Revue de presse du 13 juin 2025

RDC: la cheffe de la Monusco en visite à Goma, cinq mois après la prise de la ville par l’AFC/M23
Près de cinq mois après la prise de Goma par l’AFC/M23 appuyé par l’armée rwandaise, la cheffe de la Monusco est arrivée dans la capitale du Nord-Kivu pour une visite de trois jours, ce jeudi 12 juin. Alors que les tensions se sont multipliées ces derniers temps entre la mission des Nations unies et le mouvement armé, Bintou Keita doit notamment s’entretenir avec son coordonnateur, Corneille Nangaa, pour évoquer l’impact du conflit dans l’est de la RDC sur les populations. La visite à Goma de la cheffe de la Monusco intervient à un moment particulier. Le 27 juin, Bintou Keita doit s’exprimer devant le Conseil de sécurité de l’ONU lors d’un briefing consacré à la situation en RDC. Elle se déroule en outre dans un contexte de tensions anciennes et de relations compliquées entre la mission onusienne et l’AFC/M23. Au mois d’avril encore en effet, le groupe armé accusait la Monusco d’avoir mené des attaques contre Goma, Kavumu, et d’autres localités dans les deux Kivu aux côtés des FARDC et de la SADC, ce que celle-ci dément. Il y a deux mois devant le Conseil de sécurité, Bintou Keita dénonçait de son côté les restrictions imposées à la Monusco dans les zones contrôlées par l’AFC/M23 – comme les barrages routiers ou l’exigence d’un préavis de 48 heures pour les convois – alors que le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme vient, lui, de publier son rapport mensuel une nouvelle fois accablant pour l’AFC/M23 : comme en mars, le document attribue la majorité des violations et atteintes aux droits humains enregistrées au mois d’avril dans l’est de la RDC aux groupes armés, en tête desquels l’AFC/M23 appuyé par l’armée rwandaise. RFI

Crise dans l’est de la RDC: la société civile du Sud-Kivu appelle «toutes les parties impliquées» au dialogue
En République démocratique du Congo (RDC), la société civile de la province du Sud-Kivu, dans toute sa diversité, lance un appel pour le retour à la paix dans l’est de la RDC. Dans la capitale provinciale Bukavu, ce 12 juin 2025, les représentants des organisations de la société civile ont parlé d’une même voix. Ils apportent leur soutien à la démarche des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), et demandent un dialogue « inclusif » de toute urgence, pour soulager les populations locales. Le président du cadre de concertation de la société civile du Sud-Kivu a pris la parole, au nom de toutes ses composantes. Mick Mutiki a réclamé un dialogue : « Nous lançons un appel vibrant à toutes les parties impliquées dans les conflits, et toutes les forces sociales pour se mettre autour d’une table à travers un dialogue inclusif en respectant un cessez-le-feu immédiat. Un dialogue dont la nécessité n’est pas le partage du gâteau ou du pouvoir mais la refondation de la nation congolaise à travers des reformes pertinentes. » Les acteurs de la société civile recommandent la mise en place d’un couloir humanitaire, la réouverture de l’aéroport de Goma (capitale de la province voisine du Nord-Kivu) et également celles des banques fermées en raison du conflit, qui compliquent le quotidien des populations déjà éprouvées de l’est de la RDC. RFI

SADC : les troupes sud-africaines entament leur retrait de la RDC
Le premier groupe de soldats sud-africains déployés en République Démocratique du Congo rentre au pays. Ces soldats étaient en RDC dans le cadre de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Leur arrivée est prévue vendredi après-midi à la base aérienne de Bloemspruit, à Bloemfontein. Ce retour marque la fin progressive du mandat de la Mission de Soutien en République Démocratique du Congo (SAMIDRC) terminé en mars. Le ministre de la Défense accueillera les troupes à la base militaire de Tempe. Il tiendra également une conférence de presse. La Force Nationale de Défense Sud-Africaine (SANDF) a indiqué que le retrait se passe bien. Quelques difficultés logistiques avaient été signalées auparavant. Africanews

