L’extrémisme violent reste l’une des menaces les plus importantes envers l’Afrique. La violence des groupes islamistes militants demeure largement concentrée sur cinq théâtres—le Sahel, la Somalie, le bassin du Lac Tchad, le Mozambique et l’Afrique du Nord—chacun comprenant des acteurs locaux distincts et des défis particuliers. En utilisant des tactiques asymétriques et en s’intégrant dans les communautés locales, et avec pour objectif de mobiliser le recrutement et d’alimenter les ressentiments contre l’État, les groupes militants cherchent à amplifier les griefs et les différences intercommunautaires. Étant donné ces défis complexes, les gouvernements doivent prioriser la construction de la confiance avec les communautés, tout en développant des forces de défense plus robustes et mobiles qui seront en mesure de rester présentes dans les régions contestées. Il suit une série d’analyses du CESA qui examinant l’évolution des différents groupes islamistes militants d’Afrique et des moyens de les contrer. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Cela faisait des mois que l’Union européenne (UE) tentait de trouver une solution pour maintenir une certaine présence au Mali, malgré la décision des autorités nationales de faire appel au groupe paramilitaire russe Wagner, arrivé dans le pays fin décembre. Les Vingt-Sept ont finalement décidé de suspendre les missions européennes d’entraînement de l’armée et de la garde nationale maliennes, tout en poursuivant les activités de conseil et d’éducation. « On arrête » d’entraîner des soldats, « mais on reste » au Mali, a résumé lundi 11 avril Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à l’occasion d’un conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union. … Depuis le 2 avril, les soldats maliens et les mercenaires de Wagner sont accusés d’avoir perpétré un massacre à Moura, dans le centre du pays. D’après Human Rights Watch, près de 300 civils, dont certains soupçonnés d’être des djihadistes, y ont été exécutés entre le 27 et le 31 mars. Dans ce contexte, l’entraînement des forces maliennes est devenu inconcevable pour l’Europe. Certaines de ces activités avaient été de facto suspendues dès le mois de mars par les commandants des missions, en attendant une décision politique de l’Union. « Il fallait éviter rapidement tout risque » de voir des soldats formés par les Européens commettre des « violations des droits de l’homme », explique un diplomate. Le Monde
Lourd bilan pour les forces armées béninoises après une nouvelle attaque survenue dans le parc Pendjari. Au moins trois militaires ont été tués, lundi 11 avril 2022, après l’explosion d’une mine artisanale. Plusieurs personnes ont également été blessées et évacuées dans un hôpital situé près de la ville de Tanguiéta. Le gouvernement n’a, pour l’heure, pas communiqué sur cette attaque. Cette dernière n’a pas non plus été revendiquée. Mais elle intervient dans un contexte où le Bénin subit de plus en plus d’offensives de groupes jihadistes dans sa région frontalière avec le Burkina Faso. Celle de lundi est la troisième du genre dans la zone depuis le début de l’année. L’assaut le plus meurtrier a fait neuf victimes, dont un instructeur français, les 8 et 10 février derniers. Habituellement discret, le gouvernement béninois avait alors réagi et annoncé qu’il accélérerait sa stratégie de riposte. Le gouvernement avait assuré qu’il avait doté les forces armées béninoises, « d’importantes ressources financières non seulement pour les équiper, mais aussi pour recruter et former du personnel », sans plus de précisions. Jeune Afrique
