Revue de presse du 10 janvier

Mozambique: de retour, l’opposant Venancio Mondlane affirme vouloir «rester et poursuivre la lutte»
Des partisans du principal opposant mozambicain ont investi le centre de la capitale pour saluer son retour, ce 9 janvier 2025. Liesse réprimée par les forces de l’ordre, faisant au moins un mort. Revendiquant toujours sa victoire aux élections du 9 octobre, Venancio Mondlane s’est dit prêt à discuter avec le Frelimo – parti au pouvoir depuis 50 ans – après des mois de manifestations violentes, l’opposition contestant un scrutin « volé ». À Maputo, capitale du Mozambique, des partisans de Venancio Mondlane ont affiché leur espoir et leur joie, ce 9 janvier 2025, avant d’être durement réprimés. Candidat indépendant à l’élection présidentielle, l’opposant mobilise depuis plus de deux mois maintenant la rue mozambicaine, pour contester les résultats des élections générales du 9 octobre 2024. Venancio Mondlane avait fui le pays, après l’assassinat de deux de ses proches, en octobre…L’opposant a assuré que son retour était définitif. « Je veux rester au Mozambique et poursuivre la lutte dans notre pays », a-t-il déclaré à sa descente de l’avion. Un retour qui intervient à une semaine de l’investiture du président élu, Daniel Chapo, candidat du Frelimo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance. RFI

Tchad: Déby dénonce l’attaque sanglante contre son palais, des vidéos dévoilées
Le calme est revenu dès le début de la matinée jeudi dans la capitale tchadienne au lendemain de cet assaut aux motifs encore flous où 18 assaillants et deux militaires qui gardaient le palais ont été tués, selon le dernier bilan des autorités. Les six autres assaillants ont eux été blessés…Arrivés devant le palais dans un camion à remorque, les assaillants, en civil, ont « simulé une panne de leur véhicule » avant d' »attaquer les gardes en faction devant le portail de la présidence de la République », a détaillé dans la journée Oumar Kedelaye, le procureur de la République de N’Djamena…Le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, a décrit les 24 assaillants comme « un ramassis de pieds nickelés » drogués et alcoolisés venus d’un quartier pauvre du sud de la ville, et munis d’armes, de coupe-coupe (machettes, NDLR) et de couteaux…Mais certaines voix dans l’opposition ont émis jeudi des doutes sur le récit officiel. Max Kemkoye, porte-parole du GCAP, un groupe de partis d’opposition, évoquait « un synopsis malheureux » et « un montage » orchestré par le pouvoir. « Une armée aguerrie qui panique devant des travailleurs qui rentraient chez eux ? » s’est ainsi interrogé sur Facebook Abdelaziz Koulamallah, frère du porte-parole du gouvernement mais membre de l’opposition, tendance modérée. AFP

Au Bénin, 28 soldats tués dans une attaque à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso
Ce petit pays d’Afrique de l’ouest est de plus en plus confronté à des attaques attribuées aux djihadistes. Le Bénin a de nouveau subi une attaque contre ses forces armées ; 28 militaires ont été tués, mercredi 8 janvier, dans le Nord. « Vingt-huit éléments des forces de défense et de sécurité ont été tués », a déclaré jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) une source militaire haut placée qui a requis l’anonymat. « L’attaque a eu lieu au niveau du triple point », le nom donné à la zone frontalière entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, a précisé cette même source…La région frontalière avec le Burkina Faso reste l’épicentre de ces attaques…En janvier 2022, le Bénin a déployé près de 3 000 soldats pour sécuriser ses frontières dans le cadre de l’opération « Mirador ». Les autorités béninoises ont également recruté 5 000 soldats supplémentaires pour renforcer la sécurité dans le Nord. Le Monde avec AFP

