Revue de presse du 1 avril 2024

Cartographie de la vague de désinformation en Afrique
La prolifération de la désinformation est un défi fondamental pour les sociétés africaines stables et prospères. L’ampleur de ces efforts intentionnels visant à déformer l’environnement de l’information à des fins politiques s’accélère. Les 189 campagnes de désinformation documentées en Afrique sont presque quatre fois plus nombreuses qu’en 2022. Compte tenu de la nature opaque de la désinformation, ce chiffre est certainement sous-estimé…Il existe un lien étroit entre l’ampleur de la désinformation et l’instabilité. Les campagnes de désinformation ont été directement à l’origine de violences meurtrières, ont encouragé et validé des coups d’État militaires, ont réduit les membres de la société civile au silence et ont servi de paravent à la corruption et à l’exploitation. Cela a eu des conséquences concrètes sur les droits, les libertés et la sécurité des Africains. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Bassirou Diomaye Faye proclamé président élu avec 54,28% des voix
L’opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye a largement remporté au premier tour la présidentielle du 24 mars avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%), selon les résultats définitifs proclamés vendredi par le Conseil constitutionnel. L’opposant antisystème « Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye est élu Président de la République du Sénégal », indique un arrêt du Conseil consulté vendredi par l’AFP et confirmant les chiffres provisoires annoncés mercredi par la Commission nationale de recensement des votes, relevant de la justice. Le Conseil « n’a été saisi d’aucune contestation » de la part des 19 candidats dont le troisième, Aliou Mamadou Dia, recueille 2,8% des suffrages. M. Faye prêtera serment mardi en fin de matinée dans la ville nouvelle de Diamniadio, a indiqué la présidence. La passation de pouvoir avec son prédécesseur Macky Sall est ensuite prévue au Palais présidentiel à Dakar. AFP

Centrafrique: la société civile du Haut-Mbomou inquiète après l’arrivée d’«instructeurs russes»
Le gouvernement centrafricain a confirmé récemment le déploiement « d’instructeurs russes » pour soutenir l’armée à Obo, dans le Haut-Mbomou, une région très isolée du sud-est du pays. Jusque-là, les hommes de Wagner n’avaient pas pris pied dans cette zone où depuis un an, un groupe d’autodéfense issu de la communauté zandé (Azandé Ani Kpi Gbé, ou AAKG) mène des actions contre les rebelles de l’UPC. Les civils payent les conséquences de l’insécurité entretenue par cette rivalité. La Minusca vient d’ailleurs de décider de renforcer sa présence à Obo. Wagner pourrait, pour sa part, former les hommes d’Azandé Ani Kpi Gbé pour en faire leurs supplétifs. Un risque, selon ce membre de la société civile locale issu de la communauté zandé mais qui ne souhaite pas que son nom rendu public, de voir les exactions documentées dans d’autres régions du pays gagner le Haut-Mbomou, et s’ajouter à la détresse des populations. RFI

Mali : plus de 80 partis politiques et organisations réclament la tenue d’une présidentielle
Plus de quatre-vingts partis politiques et organisations de la société civile au Mali réclament l’organisation « dans les meilleurs délais » d’une élection présidentielle et la fin de la transition dans ce pays sahélien dirigé par une junte depuis 2020. Ils rappellent tous, dans deux communiqués distincts, que la durée de la transition a pris fin le 26 mars. Un premier groupe formé d’associations et de partis politiques au Mali « demande aux autorités en place, au regard du vide juridique et institutionnel (…) de créer les conditions d’une concertation rapide et inclusive, pour la mise en place d’une architecture institutionnelle, à l’effet d’organiser, dans les meilleurs délais, l’élection présidentielle », selon les termes d’un communiqué publié dimanche 31 mars au soir. Les signataires du communiqué ajoutent qu’ils auront recours à « toutes les voies légales et légitimes, pour le retour » du Mali à l’ordre constitutionnel normal et dans le concert des nations, gage de la stabilité politique. Le Monde avec AFP

Au Togo, une nouvelle Constitution provoque une levée de boucliers de la part de l’opposition
Le chef de l’Etat togolais a renvoyé, vendredi 29 mars devant l’Assemblée nationale, la nouvelle Constitution, qui transforme le régime présidentiel en régime parlementaire, pour une deuxième lecture. Aucune précision n’a été donnée sur les modifications qui pourraient être introduites en deuxième lecture par les députés, mais Faure Gnassingbé, qui a succédé à son père à la tête de l’Etat il y a dix-neuf ans, fait face à une levée de boucliers sans précédent de la part de l’opposition et de la société civile, qui l’accusent de vouloir se maintenir indéfiniment à la tête du pays…L’opposition soulignait notamment que la loi, qui doit encore être promulguée, « viole » l’article 59 de la Constitution, selon lequel le mode d’élection du président de la République ne peut être changé que par voie référendaire…La deuxième lecture de ce texte, dans les jours qui viennent, pourrait ouvrir la voie à des négociations. Mais ni l’opposition ni la société civile ne s’attendent à un renoncement du président. Le Monde

