Revue de presse du 3 juillet 2025

RDC : l’ONU pointe le « rôle déterminant » du Rwanda dans la chute des villes de Goma et Bukavu
L’armée rwandaise a joué « un rôle déterminant » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), au côté du groupe armé antigouvernemental M23, dans l’offensive qui a conduit à la chute, en janvier-février, des grandes villes de Goma et de Bukavu, selon des experts de l’Organisation des Nations unies. Le rapport semestriel de ces chercheurs mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies, consulté mercredi 2 juillet par l’Agence France-Presse (AFP) et qui doit être publié dans les prochains jours, intervient quelques jours après la signature vendredi à Washington d’un accord de paix par Kinshasa et Kigali. Riche en ressources naturelles et notamment en minerais, l’Est congolais est en proie, depuis plus de trente ans, à des conflits. Les violences se sont intensifiées au cours des derniers mois dans cette région frontalière du Rwanda, avec une offensive éclair du M23 et des troupes rwandaises (FDR) sur Goma et Bukavu, face à une armée congolaise dépassée. Ces violences ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l’ONU, et ont aggravé la crise humanitaire pour des centaines de milliers de déplacés. Le Monde avec AFP

Faure Gnassingbé et Johan Borgstam échangent sur les efforts internationaux visant à instaurer une paix durable en RDC
Le président du Conseil togolais et médiateur de l’Union africaine (UA) pour la crise en République démocratique du Congo, Faure Essozimna Gnassingbé, a reçu ce mardi 1ᵉʳ juillet à Lomé le représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, rapporte la Présidence du Conseil. Cette rencontre a porté sur la coordination des efforts internationaux en faveur d’une paix durable dans l’Est de la RDC, région en proie à des conflits armés persistants. « J’ai eu des échanges chaleureux et très fructueux avec le Président du Conseil. J’ai réaffirmé la volonté de l’Union européenne de soutenir les efforts de médiation en cours », a déclaré Johan Borgstam à l’issue de l’entretien. Le diplomate européen a salué la signature de l’accord de paix du 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, en présence d’une délégation ministérielle togolaise. Il a insisté sur l’importance de sa mise en œuvre effective, condition essentielle à la viabilité du processus de paix…Depuis sa désignation en avril 2025 comme médiateur de l’UA, Faure Gnassingbé a multiplié les consultations diplomatiques avec les parties prenantes et les partenaires régionaux et internationaux, dans le but de créer les conditions d’un dialogue inclusif et durable. Radio Okapi

RDC : 30 000 réfugiés sud-soudanais en détresse dans la chefferie de Kakwa
Environ 30 000 réfugiés sud-soudanais ayant fui les récents combats dans leur pays vivent dans une grande précarité dans la chefferie de Kakwa, territoire d’Aru, en province de l’Ituri. Arrivés depuis mars 2025, ces réfugiés sont hébergés dans des familles d’accueil locales, elles-mêmes en situation de vulnérabilité. Face à l’urgence, Médecins Sans Frontières (MSF) a déployé deux équipes de cliniques mobiles pour assurer des consultations gratuites et appuyer les structures sanitaires locales. Selon Frédéric Manacho, chef de mission de MSF, plus de 1 600 personnes ont déjà été consultées, souffrant majoritairement de paludisme et de malnutrition. « La malnutrition infantile atteint 6 %, et le paludisme représente plus de 70 % des consultations. Les besoins sont énormes, notamment en vivres et articles non alimentaires », alerte-t-il. MSF appelle la communauté humanitaire à se mobiliser rapidement pour répondre aux besoins croissants. Les réfugiés manquent de nourriture, médicaments, abris et produits de première nécessité. Les autorités coutumières locales plaident pour la délocalisation des réfugiés vers des zones plus sûres à l’intérieur du pays, afin de prévenir d’éventuels risques sécuritaires liés à leur proximité avec la frontière sud-soudanaise. Radio Okapi