Le Bénin veut renforcer ses liens avec les Caraïbes
Le Bénin a accueilli, mercredi 8 janvier à Cotonou, des ministres des affaires étrangères des pays de la Communauté des Caraïbes (Caricom), avec pour objectif de renforcer sa coopération économique, culturelle et sécuritaire avec les nations caribéennes. « Trois thématiques essentielles » ont été abordées lors de cette réunion, a expliqué à la presse le ministre des affaires étrangères béninois, Olushegun Bakari : « Les questions culturelles parce que nous avons des liens historiques avec cette région du monde (…) les questions économiques [et] les questions de sécurité et de paix. » Sur ce dernier point, le ministre béninois a fait savoir que « des discussions [étaient] en cours » pour « envoyer des militaires pour pouvoir accompagner et sécuriser, renforcer la sécurité au niveau de la République sœur d’Haïti », ravagée par la violence des gangs et l’instabilité politique. « Pour tous les Noirs du monde, Haïti est symbolique, c’est la première République noire au monde, et donc si Haïti tombe, nous tous Noirs nous tombons », a affirmé le chef de la diplomatie de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest…Huit ministres des affaires étrangères de la Caricom sur quinze étaient présents : Haïti, République dominicaine, Bahamas, Grenade, Suriname, Jamaïque, Barbade, et Antigua-et-Barbuda. Le Monde avec AFP

En Guinée, le gouvernement suspend les partis non autorisés
La junte au pouvoir depuis 2021 en Guinée a sommé jeudi 9 janvier les mouvements politiques « sans autorisation administrative préalable » de cesser leurs activités, après avoir fait savoir qu’elle entendait organiser des élections cette année. Dans un communiqué lu à la télévision nationale dans la soirée, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Ibrahima Khalil Condé, a dit regretter « la prolifération des mouvements politiques sans autorisation administrative préalable ». « En conséquence, il est demandé à tous ces mouvements politiques de cesser immédiatement leurs activités et de soumettre une demande d’autorisation administrative auprès de notre ministère pour leur existence légale », ajoute la déclaration. Ces propos ont lieu dans un climat tendu, trois jours après une manifestation de l’opposition, qui réclame le départ de la junte et dénonce un exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir. La junte s’était initialement engagée sous la pression internationale à céder le pouvoir à des civils élus avant la fin de l’année 2024, promesse qu’elle n’a pas tenue…Disant vouloir « assainir l’échiquier politique », la junte avait dissous en octobre 2024 53 partis, en avait suspendu pour trois mois 54 autres, et en avait mis « sous observation » 67 autres, parmi lesquels les principaux partis d’opposition. Le Monde avec AFP

Mali: la suspension de Joliba TV a déjà de graves conséquences financières pour le média
La suppression de la licence de Joliba TV a été réduite, en décembre, à une suspension de six mois par la Haute autorité malienne de la communication (HAC), mais la Maison de la presse du Mali, qui rassemble les organisations de journalistes du pays, poursuit sa médiation pour obtenir le rétablissement sans délai de la chaîne, car les conséquences économiques se font déjà sentir. La sanction a été infligée à la chaîne de télévision privée après qu’un invité a douté, lors d’une émission de débats, de la véracité d’un supposé Coup d’Etat déjoué au Burkina Faso. Depuis 45 jours que la chaîne a cessé d’émettre et la direction de Joliba TV évalue ses pertes à environ 80 millions de FCFA, soit 122 000 euros. Un montant qui s’explique principalement par le non-renouvellement de contrats publicitaires ou de partenariats, et même par les demandes de remboursement de certains annonceurs. La situation est d’autant plus critique que les perspectives pour engager de futurs contrats, pour l’année qui s’ouvre, ne sont évidemment pas favorables : « 2025 risque d’être une année blanche », s’inquiète un dirigeant de Joliba TV, alors que « les charges, elles, continuent de s’accumuler », comme les frais techniques, entretien des équipements, salaires et charges fixes. Car en dépit de la suspension, les journalistes de Joliba TV continuent d’être payés et de travailler…La Maison de la presse poursuit actuellement sa médiation auprès de la HAC pour obtenir le rétablissement pur et simple de Joliba TV. RFI