Soudan du Sud : le conflit et les maladies alimentent une crise alimentaire alarmante
Le conflit, les déplacements et les maladies portent l’insécurité alimentaire et la malnutrition à des niveaux alarmants dans certaines parties du Soudan du Sud, ont alerté des agences humanitaires de l’ONU, relevant que les habitants de deux comtés sont menacés de famine dans les mois à venir. Dans l’État du Haut-Nil, les habitants de 11 des 13 comtés sont désormais confrontés à des niveaux d’urgence de la faim. Dans cette province située au nord-est du pays, la situation est extrêmement préoccupante dans les comtés de Nasir et d’Ulang…Au total, 7,7 millions de personnes (57 % de la population) continuent d’être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et des poches persistantes de faim catastrophique ont été observées ces dernières années, le conflit en étant l’un des principaux moteurs. La dernière fois que la famine a été confirmée au Soudan du Sud, c’était en 2017 dans les comtés de Leer et Mayendit (Etat d’Unité), quand 100.000 personnes étaient en proie à la faim. Selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), quelque 32.000 personnes souffrent actuellement de niveaux de faim catastrophiques (phase 5) dans l’État du Haut-Nil, soit trois fois plus que les prévisions précédentes. Les comtés de Nasir et d’Ulang ont été le théâtre d’affrontements intenses et de bombardements aériens qui ont débuté en mars, entraînant d’importants déplacements. Le rapport indique également que les deux tiers (1,04 million de personnes) de la population de l’État du Haut-Nil sont désormais confrontés à des niveaux de faim critiques (phase 3 de l’IPC), urgents (phase 4 de l’IPC) ou catastrophiques (phase 5 de l’IPC). ONU Info

Mali: la colère désabusée des opposants face au maintien des militaires au pouvoir
Au Mali, un projet de loi adopté, mercredi 11 juin, en Conseil des ministres prévoit d’accorder au général Assimi Goïta « un mandat de cinq ans renouvelable à partir de 2025 ». C’est la situation sécuritaire au Mali et au Sahel qui est invoquée. Ce maintien au pouvoir du Président et de l’ensemble des institutions de la Transition, sans élections et sans limite de temps, avait été proposé fin avril à l’issue des « concertations des forces vives de la nation », orchestrées par les autorités de transition. Après l’officialisation du projet de loi, les responsables des partis politiques maliens – officiellement dissous le mois dernier – expriment une colère aussi vive que désabusée. « Nous hésitons entre indignation et indifférence, confie un ancien ministre, tant cela était prévisible et tant nous n’attendons plus rien des autorités. » Alors que les militaires au pouvoir au Mali avaient promis de sécuriser et de réformer le pays avant d’organiser rapidement des élections, un dirigeant de parti – dissous – note qu’ils se révèlent être « un autre genre de politicien ». Rappelant « tous les calendriers électoraux souverainement fixés et souverainement violés », cette source interroge : « Quel politicien civil a autant trahi ? » Plusieurs opposants notent le caractère anticonstitutionnel du projet de loi et d’un tel maintien au pouvoir sans élections, mais ne se font plus d’illusions. « La réelle intention des militaires est de rester au pouvoir, constate, désabusé, un ancien ministre, le reste n’est que de l’habillage. » RFI

En Algérie, un ancien candidat à l’élection présidentielle sort de prison
Un ancien candidat à la présidence en Algérie, Ali Ghediri, est sorti de prison, jeudi 12 juin en soirée, après avoir purgé une peine de six ans pour « participation à une entreprise visant à fragiliser le moral de l’armée », ont indiqué un avocat et une source judiciaire à l’Agence France-Presse (AFP). « [Ali] Ghediri a quitté la prison », a affirmé cette source, tandis que l’avocat Abdelghani Badi, qui s’est entretenu avec des proches de M. Ghediri, a indiqué que ce dernier était rentré chez lui. Le général à la retraite, détenu depuis juin 2019, avait été condamné à quatre ans de prison en première instance. Le parquet avait fait appel et sa peine avait été alourdie à six ans en 2023. Novice en politique et sans structure derrière lui, le général Ghediri avait débarqué de façon fracassante, fin 2018, sur la scène politique algérienne. Après avoir multiplié les déclarations, indiquant vouloir « rompre avec le système » et « édifier une IIe République », il avait déposé sa candidature à la présidentielle du 18 avril 2019 face au président de l’époque, Abdelaziz Bouteflika. Mais, face au mouvement de contestation populaire du Hirak, qui agitait le pays depuis le 22 février 2019, Abdelaziz Bouteflika avait reporté sine die le scrutin, lors duquel il briguait un cinquième mandat. Il avait finalement démissionné sous la pression de la rue. L’élection présidentielle convoquée ensuite par le chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, le 4 juillet 2019, avait également été annulée par le Conseil constitutionnel, faute de candidats. Le Monde avec AFP

Tunisie : deux ans de prison pour l’opposante Abir Moussi en vertu d’un décret présidentiel
L’opposante tunisienne Abir Moussi, dirigeante du Parti destourien libre (PDL), a été condamnée jeudi 12 juin à deux ans de prison en vertu d’un décret-loi présidentiel qui punit les « fausses informations », a fait savoir son avocat à l’Agence france-Presse (AFP)…Lors d’une conférence de presse, Mme Moussi avait critiqué le processus électoral, le jugeant « anticonstitutionnel » et « faussé » par l’ISIE, selon ses avocats. Critique à l’encontre à la fois du président, Kaïs Saïed, et du parti islamo-conservateur d’opposition Ennahda, Mme Moussi, ancienne députée et avocate, est en détention depuis son arrestation en octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saïed. Le 26 mai, elle a purgé une première peine de seize mois pour une autre affaire, ouverte également à la suite d’une plainte déposée par l’ISIE. En vertu du décret-loi 54, elle avait été condamnée en août 2024 à deux ans de prison, une peine ensuite réduite à un an et demi en appel. « Le tribunal s’est précipité pour la condamner de nouveau, pour qu’elle reste en prison », a déploré son avocat. Mme Moussi fait l’objet de plusieurs accusations graves, dont celle « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ». Elle est soupçonnée d’avoir voulu rétablir un régime similaire à celui de Zine El-Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte des « printemps arabes ». Le Monde avec AFP

