Élections au Togo: certains observateurs et partis d’opposition dénoncent des incidents localisés
Au Togo, le pays attend maintenant les résultats des élections législatives et régionales de lundi. Un peu plus de 4 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir 113 députés, et pour la première fois 179 conseillers régionaux. Ce double scrutin se tenait dans un contexte de changement constitutionnel controversé qui fait passer le pays à un régime parlementaire et supprime donc l’élection présidentielle. Le double scrutin s’est déroulé dans le calme mais des incidents ont tout de même été signalés par les observateurs déployés sur le terrain. L’affluence semblait faible lundi, selon des organisations accréditées pour observer les élections, pour qui cela peut traduire un désintérêt des Togolais pour ce scrutin, même s’il faut attendre le taux de participation pour être fixé.… Elles évoquent des électeurs qui ne se sont pas retrouvés sur les listes, des représentants de partis politiques qui, dans certains bureaux, n’ont pas eu accès aux procès-verbaux de dépouillement. Ils interviennent dans un contexte de défiance envers le parti au pouvoir, plusieurs partis d’opposition dénoncent aussi des incidents. Le front citoyen Togo debout évoque, pour sa part, des cas de bourrages d’urnes ou de représentants de partis d’opposition forcés de quitter des bureaux de vote. Le chef de la mission des observateurs de la communauté des États sahélo-sahariens s’est dit satisfait après ce qu’il a vu et entendu au cours de leur mission. RFI
Les six décennies de règne de la dynastie Gnassingbé au Togo
Les dynasties familiales jouent depuis longtemps un rôle important dans le façonnement des paysages politiques des nations du monde entier. Des Bush aux États-Unis aux Kim en Corée du Nord, des Bhuttos au Pakistan aux Trudeau au Canada, certains noms de famille sont devenus synonymes de pouvoir et d’influence. Au Togo, en Afrique de l’Ouest, la famille Gnassingbé est au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, le président actuel, Faure Gnassingbé, étant en fonction depuis 2005. Alors qu’il fait adopter des changements constitutionnels qui pourraient prolonger son règne, des questions se posent quant aux implications pour la démocratie dans la région. En 1967, alors que l’actuel président n’avait que neuf mois, son père Gnassingbé Eyadéma s’est emparé du pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à la suite d’un coup d’État militaire.… Le président Gnassingbé devrait rester en place jusqu’en 2031 après que l’Assemblée nationale, dominée par son parti, l’Union pour la République (UNIR), a adopté vendredi 19 avril une nouvelle constitution qui modifie le système de gouvernance du pays, passant d’un système présidentiel à un système parlementaire. BBC
Soudan : Les Etats-Unis prévoient une tragédie à El-Facher
Lundi, l’ambassadrice américaine aux Nations unies a exprimé ses inquiétudes quant à un possible « massacre à grande échelle » à El-Facher, ville stratégique du Darfour-Nord et centre crucial pour l’aide humanitaire. Linda Thomas-Greenfield a déclaré aux médias après une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU que la situation à El-Facher était très critique. « Un massacre à grande échelle est imminent », a-t-elle averti, soulignant que des millions de personnes étaient confrontées à cette dure réalité. El-Facher est un point central pour l’aide humanitaire au Darfour, où vit environ un quart de la population soudanaise, soit 48 millions d’habitants. Bien que la ville ait été relativement épargnée par les combats jusqu’à récemment, des affrontements et des bombardements ont éclaté dans les villages environnants depuis mi-avril. Depuis le début des hostilités le 15 avril 2023 entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, la violence ethnique, sexuelle et la destruction de terres ont repris au Darfour. Sahel-Intelligence
Après le départ des Casques bleus du Sud-Kivu, des policiers congolais livrés à eux-mêmes
Portes défoncées, installations électriques pillées, pas de carburant, de nourriture, d’eau ni d’électricité : tel est le sort des policiers congolais déployés fin février dans la plaine de la Ruzizi en remplacement des Casques bleus de la mission de l’ONU en République démocratique du Congo. La première phase du retrait « ordonné, responsable et durable » de la Monusco, réclamé par les autorités de Kinshasa qui la jugent désormais inutile et indésirable, devait s’achever le 30 avril dans le Sud-Kivu, une des provinces orientales de la RDC en proie aux violences armées. Tous les Casques bleus n’en sont pas encore partis, mais la Monusco a confirmé mardi soir la fin de ses « opérations » dans cette province, conformément au plan de désengagement. Parmi les bases onusiennes transférées aux autorités de RDC, celle de Kamanyola (dans la plaine de la Ruzizi) a été remise à la Police nationale congolaise. Deux mois après le départ des Casques bleus pakistanais, elle ressemble plus à un taudis qu’à un poste de police. VOA/AFP