Le 9 avril, le colonel Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, a mené une délégation gouvernementale à Moura (centre) où entre 200 et 400 personnes, selon les différentes sources, ont été tuées fin mars dans une opération « antiterroriste » de l’armée malienne et des mercenaires de Wagner. Malgré une demande formulée début avril, les enquêteurs de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali n’ont, eux, toujours pas reçu l’autorisation d’aller enquêter sur ce que beaucoup dénoncent comme un « massacre ». Selon une source interne à la mission, les autorités du pays affirment que leur requête est toujours « à l’étude ». Le village de Moura étant très enclavé et au cœur d’une zone contrôlée par les jihadistes de la katiba Macina, l’hélicoptère est le seul moyen sécurisé de s’y rendre. Or depuis le 20 janvier, la Minusma doit systématiquement demander une autorisation à Bamako pour faire voler ses appareils dans le ciel malien. Cette mesure avait été prise au moment où des hommes de Wagner s’étaient déployés dans le centre. Les autorités ne souhaitent pas que la mission de la paix de l’ONU, qui a repéré des éléments de la société privée russe vers Tombouctou, soit informée des activités des mercenaires. Jeune Afrique
Le chef de l’État sénégalais Macky Sall, également président en exercice de l’Union africaine (UA), s’est entretenu ce lundi 11 avril du conflit entre la Russie et l’Ukraine avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui lui a dit vouloir « faire une communication à l’UA », a-t-il annoncé dans un tweet. « Je remercie le président (Zelensky) pour son appel de ce jour. Nous avons évoqué l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale et la nécessité de privilégier le dialogue pour une issue négociée du conflit », a écrit le dirigeant sénégalais sur son compte Twitter. « J’ai noté également sa demande de faire une communication à l’UA », a-t-il ajouté. Le 24 février, au premier jour de l’invasion russe, l’Union africaine avait appelé la Russie au respect « de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine », tout en exhortant Moscou et Kiev à un « cessez-le-feu immédiat », et à l’ouverture de négociations sous l’égide de l’ONU. Le chef de l’État sénégalais avait réitéré cette position lors d’un appel au président russe Vladimir Poutine durant lequel il a dit avoir « sollicité un cessez-le-feu durable » en Ukraine. Le Point avec AFP
En Libye, les réactions se multiplient suite à la décision des militaires fidèles à Khalifa Haftar de suspendre leur participation au comité 5+5, ce comité militaire issu de l’accord politique de Berlin qui permettait l’un des trois processus de dialogue qui a conduit au cessez-le-feu à Tripoli en 2020. Ce comité est composé de cinq militaires représentant l’AN (l’armée nationale libyenne basée à l’est libyen) dirigée par Khalifa Haftar et cinq autres militaires représentant Tripoli et l’ouest libyen. C’est dans un communiqué filmé, lu en présence des cinq représentants du camp de l’est libyen au comité militaire mixte 5+5 chargé du dialogue pour réunifier l’institution militaire, que les fidèles de Khalifa Haftar ont annoncé suspendre leur participation à ce comité. L’annonce menace les progrès enregistrés depuis le cessez-le-feu de 2020. Le discours annoncé est d’ailleurs significatif. Il se concentre sur quatre points bien précis. RFI
C’est plus précisément le comté d’origine du vice-président Riek Machar, le comté de Leer, dans l’État d’Unité, situé au nord du pays, qui a été pris pour cible. L’enfer que vivent les habitants du comté de Leer depuis le 7 avril a été résumé en une image, partagée sur les réseaux sociaux : celle d’une femme aux vêtements ensanglantés, allaitant son enfant. Ces violences sont les dernières en date d’un conflit local qui dure depuis des mois, sur fonds de rivalités entre l’armée gouvernementale et l’armée de l’opposition de Riek Machar, affaiblie par des scissions. C’est son bastion, sa terre natale, qui a été prise pour cible de ce que des témoins ont décrit comme des « groupes de jeunes » mobilisés et armés pour l’occasion. Par qui ? Et dans quel but ? Une enquête a été confiée à la commission de surveillance du cessez-le-feu. Le sous-gouverneur de l’État d’Unité, Tor Tungwar Kueiguong, un membre du parti de Riek Machar, a demandé l’intervention urgente de la présidence, des garants de l’accord de paix et des humanitaires. Selon lui, « l’ensemble des villages du comté de Leer ont été forcés de fuir dans les marécages ». Une porte-parole du coordinateur humanitaire pour le Soudan du Sud, Annette Hearns, explique que l’organisation cherche à savoir combien de personnes ont besoin d’assistance et où elles se trouvent. Elle ajoute que « la situation sur place reste très tendue ». RFI
