Tchad: le chef de la transition Mahamat Déby annonce sa candidature à la présidentielle
Le chef de la junte au pouvoir depuis 2021 au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a annoncé samedi sa candidature à la présidentielle du 6 mai, trois jours après que l’armée a tué son principal rival, un « assassinat » selon l’opposition…Mahamat Déby promettait aussitôt de rendre le pouvoir aux civils par des élections après une transition de 18 mois mais, ce terme échu, il l’avait prolongée de deux ans. L’opposition dénonçait une « succession dynastique » des Déby dans ce vaste Etat sahélien d’Afrique centrale, deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU. La date du premier tour de la présidentielle, le 6 mai, a été annoncée mardi seulement, un peu plus de deux mois avant le scrutin, qui s’annonce prometteur pour le général Déby, bientôt 40 ans, en l’absence de rival sérieux dans une opposition muselée ou violemment réprimée. AFP
Le siège du parti de l’opposant tchadien tué en cours de démolition
Le siège du parti du principal opposant à la junte au Tchad, tué mercredi dans l’assaut par l’armée de ce bâtiment à N’Djamena, [était] en cours de démolition vendredi, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le bâtiment abritait le Parti socialiste sans frontières (PSF) de Yaya Dillo Djérou, cousin du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé président de la République de Transition par une junte militaire en 2021. M. Djérou a été tué dans l’assaut, qui a fait au total sept morts selon le gouvernement, quatre militaires et trois dans les rangs de M. Dillo. Une grosse pelleteuse démolit le bâtiment de trois étages, rapportent deux journalistes de l’AFP dans l’après-midi, tenus à distance par un épais cordon de sécurité de l’armée, dont on aperçoit de loin des véhicules blindés tout autour de l’immeuble. AFP
Au Soudan, la frontière entre le Tchad et le Darfour toujours fermée à l’aide humanitaire
Vendredi dernier, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk avait à nouveau exhorté les deux généraux ennemis, Hemetti et Al-Burhan, à laisser passer l’aide humanitaire. Le gouvernement soudanais a de nouveau refusé samedi 2 mars la demande de l’agence des Nations unies, le Programme alimentaire mondial, de laisser passer des convois humanitaires. Pour le gouvernement soudanais, basé à Port Soudan, il en va de la sécurité du pays. Le gouvernement du général Al-Burhan accuse les paramilitaires des Forces de soutien rapide du général Hemetti d’être ravitaillés en armes via cette frontière avec le Tchad. Selon les Nations unies, 25 millions de Soudanais nécessitent une assistance alimentaire. Vendredi dernier, le haut-commissaire des Nations Unis aux droits de l’homme, Volker Turk a à nouveau exhorté les deux belligérants à laisser passer l’aide humanitaire. RFI
Algérie: Kaïs Saïed à Alger pour renforcer les liens
Invité à participer aux travaux du 7e sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, qui se tenait à Alger du 29 février au 2 mars, le président tunisien Kaïs Saïed s’y est rendu en compagnie de son ministre conseiller, le médecin militaire Mustapha Ferjani, qui a assisté à sa rencontre avec Ebrahim Raïssi, président de la République islamique d’Iran. Un moment très attendu par le président tunisien, qui a une certaine admiration pour l’Iran, et n’est pas insensible à la question de la gouvernance islamique. Son hôte, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, lui a aussi permis de rencontrer l’émir du Qatar, aidant ainsi la Tunisie à relancer ses partenariats, même si ce ne sont que des promesses très générales qui ont été formulées à l’occasion de ces entretiens. Le sommet a surtout été l’occasion pour le président algérien de s’assurer de la solidité de ses liens avec Kaïs Saïed, auquel il a tenu la main depuis sa descente d’avion et tout le long de la remontée du tapis rouge. Une image assez insolite destinée à marquer les esprits. Jeune Afrique
Loi contre l’obscénité et le blasphème en Algérie : une feuille de vigne très commode
Des peines de prison et des amendes pour toute personne proférant des propos indécents ou commettant des actes contraires à la pudeur dans un lieu public. C’est l’un des amendements les plus controversés contenus dans le projet de loi modifiant et complétant l’ordonnance n° 66-156 portant code pénal que les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté, lundi 28 février 2024, après une année de tractations, controverses et débats. Proposé par la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés, l’article 333 bis 8 du projet de loi stipule que « quiconque aura commis un acte ou proféré un acte indécent dans un lieu public sera puni d’un emprisonnement de deux à six mois et d’une amende de 50 000 DZD à 100 000 DZD ou de l’une de ces deux peines seulement ». Pour le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, qui s’exprimait tout juste après l’adoption du nouveau texte, il s’agit là de la mise en œuvre du programme du président qui comprend une série de nouvelles dispositions visant à « adapter la loi aux évolutions de la société algérienne ». Jeune Afrique