L’est de la RDC est « au bord de la catastrophe », préviennent l’ONU et ses partenaires
Vingt hauts responsables d’agences des Nations Unies et d’organisations partenaires ont lancé mardi un cri d’alarme sur l’escalade du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) qui entraîne des niveaux records de violence sexiste, de déplacements et de faim et menace de pousser le pays « au bord de la catastrophe » sans une action internationale urgente. Des décennies de conflit et l’urgence humanitaire qui en résulte ont déjà épuisé et traumatisé des millions de civils congolais. Rien qu’au cours des derniers mois, plus de 700.000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, portant le nombre total de personnes déplacées à un niveau record de 7,2 millions. « Il est essentiel de veiller à ce qu’une aide suffisante parvienne rapidement et sans entrave aux civils dans le besoin. Mais le Plan de réponse humanitaire de cette année est terriblement sous-financé, avec seulement 16% des 2,6 milliards de dollars demandés ayant été reçus. L’écart entre des besoins en augmentation rapide et des ressources suffisantes signifie que des millions de personnes se retrouvent sans le soutien vital dont elles ont besoin », préviennent les hauts responsables dans cet appel conjoint. ONU Info
Mali : dix miliciens pro-régime tués par des jihadistes dans le nord
Dix miliciens membres d’une coalition de groupes armés alliée du régime de Bamako ont été tués lundi par des jihadistes dans le nord du Mali, où l’armée est aux prises avec divers groupes jihadistes et séparatistes, selon des sources sécuritaires contactées par l’AFP. « Ce sont des jihadistes qui ont attaqué notre position près de Gao. Nous avons perdu 10 combattants », a déclaré mardi à l’AFP Inoussa Maïga, membre de la Coordination des mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR), une alliance de groupes armés qui combat aux côtés des forces gouvernementales. L’attaque a eu lieu lundi dans la localité de Kadji, située en périphérie de Gao, aux alentours de 13H30 (heure locale), selon une source policière malienne jointe par l’AFP et un document interne à ces groupes armés qui confirment également ce bilan. La région de Gao est le théâtre d’affrontements réguliers entre les groupes jihadistes ou séparatistes à dominante touareg et l’armée malienne, assistée par ses alliés russes et des groupes armés locaux. Les mouvements affiliés au CM-FPR sont dominés par des membres des communautés sédentaires, notamment songhai, qui se trouvent en conflit depuis plusieurs décennies avec les populations nomades de cette région semi-désertique. VOA/AFP
Tunisie: le mouvement d’opposition du Front du salut national annonce boycotter la présidentielle
Le mouvement du Front du salut national – qui agrège à la fois des figures politiques de gauche comme d’anciens du parti islamiste Ennahdha – a annoncé mardi qu’il ne présenterait pas de candidat à la prochaine présidentielle qui doit se tenir cet automne en Tunisie. Il dénonce une « comédie électorale ». Faut-il participer à la présidentielle au risque de donner du crédit à ce qu’il appelle une « comédie électorale » ou boycotter le scrutin au risque de disparaître encore plus du spectre politique tunisien ? Pour le Front du salut national, la question est désormais tranchée. Il ne participera pas. « À ce jour, nous avons décidé de ne pas présenter de candidats car les conditions d’une concurrence ne sont pas assurées », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, président du Front de salut national et figure emblématique de gauche qui fut par le passé un opposant à Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali. Il s’oppose aujourd’hui à Kaïs Saïed. La position du mouvement est une position de principe mais aussi de réalité car deux figures majeures du mouvement sont toujours en prison. Arrêtées il y a plus d’un an dans le cadre d’une affaire supposée de complot contre la sûreté de l’État, ces personnalités ont été appréhendées pour leur opposition à Kaïs Saïed, selon Amnesty International, qui évoque des « détentions arbitraires ». RFI
Centrafrique : mandat d’arrêt contre l’ex-président Bozizé pour de possibles crimes contre l’humanité
La Cour pénale spéciale, juridiction mixte sous l’égide de l’ONU, travaille sur des massacres commis entre 2009 et 2013 par la garde présidentielle de l’ancien putschiste. Un tribunal spécial parrainé par les Nations unies a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de la République centrafricaine François Bozizé, dans le cadre d’une enquête sur sa responsabilité dans de possibles crimes contre l’humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013. M. Bozizé, 77 ans, qui s’était emparé du pouvoir en 2003 par un coup d’Etat avant d’être renversé dix ans plus tard par des rebelles et qui est aujourd’hui à la tête de la principale rébellion centrafricaine, vit en exil en Guinée-Bissau depuis mars 2023. Le mandat d’arrêt international date du 27 février, précise dans un communiqué la Cour pénale spéciale (CPS), une juridiction hybride composée à Bangui de magistrats centrafricains et étrangers, chargée du dossier des crimes de guerre et contre l’humanité commis depuis 2003 en Centrafrique, un pays qui a connu une alternance de guerres civiles et de régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960. Le Monde