Arrivé lundi 11 avril à Brazzaville pour une visite de trois jours, le chef de l’État rwandais Paul Kagame s’est adressé au Parlement congolais réuni en congrès. Dans son discours axé sur la sécurité, la paix, l’intégration régionale et l’unité africaine, il a appelé à une « collaboration constante » pour lutter contre l’insécurité dans la régions des Grands Lacs. Le dirigeant rwandais a prononcé son discours de 18 minutes en anglais, après de brèves salutations en français. Il a ensuite relevé qu’au sein de la région des Grands Lacs quelques poches d’insécurité persistent, estimant que la lutte contre ce fléau nécessitait une collaboration régionale constante, notamment à l’est de la République démocratique du Congo, où opèrent des groupes armés. Paul Kagame a affirmé que 5 000 troupes rwandaises étaient stationnées sur le continent, en Centrafrique et au Soudan du Sud notamment, où elles interviennent dans le cadre de missions de maintien de la paix des Nations unies. RFI
Les quatre derniers membres d’une délégation congolaise otage d’un groupe armé avec lequel elle était venue négocier en Ituri (nord-est de la RDC) sont libres après près de deux mois de détention, a annoncé mardi un porte-parole. Ce porte-parole, Pitchout Mbodina Iribi, qui représente la « Task force pour la paix, la réconciliation et la reconstruction de l’Ituri », a annoncé « la libération de Thomas Lubanga et Floribert Ndjabu mais aussi de tout le reste des membres de la délégation ». Il s’agit de deux colonels de l’armée congolaise, Justin et Désiré Lobho. Les quatre hommes ont plutôt « échappé » à leurs ravisseurs, a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat un autre membre de la Task force, indiquant que « tous sont arrivés à Bunia », chef-lieu de l’Ituri, mardi matin. Au total, huit membres de cette Task force avaient été pris en otage le 16 février par les combattants du groupe armé Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), organisation mystico-militaire qui prétend défendre les membres de la communauté Lendu. RTBF avec Belga
Le producteur d’or russe Nordgold a annoncé l’arrêt pour « raisons de sécurité » de la mine de Taparko, principale mine privée du Burkina Faso, située dans le nord du pays en proie à des violences jihadistes meurtrières depuis 2015, indique une note consultée lundi par l’AFP. « Nous venons par la présente vous aviser de l’arrêt de nos activités d’exploitation minière de la Société des mines de Taparko (Somita) pour cas de force majeure » liée à « des raisons de sécurité », écrit le directeur général de Somita, Alexander Hagan Mensa, dans une lettre adressée aux travailleurs datée du 9 avril. Une décision prise car « toute la zone autour de nos sites d’exploitation, y compris la route Ouagadougou-Dori, sont actuellement sous menace terroriste », selon lui. « Malgré des investissements coûteux sur le plan sécuritaire, la société n’est toujours pas à l’abri des menaces, chaque jour grandissantes, contre les installations et le personnel », ajoute-t-il. Le directeur affirme que « ces dernières semaines, l’accès au site est devenu (…) quasi-impossible. Cette situation met gravement en danger la vie du personnel sur les sites (et) la société se retrouve donc dans une situation d’impossibilité absolue à poursuivre ses activités ». AFP
L’Union européenne renforce ses relations avec le Nigéria, alors qu’elle cherche à diversifier les sources de ses importations de gaz naturel afin de réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe. Pour sa part, l’Italie, aussi membre de l’Union européenne (UE), a signé un accord avec l’Algérie dans le même sens. Le Nigéria est le quatrième fournisseur de gaz naturel liquéfié de l’Europe. Au moins 40 % du gaz nigérian est actuellement exporté vers l’Europe. L’UE cherche à réduire l’utilisation du gaz russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Lundi, des diplomates de l’UE se sont rendus auprès de la compagnie pétrolière publique nigériane pour des réunions visant à renforcer la coopération dans le secteur de l’énergie. BBC