Tunisie: un projet de loi sur les associations inquiète la société civile
Un projet de loi encadrant la création et le financement des associations inquiète dans une Tunisie en récession, où nombre de ces organisations soutiennent des activités comme l’artisanat, la formation professionnelle ou l’aide aux femmes victimes de violences. Le texte, censé remplacer un décret-loi adopté en 2011 ayant permis l’émergence de 25.000 associations, dont beaucoup ont contribué à la transition vers la démocratie après la révolution et la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, est en cours d’examen au Parlement. Ses promoteurs, encouragés par le président Kais Saied qui soupçonne le monde associatif de servir l’agenda de « puissances étrangères », assurent vouloir lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le projet place les ONG tunisiennes et étrangères « sous le contrôle et la supervision » des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères. La création d’une association et l’obtention d’aides extérieures seront soumises à des autorisations préalables. Plusieurs ONG internationales ont dénoncé une « régression croissante des droits » en Tunisie depuis le coup de force de M. Saied à l’été 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs. AFP
En Tunisie, des milliers de personnes ont manifesté contre la crise socio-économique qui touche le pays
Des milliers de personnes ont manifesté à Tunis, samedi 3 mars, devant le siège du chef du gouvernement, pour protester contre la détérioration de la situation sociale et économique, à l’appel de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). « La situation économique et sociale ne cesse de s’aggraver », a affirmé le secrétaire général de la principale centrale syndicale, Noureddine Taboubi, dans un discours devant les manifestants, déplorant « l’échec [des dirigeants] à formuler des politiques et des choix nationaux ». Il a estimé que « le dialogue social et économique était totalement bloqué aujourd’hui », rappelant que la capacité de l’Etat tunisien à rembourser ses dettes extérieures en 2023 « s’est faite au détriment du peuple et de la rareté des produits de base ». M. Taboubi a également critiqué l’application des « diktats du Fonds monétaire international [FMI] », aux dépens des Tunisiens. L’économie tunisienne est à l’arrêt avec seulement 0,4 % de croissance en 2023 et un taux de chômage atteignant 16,4 % à la fin de l’année, selon l’Institut national de la statistique. Le taux de chômage était de 15,2 % à la fin de 2022. Le pays est aussi secoué par des tensions politiques depuis le coup de force du président, Kaïs Saïed, qui s’est octroyé les pleins pouvoirs en juillet 2021. Le Monde avec AFP
Centrafrique: arrestation de l’un des leaders de l’opposition à l’aéroport de Bangui
En Centrafrique, l’un des leaders de l’opposition, maître Crépin Mboli-Goumba a été arrêté, dimanche 3 mars, à l’aéroport de Bangui. Président du parti politique Patri, il a été interpellé alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Hier soir, il était toujours détenu dans les locaux de l’Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB)…Conduits au commissariat du Ier arrondissement, ils ont – par la suite – été transférés à l’Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB). Sa femme a été relâchée quelques heures après. Hier soir on ignorait toujours le motif de son arrestation. Il y a environ dix jours, cet avocat du barreau de Centrafrique s’en était pris à la justice affirmant que celle-ci est corrompue jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie. Il avait également dénoncé la mainmise du ministre de la Justice sur le travail des acteurs judiciaires, ou encore le non-respect des textes pour des intérêts individuels. Mis en cause, le ministre avait promis de réagir. Quelques jours plus tard, le parquet de Bangui annonçait l’ouverture de poursuites judiciaires contre plusieurs avocats, accusés de sorties médiatiques intempestives. RFI
Mali: le colonel Alpha Yaya Sangaré, auteur d’un livre critique sur l’armée, arrêté
C’est à son domicile bamakois que le colonel Apha Yaya Sangaré a été arrêté sans mandat d’amener. Une source militaire justifie : « C’est un militaire, l’arrêt de rigueur est prévu par les textes. Pas besoin de mandat. » Après la publication de son livre intitulé Mali : défi du terrorisme en Afrique, le ministère malien de la Défense avait annoncé des sanctions contre l’auteur. Plusieurs passages de l’ouvrage ont en effet fortement déplu à la hiérarchie. Citant notamment des rapports d’Associations internationales de défense des droits de l’homme, le colonel écrit : « Depuis 2016, les FDS [Forces de défense et de sécurité, NDLR] se sont livrées à des exactions à l’encontre de personnes accusées de faire partie des groupes terroristes. » Pour sa défense, ses proches expliquent qu’en fait le livre est en grande partie le résumé de sa thèse de doctorat. Et que par mesure de précaution, il a utilisé le conditionnel pour rapporter les propos d’une organisation comme Human Rights Watch. À la séance de dédicace de l’ouvrage, au premier rang, un autre colonel, Abdoulaye Maïga, ministre d’État et ami de promotion de l’auteur. Dès l’éclatement de la polémique, il a pris ses distances dans un communiqué. RFI
