Gabon: vers une présidentielle sans surprises
Les électeurs gabonais sont appelés aux urnes samedi 12 avril pour une élection présidentielle qui marque le début de la sortie de la transition entamée par le coup d’État du 30 août 2023. Un scrutin à la portée historique puisque, pour la première fois depuis 1967, aucun bulletin ne portera le nom « Bongo ». Huit candidats sont en lice, dont le chef de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, rallié par la quasi-totalité des forces politiques et de la société civile. Cette échéance se présente dans un calme qui tranche avec l’effervescence des précédents scrutins…Parmi les sept candidats à défier le chef de la transition, Alain-Claude Bilie-By-Nze, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo est en effet la seule personnalité politique de poids. Et il se lâche contre une transition, selon lui, dispendieuse et bâtie sur une illusion : « Le général Oligui est dans le système depuis Omar Bongo. Il n’est pas un homme neuf et tous ceux qui l’entourent aujourd’hui, ce sont des hommes anciens du système ancien. Ils essaient de montrer aux Gabonais un visage différent. Mais les Gabonais sauront faire la part des choses et, aujourd’hui, il est temps de mettre un terme à ce système », juge celui qui se définit comme « la seule alternative aux militaires », et va aux élections « pour gagner »…Les six autres candidats, dont la seule femme en lice, Zenaba Gninga Chaning, ont pour leur part tenté de profiter de la campagne pour se faire connaître et entendre de leurs compatriotes. Reste à voir s’ils parviendront à influer sur la mobilisation et le vote des Gabonais, qui donneront à leur prochain président des pouvoirs extrêmement larges pour sept ans. RFI
Dans la guerre au Soudan, les paramilitaires se livrent à de l’esclavage sexuel, selon Amnesty International
Amnesty International a dénoncé, jeudi 10 avril, le recours généralisé aux violences sexuelles par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans la guerre au Soudan, rapportant des cas d’esclaves sexuelles ou de viols en réunion. « Les FSR ont perpétré des violences sexuelles généralisées dans les villes et villages du Soudan dans le but d’humilier, asseoir leur pouvoir et déplacer les communautés », écrit l’ONG dans un nouveau rapport…Le document d’une trentaine de pages, intitulé « Ils nous ont toutes violées », révèle les récits d’une trentaine de victimes, dont certaines sont des mineures, et de proches de victimes. Ces violences ont eu lieu entre avril 2023 et octobre 2024 dans quatre Etats du Soudan, notamment dans les régions de Darfour, Khartoum et Gezira, selon Amnesty International…Les deux camps sont tous deux accusés d’avoir perpétré des crimes de guerre. L’agence onusienne et des ONG ont régulièrement dénoncé le recours au viol comme arme de guerre. Parmi les cas recensés, l’ONG a documenté le cas de deux esclaves sexuelles retenues captives à Khartoum et « violées quotidiennement » pendant plusieurs semaines – plus d’un mois pour l’une d’entre elles…Selon Amnesty International, de nombreuses victimes ont déclaré que des FSR en uniforme les avaient violées, car ils les soupçonnaient d’être favorables à l’armée. Des professionnelles médicales ont confié que des FSR les violaient si elles ne parvenaient pas à sauver les soldats blessés. Le Monde avec AFP
Le Soudan et les Emirats arabes unis s’affrontent devant la Cour internationale de justice