Enlèvements au Kenya: le chef de la police sommé de s’expliquer au tribunal
La Haute cour kényane a enjoint mercredi l’inspecteur général de la police Douglas Kanja à s’expliquer sur une récente vague d’enlèvements de jeunes critiques du pouvoir qui a suscité l’indignation dans ce pays d’Afrique de l’Est. M. Kanja a ignoré mercredi une audience dans le cadre d’une procédure en justice lancée après la disparition d’au moins six jeunes hommes lors des vacances de Noël. Il a été sommé de comparaître le 27 janvier. Cinq d’entre eux ont réapparu lundi mais des interrogations subsistent sur qui se cache derrière leurs enlèvements et où ils ont été détenus. « Si l’inspecteur général de police ne se présente pas (…) j’inciterai à une condamnation » pour outrage au tribunal, a déclaré le juge Bahati Mwamuye devant une salle comble…La Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR) a enregistré 82 cas d’enlèvements depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet, au cours desquelles plus de 60 personnes ont été tuées selon des ONG. La KNCHR estime que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues…La police a à plusieurs reprises nié l’implication de ses membres dans les disparitions, mais des voix se sont demandées pourquoi les fonctionnaires de police ne semblent pas faire l’objet d’une enquête. AFP

Le Nigeria va inclure les activités « illégales » dans le calcul de son PIB
Le Nigeria, première économie africaine jusqu’en 2022, s’apprête à modifier le mode de calcul de son produit intérieur brut (PIB) pour y inclure de nouveaux pans d’activité, y compris informelle, cachée ou illégale, a annoncé le Bureau national des statistiques (ou NBS, pour National Bureau of Statistics, en anglais)…Le nouveau mode de calcul, attendu dans l’année, vise à refléter l’évolution des réalités économiques et 2019 servira d’année de base, a expliqué lors d’une présentation à Lagos Moses Waniko, haut responsable du NBS. « Nous nous attendons à ce que la taille de l’économie soit plus importante », a-t-il dit. De nouveaux secteurs doivent être pris en compte, comme l’économie numérique, la santé, les caisses sociales, les retraites, les raffineries, les mines et carrières et les particuliers employeurs…Logiquement, la modification du calcul du PIB va aussi changer certains ratios très regardés, comme le revenu par habitant, les prélèvements fiscaux rapportés au PIB ou la dette, qui ressortait à 18,5 % du PIB en septembre, mais qui pourrait apparaître moins élevée avec un PIB plus important. Le Monde avec AFP

Le ministre des affaires étrangères chinois achève sa tournée africaine par une étape au Nigeria
Après la Namibie, le Congo-Brazzaville et le Tchad, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, achève jeudi sa traditionnelle tournée africaine de début d’année au Nigeria. Il s’est entretenu avec son homologue nigérian, Yusuf Tuggar, ainsi qu’avec le président du pays, Bola Ahmed Tinubu. « La Chine soutient le Nigeria dans sa volonté d’unir les pays de la région, de créer de la synergie par la réconciliation et de promouvoir la sécurité par la coopération afin de parvenir à la paix et à la stabilité dans la région », a déclaré Wang Yi jeudi matin à Abuja, la capitale du pays le plus peuplé d’Afrique. Wang Yi a entamé cette tournée le 6 janvier, la Chine consacrant traditionnellement sa première visite diplomatique annuelle à l’Afrique…Le ministre des affaires étrangères chinois a également rappelé l’intention de Pékin d’investir 1 milliard de yuans (132 millions d’euros) pour aider militairement le continent et soutenir la formation de 6 000 militaires et 1 000 policiers. Le Monde avec AFP

Dans l’est de la République démocratique du Congo, le M23 s’étend et recrute pour administrer les territoires conquis, selon l’ONU
Le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, poursuit son « expansion territoriale » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) malgré un cessez-le-feu, les rebelles élargissant le recrutement de combattants et de cadres pour administrer les territoires conquis, selon un rapport d’experts de l’ONU publié mercredi 8 janvier. Ces chercheurs, mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU, estiment dans leur rapport semestriel que le M23 (Mouvement du 23 mars), appuyé par Kigali et son armée, a continué à faire « de grandes avancées territoriales » au cours des derniers mois, renforçant son « contrôle sur les zones occupées ». Ce rapport est publié quelques jours après la prise par les rebelles, samedi, de Masisi, ville-clé et capitale administrative du territoire de Masisi, située à environ 80 kilomètres au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu…La rébellion a, par ailleurs, poursuivi « ses recrutements volontaires et forcés, y compris de mineurs », selon les experts de l’ONU, des milliers de nouvelles recrues, venant des territoires qu’elle contrôle et des provinces voisines, qui ont été formées dans ses camps militaires. « Entre le 25 septembre et le 31 octobre 2024, au moins 3 000 recrues ont achevé leur formation », soulignent les auteurs du rapport. Le Monde avec AFP