Le nombre de civils tués au Soudan du Sud au plus haut depuis 2020
Le nombre de civils tués au Soudan du Sud a atteint son niveau le plus élevé en près de cinq ans, a déclaré mercredi la mission des Nations unies dans ce pays pauvre et instable d’Afrique de l’Est. Les tensions se sont récemment fortement accrues au Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète où la rivalité entre le président Salva Kiir et son premier vice-président Riek Machar a dégénéré en hostilités ouvertes en début d’année, avec son arrestation en mars à Juba, la capitale. Mercredi, la mission des Nations unies au Soudan du Sud (Unmiss) a déclaré qu’entre janvier et mars, 739 civils ont été tués, 679 blessés, 149 enlevés et 40 ont été victimes de violences sexuelles liées au conflit. Ce bilan marque une « augmentation de 110% des civils tués (de 352 à 739) » par rapport au trimestre précédent, ajoute l’Unmiss dans son communiqué. Le nombre total de victimes est « le plus élevé sur une période de trois mois depuis 2020 », précise-t-elle encore. La majorité des victimes – comptabilisées notamment dans la région de Warrap, où M. Kiir a déclaré l’état d’urgence en juin – sont le fait de milices communautaires ou de groupes de défense civile mais l’Unmiss note cependant la progression « préoccupante » d’attaques dues à des « parties conventionnelles et autres groupes armés », qui ont crû de 27%. AFP

En Guinée, le projet de Constitution de la junte étend le mandat présidentiel de cinq à sept ans renouvelables
La junte en Guinée prévoit de faire passer la durée du mandat présidentiel de cinq ans à sept ans, renouvelable une fois, dans le projet de Constitution qui doit être soumis à un référendum fin septembre. Ce projet a été présenté le 26 juin au général Mamadi Doumbouya, chef de la junte qui a renversé en septembre 2021 le président Alpha Condé, qui était au pouvoir depuis plus de dix ans. Ce texte doit ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel promis par les militaires, dans un contexte de sévères restrictions des libertés. Les dispositions de ce projet de Constitution ne permettent pas de savoir de manière explicite si le général Doumbouya pourra ou non se présenter lors d’une prochaine élection présidentielle.Plusieurs personnalités du pouvoir ont fait publiquement part ces derniers mois de leur soutien à une candidature du général Doumbouya, malgré sa promesse initiale de ne pas se présenter à une future élection…Sous pression internationale, les militaires qui ont pris le pouvoir en 2021 en Guinée s’étaient engagés à organiser un référendum constitutionnel et à transférer le pouvoir à des civils élus avant fin 2024, mais ces échéances n’ont pas été respectées. La junte a annoncé début avril l’organisation d’un référendum sur une nouvelle Constitution le 21 septembre. Le Monde avec AFP

La Centrafrique organise un forum sur la difficile réinsertion des déplacés
En Centrafrique, le gouvernement et ses partenaires du secteur privé cherchent des voies et moyens pour soutenir l’intégration économique des personnes déplacées et les réfugiés. Avec un forum organisé les 1er et 2 juillet à Bangui, les acteurs ont cherché à définir un cadre pour redonner de l’espoir d’un marché incluant ces personnes vulnérables. Cela via des créations d’emplois, le soutien à l’entrepreneuriat, mais aussi avec un accès aux services. Au plus fort de la crise entre 2013 et 2017, la Centrafrique comptait environ 440 000 déplacés internes et 680 000 réfugiés. Avec le retour progressif de la paix ces dernières années, plusieurs dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés sont rentrés dans leurs régions respectives. Mais la réintégration est parfois difficile, nous raconte Jean Olivier Mbathas qui a passé cinq ans au Cameroun…Pour soutenir ces personnes, le gouvernement et ses partenaires multiplient les efforts en matière de création d’emplois, d’accès aux services essentiels, mais aussi l’amélioration du climat des affaires. « Le rôle de l’État est de créer les infrastructures et un environnement propice au déploiement du secteur privé, explique Sébastien Théophile Mangélé, assistant financier à la Banque africaine de développement (BAD). L’idée de ce forum est d’évaluer ce qui est déjà fait, mais également de voir ce qui pourrait être fait de part et d’autre entre ces deux partenaires aux développements qui sont le secteur privé et le secteur public pour accélérer une croissance inclusive, une croissance qui crée de l’emploi, une croissance qui permet l’amélioration des recettes publiques. » Cependant, la lutte contre la corruption, le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire ou encore l’amélioration des infrastructures demeurent un défi pour le gouvernement. RFI