Le Soudan et les Emirats arabes unis vont s’affronter devant la Cour internationale de justice (CIJ), jeudi 10 avril, Khartoum accusant Abou Dhabi d’avoir enfreint la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, à travers un soutien présumé aux combattants rebelles dans la guerre civile qui ravage le pays…Le Soudan souhaite que les juges de la CIJ émettent des ordonnances d’urgence obligeant les Emirats arabes unis à cesser leur soutien présumé aux paramilitaires (majoritairement arabes) des Forces de soutien rapide (FSR), qui combattent l’armée soudanaise depuis 2023. Les Etats-Unis ont accusé l’armée d’attaquer des civils et les FSR, de « commettre un génocide » dans la région du Darfour occidental. Dans sa requête auprès de la Cour, le Soudan affirme que la perpétration de « génocide, meurtres et déplacements forcés » a été rendue possible « par le soutien direct apporté par les Emirats arabes unis à la milice rebelle des FSR ». La requête allègue également que les Emirats « se rendent complices de génocide contre les Masalit [une communauté non arabe] en exerçant leur autorité sur la milice rebelle des FSR et en fournissant à cette dernière un soutien financier, politique et militaire massif ». Khartoum a aussi demandé aux juges d’ordonner aux Emirats de procéder à des « réparations complètes », notamment en indemnisant les victimes de la guerre. Le Soudan accuse les Emirats arabes unis de manquer aux obligations qui leur incombent en vertu de la convention des Nations unies de 1948 sur le génocide, établie à la suite de la Shoah. Le Monde avec AFP
Algérie-Mali : la Cedeao particulièrement « préoccupée » par la crise diplomatique
Les relations entre les deux voisins, qui n’étaient déjà pas au beau fixe depuis la fin de l’accord de paix d’Alger au début de 2024, se sont détériorées en quelques jours. Le Mali accuse l’Algérie d’avoir abattu un drone de son armée sur son territoire, dans la zone de Tinzawaten. Mais pour Alger, le drone a bien pénétré dans son espace aérien, représentant un danger pour sa sécurité. Des tensions diplomatiques qui inquiètent la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Dans un communiqué, l’organisation sous-régionale a exprimé mercredi 9 avril sa « profonde préoccupation » face à cette nouvelle crise. Elle a expliqué « suivre avec inquiétude les récents développements qui ont affecté les relations » entre les deux pays, et lancer « un appel au Mali et à l’Algérie pour qu’ils désamorcent la tension, favorisent le dialogue et utilisent les mécanismes régionaux et continentaux pour régler les différends ». Les communiqués échangés ces derniers jours par les autorités maliennes et algériennes témoignent d’une animosité à peine masquée. Bamako reproche ainsi au gouvernement algérien de « parrainer le terrorisme international », tandis qu’Alger, « consternée » par les accusations, n’a pas hésité à qualifier le régime d’Assimi Goïta de « projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale d’insécurité, instabilité, désolation et dénuement ». Les autorités maliennes ont par ailleurs annoncé leur retrait avec effet immédiat du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) basé en Algérie – une alliance de forces armées du Sahel contre le « terrorisme ». Elles vont aussi porter plainte devant des instances internationales « pour actes d’agression ». Jeune Afrique avec AFP
Au Mali, un journaliste écroué pour avoir critiqué la justice
Un journaliste malien a été incarcéré, mercredi 9 avril, pour avoir tenu des propos critiques contre les autorités judiciaires, a-t-on appris auprès de sa corporation et du parquet. Alfousseyni Togo, directeur de publication de l’hebdomadaire malien Le Canard de la Venise, « a été arrêté puis placé sous mandat de dépôt » après son audition par le procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité, a affirmé à l’Agence France-Presse Chiaka Doumbia, reporter dans le même journal. Son incarcération a été confirmée par le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, qui a assuré que la corporation « travaillait déjà à le faire sortir de prison ». Le journaliste est poursuivi pour « atteinte au crédit de la justice, trouble à l’ordre public et diffamation », selon le parquet. Son jugement est fixé au 12 juin…Il lui est reproché d’avoir tenu des propos critiques contre le ministre de la justice, Mamoudou Kassogué, et le pôle de lutte contre la cybercriminalité, dans un article intitulé « La justice malienne ou le mal du siècle : la bourde du ministre Mamoudou Kassogué ». Dans cet article, M. Togo remet en cause notamment une affirmation du ministre selon laquelle l’indice de confiance en la justice malienne est passé de 30 % à 70 % en 2024…L’arrestation d’Alfousseyni Togo est la dernière en date d’une longue série dans le pays dirigé par une junte depuis un double coup d’Etat en 2020 et 2021…Les militaires ont pris des mesures répressives contre la presse, suspendu l’accès ou la diffusion de plusieurs médias − notamment étrangers − et réduit au silence ou emprisonné des journalistes et autres voix critiques. Le Monde avec AFP