Thabo Mbeki appelle à un dialogue national pour sauver les Institutions sud-africaines
Thabo Mbeki, l’ancien Président sud-africain, a appelé à un dialogue national sérieux après les élections générales du 29 mai pour contrer « le sabotage de l’État » menaçant les institutions démocratiques du pays. Il a souligné que la « contre-révolution » avait compromis le gouvernement démocratique et affaibli des entités publiques telles que le Service des impôts (SARS) et la compagnie d’électricité Eskom. Mbeki a insisté sur la nécessité d’un dialogue inclusif avec la société civile, les partis politiques, les entreprises, les syndicats et d’autres acteurs nationaux pour remédier à la paralysie de l’État sous l’égide de l’ANC. L’ancien président sud-africain a critiqué les membres de l’ANC pour avoir servi leurs propres intérêts depuis leur accession au pouvoir en 1994, déplorant les souffrances infligées aux citoyens par cette contre-révolution. En outre, Mbeki a exprimé son désarroi quant au manque de renouveau au sein de l’ANC et à son incapacité à enrayer son déclin, affirmant que le parti n’avait pas encore restauré sa légitimité. Un rapport de la Commission judiciaire d’enquête sur la capture de l’État en 2022 a révélé la suffocation et la faillite de presque tous les organes de l’État par les dirigeants de l’ANC, au pouvoir depuis la fin du régime de la minorité blanche en 1994. Ce rapport a mis en lumière la corruption systémique impliquant des hauts responsables de l’ANC dans toutes les administrations de l’État. APA
La Côte d’Ivoire se lance dans les crédits carbone pour financer sa reforestation
Le pays aurait perdu près de 80 % de son couvert depuis 1960. Abidjan prévoit de privatiser pour cinquante ans sa première forêt classée dans le Haut-Sassandra. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. Pour reconstituer ses forêts, la Côte d’Ivoire s’apprête à en privatiser certaines. Pour valoriser financièrement son patrimoine naturel, l’Etat compte sur l’appétence grandissante du secteur privé pour les crédits carbone, des unités de valeur délivrées par des organismes de certification pour chaque tonne de CO2 compensée par des activités vertueuses, et qui peuvent être vendus sur un marché dédié. D’ici à la fin de 2024, la forêt classée du Haut-Sassandra, située dans l’ouest du pays, devrait être la première à être mise sous concession pour une durée de cinquante ans. Les opérateurs techniques et financiers du projet, l’entreprise ivoirienne Agro-Map et la française aDryada, deux structures spécialisées dans la commercialisation de crédits carbone générés à partir de projets de restauration de la biodiversité, s’engagent à reboiser 100 000 hectares de terres décimés par des décennies de culture du cacao et d’exploitation du bois. Le Monde
Nous ne devrions pas avoir à supplier ou à négocier pour les droits des femmes
Isata Bendu Mahoi, Ministre du Genre et de l’Enfance de la Sierra Leone… a fait part à Kingsley Ighobor de ses initiatives en matière d’autonomisation, des défis auxquels elle est confrontée en tant que personnalité politique et de son message aux jeunes femmes d’Afrique. Voici des extraits de l’entretien. Afrique Renouveau : Quelles sont les meilleures pratiques que vous aimeriez partager avec d’autres pays en ce qui concerne le travail de votre gouvernement pour l’autonomisation des femmes ? Dr Mahoi : Tout le monde sait ce que nous avons vécu en Sierra Leone – guerre, Ebola, glissements de terrain, inondations, etc. Dans tous ces cas, ce sont les femmes qui ont le plus souffert, mais nous nous sommes relevés. Aujourd’hui, nous veillons à ce que l’autonomisation des femmes soit au cœur du développement.… Sur le plan national, nous avons adopté de nombreuses lois relatives au genre, telles que la loi de 2007 sur la dévolution des successions, la loi de 2007 sur la violence domestique et la loi de 2009 sur le mariage et le divorce coutumiers. Pour moi, ces lois sont dépassées, même si elles constituaient à l’époque des pas dans la bonne direction. Ces dernières années, nous avons revu certaines de ces lois et nous essayons de combler les lacunes existantes. Par exemple, en 2019, nous avons révisé la loi sur les infractions sexuelles de 2012, afin d’imposer des peines plus sévères aux auteurs de violences sexuelles.… Depuis nos interventions, de nombreux changements ont eu lieu. Auparavant, les gens avaient peur de signaler les cas de viol, en particulier au sein de la famille ou de la communauté, par crainte de la stigmatisation. Aujourd’hui, les gens se sentent plus à l’aise pour signaler de tels incidents. Afrique Renouveau