L’opposant togolais en exil Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo est mort
Ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, il avait affronté Faure Gnassingbé lors de la présidentielle de 2020 qu’il estimait avoir remportée. Agbéyomé Kodjo est mort sans avoir regagné sa terre natale depuis, deux mois après son mentor Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro. De sa grande silhouette, sa voix rauque, Gabriel Messan Agbeyomé Kodjo n’avait pas 40 ans lorsqu’il est nommé pour la première fois ministre. C’était dans les années 80. Après la conférence nationale souveraine, il gravit les échelons : ministre de la Sécurité, directeur du port autonome de Lomé, président de l’Assemblée nationale et Premier ministre avant de tomber en disgrâce pour avoir demandé des réformes au sein du Rassemblement du peuple togolais (RPT) auprès du président Gnassingbé Eyadema et part pour la première fois en exil en juin 2002. Il rentre au pays en 2005 après la mort du président Eyadema, crée son parti en 2008 et prend part à la présidentielle de 2010. En 2020, il forme une coalition avec plusieurs partis politiques et organisations de la société civile avec le soutien de Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé dénommée « Dynamique Mgr Kpozro » pour prendre part à la présidentielle. Placé deuxième derrière Faure Gnassingbé avec 19,45% de voix, Agbéyomé Kodjo conteste les résultats, estime avoir remporté le scrutin, et reprend les chemins de l’exil. RFI
Les violences explosent au Burkina: 170 morts en un jour dans trois attaques
Quelque 170 personnes ont été « exécutées » lors « d’attaques meurtrières massives » de trois villages le 25 février dans le nord du Burkina Faso dirigé par des militaires, en proie aux violences jihadistes. Ce même jour, des massacres avaient aussi été commis dans une mosquée et une église. Dans un communiqué publié dimanche, le procureur de Ouahigouya (Nord), Aly Benjamin Coulibaly, écrit avoir été informé le 25 février d' »attaques meurtrières massives (qui) auraient été commises dans les villages de Komsilga, Nodin et Soroe » dans la province du Yatenga de la région du Nord…Selon des habitants joints par l’AFP, des rescapés ont affirmé que des dizaines de femmes et d’enfants en bas âge, figurent parmi les victimes. Ces attaques de trois villages du nord sont distinctes de celles intervenues le même jour contre une mosquée à Natiaboani (est) et une église à Essakane-village (nord), qui avaient fait « des dizaines de morts », selon des sources sécuritaire et locales à l’AFP. Aucun bilan officiel n’a été communiqué sur ces attaques. AFP
La Somalie condamne à mort six Marocains liés à l’EI
Un tribunal militaire du Nord de la Somalie a condamné à mort six ressortissants marocains en raison de leurs liens avec le groupe État islamique. Ce fragile pays de la Corne de l’Afrique est confronté depuis 17 ans à une insurrection menée par le groupe Al-Shabaab, lié à Al-Qaïda, et des militants du groupe État islamique opèrent également dans le pays. Jeudi, Ali Dahir, vice-président du tribunal militaire de Bossaso, dans l’État du Puntland, a condamné à mort six Marocains pour avoir tenté de « détruire leur vie, celle de la société musulmane, celle du peuple somalien et de semer le chaos dans le pays ». Le tribunal a également condamné un ressortissant éthiopien et un citoyen somalien à 10 ans de prison dans le cadre de la même affaire. Le procureur Mohamed Hussein a déclaré aux journalistes que les six Marocains avaient été arrêtés au Puntland et que l’enquête se poursuivait depuis près d’un mois. AFP
Littérature au Cameroun: «Boko (is) Halal», dix nouvelles pour faire face à la violence extrémiste
Au Cameroun, l’association Lire au Sahel a publié un recueil de dix nouvelles, écrites par des jeunes de la région de l’Extrême-Nord. L’une d’entre elles a donné son titre à l’ouvrage, Boko (is) Halal, autrement dit « l’éducation est légitime ». À travers de courtes fictions, qui étaient, pour la plupart de leurs auteurs, de premières tentatives d’écriture, s’expriment la douleur et la préoccupation de ces jeunes de voir leur région touchée par la violence extrémiste. Pour encourager la lecture, avec le financement de l’ambassade de France au Cameroun, l’association Lire au Sahel, présidée par David Wanedam, développe, fin 2020, un système de bibliothèques mobiles doté aujourd’hui d’un fond documentaire de 3 500 ouvrages : « Des livres africains mais aussi davantage orientés vers la jeunesse. L’engouement a été intéressant. Il faut dire que à Maroua, c’est difficile de trouver une bande-dessinée, les librairies n’en vendent pas ». Les emprunts sont gratuits. Le projet touche aujourd’hui environ 800 bénéficiaires. RFI