Les cyclones et tempêtes tropicales qui ont frappé en début d’année le sud-est de l’Afrique et Madagascar ont charrié des pluies plus intenses en raison du changement climatique, selon une étude publiée lundi. En janvier et février, Madagascar, le Mozambique et le Malawi notamment ont subi une série rapprochée de cinq cyclones et tempêtes -notamment Ana, Batsirai et Emnati- qui ont causé de graves inondations, affectant plus d’un million de personnes, détruisant infrastructures et cultures et faisant plus de 200 morts au total. Pour évaluer si le changement climatique avait eu un impact sur ces phénomènes, une équipe du World Weather Attribution, réseau de scientifiques pionniers en matière d’attribution des événements extrêmes au changement climatique, a étudié les précipitations pendant ces tempêtes sur deux régions (Madagascar et une région à cheval sur la frontière Mozambique/Malawi). AFP
Tout au long du 21e siècle, de nombreuses maladies infectieuses sont apparues ou réapparues en Afrique subsaharienne. Les zones rurales de la région sont souvent particulièrement vulnérables aux épidémies, explique Florence Fenollar, spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut hospitalier universitaire de l’infection méditerranéenne de Marseille, en France. Les systèmes de santé publique limités, la pauvreté et les inégalités sociales, les conflits violents et les contacts étroits entre l’homme et la faune sauvage en sont autant de raisons, ajoute-t-elle. « L’Afrique a à la fois la plus grande charge de morbidité infectieuse et l’infrastructure de santé publique la plus faible du monde », explique Mme Fenollar. « Cette combinaison signifie que la région doit être observée avec attention ».Certaines des maladies infectieuses observées en Afrique subsaharienne ces dernières années, comme Rickettsia felis, une variété de typhus du chat, et la bactérie qui cause la maladie de Whipple, sont nouvellement découvertes. D’autres sont historiquement bien connues, comme le choléra et la peste bubonique. D’autres encore, comme l’Ebola et le Zika, sont des maladies connues ailleurs mais qui ont connu leurs premières grandes épidémies dans la région. Le risque de ne pas mettre en œuvre correctement les mesures de défense dans la région a été souligné par le faible approvisionnement en vaccins COVID-19 en Afrique, ce qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, pourrait entraîner l’apparition de nouvelles variantes. Le Liberia lui-même lutte actuellement contre le Covid-19, mais il doit également se préparer à une éventuelle résurgence d’Ebola, comme cela s’est produit en Guinée voisine l’année dernière. Il y a aussi la menace toujours présente de l’apparition d’une toute nouvelle maladie qui pourrait conduire à une grave épidémie. BBC
La première radio et télévision somalienne gérée uniquement par des femmes a ouvert ses portes dans la capitale, Mogadiscio. Bilan Media, qui bénéficie du soutien des Nations unies, produira des contenus destinés à aborder les questions touchant les femmes et à défendre leurs droits dans ce pays jugé conservateur. Le lancement de Bilan Media marque une nouvelle avancée dans les efforts déployés par les femmes pour obtenir leur place dans l’arène publique patriarcale de la Somalie. Bilan signifie « clair et lumineux » en somali. Pour les fondatrices, il s’agit de faire la lumière sur les thématiques les plus importantes qui touchent les femmes. Selon Nasrin Mohamed Ibrahim, la rédactrice en chef de Bilan Media, le projet est conçu pour surmonter les nombreux défis auxquels la communauté féminine est confrontée. Elle précise que la nouvelle chaîne se concentrera sur des nouvelles et des reportages sur les femmes. Dans la société conservatrice de la Somalie, les questions telles que le viol, les agressions sexuelles et les problèmes médicaux des femmes sont souvent ignorées, explique-t-elle. VOA