Niger : dissolution de trois syndicats paramilitaires par le pouvoir militaire en place
Le régime militaire au Niger a dissous trois syndicats des forces paramilitaires dont celui de la douane, selon un arrêté du ministère de l’Intérieur consulté mercredi 9 avril. Le Niger est dirigé par un pouvoir militaire avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, à la suite d’un coup d’État en juillet 2023. Le chef du régime militaire a promulgué le 26 mars une « Charte de la refondation » (transition) qui a valeur de Constitution. Elle interdit « formellement » aux forces de défense et de sécurité du pays l’exercice du droit syndical en son article 39…Les trois syndicats concernés sont le Syndicat national des agents des douanes (SNAD), le Syndicat national des agents des cadres des eaux et forêts (SYNACEF) et le Syndicat national des travailleurs des eaux et forêts (SNATEF). Le Syndicat unique de la police (SUPO) avait été définitivement dissous sous un autre régime militaire dirigé par le général Ibrahim Baré Maïnassara (1996-1999). Ce régime avait également dissous le syndicat de la douane, réhabilité plus tard…L’armée et les forces paramilitaires (douane, eaux et forêts, police) sont pleinement engagées dans la lutte antidjihadiste sur plusieurs pans du territoire. TV5 Monde avec AFP
Tchad: détention provisoire prolongée pour un correspondant de RFI
La demande de remise en liberté provisoire d’Olivier Monodji, journaliste correspondant de Radio France Internationale (RFI) au Tchad, arrêté et accusé de collusion avec la Russie, a été refusée par un juge d’instruction mercredi, a-t-on appris auprès de son avocat. « Nous avons encore trois jours pour interjeter appel », a réagi Allahtaroum Amos, l’avocat du journaliste, qui a néanmoins mentionné ne pas encore être en possession de l’ordonnance de rejet de sa demande. Trois journalistes soupçonnés d’avoir fourni « des informations liées à la sécurité et à l’économie » du pays et « d’avoir travaillé avec le groupe paramilitaire russe Wagner » ont été inculpés par le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, pour « intelligence avec l’ennemi, attentat contre les institutions, complot, atteinte à l’ordre constitutionnel, à l’intégrité et à la sécurité du territoire national », et encourent de vingt à trente ans de prison, selon les avocats…Les deux autres journalistes interpellés sont toujours en détention provisoire, alors qu’un autre, Ahmat Ali Adji, de Toumaï Média, a été entendu par un juge d’instruction. Il avait été également soupçonné « d’intelligence avec une puissance étrangère »…Le directeur régional de l’ONG Reporters sans frontières, Sadibou Marong, a appelé les autorités tchadiennes à cesser toute répression de la presse et permettre aux journalistes de travailler sans craindre de représailles. AFP
Mauritanie: une nouvelle unité militaire formée par des soldats de République tchèque