Tchad: deux ans de prison ferme requis contre le journaliste Olivier Monodji
Au Tchad, mercredi 2 juillet 2025, deux ans de prison ferme ont été requis contre notre confrère Olivier Monodji, directeur du journal Le Pays et correspondant de RFI, et ses six co-accusés – quatre sont aux arrêts depuis quatre mois, deux comparaissent libres et le dernier est absent. Ils sont poursuivis pour « intelligence avec des agents d’une puissance étrangère », en l’occurrence la Russie. La justice a rejeté les demandes de remise en liberté provisoire avant d’examiner le fond de l’affaire. Amaigri, fatigué et se plaignant de problèmes aux yeux, Olivier Monodji a assuré garder le moral. Mais le journaliste a regagné sa cellule de la maison d’arrêt de Klessoum, mercredi 2 juillet, après avoir vu sa demande de remise en liberté provisoire rejetée par la Cour. Les débats ont ensuite porté sur le fond de l’affaire. Le 9e substitut du procureur a détaillé les arguments du parquet pour requérir deux ans de prison ferme : les sept prévenus ont rencontré mi-2024 des citoyens russes liés au groupe Wagner, et ils ont reçu de l’argent en échange de prestations comme leur trouver un immeuble, leur arranger des rendez-vous, faire des recherches ou publier des publireportages sur l’inauguration de la maison russe de Ndjamena, capitale du Tchad. Pendant plusieurs heures de plaidoiries, les avocats ont demandé la relaxe de tous les prévenus, faute d’infraction constituée. Ils ont rappelé notamment que les documents transmis étaient accessibles au public et que les interlocuteurs russes ont caché leur véritable identité et motivation. RFI

Au Sénégal, la justice confirme la condamnation d’Ousmane Sonko pour diffamation
La Cour suprême de Dakar, au Sénégal, a rejeté, le 1er juillet, un recours en rabat d’arrêt du premier ministre, Ousmane Sonko. Il contestait sa condamnation, en janvier 2024, à six mois de prison avec sursis pour diffamation envers l’ancien ministre du tourisme Mame Mbaye Niang. Les avocats du premier ministre demandaient le renvoi du dossier devant le Conseil constitutionnel. Encore opposant au moment des faits, Ousmane Sonko a annoncé l’introduction d’un nouveau recours pour sa défense mais, selon des juristes, cette décision clôt définitivement l’affaire. Cette condamnation, prononcée en appel en mai 2023 par un tribunal de Dakar puis confirmée par la Cour suprême en janvier 2024, l’avait empêché d’être candidat à la présidentielle de mars 2024, remportée par Bassirou Diomaye Faye. La récente décision de la Cour suscite un nouveau débat sur l’éligibilité ou non du chef du parti au pouvoir…Devenu premier ministre en avril 2024, il a annoncé avoir saisi le ministère de la justice pour la réouverture de tous les dossiers le concernant. Il est impliqué dans plusieurs autres affaires judiciaires, qu’il a toujours dénoncées comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle qui se tenait en 2024. Le Monde avec AFP

