sahel. Debout, au milieu des hommes de troupe dans leur treillis couleur sable, Chérif Sy, revêtu d’une chemise bleu sombre, a le sourire aux lèvres. Les soldats du détachement de Sebba, chef-lieu de la province de Yagha, posent fièrement autour du ministre de la Défense, venu ce 14 mai dans leur garnison apporter un message d’encouragement. L’intransigeant ministre, nommé en janvier 2019 alors que le président Roch Marc Christian Kaboré venait de lancer une vaste refonte de la hiérarchie de l’appareil sécuritaire, est un habitué des visites de terrain. Mais cette fois, en plus des exhortations à mener le combat face aux jihadistes, Chérif Sy donne dans une certaine autosatisfaction. Jeune Afrique
En quelques semaines d’état de siège, l’armée régulière a enregistré de nombreuses victoires sur les groupes armés à la base de l’insécurité dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. C’est le gouvernement de Kinshasa qui l’a affirmé mercredi au cours d’une conférence de presse dans la capitale. À la même tribune, trois porte-paroles. Patrick Muyaya ministre de la Communication, le général Léon-Richard Kasonga de l’armée et le colonel Mwanamputu de la police nationale. Les trois porte-paroles sont venus rendre compte des opérations menées par les forces armées de la RDC dans la perspective d’éradiquer les groupes armés locaux et étrangers. Des opérations intenses qui, dans le Nord-Kivu, ont donné des résultats probants, selon le général Léon-Richard Kasonga. Elles ont permis de démanteler tous les lieux occupés par les généraux des ADF. C’est ce qu’a précisé le général qui a évoqué aussi la destruction d’une fabrique d’armes artisanales et la logistique des groupes armés ADF. Les fuyards ont été poursuivi en Ituri selon le général Léon-Richard Kasonga. RFI
Candidates fantômes ou « fraises sélectionnées »: bien que présentes sur les listes des législatives et bénéficiant de politiques inclusives, les Algériennes restent à l’écart des prises de décision et sont parfois reléguées à une participation purement formelle. La campagne électorale des législatives anticipées du 12 juin ne suscite guère l’intérêt des Algériens, mais certains propos sexistes n’ont pas manqué de créer la polémique. L’affiche électorale d’une liste de la wilaya (préfecture) d’El Menia (centre), certes paritaire mais ne montrant que le visage des hommes tandis que les femmes sont seulement représentées par une silhouette, a été vivement dénoncée sur les réseaux sociaux. La pratique n’est pas nouvelle. En 2017, plusieurs listes avaient été épinglées pour un affichage similaire. A cela s’ajoute le tollé provoqué par les déclarations du président du Front de la bonne gouvernance, Aïssa Belhadi, qui a comparé les femmes présentées par son parti à des « fraises sélectionnées » pour vanter leurs qualités. AFP
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo arrivera le jeudi 17 juin à Abidjan par un vol commercial en provenance de Bruxelles, a annoncé son porte-parole, mercredi 9 juin. « Le président Laurent Gbagbo est attendu le 17 juin à Abidjan, il arrive par un vol de la compagnie [Brussels Airlines] à 14 heures », a déclaré Justin Katinan Koné lors d’une conférence de presse. Absent depuis dix ans de Côte d’Ivoire, M. Gbagbo « vient pour la paix et son souhait est que tout se passe dans la paix » à l’occasion de son retour, a affirmé M. Katinan. Selon lui, l’ancien président arrive porteur « d’un message très important de réconciliation attendu par le peuple et dont l’objectif est de ressouder au maximum les liens cassés ». « Les préparatifs vont bon train » et « le gouvernement ne nous a exprimé aucune restriction, nous travaillons selon le format que nous nous sommes fixé, à savoir un accueil populaire », a-t-il souligné. Le Monde avec AFP
C’est ce jeudi 10 juin que Patrick Achi, le Premier ministre ivoirien, et Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, inaugurent l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, consacrée à la formation et à l’entraînement des unités d’intervention spécialisées. Ils sont plusieurs à s’affairer, transpirants, autour d’une case et d’un faux cadavre au milieu de la brousse. À côté stationne un Toyota Hilux, portières ouvertes. Il y a là un gendarme tchadien, un officier burkinabè, un autre sénégalais, une commandante ghanéenne… Munis de gants, de sachets et de marqueurs, ils essaient de récolter un maximum d’éléments. Au sol, de fausses kalachnikovs, un ordinateur, des téléphones, des clés USB, de quoi confectionner un engin explosif improvisé. « Une partie du matériel vient de Gao et a été récupéré lors d’opérations de Barkhane. L’objectif est d’être le plus réaliste possible », explique l’un de leurs formateurs français, un lieutenant-colonel qui préfère conserver l’anonymat. Pour la petite dizaine de participants à ce stage de formation aux techniques de Sensitive Site Exploitation (SSE), l’heure est venue de mettre en pratique ce qu’ils ont appris durant la semaine : recueillir sur le terrain les renseignements laissés par les groupes jihadistes pour les exploiter et les judiciariser. Jeune Afrique
« A vos ordres mon capitaine! », répondent en chœur des agents des Eaux et forêts au garde-à-vous: dans la forêt classée de la Téné, dans le centre de la Côte d’Ivoire, la « guerre » pour la reforestation est déclarée. La déforestation due à la culture du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial de fèves, a réduit de seize millions d’hectares, en 1960, à deux millions d’hectares actuellement la superficie de la forêt ivoirienne, selon les experts de l’environnement. Les 234 forêts classées de Côte d’Ivoire sont toutes détruites par endroits, en raison du réchauffement climatique, des catastrophes naturelles, de l’appauvrissement des sols et de la migration des populations. Située dans la région d’Oumé, la forêt classée de la Téné, d’une superficie de 30.000 hectares, abrite le plus grand centre de bouturage de la Société de développement des plantations forestières(Sodefor), entreprise d’Etat spécialisée dans le reboisement. AFP
Comment détecter les signes avant-coureurs avant qu’une société bascule et les jihadistes fassent régner la loi et la terreur ? Le réalisateur sénégalais Mamadou Dia n’a pas attendu l’attaque la plus meurtrière que le Burkina Faso a connue depuis le début des violences jihadistes, en 2015, pour parler du sujet. Comment une famille, une ville, toute une société peut-elle tomber dans le piège du jihadisme ? « Le père de Nafi », un premier film magistral, est sorti cette semaine en salles en France. Mamadou Dia, lauréat du Léopard d’or, a tourné son film dans sa ville natale, Matam, dans le nord du Sénégal, près de la frontière avec la Mauritanie, dans sa langue maternelle, le poular, et pourtant, son histoire est universelle. Sidéré, on assiste, impuissant, comment ce havre de paix, où jadis les règles millénaires du vivre ensemble étaient respectées par tous, bascule dans l’extrémisme religieux. Le père de Nafi est déjà sorti dans les salles au Sénégal en 2020 avant d’être salué par les festivals dans le monde entier. Le cinéaste est un habitué des va-et-vient entre les États-Unis et le Sénégal, mais une des premières choses qu’il a faites, c’était d’acheter un projecteur et un écran géant pour montrer le film dans toute la région de son village natal. RFI