En Mauritanie, une nouvelle unité militaire est désormais formée par des soldats tchèques. Cette formation est inscrite dans le cadre de l’Otan, qui place aujourd’hui Nouakchott au cœur de sa stratégie sécuritaire dans la région du Sahel. Du côté de la République tchèque, il s’agit de la seule mission militaire au Sahel depuis le départ de ses soldats formateurs au Mali. Une mission saluée par le président tchèque, en visite sur place cette semaine. « La Mauritanie est l’un des rares pays stables de la région » : c’est le point sur lequel le président tchèque a insisté lors de son passage à Nouakchott en début de semaine. Petr Pavel est lui-même un ancien général et un ancien dirigeant de l’Otan, et c’est dans le cadre de l’organisation transatlantique qu’une vingtaine de soldats tchèques participent actuellement à la formation d’une nouvelle unité de l’armée mauritanienne…L’objectif affiché est que cette unité puisse faire face aux menaces terroristes, aux groupes criminels et qu’elle soit capable de contrer l’influence de forces hostiles dans la région du Sahel – sous-entendu la Russie –, comme l’a précisé le gradé en charge de cette formation aux médias tchèques. Le Parlement tchèque a validé l’envoi d’un maximum de 30 soldats pour cette mission de formation qui a débuté au mois de janvier. Précédemment, l’armée tchèque avait dirigé la formation européenne des forces armées maliennes. RFI
Libye-Turquie : Saddam Haftar en mission réconciliation à Ankara
Saddam, le fils du Maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, a pour mission de parachever et de consolider les relations sur le plan militaire entre Benghazi et Ankara avec, à la clé, un juteux contrat portant sur 30 programmes de formation sur les cinq prochaines années, dans différents domaines de la défense, et l’achat d’équipements. Dans la liste du cadet des sept enfants du maréchal, une commande de drones, qui s’accompagne d’une formation des forces militaires de l’ALN à leur maniement. Les Turcs ont également été consultés sur leur capacité à répondre à des besoins des troupes terrestres de l’Est libyen en matière d’infrastructure militaire. Une démarche qui ferait écho à la formation conjointe convenue entre les forces navales libyennes et turques le long de la côte est libyenne. À la faveur de cette visite, Saddam Haftar et ses interlocuteurs au sein de l’armée turque et du milieu de la défense en général ont évoqué l’organisation de manœuvres conjointes, ainsi que l’intervention d’experts chargés de former 1 500 membres des forces de Benghazi dans les domaines tels que la défense, l’entretien, le déminage et le soutien technique. Une action qui, plus globalement, vise à l’unification de l’institution militaire libyenne avec une coordination conjointe entre les régions orientale et occidentale. Jeune Afrique
Tunisie: l’opposition manifeste dans la capitale pour l’anniversaire du 9 avril 1938
En Tunisie, plusieurs centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Tunis ce mercredi pour défendre les droits et les libertés face à la répression des opposants politiques. Le 9 avril marque le 87ème anniversaire d’une date historique dans l’histoire tunisienne de manifestations populaires, en 1938, pour réclamer plus de droits politiques sous le protectorat français. Réunis sur la place Pasteur à Tunis, les soutiens d’Abir Moussi, présidente du parti destourien libre et opposante politique, scandent des slogans pour réclamer sa libération. Elle est emprisonnée depuis deux ans et poursuivie dans le cadre de neuf affaires en Tunisie, une injustice selon Raja Chebbi, une sympathisante qui porte un t-shirt rouge où il est inscrit « libérez Abir Moussi ». « C’est très important de nous mobiliser pour Abir Moussi car nous considérons que nous sommes le seul parti sérieux dans l’opposition et le seul parti qui est en train de défendre les intérêts du peuple tunisien », nous explique-t-elle. Sur l’avenue Bourguiba, d’autres manifestants, cette fois de la coalition du Front de Salut national qui rassemble des opposants au président Kaïs Saïed, sont venus réclamer un procès équitable pour les détenus de l’affaire du complot présumé contre la sûreté de l’État. Le procès doit reprendre ce vendredi. « Malheureusement l’audience de vendredi va se dérouler dans les mêmes conditions que celle du 4 mars, (à savoir) en l’absence physique des détenus », regrette Riadh Chaïbi, l’un des accusés qui comparaît en liberté. En protestation d’un procès qui doit de nouveau se faire en visioconférence, plusieurs détenus sont entrés en grève de la faim. RFI