La Somalie adopte le passage à un régime présidentiel au suffrage universel direct
Le Parlement somalien a approuvé à l’unanimité, samedi 30 mars, l’instauration du suffrage universel direct et le passage à un régime présidentiel. Cette révision constitutionnelle concrétise la promesse – souvent répétée mais jamais appliquée jusqu’ici – d’un vote selon le principe « une personne, une voix » dès les élections locales prévues le 30 juin 2024…Avec cette révision constitutionnelle, le poste de premier ministre doit être remplacé par un vice-président, élu avec le chef de l’Etat sur un seul bulletin. Ce changement doit intervenir après la prochaine élection présidentielle, prévue en mai 2026…Mais cette réforme constitutionnelle est également critiquée en Somalie, notamment par l’ancien président (2017-2022), Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmaajo. « Cette Constitution, qui doit être mise en œuvre selon un processus illégal et non accepté par la société, ne sera jamais reconnue comme une Constitution légale », a-t-il déploré dans un communiqué. Le Monde avec AFP

Somalie: la région du Puntland «révoque sa reconnaissance» du gouvernement fédéral
Ce dimanche, les autorités de cette région semi-autonome de Somalie ont déclaré ne plus reconnaitre le gouvernement fédéral de Mogadiscio. La décision du Puntland marque son opposition à la révision constitutionnelle adoptée samedi 30 mars à l’unanimité par le Parlement somalien. Cette révision prévoit la mise en place d’un régime présidentiel et l’instauration d’un suffrage universel direct en Somalie. Jusqu’à présent, le pays disposait d’un système électoral basé sur un scrutin indirect, avec de grands électeurs représentant les clans et sous-clans de la société somalienne. RFI

Nouveaux combats meurtriers entre éleveurs et cultivateurs tchadiens
Au moins 23 personnes ont été tuées fin mars en sept jours d’affrontements entre éleveurs et cultivateurs dans le sud du Tchad, régulièrement en proie à des combats meurtriers entre ces communautés nomades et sédentaires, a annoncé lundi à l’AFP le ministre de la Communication. Ils opposent éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires, les premiers faisant passer ou paître leurs troupeaux dans les champs des seconds, ou bien leur disputent la propriété de certaines terres. Ces nouveaux affrontements, à la suite de l' »assassinat » d’un homme d’une communauté arabe dans une embuscade, ont fait rage entre le 21 et le 27 mars dans trois villages de la région du Moyen-Chari – Balwaï, Kolo et Balkoutou – dans le sud fertile du Tchad, a expliqué à l’AFP le ministre Abdraman Koulamallah…Ces violences sont très fréquentes dans le centre et le sud du Tchad, où nombre d’habitants sont armés. Les nomades, venant des zones arides sahéliennes du nord, cherchent aussi de plus en plus à se sédentariser sur des terres propices à l’élevage de leurs dromadaires et moutons, plus au sud. AFP

Des roquettes contre le domicile du neveu du Premier ministre libyen
Deux roquettes ont visé dimanche soir le domicile et le bureau du neveu et conseiller du Premier ministre libyen, situés dans un quartier résidentiel de la capitale libyenne Tripoli, faisant des dégâts mais pas de victimes, ont indiqué des médias locaux. Selon la chaîne télévisée al-Wasat, citant lundi une source sécuritaire sans la nommer, le bureau et l’une des résidences d’Ibrahim Dbeibah, neveu du chef du gouvernement d’unité nationale, ont été touchés par deux roquettes de type RPG. Ibrahim Dbeibah, conseiller politique d’Abdelhamid Dbeibah, n’était pas sur les lieux au moment de l’attaque, selon la même source. Aucune revendication n’a été faite dans l’immédiat et les autorités de Tripoli n’ont pas fourni de commentaires…Le domicile et le bureau d’Ibrahim Dbeibah se trouvent dans un secteur ultra-sécurisé du quartier résidentiel et commercial de Hay al-Andalous dans l’ouest de Tripoli, à proximité aussi d’une villa qu’utilise le Premier ministre Dbeibah comme bureau. AFP

Tanzanie: la délivrance de nouveaux permis de chasse à l’éléphant inquiète les ONG kényanes
L’inquiétude se fait sentir au Kenya pour les « Super Tuskers », ces grands éléphants aux très longues défenses pouvant peser jusqu’à 45 kilos. Trois de ces grands animaux ont été tués ces six derniers mois à la frontière avec le Kenya. Les ONG protectrices de la faune sauvage sont particulièrement inquiètes car trois nouveaux permis de chasse ont été délivrés et ce, alors qu’il reste moins de 50 « super Tuskers » sur le continent africain. La chasse est autorisée en Tanzanie mais depuis 30 ans, les pachydermes sont protégés par un accord. Selon ce dernier, les « Super Tusker », ces éléphants africains dont les défenses peuvent avoisiner les 45kg, sont protégés dans la région frontalière entre le Kenya et la Tanzanie. Les organisations de protection de la vie sauvage sont également inquiètes. « Cette chasse est certes légale en Tanzanie mais cela ne reste pas la bonne chose à faire », dénonce Cynthia Moss, fondatrice du fonds d’Amboseli pour les éléphants. « Les chasseurs visent particulièrement les mâles les plus âgés. Ce sont eux qui ont les plus grandes défenses mais malheureusement, ce sont eux qui sont au pic de leur fonction reproductrice. Et ce, alors qu’il ne reste qu’une dizaine de Super Tusker dans la zone frontalière Kenya-Tanzanie », déplore-t-elle. RFI