Sahel : Les ministres de l’Energie évaluent l’initiative « Desert to Power »
Les ministres en charge de l’Energie du Niger, de Djibouti, du Tchad, de la Mauritanie, du Burkina Faso, ainsi qu’un représentant du ministère malien de l’Energie, se sont réunis lundi à Ouagadougou pour faire le point sur les avancées de l’initiative « Desert to Power ». Cette rencontre de travail vise à évaluer les progrès réalisés depuis le lancement du projet en 2019 à Ouagadougou. L’initiative « Desert to Power » repose sur cinq piliers clés : la production d’énergie solaire, l’extension des réseaux électriques, la viabilité opérationnelle et financière des compagnies d’électricité, l’interconnexion régionale des réseaux et la promotion de l’investissement privé dans le secteur énergétique. Soutenue financièrement par la Banque africaine de développement (BAD), l’initiative ambitionne de générer jusqu’à 10 gigawatts d’énergie solaire, au bénéfice de l’ensemble des pays sahéliens impliqués. Cette réunion a également permis de rappeler l’importance stratégique de ce projet pour une région confrontée à un déficit énergétique chronique, en dépit de son immense potentiel solaire. Sahel Intelligence

Ghana : le premier ministre indien, Narendra Modi, en visite à Accra
Le premier ministre indien, Narendra Modi, et le président ghanéen, John Dramani Mahama, ont convenu mercredi 3 juillet de renforcer la coopération entre leurs pays en matière de sécurité et d’exploitation minière, à l’occasion de la première visite d’un chef de gouvernement indien au Ghana depuis trente ans. Le Ghana est la première étape d’une tournée de Narendra Modi qui le mènera dans quatre autres pays en Afrique, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, notamment au Brésil, où il assistera au sommet des BRICS les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro. Cette visite au Ghana jusqu’au 3 juillet – pays riche en ressources et considéré comme un modèle de démocratie stable en Afrique – intervient alors que l’Inde est alliée de la Russie et rivale de la Chine. Narendra Modi dit, après s’être entretenu avec le président ghanéen, au pouvoir depuis janvier : « Nous avons discuté de la coopération dans le domaine de la production de vaccins, de la défense et de la sécurité. » Il ajoute : « Nous renforcerons notre coopération dans (…) la formation des forces armées, la sécurité maritime, l’approvisionnement en matériel de défense et la cybersécurité », et « les entreprises indiennes soutiendront l’exploration et l’exploitation des minerais essentiels ». Sur un autre plan, celui des questions régionales – notamment sur la question du Sahel –, les deux dirigeants ont « décidé de renforcer [leur] coopération mutuelle dans la lutte contre le terrorisme ». Les djihadistes ont récemment intensifié leurs offensives au Mali, au Burkina Faso et au Niger, alors que le Ghana, jusqu’ici épargné, tente de préserver sa stabilité face à la menace. Le Monde avec AFP

Zimbabwe : une journaliste arrêtée pour avoir critiqué le président Emmerson Mnangagwa
Une journaliste zimbabwéenne a été arrêtée mercredi 2 juillet en raison de la publication d’un article satirique critiquant le président Emmerson Mnangagwa. Il s’agit d’une nouvelle attaque contre la liberté de la presse dans le pays, dénoncée par les médias et les défenseurs des droits humains. Selon les procureurs du Zimbabwe, Faith Zaba, 55 ans, rédactrice en chef du Zimbabwe Independent, était responsable de la publication de l’article, titré…Des défenseurs de droits humains et des médias affirment que le Zimbabwe, bien que formellement une démocratie pluraliste, a intensifié la répression contre la société civile et a instrumentalisé le droit pour faire taire les critiques du gouvernement. Le Syndicat des journalistes du Zimbabwe s’est dit « profondément préoccupé par la criminalisation du journalisme » et a réclamé la libération immédiate et inconditionnelle de Faith Zaba. « Les commentaires satiriques, qu’ils soient critiques ou humoristiques, sont protégés par la liberté d’expression et ne devraient pas être criminalisés », déplore le syndicat dans un communiqué. Le Monde avec AFP