Les tendances migratoires en Afrique continuent d’augmenter
- Le nombre de migrants en situation régulière, à la fois à l’intérieur et au départ de l’Afrique, a presque doublé depuis 2010, reflétant une tendance à la hausse depuis 20 ans.
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- Dans chaque pays, des facteurs incitatifs et dissuasifs alimentent la migration africaine. Les conflits, la gouvernance répressive et le manque de débouchés économiques en sont les principaux facteurs incitatifs. Sur les 15 pays africains dont sont originaires le plus de migrants, neuf sont en conflit.
- La majorité des migrants africains vers l’Europe viennent d’Afrique du Nord. Les trois pays les plus importants—le Maroc, l’Algérie et la Tunisie—représentent 5 des 11 millions de migrants africains en Europe. Ceci met en relief l’importance de la proximité, de diasporas établies, et d’opportunités économiques comme facteurs incitatifs clés dans les prises de décisions sur la migration.
- Les sondages de migrants africains en Europe ou cherchant à y parvenir révèlent que la majorité d’entre eux étaient soit étudiants ou travaillaient au moment de leur départ. Cependant, ils n’avaient aucun espoir quant à leurs débouchés économiques. Les Tunisiens, par exemple, qui disaient fuir les pressions économiques, constituaient presque un quart des migrants en situation irrégulière détenus en Italie en 2021 après avoir traversé la Méditerranée.
- Les migrants ont tendance à avoir accès à des ressources, que ce soit un emploi ou un réseau de soutien familial, surtout quand des membres de leurs familles se trouvent déjà à l’étranger.
La plupart de la migration en Afrique demeure intrarégionale
- La majorité des migrants africains restent sur le continent, reflétant un schéma de longue date. Environ 21 millions d’africains vivent dans un autre pays d’Afrique, un chiffre qui devrait probablement être revu à la hausse puisque de nombreux pays ne le décomptent pas systématiquement. Les métropoles du Nigeria, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte sont les destinations principales de ces flux migratoires intra-africains, le reflet du dynamisme économique relatifs de ces agglomérations.
- Parmi les migrants africains ayant quitté le continent, 11 millions vivent en Europe, presque 5 millions au Moyen-Orient et plus de 3 millions en Amérique du Nord.
Les catastrophes climatiques continueront à augmenter la vulnérabilité, entrainant potentiellement plus de migration
- L’Afrique fait face à un taux plus rapide de catastrophes naturelles que le reste de la planète. Les sècheresses, les ouragans et les pandémies sont d’autant plus de facteurs naturels de l’instabilité.
- La Banque mondiale prévoit qu’il y aura 86 millions de migrants liés au changement climatique en Afrique d’ici 2050. Une partie des 18 millions de travailleurs migrants saisonniers en Afrique pourraient voir leurs emplois dans les secteurs agricole, minier et de la pêche disparaitre, augmentant la possibilité que leur migration devienne permanente dans la quête d’un nouvel emploi. L’environnement et son effet sur les conditions économiques est un facteur important pour 30% des personnes en Éthiopie et en Afrique de l’Ouest et centrale.
La vulnérabilité peut induire au trafic
- Des dizaines de milliers de migrants se sont retrouvés bloqués partout en Afrique suite aux fermetures des frontières dues à la pandémie de COVID-19. Nombre d’entre eux ont perdu leur travail et certains leurs maisons. Même après la réouverture des frontières, les restrictions sanitaires et de voyage ont affecté la mobilité des migrants, qu’ils soient en situation régulière ou pas. En Afrique du Nord, alors même que la traversée entre la Libye et l’Europe est devenue plus difficile, la migration en situation irrégulière vers l’Europe s’est déplacée plus à l’Ouest vers le Maroc et les Iles Canaries. Ceux qui tentent de quitter la Libye continent de faire face à des abus de leurs droits humains et à des détentions involontaires.
- Des dizaines de migrants Éthiopiens dans les pays du Golfe ont été détenus dans des centres surpeuplés et insalubres avant d’être expulsés. Parmi ceux qui sont restés, nombre d’entre eux se sont vus voler leurs salaires ou ont été forcés d’accepter des contrats plus abusifs, avec moins de protections, du fait de leur incapacité a partir.
- Environ 32 000 migrants africains restent bloqués au Yémen après avoir tenté d’atteindre les pays du Golfe. Certains sont devenus des victimes de trafic humain ou d’enlèvement contre rançon et se sont retrouvés obligés à travailler dans des fermes afin de payer leurs dettes. Dans un acte qui reflète leur désespoir, 18 200 migrants ont, selon l’OIM, embauché des passeurs pour les ramener du Yémen à la Corne de l’Afrique.
- Si les migrants ne représentent pas eux-mêmes une menace sécuritaire, les détenir et leur refuser toute aide ou la capacité soit de rentrer chez eux, soit de continuer leur voyage, offre à des acteurs sans scrupules des opportunités de les exploiter. Les groupes extrémistes violents et les réseaux criminels continuent aussi de bénéficier financièrement en contrôlant les routes de trafics et de traite des migrants.
Ressources complémentaires
- Chris Horwood et Bram Frouws (eds.), « Mixed Migration Review 2021 », Mixed Migration Centre, 2021.
- International Organization of Migration, « World Migration Report 2022 », 2021.
- Albert G. Zeufack, Cesar Calderon, Megumi Kubota, Vijdan Korman, Catalina Cantu Canales, Alain N. Kabundi, « Africa’s Pulse, No. 24 », World Bank, octobre 2021.
- Wendy Williams, « Frontières en évolution: la crise de déplacements de population en Afrique et ses conséquences sur la sécurité », Rapport d’analyse n.8, Centre d’études stratégiques de l’Afrique, janvier 2020.
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