Togo: «Le président doit démissionner», exigent opposition et société civile
Pour la première fois après les événements du 6 juin au Togo et l’arrestation de dizaines de personnes à Lomé lors de mobilisations contre le pouvoir, le Cadre de réflexion et d’action pour le changement (Crac), composé de partis politiques – l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre et les Forces démocratiques pour la République (FDR) de Paul Dodji Apévon – et d’organisations de la société civile comme le Front citoyen Togo-debout et Novation internationale, dresse un bilan de vingt années de pouvoir de Faure Gnassingbé. Des années caractérisées, selon le Crac, par des violences politiques, des difficultés économiques et une corruption endémique. Le Crac dénonce un échec de gouvernance et demande la démission de Faure Gnassingbé…Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays. Faure Gnassingbé, le 3 mai dernier, a prêté serment pour le poste de président du Conseil, une fonction créée suite à un changement de Constitution intervenu en 2024, l’ancien chef d’État conservant l’essentiel du pouvoir exécutif. RFI

Kenya: manifestation pour demander justice pour Albert Ojwang, la colère grandit contre la police
Nairobi a été le théâtre d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, ce jeudi 12 juin. Alors que plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de la capitale du Kenya pour demander justice pour Albert Ojwang, décédé en détention le week-end dernier, les policiers ont très vite pris l’initiative de disperser la foule par des tirs de gaz lacrymogènes. Depuis la mort du jeune homme d’une trentaine d’années dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 juin en effet, la colère ne cesse de croître contre la police qui se retrouve sous le feu des critiques pour avoir présenté une version des faits contraire à celle mise en évidence par l’autopsie du corps d’Albert Ojwang. Alors que les médecins légistes ont relevé sur la victime des blessures « infligées par une force externe », la police a, elle, d’abord soutenu que celui-ci se serait cognée la tête contre le mur de sa cellule. Si une enquête a été ouverte, elle n’a pour l’instant pas permis d’apaiser les tensions. Les manifestants demandent justice. Et la démission du numéro deux de la police, Eliud Lagat, qui est à l’origine de l’arrestation d’Albert Ojwang. En cause : des publications sur X qui accusaient ce responsable de corruption. Un motif qui met en colère Joshua Kimani : « Albert a publié un tweet. Si l’inspecteur général adjoint de la police s’est senti maltraité ou diffamé, il avait d’autres moyens de contester, comme les tribunaux. Là nous entendons qu’Albert Ojwang a été torturé. Personne ne mérite ça ! »…Il y a près d’un an, plus de soixante personnes ont été tuées lors de manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées. Hier, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes. Et plusieurs personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc. Deux voitures ont été incendiées et des pierres lancées. RFI

Côte d’Ivoire: quelle stratégie pour l’opposition à la présidentielle?
Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principale formation d’opposition), Tidjane Thiam, a été radié de la liste électorale en avril après une décision de justice remettant en cause sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription. L’ex-président Laurent Gbagbo (2000-2011), son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, désormais en exil, sont eux aussi exclus, en raison de condamnations judiciaires. Ces exclusions ont été confirmées par la publication le 4 juin de la liste électorale définitive. Aucun de ces quatre candidats ne pourra se présenter à l’élection présidentielle, ni même voter. La réintégration des quatre hommes passe avant tout par une révision de la liste électorale avant la clôture des candidatures, le 26 août. Un scénario balayé par Ibrahime Kuibiert Coulibaly, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) qui organise les élections, jugeant le timing trop court. De plus, pour réintégrer MM. Gbagbo, Blé Goudé et Soro, il faudrait également qu’une loi d’amnistie soit votée par le Parlement à leur sujet, ou prise par ordonnance par le président, afin d’effacer leurs condamnations judiciaires…Faute de plan B, la question du boycott du scrutin par les partis dont les leaders sont exclus revient sur le devant de la scène…Plusieurs partis d’opposition, dont le PDCI et le Cojep de Charles Blé Goudé, se sont rassemblés au sein de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI)…Dans cette coalition, deux figures politiques sont candidates déclarées et éligibles pour 2025: l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo et l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan…De plus, le parti de Laurent Gbagbo – brouillé avec son ex-femme comme avec Charles Blé Goudé – ne fait pas partie de la coalition. AFP